dimanche 28 avril 2019

La camarista

https://www.abusdecine.com/critique/la-camarista/
Certains films méritent une nuit de sommeil après les avoir vus. La camarista en est un déjà parce que j’y ai pensé en tentant de composer un post sur FB et puis parce que je l’ai perdu. Et ce matin j’ai bien repensé à ces scènes avec une des clientes riches qui ne sait pas en tant que jeune mère prendre sa douche sans confier son bébé pendant ce laps de temps....
Mais avant cela je disais que le film m’avait fait repenser au film de Pascale Ferran : Bird People (que j'avais beaucoup aimé) dans un hôtel aux abords d’un aéroport et au dernier film mexicain de Cuaròn Par rapport au 1er film il y a toutes ces possibilités de cinéma dans ces lieux, et au 2ème  film l’hyper réalisme quant à la vie de la femme de chambre et aussi qu’elle est seule à élever son enfant né après « l’accident » d’un premier rapport. 
La gentillesse des clients de l’hôtel celui VIP qui réclame toujours des produits de toilette supplémentaires et la jeune mère argentine est très bien scénarisée. Il y a tellement de condescendance, quitte à dire en parlant à la place du nourrisson, qu’il ne peut plus se passer de sa nouvelle nounou et ensuite de quitter l’hôtel sans aucun égard sans ni la revoir ni la faire prévenir. 
Sinon je disais aussi que j’avais trouvé le film un peu long et les séquences les scènes se terminant toujours de la même façon en ralentissaient le rythme.
C’est à la fois hyper-réaliste et théâtral, un peu comme si tous les acteurs choisis seraient meilleurs que les protagonistes, et ce n’est pas un film documentaire car le soin apporté aux couleurs au huis clos est notoire. 
Certaines séquences sont fascinantes. Quoique dans les étages on ne voit la ville qu'au travers des vitres. Et le plus souvent on est comme projeté dans une vie parallèle souterraine qu'on ignore ou à coté de laquelle on passe, en fréquentant les grands hôtels touristiques.






Critique de l'Obs

"Eve n’est ni jolie ni bavarde. Célibataire, elle est femme de chambre dans un grand hôtel de Mexico, et exécute ses tâches avec résignation. C’est une ombre, qui veille au bien-être des clients, mais elle a la timide ambition de s’élever socialement. Elle a aussi un penchant : elle rêve parfois sur la vie des autres. Un livre sur un lit, le contact d’une étoffe, et toute la banalité de son existence s’efface… Lila Avilés, metteur en scène de théâtre et d’opéra, signe ici un petit miracle : un récit fait de silences, de contemplation, d’absence. Il passe dans le film une grâce apaisante et des désirs à peine avoués (une robe rouge). C’est parfois magique, parfois terre à terre, toujours enthousiasmant. F.F."

Et c'est à cause de l'émission on aura tout vu sur France-Inter du 20 avril que j'ai voulu voir ce film...
même si cela m'a donné une idée d'avant goût du film erronée, je croyais que le film donnait une place plus large à la relation qu'entretenait la camériste avec les objets oubliés des clients, dans les chambres.
https://www.franceinter.fr/emissions/on-aura-tout-vu/on-aura-tout-vu-20-avril-2019

samedi 27 avril 2019

la lutte des classes au cinéma et hommages à JEAN-PIERRE MARIELLE

Mon avis 
J’ai tout aimé dans ce film les acteurs, le discours politique et la poésie surtout la poésie et il y a notre Celine Milliat qui fait un petit rôle, une vendeuse en bijouterie et qui en quelques plans nous marque par son air étonné face à un Edouard Baer toujours charismatique ! 
Mais revenons aux acteurs : l’institutrice, le directeur, le voisin juif, l’ex petit ami de Leila Beikti, les mères, les enfants, tous les rôles sont bien et la maison, les rues, le jardin partagé, l’école Jean-Jau, les objets... l’espoir tient aussi aux petites choses et à la solidarité après la chute des murs....

la lutte des classes critique Télérama 
Ecole publique ou privée ? Le cinéaste du Nom des gens confronte les idéaux d’un couple de bobos au réel. Et décape les clichés avec fantaisie. 
Cela va bientôt faire dix ans que Michel Leclerc et sa coscénariste Baya Kasmi ont commis Le Nom des gens, fable revigorante sur l’engagement — à gauche toute — et l’héritage politique laissé aux enfants. Le film ruait dans les brancards socialistes, déjà flageolants à l’époque. Les militants étaient encore sous le choc de l’abandon de Lionel Jospin, de la montée du Front national… Depuis ont eu lieu les attentats contre Charlie Hebdo et ceux du Bataclan, et « gauche » et « droite » ne veulent plus dire grand-chose… Comment vivre sans repères quand on s’est toujours abrité derrière des étiquettes rassurantes ?
Paul (Edouard Baer, parfait) est un rebelle, un pirate, quadra qui porte fièrement son blouson de cuir et se maquille encore les yeux en noir quand il va donner un concert de punk-rock devant des sans-abri. Depuis toujours, il emmerde le système… qui le lui rend bien. Il vit avec Sofia, brillante avocate qu’on aurait qualifiée de « Beurette » dans les années Mitterrand. Parents attentionnés, ils essayent d’élever leur fils selon leurs principes d’ouverture d’esprit, de tolérance et d’alimentation bio. Mais quand ils déménagent à Montreuil, leurs certitudes percutent la grande mixité de l’école publique du quartier, la bien nommée « Jean-Jo » (pour Jean-Jaurès, municipalité de gauche oblige). « Il faut s’avoir s’adapter aux autres », conseille Sofia à son fils. « C’est aux autres de s’adapter à toi », riposte Paul, selon une attitude hyperindividualiste que certains pourraient qualifier de droitière…
Parce que tous leurs potes passent à l’ennemi (c’est-à-dire se tournent vers l’école privée), Paul et Sofia vont durcir leur position, jusqu’à risquer de mettre leur couple, et leur fils, en danger. Vivre en accord avec ses idéaux égalitaires quand son enfant devient « le blanc de service » est insupportable à Sofia, la fille d’immigrés qui a pu profiter de l’ascenseur social offert par l’Education nationale. Traitée de « Blanche » à Montreuil, elle reste « l’Arabe de service » dans son cabinet d’avocats parisien. D’ailleurs, elle veut accuser ses supérieurs d’« abus de discrimination positive ». Le monde devient fou ? Oui et, si on ne fait pas attention, la catastrophe guette, prévient Michel Leclerc.
Sans moralisme, il va guider Paul et Sofia vers le chemin de la réconciliation. A l’aide d’un scénario à l’humour malin qui s’amuse à retourner les clichés ou à les confronter à une réalité devenue absurde. A la sortie de l’école, Paul propose à son fils d’inviter à la maison une copine. Mais quand il se tourne vers la mère, toute recouverte d’un voile noir, il a un mouvement de recul. « Une autre fois peut-être », disent les deux parents… Car la mère de la copine a été tout autant effrayée par le look anar de Paul. De quoi la peur se nourrit-elle ? Des différences mais surtout de l’ignorance. A Montreuil, on partage des potagers, mais au centre culturel on ne croise que des bobos. Les autres ne s’y sentent ni légitimes ni concernés. On pourrait reprocher aux scénaristes d’enfoncer des portes ouvertes, mais leur propos échappe au manichéisme grâce à la poésie qui s’invite ici ou là, sur un air de Jeanne Cherhal ou dans un finale rocambolesque, où tout le monde se retrouve autour d’un voile fabriqué en Chine… Tant qu’il y a de l’amour, de l’humour — et des luttes à mener —, il y a de l’espoir.
Anne Dessuant

Hommages aux fantômes, tout ce que j'ai laissé sur FB à propos de JP Marielle parce que c'est le dernier des trois... avec J Rochefort et P Noiret et puis cette cathédrale ND de Paris qui cachait une forêt d'années -c'est cela les arbres- dans son chapeau.

De Rochefort à Marielle
Extrait de « Ce genre de choses », Jean Rochefort

dont un texte de Olivier Steiner un de mes fils d'adoption si j'avais du adopter...

"Notre-Dame a brûlé. Jean-Pierre Marielle est mort. Nova, 3 kilos 370 grammes pour 52 cm, fille de Valentine et Solène, vient de naître. Notre-Dame a résisté, elle est toujours debout. Madonna vient de sortir son nouveau titre, là aussi ça brûle, Nostra Signora del peccato perpetuo chante Medellin. Dick Rivers est mort, lui aussi. Le Président a parlé en conférence de presse. Laurent est à Avignon. Isabelle joue à Nice. Jules est à Chartres. Mon petit Bitume d'amour est rentré de Barcelone. A Versailles, les Grands Appartements de la Reine viennent de réouvrir. Appelé ma mère hier, enfin, depuis le temps il le fallait. Appel gentil et pénible, triste, on s'entend de moins en moins, toujours le même noeud qui fait mal, impossible à déraciner, autant éteindre le soleil. La femme de Jean-Marie est décédée, je me souviens d'elle, à Caen, à l'abbaye d'Ardenne, Hélène muette dans son fauteuil roulant, paralysée mais regard fixe, un Alzheimer je crois, je me souviens de l'obstination de Jean-Marie, pour qu'Hélène son épouse vive au maximum la vie, sa vie, jusqu'ou bout, obstination qu'on salue après la mort, mais qui fait s'éloigner les autres pendant la vie justement, car on a peur, on ne sait pas quoi dire, on ne veut pas voir : "ça". Plus de nouvelles de Philippe, peut-être est-il dans sa maison à la campagne ? Philippe est apparu d'un coup, comme un nouveau frère possible. Sofian m'a plaqué et il a bien raison. Fabien est au Bear's Den ce soir. Annie Ernaux est en lice pour le Booker Prize. Delphine Kreuter est peut-être fâchée ou pire, blessée, déçue, j'ai aimé son expo photo, je lui ai promis d'écrire quelque chose et puis le temps est passé, à vitesse de TGV, les nuits dans les lits inconnus, les canapés ici et là, les poudres de perlimpinpin et les feux d'artifices, les migraines et la fatigue, le temps encore, et voilà, l'expo est terminée, je n'ai rien écrit alors que je le voulais, je l'avais même annoncé comme un fanfaron ! Yves-Noël avec son Phèdre à Lausanne, pareil, et Adbellah dont j'ai pourtant beaucoup aimé le roman : désolé, désolé. Je suis en retard, sur tout. J'ai trouvé cet après-midi rue de la Convention du café de la marque Corcellet, c'était le fournisseur exclusif de Proust, je bois de ce café ce soir, il est bon et il m'enchante, j'imagine Céleste le préparer, et Marcel va s'installer dans le lit pour travailler jusqu'au petit matin. Il y a quelques jours, nous ne savions même pas qu'une cathédrale pouvait brûler, s'embraser, comme ça, comme un paquet d'allumettes. J'étais là ce soir-là à Saint-Michel, avec Rémy, devant l'énorme colonne de fumée, incrédule, captivé par les chants et les prières des jeunes catholiques, il y en avait tant tout à coup, des jeunes catholiques, captivé par la foule, le silence qui planait au-dessus, les jeunes chrétiens refermés sur eux-mêmes, le visage seulement tourné vers les tours, les vieilles pierres, la flèche de Viollet-le-Duc qui fondait sous nos yeux sans que nous le sachions, qui allait s'effondrer quelques minutes plus tard. Cette place Saint-Michel qui ce soir-là avait un peu des airs de Séville une nuit de Semaine Sainte, et ça me ramenait à Patrice qui adorait ça, il aurait "adoré" - je pense - voir Notre-Dame brûler - si votre maison brûle qu'emporteriez-vous si vous le pouviez, Marguerite Yourcenar ? Le feu, répondit-elle à Pivot qui venait de lui poser la question. "Tout ce qui change vite s’explique par le feu », affirmait Barchelard. Donc le feu, Chéreau et Rémy qui souriait, et moi qui le prenais en photo, parce que ce soir-là il n'était que sa jeunesse ignifugée, le feu et cette odeur de fumée sur les Iles de la Cité et Saint-Louis, étrange senteur, douce et bonne à la fois comme un encens populaire, un parfum de feu de bois, et quel bois ! celui de "la forêt" - tout le monde apprendra ça le lendemain, la charpente de Notre-Dame dont certaines parties étaient vieilles de huit siècles, était surnommée "la forêt" en raison de son complexe et immense enchevêtrement de poutres en bois de chêne. Autrement je vais tenir combien de temps ? Il faudra bien que je trouve une sortie ou un cut, mon énumération n'a pas de fin, et son commencement est arbitraire, c'est ça vivre, être traversé par des énumérations de la sorte mille fois plus grandes et mille fois plus enchevêtrées, comme la forêt de Notre-Dame, une prolifération infinie d'événements et non-événements, faits, sensations, idées ou micro-idées, émotions, rêves, partout dans la tête et le corps, tout le temps, tout le temps. Il y a cette vidéo avec Marielle qui traîne sur le net, elle est délicieuse, il est à la télé et il explique (malicieux et pudique, malicieux car pudique) quel genre de type il est finalement, un traînard. C'est ce qu'il aime, les cancres, ceux qui traînent, qui regardent. Pas les contemplatifs exactement, et c'est pas non plus la fainéantise, il s'agit de ceux qui regardent : rien, tout, une femme qui passe, une crotte de chien. Qui regardent et voient. On peut le dire comme ça. Souvent ça ne veut rien dire mais ce rien n'est pas non plus tout à fait rien, c'est ça qui est formidable, et c'est sur ça qu'on écrit des livres, enfin, qu'on tourne autour. Parfois ces éclats de rien servent, et ça devient important, ça nous déplace ou nous modifie, mais le plus souvent ça ne l'est pas, important, ou bien on ignore, on ne voit pas l'importance, et peu importe finalalement, c'est en cela que c'est bien, peu importe au final, voilà, traîner, tous les matins du monde et tous les soirs, le reste on verra plus tard. J'adore cette chanson Medellin de Madonna / Maluma, l'envie de danser qu'elle provoque, danser juste pour que le corps exulte, comme si le monde n'était qu'une immense fête, un espace pour jouir, jouer, fuir. J'aimerais parler de cette dernière chanson de Madonna de telle façon qu'on lise ce que j'en dis comme si je parlais du dernier Guyotat, avec la même attention et le même respect, la même dignité, le même sérieux. Difficile à obtenir, peut-être impossible, mais j'aimerais tellement. Que le petit soit grand. Et le grand plus petit. L'écriture devrait pouvoir faire ça. Mettre un peu de sacré - pas trop - dans le vulgaire. Et du vulgaire - pas trop - dans le sacré.
Si je le peux un jour, je lui laisserai un endroit pour suivre le feuilleton de sa vie et les pages de son écriture, dès que je le pourrais mais c'est peut-être jamais, pour qu'il arrête d'enchainer les galères... par manque de toit... Les auteurs dépensent leurs vies plus que les saltimbanques."
Vidéo de JP Marielle à Apostrophes "je suis un trainard"

