samedi 28 septembre 2019

Théâtre des Bouffes du Nord : La fin de l’homme rouge

D'après Le roman de Svetlana Alexievitch Prix Nobel de Littérature
Il y a des acteurs après avoir vu leurs spectacles qui vous réveillent la nuit, Jérôme Kircher Xavier Gallais et André Wilms  et les autres dont Evelyne Didi et Anouk Grinberg pourquoi ? Parce qu’on a plaisir de se réveiller, d’être comme un peu métamorphosé. Nous n’avons pas perdu une minute de ce spectacle ce n’est pas qu’on a tout gobé c’était qu’on était obligé de distiller.... J’ai acheté le livre de l’écrivaine russe Prix Nobel 2015 pour retrouver tout et même plus....
 -C’est pourtant difficile tous ces témoignages sur l’URSS ! -Oui et non car l’espoir et l’humain restent dans toutes ses dimensions réactions à l’état d’esclave... de détenu de guerrier de monstre...d’enfant  et après si le communisme était une meilleure idée que le capitalisme, avec les livres l’instruction partagée au lieu de la cupidité l’avarice...  Bref un petit fils dans la Russie d’aujourd’hui demande à son grand-père : -« Tu y as cru toi au communisme !.... autant croire aux extras-terrestres ! »  C’est tellement bien joué qu’on croit intensément à tous ces personnages et leur mystère : comment ont-Ils pu passer par tout cela, j’ai frissonné pleuré et eu très peur du fils d’Olga qui parle et imite un des bourreaux dont il a failli épouser la petite fille interprété comme personne d’autre pourrait le faire, par Jérôme Kircher... Merci 🙏 C’était complet et occupé essentiellement par des gens qui ont vécu à l’époque de l’URSS, des blancs et des rouges. Et cela c’est Dommage bougez-vous les jeunes, lâchez votre monde virtuel pour vous attaquer aux idées et à l’histoire. Greta Thurnberg est suédoise..

.Télérama Fabienne Pascaud 
Ànouk Grinberg, Pascal a dit, on ne la voit pas vieillir... elle avec son phrasé sur le fil direct de l’émotion  qu’on voudrait étouffer 

Avec son adaptation du livre de Svetlana Alexievitch, le metteur en scène Emmanuel Meirieu poursuit son cheminement. 

Le metteur en scène Emmanuel Meirieu aime faire entendre les voix jaillies d’essais ou de romans qui l’ont bouleversé. Il transforme alors généreusement son théâtre en un espace d’aveux et de secrets où des hommes et des femmes écoutent d’autres hommes et d’autres femmes, vivent avec leur désarroi et leur détresse le temps de la représentation. Echan gent et partagent. Beau projet de théâtre humaniste et engagé, à résonance souvent politique. Son adaptation de La Fin de l’homme rouge (2013), de Svetlana Alexievitch, participe à merveille de ce cheminement.

Proche de Dostoïevski

L’écrivaine russe y interroge des jeunes, des vieux, des victimes, des bourreaux, sur les changements qu’a provoqués en 1989, dans leur existence quotidienne, la fin de l’URSS et du régime soviétique. Recueil de portraits à la forme neutre et clinique, le livre dresse pourtant le saisissant constat d’un peu ple à la dérive. Qui en vient parfois à regretter le communisme d’antan. Son utopie, son idéal face à un capitalisme où priment l’argent et une réussite matérielle sans âme ni culture. Comme à son habitude, Emmanuel Meirieu fait se succéder sur un plateau, où règnent ici le désordre et des détritus épars – une salle de classe abandonnée du côté de Tchernobyl ? –, les récits de vie d’individus paumés à qui l’on a retiré toute espérance. Sur un écran en fond de scène sont diffusées à petites touches des images d’archives. Parfois les comédiens s’expriment simplement debout derrière un micro, sans bouger, juste verticaux. Et l’économie de jeu, de moyens rend leurs histoires plus terribles encore.

Il y a la mère dont le fils s’est suicidé, le vieux militant com muniste qui ne parvient pas à renoncer à sa foi militante, le soldat rentré d’Afghanistan fracassé, l’amoureuse d’un soldat irradié à Tchernobyl… Ils sont sept – d’Anouk Grinberg à André Wilms, de Jérôme Kircher à Evelyne Didi – à rappeler l’enfer d’hier, au moins, riche d’illusions communes et d’espérances sublimes qui les transcendaient… Règne une incandescence proche de Dostoïevski chez ces fra cassés du communisme comme du capi talisme, qui brûlent toujours d’un désir d’absolu. Et si le dispositif d’Emmanuel Meirieu, sa grammaire théâtrale, change peu de spectacle en spectacle, on y vit toujours la même découverte de l’autre, rencontre avec l’autre. Qu’elle émerveille ou horrifie.


on aime beaucoup La Fin de l'homme rouge. D'après Svetlana Alexievitch. 1h50. Mise en scène Emmanuel Meirieu. Jusqu’au 17 février, Théâtre Les Gémeau, Sceaux (92), tél. : 01 46 61 36 67. Le 19 à Vélizy (78), le 26 à Istres (13)... et du 12 septembre au 2 octobre, Théâtre des Bouffes du Nord, Paris 10e.









vendredi 27 septembre 2019

L’effort d’être spectateur : une Bible pour les apprentis comédiens ex-spectateurs....

Les extraits de ce livre si important pour moi quand au théâtre, car en fait c’est rare qu’on en parle du public, à part cette scission tranchée : coupable ou pas !  non cela, c’est aux assises ! même là il y a des circonstances  atténuantes ; tandis qu’au théâtre le public il est bon ou mauvais, comme les jurés d’assises mais pour en changer, il faut attendre la prochaine assise, représentation, point final. Un peu comme les lecteurs, un peu moins que les spectateurs au cinéma, ça dépend de la salle, du jour, du moment où on est en soi...
Pierre Notte dresse un inventaire de ce qu’on regarde au théâtre, écoute ressent dans ce lieu si sempiternel et toujours nouveau. 
Il l’a si bien transmis sur scène que je ne veux ne peux l’oublier presque deux mois après l’avoir vu.... « des bulles d’air ».



p 23
 Il y a tout ce que je ne veux pas savoir, ce que je ne dois pas savoir, en l’acteur. Il doit porter ça, le comédien, la chose inconnue. Un mystère, une histoire qui m’échappe. J’ose le dire et de manière péremptoire, si je comprends tout de ce que le comédien joue, tout ce qu’il fait, ce qu’il dit si j’en saisis tout, c’est qu’il est nul. Une poupée ferait l’affaire. S’il ne joue que ce qu’il dit, s’il dit ce qu’il joue, s’il ne fait que ce que je vais comprendre de ce qu’il fait, alors c’est une feignasse inutile. Un pantin, une potiche pas un créateur. Les acteurs qui portent le sens sans apporter le mystère provoquent la mort des liens qui nous tiennent, aurait pu nous tenir éveillés.
p 42
« Mais faire l’impossible, oui. Produire sur scène ce qui est impossible, ce qui n’est ni connu ni possible, avoir affaire à une personne, tout entière, dévouée, offerte au monde et en pâture pour dire l’humanité tout entière, la représenter, la transcender, prendre la hauteur nécessaire pour l’élever, la surélever, et la découvrir dans ce qu’elle a d’horreur et de grâce supérieures, l’exalter au point de transformer celle celui qui ont fait l’effort de venir se coltiner ça,  le travail de l’acteur ; faire l’impossible.  Quelques élèves du Conservatoire, arrogants, hautains, convoquent leur prof. 
« Vous êtes flou. On vous trouve flou », lui disent-ils. Le prof, blessé, s’étrangle. Il peine. Puis il répond, au bord des larmes, qu’il est flou parce qu’il n’a pas de projet, pas de chemin, pas de voie  pour eux à tracer, qu’il n’a rien à leur demander, que son but ultime, unique, est de leur révéler, et à eux-mêmes, ce qu’ils ont en eux de rare, de singulier, d’irremplaçable.
Un des élèves de notre cours quand je leur ai passé (en leur lisant moi-même) cet extrait, m'a dit c'est un peu signer la démission de l'enseignement.... je parlais effectivement à des adultes....
 un lien ici tellement drôle mais pas seulement avec un comédien amateur qui lui avait tout compris à ne pas vouloir tout comprendre du métier de comédien de Robert Bresson
https://www.youtube.com/watch?v=yesytGpJHpk&fbclid=IwAR0tZfgyYg9chhN9iIlAQU8x4ES-wZnnH5H3X1ILKsgR4ONZekOEJhf7Ll8&app=desktop
p 44-45
Les poils
Le vrai non plus n’a rien à voir là-dedans. Il s’agit de la vraie vie matérialisée dans l’énergie fabriquée par l’artiste–c’est son boulot–contenue dans la chose dite ou dans le geste fait sur le plateau. Pour Gilles Deleuze, « il s’agit de faire du mouvement lui-même une œuvre, sans interposition ; de substituer des signes directs à des représentations médiates ; d’inventer des vibrations, des rotations, des tournoiements,  des gravitation, des danses ou des sauts qui atteignent directement l’esprit ». Mais le vrai n’a rien à faire là. La comédienne Myriam Boyer avait choisi, pour interpréter le rôle d’une prolétaires sur un plateau de théâtre privé, de se laisser pousser les poils sous les bras et de le faire savoir ostensiblement. Chemisette genre « marcel », Bras nus, poils à vue. L’énergie de l’actrice, la puissance de son jeu, la nécessité d’être sur le plateau permettait d’oublier par moments la faute de goût, la très mauvaise idée des poils. Les poils nous ramenaient sans cesse à ce choix bizarre, opter pour l’opportunité de recourir aux moyens d’une réalité sordide pour incarner davantage le personnage. Mais pour autant, le don de soi, via les poils, contredisait le travail de l’actrice en empiétant sur ma marge d’interprétation. Spectateur je consens à des invraisemblances. C’est une part de mon boulot. Après les poils, les cheveux. Choses concrètes, vraies indubitablement, organiquement vivantes, preuves réelles  de la vraie vie. Le scandale de la femme, chaque soir différente, de préférence aux cheveux longs, qui se faisait raser la tête chez Rodrigo Garcia, provenait davantage du  fait que la production avait participé à ce système d’exploitation d’intermittentes engagées, comme abusées, utilisées  et jetées , après avoir accepté de se faire raser la tête pour obtenir un cachet.  Elles ne jouaient  plus, on ne jouait pas, elles montaient sur le plateau, se faisaient raser, encaissaient , repartaient. Geste poétique, politique ? Quoi qu’il en soit, un scandale de la vérité vraie exposée  de manière obscène, au-devant de toute scène écrite, jouée, interprétée, sans illusion. C’était gagné, il avait atteint le but recherché, l’artiste. Pareil avec le homard que l’artiste fait cuire et manger sur scène.  Tollé dans le landerneau. Une bestiole vivante qu’on fait cuire, et qu’on tue, et qu’on mange en direct. L’effet recherché était bien le scandale, au bout du compte, de la réalité réelle confrontée  à l’épreuve d’un plateau où il est blasphématoire de recourir aux choses de la vraie vie et d’en faire le spectacle. Bizarrerie incohérente ou non, aussi, dans un monde surchargé de signes réels, d’images authentiques, de représentations véridiques d’émotions et de violences en tous genres et sur tous les écrans.  Explosion exponentielle du spectacle du réel, tout le temps, sur tous les fronts.
p 46
Pour Jean-Loup Riviere, la neige est d’autant plus belle qu’on voit l’artifice. « Mieux l’illusion est réalisée, dit-il, plus je suis sans illusion. Le théâtre est l’endroit où on peut croire sans se faire d’illusions. »
p 47
