Py, l’infatigable
"Habitué du Grand Théâtre de Genève, parmi bien d’autres projets scéniques entre Avignon et Paris, Olivier Py présente avec Les Illusions comiques un autre pan de sa création foisonnante.
Guy Chevalley
3 mai 2009
Difficile de résumer le parcours d’Olivier Py, tant il a déjà accompli. Autour de sa carrière flotte un petit parfum de scandale, touche discrète qui sait titiller avec tact le nez sensible du monde théâtral. Il maîtrise l’art de la scène comme celui de la communication, il est en somme fidèle à son époque. En 2005, son choix d’engager un acteur de films pornographiques pour incarner un Zeus furieux et érectile dans Tannhäuser de Wagner à l’opéra de Genève avait fait scandale. Mais les trente secondes de cette vision oubliées (de quoi assurer un retentissement médiatique), il avait offert une magnifique mise en scène, reconnue comme fidèle au paganisme voulu par le compositeur.
Olivier Py connaît son métier. Tout ce qui touche à la création le concerne : comédien, auteur, metteur en scène bien sûr, mais aussi acteur (Chacun cherche son chat, de Klapisch, avec une petite scène de sodomie masculine peu courante dans un cinéma «grand public»), romancier (Paradis de tristesse, roman dur sur le lien entre sexualité et mal de vivre) et chanteur (Les ballades de Miss Knife). Dans son travail, il explore une démesure qui confine à la vérité, surtout au théâtre. En 2003, il présentait une version intégrale du Soulier de satin de Claudel, une pièce de plus de neuf heures.
La valse des masques
Dans Les Illusions comiques, le théâtre se regarde le nombril. Mais, précise Olivier Py «c’est quand le théâtre parle de lui-même qu’il parle paradoxalement le plus justement du monde». De cette vision de son art, il tire une pièce où tous les genres se mélangent : comédie, tragédie, lyrisme, philosophie… Le répertoire entier, du classique au contemporain, est convoqué et passé en revue. Ce souci de réfléchir à la mise en forme de la vie par sa mise «en scène» est récurrent dans son travail (Epître aux jeunes acteurs, Théâtres). La pièce est d’ailleurs dédiée à Jean-Luc Lagarce surnommé pour l’occasion «le poète mort trop tôt», accessoirement l’auteur contemporain le plus joué en France et qu’Olivier Py a bien connu. La comédienne Mireille Herbstmeyer, qui joue dans Les Illusions comiques, avait elle co-fondé avec Lagarce le Théâtre de la Roulotte en 1981. On est donc en famille.
Les références culturelles sont omniprésentes, mais cela n’exclut pas l’humour, la fantaisie et l’exubérance. On retrouvera une fois de plus les néons colorés qu’Olivier Py apprécie tant. Pour jouer, il s’est entouré de quatre comédiens, tous des proches, qui interpréteront bien davantage de personnages. Se prépare une jolie valse des masques qui vont du politicien à la mère de vaudeville, du chien au pape, en passant par les philosophes, pour atteindre un but ultime qu’Olivier Py définit ainsi: «Quand le théâtre est réussi, il présente la totalité de l’humain.»
Les Illusions comiques, d’Olivier Py, mise en scène de l’auteur. Du 6 au 17 mai à la Comédie de Genève. Le 17 mai : brunch avec Olivier Py et l’équipe de la pièce
Photo: © Alain Fonteray
Pour en savoir plus:
» www.comedie.ch
Mots-clé: Culture , Genève , Théâtre
2 commentaires:
Bonjour,
Je suis l'auteur de l'article que vous avez repris. Je vous rassure : je ne viens pas vous voler dans les plumes sous prétexte que vous reprenez mon texte. (De toute façon, il est librement accessible sur le site du magazine 360°.) Ce n'est pas de la grande littérature.
Je tenais juste à préciser que j'ai dû écrire l'article sans avoir vu la pièce. Or, depuis j'ai vu la pièce... hum hum... Elle alterne des moments de génie et des moments d'ennui profond. Je reste à votre disposition un éventuel dialogue.
Avec mes salutations et mes félicitations pour votre blog.
Guy Chevalley
Merci, votre article m'a plu et quel talent d'écrire si bel et bien sans avoir vu la pièce ?
Votre avis après avoir vu la pièce est plus mesuré. Comme si vous l'aviez imaginée, la pièce et que la rencontre au réel vous avait comme déçu.
Il faut retrouver comme un peu d'inconnu de soi à autrui pour être séduit.
On en entend tellement sur certains spectacles films ou livres avant d'y aller, mais tant pis, c'est plus fort que moi d'avoir des nouvelles de mes préférences à l'avenir...
D'accord bien-sûr pour un éventuel dialogue, mais il me faut votre adresse mail, ce sera plus aisé, qu'ici.
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