Premier message à l'annonce de la mort de Jean-Pierre Marielle

Merde ! Trois fois j’ai dit et j’ai répété pâle imitation : un cul un cul ! que tu ailles cher comédien unique, au paradis des saltimbanques où l’on peut se prélasser embrasser mater des culs nus ! Reverrai les trois ducs, qui sont tous partis emportés par
le vent....
comme un écho dans
La chronique de François Morel sur France-Inter
https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-francois-morel/le-billet-de-francois-morel-26-avril-2019?fbclid=IwAR2M-juu3lI1NmtrYEq7-0zonpNuV9Vt8WVgd02cE5ikrGqQrM-Gd1bfIAg

à ne pas manquer
et ce matin "on aura tout vu" sur lui, la formation de l'acteur est-elle nécessaire pour combattre sa peur son manque de confiance avec aussi Reda Kateb et Dominique Besnehard.
et cette phrase "certains trouvent que j'ai une tête d'acteur, moi pas, j'ai une tête de rien !"
qui d'autre que JP Marielle...
https://www.franceinter.fr/emissions/les-sorties-cinema-de-la-semaine/les-sorties-cinema-de-la-semaine-27-avril-2019?fbclid=IwAR0j_I-LfoPG0hL2e1-VdEy3h8fHf-LXK_o3yAemXno0ZDAew2o4ZhjojRk

vendredi 26 avril 2019

Brecht Ostermeier Radio Théâtre Poésie JLG


Voilà le poème dans son entier, je recopie pour vous en dictant à voix haute la fin qui n’est pas citée dans l’émission d’Augustin Trapenard de ce matin avec Ostermeier, la traduction est de Pierre Seghers.
« Vous qui surgirez du torrent
où nous nous sommes noyés,
songez,
quand vous parlez de nos faiblesses,
à la sombre époque
dont vous êtes sortis !
Nous traversions les luttes de classes,
changeant de pays plus souvent que de souliers,
désespérés que la révolte
ne mît pas fin à l’injustice.
Nous le savons bien :
la haine de la misère
creuse des rides.
La colère de l’injustice
rend la voix rauque. O nous
qui voulions préparer le terrain de l’amitié,
nous ne sûmes pas devenir des amis !
Mais vous quand l’heure viendra
où l’homme aide l’homme,
pensez à nous avec indulgence. »
Chansons et poèmes autour du monde
Bertold Brecht



Merveille qu’un citoyen du monde oh mon Dieu j’aurais 20 ans j’apprendrais l’allemand séjournerai à Berlin et ferais tout pour travailler en tant qu’actrice avec cet homme là (j’ai vu certains de ces spectacles) pour un seul spectacle, jouer une Panope une femme du peuple ou chœur ; écoutez les dans cette émission, le poème de Bertold Brecht ah les poèmes de Brecht ! Brecht le seul qui sut encore écrire des tragédies au XX e S. Quelle conscience !

D'autres émissions consacrées à l'Europe sur France-Inter : Boomerang, L'instant M(Médias) toute cette semaine.

Opposer la beauté au manque de paix dans ce monde, le Portugal porte ouverte sur l’Europe et l’Afrique les Amériques ... Lire à voix haute les grands textes.... extrait des mémoires d’Hadrien lu par l’auteure sur une musique de Satie, Fado d’Amalia, extrait lu par Augustin de cette auteure... quel matin de révolution d’œillets....

