pour voir d'autres photos de cette pièce avec Tchéky Karyo et Sara Forestier, allez sur ce site protégé de photographes professionnels 1D PHOTO
Ce n'est pas parce que Johnny Halliday a fait une chanson sur Tennessee Williams, qu'il faut le noyer au purgatoire des écrivains...
J'en aime deux beaucoup des écrivains de théâtre américains et je me demande dans ma liste, si je ne les ai pas oubliés vieille tête émotive captive obsolète et amnésique.
Eugène O'Neill et Tennessee Williams, les 2 ont donné lieu et scénario à des films avec de très grands interprètes et réalisateurs...
Il y a 2 phrases inacceptables sur lesquelles je reviendrai... entendues et qui m'ont laissée muette coi sans émission de sons tordue dans le ventre... Je sais je suis délicate et en plus comme le droit à la lenteur je revendique le droit à la lenteur et à la délicatesse pour tous
Restons solidaires et d'une extrême gentillesse.
-Ils sont où les gens qui subissent la crise ?
-Bashung on s'y attendait, car on avait bien vu ces derniers temps dans quel état il était, non ?
****************************************************************************************
Critique LA NUIT DE L'IGUANE
Georges Lavaudant épure l'oeuvre de Tennessee Williams
LE MONDE | 18.03.09 | 16h02 • Mis à jour le 18.03.09 | 16h02
L'être humain est une jungle. Ainsi le voyait Tennessee Williams, qui vit un retour en grâce, ces temps-ci. L'écrivain américain (1911-1983), tant aimé pour les films qu'il a inspirés, d'Un tramway nommé désir à Baby Doll, avait été laminé par les avant-gardes des années 1960-1970 : trop lourdement psychologique, pensait-on, trop naïf. Trop théâtral, pour tout dire.
Mais le théâtre a ceci de beau qu'avec lui l'histoire n'est jamais finie : quand une oeuvre est forte, elle finit toujours par vivre une nouvelle vie, incarnée par de nouveaux corps. C'est ce qui arrive aujourd'hui à Tennessee Williams. Après l'Allemand Frank Castorf, voici que Georges Lavaudant relit lui aussi l'auteur de Doux oiseau de jeunesse. Le metteur en scène, qui ne chôme pas depuis son départ du Théâtre de l'Odéon, en 2007, offre ainsi, à la MC 93 de Bobigny, la redécouverte d'une pièce magnifique : La Nuit de l'iguane. Loin, très loin du film mythique de John Huston avec Ava Gardner et Richard Burton.
L'histoire est celle d'un homme "au bout du rouleau", "au bout du voyage". Il a été pasteur, dans une autre vie. Aujourd'hui, il balade, dans des voyages organisés, des vieilles filles frustrées ou des businessmen pressés. Mais là, pour lui, c'est le dernier voyage : il s'échoue au Mexique, à l'Hôtel Costa Verde, coincé entre la jungle et la mer.
Et tout au long d'une longue nuit, il est confronté à quatre femmes, qui chacune incarne un choix de l'existence. Maxine, la patronne de l'hôtel, ce serait la force de vie la plus concrète, l'énergie brute. Hannah, la peintre, l'idéal artistique. Charlotte, la jeune fille, les tentations de la chair (fraîche). Mlle Fellowes, enfin, l'institutrice, le puritanisme et les conventions.
Georges Lavaudant va droit à la dimension profonde de la pièce, débarrassée de tout folklore, dans cette mise en scène qui s'inscrit dans le superbe décor stylisé de Jean-Pierre Vergier : une ligne de cactus géants, piquants, vénéneux, et presque rien d'autre. La nuit mexicaine, la jungle alentour n'en sont que plus présentes, ainsi suggérées. Et la belle traduction de Daniel Loayza contribue à cette épure, qui gomme le côté bavard que peut parfois avoir l'écriture de Williams, mais conserve toute son efficacité théâtrale.
Dans cette atmosphère légèrement fantastique, la pièce prend le cours universel et bouleversant d'un homme sur le chemin de sa délivrance. Cet homme, Shannon, qui se dégage des rets aussi bien sociaux qu'intimes qui l'enserrent, advient grâce à un acteur, Tchéky Karyo, que l'on n'avait pas vu aussi bien au théâtre depuis très longtemps. Son Shannon manque un peu d'assurance, mais il est taillé dans l'étoffe fragile de la vie, avec ses hautes aspirations et ses défaites, ses forces de vie et ses pulsions de mort, ses instincts grouillants et sa soif de beauté.
Il forme, ce Shannon, un couple magique avec Hannah. Cette Hannah qui l'aide à rejoindre son "essentielle humanité" est jouée par une Dominique Reymond fabuleuse, irradiante. On ne peut malheureusement pas en dire autant de l'ensemble de la distribution, ce qui empêche le spectacle de déployer toutes ses qualités. Sara Forestier, la belle découverte de L'Esquive (2004), le film d'Abdellatif Kechiche, confirme son exigence et sa fraîcheur dans le rôle de Charlotte, mais d'autres personnages sont trop lourdement surlignés, à l'image de la Maxine d'Astrid Bas ou de la Mlle Fellowes d'Anne Benoît.
Inégal, le spectacle de Lavaudant dégage pourtant ce qu'il y a de particulièrement beau dans cette Nuit de l'iguane, et qui tient à la capacité de Tennessee Williams à créer des images simples et fortes. Comme cet iguane que l'on délivre de sa chaîne, en une nuit où, dans la solitude des êtres, jaillit un moment de vérité, qui ne résout rien, mais porte en lui-même sa propre nécessité.
La Nuit de l'iguane, de Tennessee Williams (nouvelle traduction de Daniel Loayza). Mise en scène : Georges Lavaudant. Interprètes : Astrid Bas, Anne Benoît, Tchéky Karyo, Sara Forestier.
MC 93, 1, bd Lénine, Bobigny. Mo Bobigny - Pablo-Picasso. Tél. : 01-41-60-72-72. Lundi, mardi, vendredi et samedi à 20 h 30, dimanche à 15 h 30. De 9 € à 25 €. Jusqu'au 5 avril. Durée : 2 heures.
Fabienne Darge
Article paru dans l'édition du 19.03.09.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire