samedi 30 juin 2012

Le Prix Littéraire Rive Gauche 2012 : c'est Olivier Steiner le lauréat

Quelle soirée d'abord ce fut deux récitals : ceux de Laurence Biava et d'Olivier Steiner, j'ai bu littéralement leurs paroles.... et puis il y eut une lecture plus simple à deux voix et pourquoi pas ? d'un extrait d'article de revue, était primée ce soir là une revue créée, il y a quelques années par BBDG et qui s'appelle Bordel... le prix rive Gauche n'est pas snob, retenez ça ! il est lyrique, littéraire, bordélique "à peine" comme dirait Barbara et hospitalier et ouvert à toutes sortes d'aimer....
Voilà depuis des mois que je n'ai plus eu aucun souvenir de mes rêves et ce matin, c'est revenu, voilà ce que c'est d'être accueillie, associée vraiment à un moment délicat... MERCI ô combien de tous ces instantanés, ces rencontres, ces conversations, merci déjà à Pascual d'avoir été à mes côtés.

J'ai préféré notamment, évidemment, la lecture d'Olivier, mais c'est bien difficile de parler de ce qui vous touche de près, il faut garder de la distance et qu'est-ce qu'un prix même littéraire dans l'absolu. Pourtant, c'est un peu comme quand personne n'oublie votre anniversaire et que la soirée est réussie. 
Au fait, c'est forcément le début de la fin de quelque chose et le début de tout autre chose, mais comme dirait un de mes amis : l'important c'est d'avoir à côté une relation affective forte. Car le bonheur comme le malheur rend si fragile- à savoir les plongées dans l'éphémère fer forgérisent l'être humain.... car cet homme là ce jeune homme éternel c'est aussi de la dentelle de papier. C'est comme avoir peur devant un nouveau né si petit si tranquille déjà et si souriant.

Mais la veille de cette remise de prix il publiait sur son blog : Le Mot et la Chose Que faire ? Comment se comporter ? Je ne vois que deux solutions : le suicide, la dépression nerveuse ou, comme Nietzsche, l’approbation du monde. Dire oui au monde tel qu’il est, tel qu’il se présente à nous, qu’il se révèle. Ce n’est pas rien ! Ce n’est pas abdiquer, se contenter de ce qui est ou a déjà été fait, ce n’est pas accepter passivement l’état des choses, c’est dire oui, OUI parce que oui c’est toujours mieux que non. Oui est un meilleur début, après on voit. « Indignez-vous », nous disait Stéphane Hessel l’an dernier. Respect total pour Stéphane Hessel – à côté de lui je ne suis vraiment qu’un jeune con – mais c’est fini, je crois, cette notion de l’indignation. Indignation rime trop avec révolution et toutes les révolutions finissent mal, on le sait. Derrière chaque révolutionnaire il y a un petit Robespierre. Le temps et le futur sont à l’approbation des choses, au changement contre la révolution, au OUI universel, à la « créativité collective multiforme » comme disait Deleuze. Et c’est pour cela que le ciel est gris. Pour nous aider, nous accompagner, par souci de cohérence. Le gris, c’est la couleur laïque et républicaine, c’est les vieilles blouses démocratiques des écoliers, c’est le ciel bas, matériel, horizontal, proche de nous, l’inverse de l’azur aristocrate, le contraire du Cap Nègre. Ce mauvais temps, certes il nous taraude les nerfs, il nous sape le moral mais il peut nous rendre lucides. Il est le contraire de la démagogie du grand ciel bleu, le contraire des contes de fées. Et c’est une bien bonne nouvelle. Question d’optique. Comme en photographie.







 Les gagnants
-Gilles Verdiani remercie Laurence Biava et les jurés du Prix Rive Gauche à Paris de prendre la littérature si joyeusement au sérieux. Bravo aux lauréats 2012 : Olivier Steiner pour son brillant roman "Bohême" (le croisement gay et numérique des "Liaisons Dangereuses" et de "Belle du Seigneur") et Stéphane Million pour la belle revue Bordel.


Les autres romans : sur Blog Sophielit

 Laurence Biava, romancière, chroniqueuse littéraire, présidente du jury

PRIX RIVE GAUCHE À PARIS 2012 : PREMIÈRE SÉLECTION

 Les prix littéraires



Le Prix littéraire Rive Gauche à Paris emprunte son nom au titre de la chanson d’Alain Souchon, Rive Gauche afin de couronner l’auteur d’un roman ou d’une nouvelle reflétant l’élégance, l’esprit, le style et l’art de vivre de la Rive Gauche ou bien sa mélancolise tel que l’auteur la dépeint dans sa chanson.
Le Prix Rive Gauche à Paris couronnera un roman dont l’auteur n’a pas eu de prix ni de distinction littéraire au cours des 6 derniers mois. Le lauréat est élu par un Collège de 24 membres, composé essentiellement de personnes appartenant au milieu littéraire (écrivains, journalistes, critiques, libraires). Le Prix Rive Gauche à Paris sera décerné le vendredi 29 juin 2012 à l’Auberge de Venise, partenaire Officiel du Prix.

Les membres du Collège ont établi vendredi 30 mars 2012 leur première sélection.