Excellente émission avec Frédéric Bonnaud sur le film de Godard : Cannes ARTE ce soir, please ce vieux réac... n’a pas toujours tort même en politique s’il se trompe sur le Crépuscule annoncé de l’Europe : tant mieux !!!
Les images il faut les voir et pas les commenter les illustrer sans cesse ! C’est entre autres ce que dit Godard dans son livre d’images ce soir sur Arte ...

Ceci-dit pour être honnête j'ai regardé sur Arte son Livre d'images et je me suis endormie plusieurs fois je rééssaierais JLG sur grand-écran plutôt !

vendredi 12 avril 2019

Cinéma : Tanguy, le retour / Canal + : Larguées

Pour moi ce film est plus subtile qu'apparemment, ce que j'ai aimé c'est surtout le sous-texte même riches les bobos vieillissants sont vieux et ce n'est pas en les entourant qu'on les rend heureux contrairement qui sait à d'autres civilisations évolutions révolutions. Et si nous pouvions vivre heureux vieux mais éloignés de nos enfants familles avec encore le goût de l'amitié et des découvertes en fichant la paix à nos enfants. Le couple épinglé et les autres couples seniors amis s'entendent bien.
Il n'y a pas de caricatures tous sont cultivés de milieux sociaux privilégiés chinois et français on ne rit pas beaucoup m'a dit mon compagnon et je lui ai répondu on ne rit pas seulement.
C'est pourtant un grand plaisir de retrouver le duo Dussolier Azéma.
Oui j'ai aimé avec un plaisir différent que pour le 1er et pour la Vie est un long fleuve tranquille.
Il y a des petites choses de notre époque bien observées des citations chinoises succulentes.
Comment-fait-on lorsque d'autres s'expriment dans une autre langue pour ne pas les mettre à distance, les soupçonner alors bien-sur qu'ils pourraient parler en français ?



La majeure partie des critiques Le Monde Télérama ont descendus ce film, en notamment décrétant que les personnages secondaires n'étaient pas drôles, ce n'est pas l'avis de mon compagnon et c'est la fille chinoise de Tanguy qui dans la salle où nous étions a déclenché le plus de rires par exemple quand elle dit qu'elle veut faire des études de médecine et choisir la spécialité  : gériatrie. Ou quand elle appelle son grand-père Paul Pollux ? Les familles chinoises ne sont pas caricaturées par exemple pour les parents quant à l'arrivée d'un nouveau-né pour leurs enfants encore jeunes... c'est nos réactions aigries castratrices occidentales qui sont remarquables d'égoïsme. 
Et sur les séries ?  Étienne Chatilliez a dit qu'elles risquaient de tuer le cinéma ? dans le film il sous entend simplement qu'elles ne devraient pas supplanter au désir de passer une soirée entre amis...

http://www.screentune.com/critique-de-tanguy-le-retour-2/

https://www.lci.fr/medias/les-series-tele-sont-totalement-ininteressantes-le-coup-de-gueule-feroce-du-realisateur-de-tanguy-etienne-chatiliez-2117820.html


sur  FB à mon beau-frère
Pierre Kandel Le film se fait descendre un peu partout. On y va dimanche ! ☺️
Nathalie Feyt nous l'avons vu hier et moi je trouve le film très bien construit sur les différences de générations franco-chinoises, Pascal a moins aimé que moi mais reste nuancé car lui aussi a ri pour la fille chinoise de Tanguy et les deux leaders bien entendu : Dussolier Azéma tous les seconds rôles sont bien traités... C'est plus subtil que les Enfants du bon Dieu

Les larguées est une presque bonne surprise, les acteurs dont là aussi les seconds rôles sont très bien Miou-Miou et les hommes ; les Camille sont trop... surtout Camille Chamoux qui est incompréhensible, tellement elle mange les mots et n'introduit entre, aucun silence...
https://www.senscritique.com/film/Larguees/critique/166730657

Roukiata Ouedraogo encore 2 mercredis au Théâtre de l'Oeuvre et ensuite en tournée

Nous voulions y aller, nous y sommes allés, ce spectacle est une ode vitale à l’histoire qui se tisse au fur et à mesure des routes de chacun, la sienne, sa route ne vient pas des Antilles, mais d’Afrique de Ouagadougou du Burkina Faso. Elle vous entraîne, vous donne le désir d’aller plus loin. Elle a une présence qui danse tous ses pas qui s’incarne dans tous ses regards. Elle entraine toute une foule de gens à sa suite, elle n’en finit pas de nous saluer, de nous indiquer, la route à la fin de son spectacle et on n’a pas envie de la quitter. À suivre.... elle est vivante elle est comédienne ! Et toute sa famille d’ailleurs... d’Afrique la suit car comme tous les « migrants » elle les aide en leur envoyant une bonne part de ses revenus. Donc tous les migrants font dans l’humanitaire....
encore 2 mercredis au Théâtre de l'Oeuvre 




Roukiata Ouedraogo(article dans Paris-Match) est chroniqueuse aussi chez Charline Vanhoenacker



Roukiata Ouedraogo son site

mercredi 10 avril 2019

Le postillon de Lonjumeau(sans g)

Le postillon de Lonjumeau(sans g)
https://www.francemusique.fr/emissions/etonnez-moi-benoit/michel-fau-sabine-teulon-lardic-70191
Excellente émission tous les samedis de 11h à 12h30 consacrée là au Postillon avec Michel Fau.


Michel heureux avec ses chanteurs de gauche à droite Franck Leguérinel, Florie Valiquette,
 et le divo(demi-dieu) Michael Spyres

Message laissé à Michel et à sa soeur Pascale Fau qui fait les maquillages pour aller ici avec les merveilles de costumes créés ou repris par Christian Lacroix.
C’était bravo bis ter très beau très surprenant nous étions entre ciel et terre Merci pour cette soirée les chanteurs quels chanteurs « les jeux de lumières sont parfaits » j’entends dehors à côté de moi  « c’est mieux que cette Carmen ! »
Pascal et moi on vous embrasse fort!