 Au cinéma, on mange des homards, on se rase la tête, on fait pleurer des nourrissons et courir des chiens. La question ne se pose pas de savoir si le homard, le nourrisson ou le chien sont consentants ou non. Le nourrisson est là, il ne joue pas, c’est un commerce organisé par l’industrie du cinéma et les parents du môme. Au théâtre cela ne se fait pas. Pour des questions pratiques, économiques, juridiques. Cela ne se fait pas ou pas trop. Surtout avant tout parce qu’on s’en fout, du nourrisson. Cela n’intéresse personne d’avoir à faire avec la vérité vraie, nue, sur le plateau, si elle n’est pas assumée pleinement par ceux dont c’est le métier. L’invention par l’artiste d’une représentation du nourrisson donc je sais, spectateur, qu’elle ne soumet pas à l’épreuve de mon regard une entité vivante non consentante, me laisse aussi en paix dans le refuge du théâtre ou l’illusion est souscrite, apte à voir le nourrisson même si il n’est qu’évoqué. C’est même pour ça que je suis là. 
p 53
 Le corps nu, c’est aussi un défi pour l’acteur. Il met en avant un nouveau point de focalisation, met du même coup en danger la crédibilité de ce qu’il incarne. L’individu nu prend le pas sur la figure qu’il interprète. La nudité provoque aussi en moi, spectateur, une émotion différente, organique. Un désir, une pudeur, un rejet, une curiosité étrange, un machin bizarre que je ne pense pas, pas clairement, que j’éprouve à la vue des corps nus et selon leur traitement.   Une gêne, une attirance, je me positionne, ce n’est plus tout à fait au même cerveau qu’elle s’adresse, la nudité de l’acteur. Je réagis parfois en primate, en sujet désirant mis devant le fait accompli d’un Éros débarqué là, qu’on me livre sur un plateau. 
p 54 
À ce réel inattendu, quand les sexes des acteurs me saute au visage, d’où naît une sorte de grâce, correspond à un autre sentiment sensiblement équivalent : la peur de la mort. Quand survient enfin sur scène le danger, le risque du dérapage, de la glissade, la chute possible à venir, je suis saisi par une émotion troublante, l’envie dans ce monde faux d’une faille véritable. C’est l’irruption de la mort, conséquence directe d’une vie ainsi prouvée , soudain palpable puisqu’en péril, qui me fait me sentir vivant. 
p 57 ...« fête éphémère », remplit « l’office salutaire d’un memento mori ».
« Souviens-toi que tu vas mourir. » Et comme je ne suis fait que de paradoxe, je suis là aussi pour l’oublier.
p 58
Pour oublier que je vais mourir, enfant, je me réfugie au piano. Je suis sans voix, je ne sais ni lire ni écrire, c’est trop difficile. Je me réfugie au clavier d’un vieux piano, et peu à peu j’apprends à jouer. Je compose, je pianote, je me débrouille pas mal. Je finis par écrire, construire mes historiettes, des chansonnettes, bulles d’air dans une maison où l’air passe mal.
p 60
 Étudier comment les morts nous ramènent à nos états de vivants qui s’oublient, comment les deuils à faire nous imposent ce travail de revenir, bon gré mal gré, au travail de vivre.
p 77
 Lagarce dit des lieux de l’art  qu’ils« peuvent nous éloigner de la peur. Lorsque nous avons moins peur, nous sommes moins mauvais ».  
p 79
... Cette phrase de Kafka : « écrire, c’est sauter en dehors de la rangée des assassins. » Je découvre beaucoup plus tard, que cette nécessité vitale de faire des choses, de produire encore, provient sans doute du pire, enfoui, là, qui sommeille le plus souvent et jaillit parfois.
p 86-87
 Parce que l’espace culturel, c’est l’une des nouveautés de ce siècle plein de nouveautés, se trouve transformé depuis peu en cible potentielle. Le lieu du rassemblement, de la fête, du geste artistique subversif ou non, l’espace culturel se mue en proie possible de l’assassin suicidaire. On le dérange, on remet en cause son ordre, on l’offense, on l’humilie on le gêne. Ça lui fait mal au derche que des gens se rassemblent pour chanter, rire, regarder, être ensemble, interroger le monde, s’auto-satisfaire dans une démarche mondaine de sortie collective, ça lui fait mal partout. Que l’on danse dessine, joue, boive.  Ça lui pose un problème. Il tire dans le tas et saute avec. C’est devenu possible, sans être probable ni prévisible, simplement une possibilité nouvelle, le spectateur qui se rend au théâtre et quel qu’il soit pour voir et quoi que ce soit, dans une démarche qui n’appartient qu’à lui pour un voyage qu’il fera seul avec les autres, s’inscrit déjà dans un effort contraire aux desseins de la barbarie.
p 89
...Pas le droit de contribuer à l’affaiblissement des lieux d’interrogations, de réflexions, de remises en cause des certitudes et de pensées  premières, refuges à rencontres, à éveil des esprits, à « dé-certitudations »,  à inventions de langage et de mots nouveaux pour refaire le monde, moins laid, moins dur, moins effrayant ; pas le droit de jouer le jeu des transformations de ces lieux en espace de compromissions politiques, d’affaissements de la langue, de renoncements à la poésie, de fuite en avant vers ce qui se fait beaucoup déjà et de manière si spectaculaire : le goût du régionalisme consanguin, du repli identitaire pour gens de race blanche bien nés quelque part, le miel vénéneux de l’entre-soi culturel, l’animation distractive comme projet principal ; quand la priorité de tous devrait être d’apprendre pour y voir clair, d’écarquiller pour avancer moins dans les brouillards d’une obscurité qui ressurgit tout le temps. Ils n’ont pas le droit de cesser de valoriser la multiplicité des propositions de théâtres « qui parfois s’opposent, ils font émerger des contradictions et le dissensus », dit Olivier Neveux, sociologue, qui défend « l’autonomie de tous et de chacun ». Ils n’ont pas le droit de renoncer à la culture et aux arts, qui sont partout, qui doivent continuer à se distiller,  dans le progrès civique, dans la paix sociale, dans la nécessité de la justice pour tous et dans l’éloignement des réflexes bestiaux, intolérance, vengeance ou gratuité animale de la violence, comme l’œuvre, aussi contestable soit-elle, de professionnels et de passionnés qui cherchent et trouvent d’autres outils pour dire et changer le temps présent, provoquer des fissures dans les murs pour faire passer la lumière. 