Comment vous dire c'est aussi fort qu'une série, disions-nous en sortant, en faisant quelques rapprochements avec Outlander : l'époque Louis XV et la bigamie !!! Pourquoi ces comparaisons insensées ? car depuis Outlander nous avions besoin d'un continent de fiction et là la démesure le mélange théâtre opéra si bien mis en lumières sons costumes voix incarnées c'était grand aussi grand émotionnellement et comme transfert aussi un voyage une téléportation que d'être au Paradis de cette salle écrin. C'était archi plein et le public du Paradis est toujours aussi chaleureux, des familles des très vieilles personnes qui sont aidées en sortant à descendre les marches qui les font se retrouver dans le couloir pour aller vers l'ascenseur. Il faisait un peu chaud mais à l'entracte nous avons pu aller au bar nous rafraichir.
Nous irons à Lausanne pour Noël, ils produiront La Belle Hélène d'Offenbach monté par Michel Fau et il interprètera chantera le roi Ménélas !
Depuis hier nous fouillons dans Internet lisons le programme : quel programme ! à propos de l'époque, la musique, les répétitions, le livret et des photos, nous sommes heureux de cette découverte, un nouveau pan de la culture, la musique classique d'Opéra dans toute sa diversité. 




Michel Fau joue la suivante de Madeleine /Madame de la Tour, un petit rôle mais quelle interprétation, délicatesse, grâce, trouble, une sorte de double et puis aussi son sens du comique légendaire
qui même sans un mot jusqu'au Paradis déclenche des rires.
Le comédien Michel Fau et la maquilleuse Pascale Fau


et le dernier Billet de François Morel à France-Inter quant à la liberté de création de l'acteur, de l'homme à jouer des femmes, du noir à jouer des blancs et vice versa, il cite Michel Fau... 


mardi 9 avril 2019

OUTLANDER, la suite

Ça y est nous avons regardé l'uchronie (mot appris grâce au jeu des 1000 €) Outlander jusqu'à la fin des 4 saisons et c'est très très bien et si les rumeurs se révélaient exactes comme quoi Sam Heughan jouerait le futur James Bond, je vous promets que j'y cours à la première séance.
et j'ai 64 ans presque 65 ans et nous nous demandons si notre prochain voyage ne sera pas l'Écosse.
C'est une fiction inspirante et aspirante, je n'ai encore jamais ressenti cela. Par la conjugaison des genres la romance, l'historique, le fantastique et cet aspect concret quelle différence de mentalité de moeurs en 200 ans ? Et aussi combien on suit tous les personnages, les coups de théâtre auxquels on pourrait s'attendre et pourtant qui nous surprennent. L'amour oui mais pas n'importe lequel les dialogues les retrouvailles après les séparations dont certaines très cruelles voir définitives...
Avec mon ami nous avons été passionnés jusqu'au bout des 4 saisons et pour chaque épisode.

- les musiques des videos ne sont pas indispensables peuvent même paraître insupportables mais les photos de nos héros tels Cyrano et Roxane sont très bien : Jamie Fraser et Claire Beauchamp, Sam Heughan et Caitriona Balfe.


Nous avons bondi sur les articles parlant de la suite heureusement Netflix a signé pour deux saisons supplémentaires. Et surtout nous sommes allés regarder dans les pages historiques sur l'Écosse, l'Amérique, les Indiens(leurs costumes maquillages sont très beaux et originaux). Sur l'existence de personnages qu'on croirait secondaires le Lord anglais John Grey, subtile amitié amoureuse et tous les deux sont beaux et sensibles à tomber.... Comme symbolique d'un idéal d'entente entre les deux pays : l'Écosse et l'Angleterre.




Message laissé à une amie
"Ok je n’ai pas bien argumenté lors de notre conversation ce matin  sur la Série qu'on a aimé, sur les clans écossais sur les highlanders sur le fait qu’il y a 200 ans ; pour écouter de la musique il fallait au minimum chanter.... sur les débuts du Nouveau-Monde : l’esclavage ordinaire... les révoltes des « régulateurs » contre la hausse des taxes. ... Ça y est vois-tu pourquoi j’écrivais tout le temps des lettres parce qu’aux rencontres je perdais toujours un peu mes moyens et me trouvais bien en deçà des connaissances de l’intelligence amicale que j’aurais du avoir....."

Pour revenir à cette série, vous dire si elle nous a réunis, elle nous a plue, nous en avons même parlé dans les longs trajets en voiture pour les vacances de Pâques. Sam Heughan l’acteur qui interprète le rôle de Jamie Fraser a comme Terence Stamp(acteur anglais) dans Théorème, cette evidence de séduction, toutes les personnes qui le rencontrent hommes ou femmes, pervers y compris, tombent amoureux de lui, la vie à cette époque semble un feuilleté d’aventures bien plus mortelles,  qu’à notre époque... dont les « amours particulières ». 

L'ÉCOLE PRO DU LUCERNAIRE 2éme année en 2019, à propos du Lucernaire à propos de deux spectacles : le sourire.... Dieu habite à...

Je suis allée voir les spectacles de 3 classes sur 4 (Frédéric Constant/Rémi de Vos/Philippe Person) de cette seconde année et ils promettent, tous sont saisissants, attachants dans leurs humeurs, couleurs, jeux, personnages, l’étendue de leurs possibles est ainsi très étendue... Ils savent, eux, très bien faire sentir le sous texte, écouter de tout leur être, garder le rythme, faire silence et jouer avant d’entrer en scène et encore après en être sorti. On ne s’ennuie pas une seconde c’est un kaléidoscope ou une boule à facettes, c’est aussi très émouvant de les voir tous à l’aise dans tous les genres : homme femme rois dieux servants chœur etc...et dans les intermèdes savoir ponctuer ou pas, c’est selon. Le fond le texte la scène les partenaires tout fait jeu, c’est beau, ils sont chez eux sur un plateau.
Le dernier volet celui de Philippe Person(les précédents -de Vos ses propres textes et quelques autres très contemporains -Constant les tragédies grecques et Brecht) leur a permis d'improviser les intermèdes en faisant tirerais spectateurs les scènes au hasard. Le spectacle était sinon entièrement consacré au cinéma américain.
http://www.ecole-theatre-lucernaire.fr/actualites/
  • Ce mardi 09 avril, à 9h tous les élèves de cette promotion passaient un casting pour les rôles de la prochaine pièce qu'ils joueront en tant que professionnels en Juin, le Bourgeois gentilhomme de Molière dans une mise en scène de Florence Le Corre et Philippe Person.
    En attendant vous pouvez aller voir un spectacle au Lucernaire  : le sourire au bas de l'échelle que je vous recommande l'ayant déjà vu au Théâtre de l'oeuvre (voir article sur mon blog)
    Photos de Carole Dessinger exposées au Lucernaire 


    et un futur de Sébastien Thiéry : Dieu habite Dusseldorf du 10avril au 8 juin 2019 avec Renaud Danner que j'irais voir, comme d'ailleurs le Bourgeois en juin car je connais le talent de ces acteurs comédiens.

                          la photo est de Jennifer Guilet, une des élèves ce cette promotion, elle l'avait
    prise lors des répétitions de première année. Cette photo est belle car 

    elle est vivante presque sonore.




jeudi 4 avril 2019

Le tour de l’oie Erri de Luca

Si ce livre m'a plu ? Oui bien-sûr, il se lit peu à peu comme une essence du temps plus poétique que romanesque. Les phrases s'inscrivent comme indélébiles comme surgies lors d' une vie parallèle qu'on n'aurait pas prise ou oubliée et puis c'est une sorte de testament, un bilan plus poétique que philosophique. "On n'est pas obligé de vivre si longtemps"... je crois que j'ai lu cela quelque part. C'est une amie qui comme l'auteur escalade les montagnes qui m'a fait découvrir ses livres, ainsi il est devenu comme pourrait l'être René Char, une sorte de témoin amical même pour les périodes les plus sombres, à qui rien n'échappe. "Pourquoi courir si on ne va pas quelque part", si on ne court que pour courir... c'est encore une bribe qui m'est restée d'un de ses précédents livres : lequel ?
Dans celui-ci il s'imagine le père d'un fis devenu adulte alors que lui dans la réalité a perdu ses parents, il lui livre comme un fil entre réalité et inimaginable," indescriptible"....
S'il devait créer un dieu ce serait son fils ?
"un des écrivains les plus lus dans le monde...."
https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/erri_de_luca/ conférence performance en février 2018
P 38-39-40
(Le fils imaginé) Que sais-tu de moi ?
(Le père, le narrateur, l’écrivain )Tu as un caractère particulièrement sociable. Tu parles volontiers avec tout ce que tu croises, tu prends l’initiative, tu es change de mot aimable dans la rue, même au milieu de la circulation.
Tu es doué d’une cordialité spontanée et tu l’as eu si ton retour.
(Le fils imaginé) Ça ne me coûte rien.
Mais tu n’es pas comme ça maintenant et tu n’es pas comme ça avec toi-même. Le matin tu te réveilles de mauvaise humeur, tu te sens souvent découragé. Pourtant, dès que tu sors, tu te transformes.
Tu aimes offrir un peu de ta vivacité aux inconnus.
On pourrait croire à une maison, un engagement que j’appellerais politique, car sous son meilleur jour un engagement politique repose sur un comportement plutôt que sur un idéal.
(Le fils imaginé) un engagement politique, saluer les gens d’un sourire, demander comment il va aux garçon de café, au marchand de journaux ?
Tu ne t’en rends pas compte, mais c’est ce que tu fais avec un mot d’esprit, quand tu te présentes, que tu souris.
Tu fais ça naturellement et en citoyen privé, mais le résultat est public. Tu laisses derrière toi un air meilleur sur le visage croisé. C’est pourquoi je dis que ta cordialité est une mission, un engagement politique civique.
Bien sûr, on peut tomber aussi sur un acariâtre, un méfiant qui ignore ta gentillesse, qui la repousse. Mais toi tu passes ton chemin, pour garder intacte ton empressement à être aimable avec la rencontre suivante.
C’est ton tempérament et je l’admire
J’essaye de t’imiter parfois mais sans y parvenir vraiment.
Je t’admire parce que je connais aussi ton côté prudent, réserver.
Tu l’es avec les personnes que tu connais mieux celles que tu fréquentes. Je crois savoir pourquoi. Parce que tu es vulnérable, tu as peur d’être déçu, mal compris. Alors tu te retiens.

p 42-43 
Je tiens de lui mon détachement des choses faites.
C’est un trait de superficialité qui ne permet pas à la vanité de s’installer. Si le man vient une, je l’oublie aussitôt.
Ce qui m’importe c’est la page qui me tient éveillée pendant que je l’écris, non pas celles déjà écrites, jamais plus relues.
C’est moi qui regrette ses toiles perdues. Si je metttais le nez sur l’une d’elles, je respirerais le reste d’un de ses coups de pinceau.
Il mit le nez dans mon premier livre publié. Il prit l’exemplaire, l’ouvrit et respira le papier.
Il ne pouvait pas lire. Je revois maintenant son geste. En respirant, il sourit. 
Il sentait une suite différente de son fils, débarrassé de la graisse de son bleu de travail, un usage différent de ses mains.
Il referma le livre et se mit à mourir en quelques mois.
Il maigrit, comme s’il devait passer dans un goulot d’étranglement.
On appelle ça cancer, tumeur : ce n’est qu’un nom clinique.
C’est la mort, antique, personnelle, urgente. 
C’est ma mère qui le lui avait lu, comme elle m’avait lu mon premier livre, pendant les accès de fièvre de la scarlatine.
...
Julie à la manière de navigation, je passe au large de certains promontoire.
Je crois que seul Borges est obligatoire.
Plus que dégoût, j’avoue des réticences.
...
Je ne lis pas pour rendre visite à des auteurs savoir que je les ai lus.

 p 46
C’est une volonté d’impuissance.
.
Il faut que je réfléchisse. Une volonté d’impuissance, donc une maîtrise du désir, jusqu’à ne pas le vouloir.
C’est une formule exigeante. Je demanderais trop à moi-même.
Une volonté d’impuissance, c’est ce que demande le commandement : « tu ne désireras pas la femme de ton camarade. » 
On ordonne de ne pas créer le désir, de couper la pensée à la première syllabe.

p 48
Dans les assemblées d’usine au cours des années 70, les ouvriers scandé en cœur : « nous sommes tous des délégués. » Ce fut un privilège d’être là ou naissait cette volonté de démocratie intégral.
Ce fut un honneur d’y être ami.
Si tu avais été un frère au lieu d’un fils, je serais curieux de savoir ce que tu aurais fait.
En tant que frère aîné, je ne t’aurais pas suivi dans tes actions. En tant que frère cadet, je les aurais approfondies, poussées plus loin. Tu ne m’aurais pas aimé comme frère.