lundi 23 septembre 2019

Théâtre Montmartre Galabru un boulevard : Molière pour les Nuls et au Lucernaire reprise de Kafka Le Gorille Brontis Jodorowsy Cinéma d'animation : Comme des bêtes 2


Excellent boulevard pour tous que ce Molière pour les nuls.
C'est une surprise que de voir cette pièce inclassable très bien jouée pas une comédie classique et pourtant il y a du Molière. Nous avons passé un bon moment et avons bien ri c'était leur 3 ème et tous sont surprenants singuliers et drôles car c'est aussi un boulevard avec une mise en abîme de théâtre, des genres et sur le clivage province Paris, j'y ai vu un clin d'oeil. Ce spectacle ferait un succès dans le Off d'Avignon. Il a peu de moyens mais il est ambitieux avec 7 comédiens(non ils sont six mais le régisseur a un rôle. Non ?) et qui sont tous très bien et qui font rire tout le public enfants compris. Le début et la fin sont un bel hommage au théâtre et les chorégraphies sont très réussies dont un rap très pro et tout à fait bienvenu. Le rythme est soutenu on ne risque pas de s'endormir. 

https://www.billetreduc.com/239802/evt.htm

https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=269200436583075313#editor/target=post;postID=7223782710043227711
Le Gorille
Je vais y retourner car même si j'ai gardé un très beau souvenir de ce spectacle lors de sa création je sais ô combien un spectacle bouge et évolue avec le temps et avec son créateur acteur metteur en scène.

sur FB Comme des bêtes 2
Nathalie Feyt Zut faut les emmener tous petites grands !😍dans toutes les salles Gaumont, c’est hyper mais efficace et très touchant par moments : la grand-mère à chats le chien de ferme le chien qui se transforme en chat la maison qui se métamorphose à l’arrivée d’un petit d’homme etc... https://www.google.fr/amp/s/www.la-croix.com/amp/1201038377

  • Veronique Thor Alors? C’était bien?
  • Nathalie Feyt Oui moi j’ai aimé surtout le bébé tigre et la petite chienne qui apprend à être un chat...et le molosse de la ferme qui est très calme et a la voix de Rocky. En version originale c’est Harrison Ford


samedi 21 septembre 2019

Une grande fille un jeune réalisateur russe Kantemir Balagov et portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma/Animation : Manou à l'École des goélands

une grande fille : film de poète, Kantemir Balagov  quel film, une fresque un portrait ? que j'ai regardé bouche ouverte, j'en ai perdu mon plus beau foulard, le dernier qu'on m'a offert pour mon anniversaire, tant pis, un ange : par la vision de ce film m'a consolée....
j'étais en retard donc j'ai vu ce film après le portrait de la jeune fille en feu à notre ciné-club St Lambert donc sur un très moyen  écran et avec peu de spectateurs et je l'ai préféré nettement Pour moi tout y était la modernité la beauté l'histoire le jeu des acteurs la lumière extérieure te intérieure et aussi la force russe des auteurs des poètes russes des cinéastes sans références appuyées détectées par les cinéphiles en quête d'auto-satisfaction. C'est un film inoubliable totalement.

https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/06/une-grande-fille-la-tragedie-du-retour-a-la-vie_5496948_3246.html?fbclid=IwAR288PtMwBoBPT1Ew4hPX-gAojdqMn7vid7nBHnrIXzdbbvQjZKluHlf0KA

La sortie du cinéma St Lambert un mercredi où je suis allée voir Manou à l'école des goélands 


Sur FB ce ne sont pas des martinets tout à fait incapables de marcher au sol et donc presqu'obligés de tout faire en plein vol mais bon, c'est joli, histoire toujours un peu semblable...
avec fin heureuse, les méchants... ce ne sont pas les chats mais les rats et aussi on peut y trouver une légère dénonciation du conformisme et du repli sur soi...
car nous sommes tous des oiseaux, non, pour les petits et un peu lassant pour les grands...
https://www.avoir-alire.com/manou-a-l-ecole-des-goelands-la-critique-du-film