p 51
Tu te sens le maître de toi-même, mais nous sommes des hôtes.
Tu le lis dans les pages saintes que tu fréquentes, la Terre et la vie sont prêtées. Nous sommes des locataires de la divinité et non pas des copropriétaires.

p 65-66
Tu ne sais pas raconter le ridicule, un déficit pour un écrivain. Je parie que tu ne racontes pas de blagues.
Tu as deviné. Ce qui me déplaît dans les blagues, c’est l’idée de devoir provoquer les rires. 
J’aime bien quand j’y parviens, mais avec un mot d’esprit venu à l’improviste.
L’histoire drôle est rigide, elle se déroule selon un mécanisme.
J’éprouve le même blocage avec les romans policiers. J’y sens tout le dispositif qui tient la réalité en laisse pour l’amener vers la conclusion.
Selon moi, il s’agit plus de démonstrations que d’histoire. À la place du mot fin, il devrait y avoir CQFD, ce qu’il fallait démontrer.
Je ne raconte pas de blagues et je n’aime pas en écouter. 

p 70
À t’entendre je comprends qu’à Naples il y a des personnages et non des personnes. 
Le métier d’acteur doit être difficile dans un endroit où tout le monde l’est.
Et voilà l’équivoque de Naples ville théâtrale : si la scène est partout, il n’existe pas de scène, qui est un plancher surélevé au-dessus du public.

p 74
Je me suis obstiné à donner du poids, une force de gravité à ma substance évaporée.
Quelqu’un qui écrit des histoires : existe-t-il une activité plus effilochée ?
Je vis au milieu d’un nombre limité de mots.
J’ai essayé d’augmenter leur masse en apprenant d’autres langues.
Je suis une personne d’air.

p 84-85
À présent je peux te toucher, tu es tout près. Mais je reste sans bouger, par manque d’habitude. J’imagine que tu te retirerais.
Je ne sais pas, ça n’est pas arrivé avant. Gardons-nous d’essayer, je ne suis pas curieux. Pour moi, c’est un sens qui maintient la distance même quand il sert à une étreinte. 

p 110 à 114
En tant que lecteur, j’aurais voulu rencontrer Achab, pas son auteur.
J’ai cru parfois le reconnaître sur la terre ferme dans une assemblée houleuse, dans un refuge de montagne, dans une bagarre de rue.
Cage à faire et d’un Melville quelconque, si je peux rencontrer Achab ? En tant que lecteur, j’aurais voulu rencontrer Achab, par son auteur.
J’ai cru parfois le reconnaître sur la terre ferme dans une assemblée houleuse, dans un refuge de montagne, dans une bagarre de rue.
...
Qu’ai-je à faire et d’un Melville quelconque, si je peux rencontrer Achab ?
J’offrirai à boire à Santiago, le pêcheur du Vieil homme et la mer, pas à Hemingway.
....
Dans la même veine fantaisiste, tu pourrais dire que les personnages de Billy Wilder, de Franck Capra, sont plus vrais que leur metteurs en scène ? Que Charlot a plus d’existence que Monsieur Charlie Chaplin ?
C’est ainsi, à la différence près que, contrairement aux écrivains, j’aurais plus volontiers rencontré Capra et Wilder que les personnages de leurs histoires.
Je ferai une exception pour Buster Keaton le héros accablé et accablant de mésaventures colossales.
Je l’aurais attendu au bout de la pellicule, avant qu’il se retire de l’écran, enfermé dans le cercle du fondu.
Je l’aurais invité à boire une bière, je me serais présenté comme son lecteur.
Car le noir et blanc de ses films étaient de l’écriture pure. 
Le noir et blanc muet a été le sommet de l’are de l’acteur.
Le son est la couleur sont des concessions à la technique et à la paresse.
....
Je comprends que tu n’aimes pas les écrivains, que tu préfères leurs livres. Mais le cinéma leur droit ses histoires, alors qu’aucun livre n’a été écrit à partir d’un film. J’admire certains  metteurs en scène, mais j’ai plus de respect pour ceux qui écrivent.
...
... tout ce que je fais est très loin de l’écriture.
Et tout ce que je fais me rappelle que je pourrais l’écrire.
La page est l’aujourd’hui dont j’ai besoin.
L’écriture est mon aujourd’hui et je suis content qu’elle soit, quelque part, l’aujourd’hui d’un lecteur.
Les lecteurs suivants auront leurs auteurs suivants, car je reste persuadé que, tant que l’espèce humaine existera, elle continuera à se faire raconter des histoires.
Les enfants sont les plus gourmands, ils naissent avec une sarabande de terreurs à calmer par les histoires.

p 126-127
Je dis l’inverse de moi, pour apprendre quelque chose je dois étudier, répéter souvent. Je n’apprends pas au vol comme toi.
Tu citais le vers de Dorothy par cœur, la vie n’a jamais été son projet. Moi au contraire, je fais en sorte que le parcours devienne le mien et sans lancer de dé. Moi je suis quelqu’un qui a voulu exister.
J’ai aimé les femmes que j’ai rencontrées et que j’ai persuadées de vivre avec moi. J’ai vécu dans les villes que j’ai choisies, parcourues d’un bout à l’autre, comme on fait avec les livres.
Je n’approuve pas qu’on se laisse aller au hasard et aux circonstances. Tu peux te le permettre, toi qui te compares au cheval de Quichotte, forcer à l’obéissance due au chevalier.
Je fais partie de l’espèce vivante à laquelle est permis le libre arbitre et je l’utilise du mieux que je peux.
 Je ne te ressemble pas. Jusqu’ici, ce soir tu n’as pas sorti une seule fois le mot amour de ton cher vocabulaire.
Tu as raison, je me rattrape. Agrippino Costa, détenu de longues années dans des prisons spéciales, raconte son histoire à Piero Cannizzaro , metteur en scène.

Qui sait où tu vas en venir à présent.
Après une évasion malheureuse, un pied cassé en tombant du mur d’enceinte, il est repris. Au lieu de le remettre en cellule on l’enferme dans un asile de fous.
Un jour il demande à l’un de ceux qui étaient enfermés ce qu’est l’amour pour lui. Il reçoit cette réponse à voix basse dans une oreille : « Oxygène, oxygène. »
Je ne me souviens pas d’une meilleure définition de l’amour : oxygène deux fois, oxygène au carré, à dire en cachette.

p 132-133
Tu es un, désespérément rien qu’un.
Tu te tutoies toi-même et en plus tu y crois, tu ne te rends pas compte que tu vis dans ta fiction littéraire
.

Je tutoie une des parties de moi-même vu. Je suis plus nombreux que le simple deux.
Je suis le reste de ce qui sont devenus absents, qui se retrouvent dans mes souvenirs et qui continuent leur existence en moi.

(Sur FB ces extraits car impossible de ne pas les partager les lire ou les écrire à quelqu’un ! ça a commencé par là..)
« Je suis le reste de ceux qui sont devenus des absents, qui se retrouvent dans mes souvenirs et qui continuent leur existence en moi. » 
....
« Quand on ne distingue plus l’acrobate de son acrobatie, l’illusionniste de son trucage, on atteint la perfection du spectacle.
C’est la plus grande œuvre d’art, produite sur l’instant, qui disparaît avec l’applaudissement.
L’œuvre d’art parfaite se fait pour les présents sur l’instant et sur place pas pour les descendants.
C’est pourquoi j’admire le cirque autant que le théâtre. »
...
Le XXe siècle se divise en deux moitiés exactes. La première a été épique, grandiose, meurtrière plus que tout autre âge du monde.
La deuxième, la tienne, a été la suite de choses inaugurées et ensanglantées avant.
Tu as dit quelquefois que tu te sentais aussi contemporain de la moitié dans laquelle tu n’étais pas encore.
C’est une excuse pour dire que tu as agi comme si tu vivais à cette période, te donnant le même âge que tes parents et non l’âge de leur fils.
Tu te résumes ainsi : révolutionnaire, ouvrier, émigré, dans le sillage des dernières guerres sur le sol d’Europe. »
Erri de Luca le tour de l’oie

(Je reprends le fil de ma lecture.... pour toi hagard de vie et qui te pose tant de questions, à faire du théâtre, à dessiner, à enquêter, à aimer sans savoir encore où te poser....) 

p 142-143
Le XXe siècle se divise en deux moitiés exactes. La première a été épique, grandiose, meurtrière plus que tout autre âge du monde.
La deuxième, la tienne, a été la suite de choses inaugurées et ensanglantées avant.
Tu as dit quelquefois que tu te sentais aussi contemporain de la moitié dans laquelle tu n’étais pas encore.
C’est une excuse pour dire que tu as agi comme si tu vivais à cette période, te donnant le même âge que tes parents et non l’âge de leur fils.
Tu te résumes ainsi : révolutionnaire, ouvrier, émigré, dans le sillage des dernières guerres sur le sol d’Europe.
Tu as voulu avancer de 50 ans ton acte de naissance.Je préfère les histoires de tes parents, elles sont sans intentions, aucun signal à discerner, agrandir souligné. Bref leurs histoires sont originales.
Les tiennes sont une imitation de leur époque.
La seule nouveauté que je reconnaisse c’est l’époque actuelle des voyages impossibles, sans bagages et sans-papiers à travers des frontières de mer et de terre, en file indienne. Telle est la nouveauté et tu as raison de la suivre. 

p156 à 158 
Celle du tricheur aussi est une image, je t’en propose une autre. Sur un mur il y a des trous fait par des projectiles parfaitemen tirés au centre de petits cercles. 
Un tireur d’élite de passage, et surpris et demande qui est capable d’une telle précision.
On lui dit que c’est un enfant en Born in qui l’ai est on lui dit que c’est un enfant borgne qui l’ai fait. Le tireur va le féliciter et lui demande qui lui a appris à si bien viser.
Personne, répond l’enfant. D’abord je tire sur le mur et puis je dessine les serres.
Je fais comme ça moi aussi. Les images sont des cercles à appliquer autour des trous. Je suis cette enfant qui ne sait pas tirer.
Je t’en raconte une autre pour m’expliquer.
Il y a très longtemps, un savant, spécialiste d’un sujet, qu’il est inutile de préciser, et recherché est invité dans un grand nombre de beaux endroits. Partout, l’accueil était enthousiaste.
Un jour, son cocher lui demande une faveur : échanger une seule fois leurs vêtements et leurs rôles, pour ressentir lui aussi ce que veut dire être acclamé.
Le savant a le sens de l’humour et accepte imaginant ce qui se passera pour le cocher une fois sur scène.
Arrivés là où ils sont attendus, le public applaudit le chauffeur vécu avec élégance.
On l’accompagne sur scène avec les honneurs qui lui sont dus.
Dans un coin de la salle, le savant habillé en cocher savoure à l’avance la suite.
Celui qui est chargé de mener le débat adresse au cocher une première question, compliquée, spécifique et de nature controversée.
Le cocher réagit avec un air contrarié, puis fâché.
Il répond qu’il s’attendait à des questions bien plus hardies, alors que, pour une affaire aussi élémentaire, il suffit d’appeler son cocher au fond de la salle pour avoir la réponse.

p 164 
En littérature, l’indescriptible n’existe pas.

lundi 1 avril 2019

The Rider


https://www.telerama.fr/cinema/films/the-rider,518797.php
Ce film conseillé par mon très bon critique de beau-frère Pierre Kandel m’a beaucoup plu mais il m’a laissée incroyablement triste comme s’il allait m’aider à vivre, après y avoir réfléchi et avoir dormi même mal une nuit dessus. 
C’est très bien filmé et les acteurs les chevaux sont si réels que l’on se demande si on est pas transporté à leurs côtés. j’ai été décontenancée par la fin car je m’étais fabriquée par avance un autre film après avoir vu la bande annonce. je croyais un peu comme dans Crin Blanc que Braddy the Rider récupérait son cheval blanc Gus et disparaissait avec mais ce n’est pas du tout cela il n’y a aucune complaisance ni anthropomorphisme avec les chevaux.
Pierre tu as raison c’est très beau et j’aurais du le voir en plein jour dans une grande salle de cinéma et pas à la télévision juste avant de me coucher.