Pascal voulait voir Ad Astra pour oublier le portrait de la jeune fille en feu qu’il a détesté ! Pourtant nous étions dans une grande salle. Il a bien dormi parce que c'était ce jour-là, parce qu’on s’y ennuie c’est vrai, non seulement par les "visions fantomatiques" entendu à on aura tout vu sur France-Inter et "la pensée en filigrane" qu'on sent entend tout le long du film entendu et vu au Cercle en clair sur Canal + Je suis à contrario restée plus nuancée trouvant des « tableaux » très réussis comme le début, même si c’est un hommage appuyé à la leçon de piano et ensuite quand elle sèche ses toiles vierges et qu’elle est nue devant la cheminée en train de fumer. Et aussi le passage avec la servante où toutes les trois elles essaient de vivre libres sans séparation sociale dont les scènes de l’avortement de la servante. Mais sinon j’ai trouvé les décors plus sibyllins qu’épurés... on n’y croit pas à cette maison cela tient du plaquage on rajoute un rideau des malles mais on n’est pas au théâtre, la lumière certes ne peut pas tout faire. Cette maison comme les bords de la mer comme la nuit de la St Jean sont tellement vides qu’on sent le plaquage des comédiens sans écrins. Par contre la réflexion sur le mystère de la présence qui passe dans un portrait un regard, regardé peint filmé est interessante mais didactique. Les actrices oui sont très bien ; la fin est une partition du jeu convaincant en gros plan de Adèle Haenel. 
https://www.avoir-alire.com/portrait-de-la-jeune-fille-en-feu-la-critique-du-film
http://www.lebleudumiroir.fr/critique-portrait-de-la-jeune-fille-en-feu/?fbclid=IwAR0TkgJlbyxxBtcconQ6u_RY8YM_pawcM71YSEfkODgmF7afgutnjwKgXwY

vendredi 20 septembre 2019

Les Lunes d'après Marina Tsvetaeva mise en scène Isabelle HURTIN



Un gazouillis d’oiseaux un espace Icare avec quelques spectateurs, une technicienne avec un rétro projecteur sur l'escalier des gradins spectateurs pas loin de moi au 2 ème rang... elle manipule les images et les ombres et c’est bientôt les Lunes d’après Marina Tsvetaeva mise en scène Isabelle Hurtin avec 7, 8, 9 comédiennes dont elle...Sur l’escabeau à jardin, non ce n'est pas elle ?... Cette planète lune que la poésie, Marina Tsvetaeva "émigrée" à Paris, aimait d'un amour passionné mais épistolaire Rainer Maria Rilke. C'est exigeant la poésie au théâtre dans les mots stellaires et après avec le silence d'après les mots, avec de la danse, des ombres, des lanternes, un flambeau, une odeur du cigare....Et la salle était remplie d'environ une bonne vingtaine de passeurs, tous très attentifs. Le jeu des comédiennes engagé de tout leur être est intense leurs yeux brillent ou pleurent, il faut pas moins pour jouer Claudel... cela me rappelle un soulier de satin qui n'en finissait pas et dont on ne voulait plus sortir...
Rilke écrivait à Elena Voronina des Russes : "chaque homme est un penseur, un commentateur et, si vous voulez un poète."
En 1921 Marina Tsvetaeva écrivait à propos de Rilke : "Rilke n'a rien à voir avec notre temps, il est son contrepoids" ce spectacle aussi...
https://sceneweb.fr/les-lunes-creation-disabelle-hurtin-da…/

une video
https://www.theatre-contemporain.net/video/Teaser-Les-Lunes 

jeudi 19 septembre 2019

Les 50 ans du Lucernaire



https://sceneweb.fr/itw-benoit-lavigne-fete-les-50-ans-du-lucernaire/
C’est ce samedi la fête de ce lieu que je connais depuis plus de 20 ans du temps du Guillochet où nous avions porté à bout de bras la création théâtrale après  le succès de Manger avec une autre création : Avorter que nous avions coécrit avec Philippe Person et où je jouais -j'en ai suffisamment parlé déjà ici. 
Dans ce long entretien de Benoit Lavigne(voir lien ci-dessus) je trouve incroyable qu’il ne cite pas une seule fois le nom de Philippe Person qui a créé dans ce lieu un cours amateur il y a 13 ans : 2 classes puis 3, 4 et ensuite est devenu directeur du lieu, et depuis 3 ans ensuite a mis en place un cours professionnel couronné de succès avec chaque année un spectacle professionnel avec les élèves l’été qui remporte un grand succès. Ils jouent un mois : Le Songe de Shakespeare en 2018, le Bourgeois Gentilhomme de Molière cette année, ont affiché complet.
Newsletter Lucernaire
l'exposition le documentaire ses anecdotes


Danse jusqu'après tard...
le beau groupe jazz 
Mon commentaire du dessus d'avant l'invitation est frileux, comme quoi je suis méfiante et toujours en quête de torts à redresser même quand il n'y en a plus...
La fête ce samedi était sincère, joyeuse, le documentaire étonnant de rappeler toutes les origines de ce lieu sur 50 ans, l’équipe de Le Guillochet bien-sûr avec sa figure de proue ; Laurent Terzieff mais aussi les techniciens, les caissières Leylla et Céline aux caisses depuis 30 ans, les déboires financiers les successions et les spectacles : les naissances de grands succès, sur 50 ans, ça en fait ! Le rachat par L’harmattan, les travaux, le présent l'école Professionnelle de Théâtre, sa jeunesse... son avenir, des captations des spectacles avec des chaînes de téléchargements, des minis « Netflix ». Les improvisations des élèves très contrôlées, préparées étaient très drôles dont une actrice en peignoir qui cherchait une robe dans les personnes du public. Un jeune homme qui a l’exposition cherchait le directeur du théâtre car il n’y avait pas l’affiche de son spectacle. Benoit Lavigne lui répondît qu’effectivement il avait joué, mais pas dans ce théâtre....
Tard encore les élèves dansaient sur la musique jazz du groupe pour le concert. Au minimum allez voir cet extraordinaire documentaire si riche de gens d’art et de désir de partage au fil des ans. Le Lucernaire par beaucoup est appelée : leur maison.
http://www.lucernaire.fr/69-nos-evenements
Dans les videos qui sont sur le site ne ratez-pas Michel Boujenah et Céline Ena la caissière : son personnage au Lucernaire...Adhib Karrhat et bien d'autres dont celles de Philippe Person Vincent Colin Brontis Jodorowsky Benoit Lavigne Denis et Xavier Pryen

samedi 14 septembre 2019

So long my son

  • (à propos de So long, my son)
    “ Dans un puzzle de réminiscences et la singularité de sa narration, la tragédie familiale noue ravages intimes du deuil et fresque politique. ”8 juillet 2019
    •  La construction du film en puzzle est assez particulière ( avec ellipses importantes, flashbacks , moments de flou entre réel – imaginaire comme si on était dans le fantasme ou les associations mentales) Mais comme le dit Wang Xiaoshai lui-même « je crois que les spectateurs européens sont habitués à voir ce genre de films à la narration non linéaire …pour le spectateur chinois, il s’intéressera moins à la narration et plus aux émotions suscitées par chaque tranche temporelle du film …il sera plus dans le ressenti que l’analyse » C’est un peu ce que je ressens moi-même , si j’ai été sensible à la manière de raconter l’histoire ,c’est parce qu’elle réussit à faire éprouver de l’intérieur ce que vivent ces personnages confrontés au deuil de leur enfant. Des émotions qui les traversent et de façon très pudique en même temps. On voit comment aussi le réalisateur s’est intéressé aux conséquences de cette politique de « l’enfant unique » sur la vie et le destin individuel des gens (politique qui d’ailleurs n’a plus cours aujourd’hui)
      10 juillet 2019
    •  @cath44 Cette absence de chronologie a tendance à vite me gonfler d'ordinaire, mais cela sert tellement bien l'histoire dans ce film que l'on est que plus bouleversé. Impressionnants acteurs. Formidable scénario. Analyse politique subtile et juste. Une vraie claque.
      3 août 2019
  • (à propos de So long, my son)
    “ Où comment compter la réalité sociale de la Chine depuis fin 70 au travers d'un scénario bouleversant et d'un casting touché par la grâce. ”








    Un film exceptionnel que j’ai vu bouleversant dans notre ciné club près du square St Lambert : so long my son. C’est pour moi l’antidote a Parasite jamais je n’avais eu envie autant de comprendre de l’intérieur la Chine 3h et je n’avais pas envie que cela se termine....j’ai dit en rentrant que je voulais aller en Chine un peu comme lorsque jeune j’ai voulu aller en Italie du Sud après avoir vu le Christ s’est arrêté à Eboli.... Quand on perçoit l’œuvre de cinéastes et que l’on visite après un pays sur le cheminement touristique on a l’impression d’être dépossédé ! 


vendredi 13 septembre 2019

Deux moi de Klapish, film et Years and years, série sur Canal +

sur FB hier
Une autre série sur Canal Plus anglaise 10 ans et plus après le Brexit... ça fait très froid dans le dos, ce matin ne disait-on pas aux actualités... qu'en Angleterre ils auraient des difficultés à se réapprovisionner en médicaments des Pays Bas tel l'insuline....
https://www.mycanal.fr/articles/series/emma-thompson-bientot-dans-une-serie-d-anticipation-anglaise-aux-petits-oignons
https://www.lepoint.fr/pop-culture/urgent-years-and-years-le-futur-glacant-et-credible-de-la-grande-bretagne-13-06-2019-2318740_2920.php?fbclid=IwAR0ZLaCDJsBGPpFqG9P3LW2C9A8ZT6gti7fz75oA_rPrZSaA7HGWgRVpzZI




sur FB aujourd'hui...
les Klapish, je me disais qu'il fallait tous les voir, un peu comme tous les Truffaut, avec Pascal nous avons aimé ce film, car le sujet est on ne peut plus casse-gueule mais quand ça marche, ça marche ! la rencontre et pourquoi et pourquoi pas. J'ai pensé à tous ces psychiatres qui dénouaient les gens, qui aiment les gens comme cet ami du théâtre passionné par les gens avant tout, ceux des pièces dramatiques, burlesques, mais ceux aussi de la vraie vie : Paul Derôme.... décédé il y a presque plus d'un an.... c'est un film qui dit qu'on s'empêcherait d'être amoureux et heureux qu'on peut toujours rencontrer quelqu'un, mais pour cela il faut s'aimer soi, un peu, et aller à la rencontre et faire un pas de danse et aussi parler aux gens et faire confiance à la vie. Comment dire tout cela dans un film eh bien ! Klapisch il le peut et il réunit pour cela ses acteurs fétiches, la vieille dame de chacun cherche son chat... et d"autres dont un merveilleux épicier oriental qui lui parle à tous, interprété par Simon Abkarian, c'est vrai que les commerçants qui parlent sont rares et qu'on les laisse être remplacés par des robots qui disent toujours bonjour, mais indifféremment. C'est aussi une comédie romantique car on cherche souvent bien loin ceux qu'on a tout près...
Il y a dans cette critique de Libé un fait énoncé comme l'apanage du libéralisme : se lover dans le coin qui vous reste et être heureux malgré tout, sans aucune conscience du "collectif"est-ce lié au libéralisme capitaliste et/ou à la psychanalyse ? le film ne va pas aussi loin je dirais et même ! il invite qui sait à s'aimer en attendant la Révolution qui ne peut se faire quand on est tout seul...ou une poignée..
Pour le collectif voyez plutôt la série anglaise dont je vous parlais hier avec ses coups de béliers justement à l'individualisme soit disant éclairé Years and Years avec Emma Thompson, la fin est tellement lumineuse, vivement la suite(https://www.mycanal.fr/…/emma-thompson-bientot-dans-une-ser…)
https://next.liberation.fr/…/10/deux-moi-divans-a-part_1750…

mardi 10 septembre 2019

Au cinéma Roubaix, une lumière/ Sur Canal + Paul Sanchez est revenu et la Série sur Bette Davis et Joan Crawford Feud.../ Le Cercle est revenu et j'aime cette émission sur le cinéma

Que dire d'autre que pour moi c'est un des meilleurs films français que je n'ai jamais vu sur Roubaix et sur l'homme et quand même, malgré la misère "tout s'illumine". Ce film est un film qui nous fait regarder l'humain malgré tout... au delà de la catégorie sociale de la beauté et de l'inculture convenue au delà de l'amour convenu : le couple dans un genre qui ramasse tout sur son passage le policier : on ne voit plus que cela à la télévision, chez les libraires...Nous étions dans notre cinéma préféré à Convention, et comme le film est sorti depuis plusieurs semaines mais il tient, il était projeté dans une des petites salles du bas et il y avait à 16h45 que quelques couples de retraités... de vieux dont certains proches de l'âge de la victime, je les ai sentis comme choqués en colère de découvrir au travers de ce film que rien ne les protège plus de la mort. J'avais tellement envie de leur dire que ce n'était pas là le seul thème suggéré car il n'y a pas un soupçon de jugement malgré l'abomination du crime. Enfin quand aux acteurs, Léa Seydoux n'est pas que belle, et j'ai tout compris de ce qu'elle disait et de ce qu'elle ne disait pas.  Quant à Roschdy Zem (exceptionnel)
c'est exact qu'il tient d'un seul acteur français : Lino Ventura.

ABONNÉE critique de Louis Guichard
Un assassinat, un couple de marginales accusé, un commissaire rayonnant de sagesse… Et un remarquable changement de registre pour le cinéaste.
Voilà un meurtre que Marguerite Duras aurait pu qualifier mystérieusement, en toute inconséquence, de « sublime ». Une histoire où se mêlent l’amour et l’ignominie, la trahison et la folie. Une vieille dame esseulée a été cambriolée et assassinée dans son lit pendant les fêtes de fin d’année. Les suspectes sont deux voisines, encore jeunes, sans revenu, alcooliques et en couple. Le fait divers, authentique, restitué naguère dans un documentaire (lire ci-contre), a impressionné Arnaud Desplechin au point que le cinéaste a délaissé les intellectuels en crise, héros coutumiers de ses autofictions présumées. Changement de registre, donc.
Desplechin est pourtant chez lui : comme annoncé dans le titre, le lieu du crime (et de la totalité de l’action) se situe à Roubaix, où le réalisateur est né, a grandi et a déjà tourné Un conte de Noël (2008), Trois Souvenirs de ma jeunesse (2015) et une partie des Fantômes d’Ismaël (2017). Dans un prologue dense, aux ramifications multiples, il brosse le tableau émouvant d’une ville autrefois prospère, gardant « le sentiment blessé d’avoir compté et de n’être plus rien ». Les images de Roubaix, « classée aux trois quarts en zone urbaine sensible », installent dans un écrin de nuit et de cendre les grandes scènes de garde à vue et de confrontations qui seront le cœur du film.
Une figure inédite chez Desplechin veille sur cette ville : un commissaire viril, minéral, inflexible et bienveillant, qui sait d’emblée si un suspect est coupable ou innocent, et s’abstient cependant de le juger. Il y a quarante ans, Lino Ventura aurait peut-être joué ce rôle. Qu’il s’agisse aujourd’hui de Roschdy Zem (exceptionnel) est tout sauf anodin : le policier Daoud, fils d’immigrés maghrébins, s’est identifié à la France et à ses lois plus que tout autre, alors que sa famille est retournée en Afrique et que son neveu, emprisonné à Roubaix, le hait d’être devenu flic. Sa ferveur singulière fait aimer le personnage et accepter jusqu’à son paternalisme désuet.





Autour de ce sage à l’écoute, la parole s’impose comme la grande affaire. Si le jeune lieutenant tout juste arrivé (Antoine Reinartz), volubile, épris de philosophie et de théologie, s’égare dans son bouleversant monologue intérieur, les mots des suspectes provoquent une suite continuelle de déflagrations. Il y a ce qu’elles concèdent avant et après les premières preuves. Ce qu’elles disent séparément, puis confrontées l’une à l’autre. Ce qu’elles avouent avec une froideur glaçante ou dans les larmes. Ce qu’elles révèlent l’une sur l’autre et sur leur couple… Dans la lumière crue des interrogatoires où les vies basculent, ces deux marginales, qui croient à la persistance de la guillotine, auraient pu faire trébucher bien des actrices, avec un metteur en scène moins exigeant. Mais Léa Seydoux et Sara Forestier sont toutes deux intenses, dans l’opacité pour la première et dans l’abandon pour la seconde.
Par ce déferlement de mots, de versions successives d’une même et sordide réalité, le polar dépasse son ancrage réaliste pour atteindre une dimension métaphysique, une compassion universelle. Les suspectes apparaissent peu à peu comme deux somnambules, avec toutes les excuses sociales du monde, encore plus effarées par la vérité que leurs interrogateurs. Du fond de leur obscurité, elles deviennent nos sœurs, nos filles, nos doubles. Et derrière la tragédie, le film recèle une profusion d’histoires cachées, parallèles, qui éclairent celle-là ou y ramènent directement. On entrevoit la plus déchirante vers la fin : au moment de l’incarcération, de la séparation, la demande éperdue d’un dernier regard par l’amoureuse à sa compagne, de loin, raconte toute une vie et ressemble à une prière. Non exaucée.

Paul Sanchez est revenu avec Philippe Girard dans le rôle du commandant film pour moi aussi, exceptionnel sur comment fuir sa vie, la normalité de sa vie, entre autres... mais sinon c'est aussi un film très réaliste en plein soleil dans le Sud-Est et pas du tout en clairs obscurs. Lors de sa sortie je l'ai raté et je le regrette car j'aurais voulu le voir sur grand écran. Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé au retour de Martin Guerre. J'aime beaucoup au théâtre Philippe Girard et là il joue le rôle du commandant de police et j'y ai cru alors qu'au théâtre c'est pour moi l'un des plus grands lyriques capable avant tout de donner vie et mystère aux textes tragiques et là... il m'a fait rire tout le temps... par contraste il paraît si stupide, rire en demi-teinte...   Le rôle titre est tenu par Laurent Lafitte 
Sur Télérama critique de Louis Guichard
Bette Davis et Joan Crawford se livrèrent longtemps une guerre sans merci. Une série la raconte, pilonnant au passage Hollywood et sa misogynie. Le dimanche à 22h15 sur Canal+ Séries. 
La rivalité légendaire, et néanmoins fort mesquine, entre Bette Davis et Joan Crawford sur le tournage de Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? fait l'objet d'une série par le créateur de Nip/Tuck et de Glee. A priori, le doute était permis : les coulisses du drame grand-guignolesque de Robert Aldrich, réalisé en 1962, suffisent-elles à alimenter huit épisodes d'une heure ? La réponse est oui : Feud : Bette et Joan amuse, puis captive, a fortiori pour qui aurait oublié, ou ignore encore, les détails historiques, souvent inouïs, de la guerre Davis/Crawford. En résumé, c'est Joan Crawford, star déclinante, sans rôle, qui enclenche le film d'Aldrich, non sans mal, et convainc sa vieille meilleure ennemie, désœuvrée elle aussi, d'en partager l'affiche avec elle. Mais plusieurs mois après, c'est Bette Davis qui tire profit de l'opération, devenue, contre toute attente, un immense succès en salles : elle décroche, seule, la nomination à l'oscar dont les deux actrices rêvaient éperdument. Et pour finir, Crawford, machiavélique, se débrouille pour recevoir, au nom de la lauréate effective Anne Bancroft, retenue à Broadway, la statuette tant désirée (obtenue pour Miracle en Alabama)...
Au-delà du folklore, la série suscite des jeux de miroirs entre le cinéma et la télévision, comme entre le passé et le présent. Hollywood au début des années 1960, tel qu'il est montré dans Feud, empeste la misogynie. Malgré leur statut et leur carrière, Crawford et Davis s'entendent sans cesse, et sans aucun ménagement, rappeler leur âge — proche de la soixantaine. « Pour que quelque chose se passe, on doit le faire arriver nous-mêmes », dit Joan à Bette. Non seulement Baby Jane est tourné avec le budget d'une série B, mais son triomphe commercial ne suffit pas à relancer la carrière des deux divas, considérées par les studios comme hors d'usage : « Personne de moins de 35 ans ne connaît ces femmes », dit un producteur. Bette Davis passe ironiquement une petite annonce, restée célèbre, dans un hebdomadaire pour trouver de nouveaux rôles...
Feud invite à la mise en abyme entre ces monstres sacrés issus de l'âge d'or et leurs formidables interprètes : Susan Sarandon (Bette Davis) et Jessica Lange (Joan Crawford), toutes deux oscarisées dans les années 1990, souvent en mal de grands rôles depuis. Ce qui a indéniablement changé, aujourd'hui, c'est le pouvoir de ces actrices de lancer elles-mêmes des fictions dans lesquelles jouer : la série est coproduite par Sarandon et Lange, tout comme une autre série récente, encore plus ouvertement féministe, Big Little Lies, est coproduite par Nicole Kidman et Reese Witherspoon, retrouvant au passage des partitions dignes de leur talent. Or ces opportunités ne tiennent pas au cinéma mais à la télévision.
C'est l'autre sous-texte de Feud, qui ne cesse de revenir sur les relations complexes entre le grand et le petit écran. Le patron des studios Warner s'adresse ainsi à Robert Aldrich : « Vous venez d'encaisser trois bides : vous risquez de devoir retourner à la télé. » Plus tard, c'est Aldrich qui tente, sans y croire, de rassurer Bette Davis, surprise en train de jouer dans un téléfilm : « Il n'y a pas de honte, Bette... » Ryan Murphy, créateur de séries illustres, savoure implicitement, à travers ces dialogues ironiques, le renversement survenu depuis une bonne dizaine d'années. L'élite du cinéma américain se bouscule désormais pour travailler à la télévision, la série de qualité ayant ouvert un espace de créativité comme Hollywood n'en offre plus guère. D'ailleurs, les séries prestigieuses flirtent de plus en plus avec le grand écran : Feud a été projeté, partiellement, au récent festival Séries Mania. Quant aux deux nouveaux épisodes de la série Twin Peaks, tournés par David Lynch en personne, leur dévoilement sera l'un des événements du prochain festival de Cannes... 




mon avis sur
Bon je conclus effectivement que cette série est exceptionnelle, du jeu de grandes...et  peut-être comme d'autres je garde un souvenir horrifique du film à l'origine sur l'effarante solitude sur l'effroyable rapport indélébile sado-masochiste des deux femmes. Cette série pour moi est douloureuse... j'ai encore trois épisodes à regarder mais je la regarderais.




C'est la rentrée du Cercle 

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