Quatorze romans sont en lice :
Marin de Viry – Mémoires d’un snobé – Pierre-Guillaume de Roux
Philippe Sollers – L’éclaircie – Gallimard
Régis Jauffret – Claustria – Le Seuil
Philippe Ségur – Le rêve de l’homme lucide – Buchet-Chastel
Philippe Brunel – La nuit de San Remo – Grasset
Franz-Olivier Giesberg – Dieu, ma mère et moi – Gallimard
Fabrice Gaignault – L’eau noire – Stock
Olivier Steiner – Bohème – Gallimard
Bruno Migdal – Petits bonheurs de l’édition – Editions de la Différence
Nicolas Fargues – La ligne de courtoisie – P.O.L
Anne Wiazemsky – Une année studieuse – Gallimard
Antoine Laurain – Le chapeau de Mitterrand – Flammarion
Dominique Fabre – Il faudrait s’arracher le cœur – Editions de l’Olivier
Emilie de Turckeim – Eloise est chauve – Heloise d’Ormesson

La seconde sélection aura lieu le vendredi 11 mai.

Le Collège 2012 est composé de :
Grégoire Delacourt, écrivain, publicitaire, lauréat 2011 du Prix
Harold Cobert, écrivain
Sybille de Bollardière, écrivain
Amandine Cornette de Saint-Cyr, écrivain
Pierre Mérot, écrivain, enseignant
Gilles Verdiani, scénariste, dialoguiste, auteur
Ariel Kenig, écrivain, dramaturge, scénariste
Véronique Olmi, écrivain, auteur pour le théâtre
Baptiste Liger, journaliste livres et cinéma
Ariane Charton, écrivain
Cypora PetitJean-Cerf, écrivain, enseignante
Virginie le Gallo, libraire
Pierre Krause, chroniqueur littéraire
Pierre-Louis Basse, journaliste, écrivain
Serge Joncour, écrivain
Valérie Tong Cuong, écrivain, scénariste
Sophie Adriansen, écrivain, blogueuse
Sophie Herber, journaliste, bloggeuse
Natacha Boussaa, écrivain
JP Christopher Malitte, écrivain, responsable éditorial
Léon-Marc Lévy, directeur du magazine « La Cause Littéraire »

Chronique tout bon de Télérama : Pascaud, RIBES et Christophe Lafargue trimballe sa colère, théâtre de rue, RICTUS


LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUD
Scènes Télérama
 Oui, parce que les chroniques de Madame Pascaud marquent et quelquefois divisent....
 Et ce Monsieur Ribes reste au Rond-Point au moins jusqu'en 2016.

-Christophe Lafargue trimballe sa colère.



RICTUS
THÉÂTRE DE RUE

D’APRÈS «LES SOLILOQUES DU PAUVRE», DE JEHAN RICTUS


Merd', v’là l'Hiver et ses dur'tés/V'là l'moment de n'pus s'mettre à poils. »Avec son «vagabondage octosyllabique», Garniouze, alias Christophe Lafargue, démarre fort. Pendant une heure et quart, on suit à la trace cet homme froissé, déclassé, dénonçant tout à trac les arnaques de la charité, l'absence de femme et l'épuisement de Dieu... De monument aux morts en perron d'église, le comédien issu du Phun, compagnie emblématique de la région toulousaine, trimballe sa peur sa colère dans un meuble à roulettes. L'homme compte les rimes sur ses doigts, fout le feu à des papiers extirpés d'un tiroir, fait surgir quelques rêves fragiles d'une poubelle. Le public, fatalement clairsemé - il faut bien s’accrocher pour entrer dans cette langue et dans cette histoire -, lui emboîte pas, subjugué par sa présence quasi messianique. Le texte, lardé d'argot, éclate d'actualité... Il date de 1897 et est signé Jehan Rictus (Les Soliloques du pauvre, éditions Au diable vau vert). On pense à La Faim, de Knut Hamsun, publiée en 1890. Entre les hallucinations du Norvégien et les divagations de l'héritier de la Commune, une même solitude, une même fureur de dire.
Mathieu Braunstein
22 et 23 juin, à Villeurbanne (69),
Invites, tél. : 047265 80 90
30 juin et 1er juillet, à Sotteville-lès-
Rouen (76), Viva Cité, tél. : 02 35 63 60 89.
19 juillet, à Lodève (34), Voix de
la Méditerranée, tél. : 04 67 88 4109
26 et 27 juillet, à Ax-les-Thermes (09),
Spectacles de grands chemins en vallées
d’Ax tél. : 056l646o60...|Toutes


-Bon anniversaire au Théâtre du Rond-Point ! Dix ans déjà que, sous la houlette de son increvable capitaine-pirate Jean-Michel Ribes, le navire corsaire des Champs-Elysées accoste toutes les rives d'un théâtre diablement d'aujourd'hui. Normal : tous les auteurs qui y sont
joués (275 à ce jour!) sont vivants et de tous les horizons, de tous les genres, sans sectarisme aucun. Ici, Elfriede Jelinek a côtoyé Philippe Caubère ; Peter Handke, Jules-Edouard Moustic et Jacques Attali, Edouard Baer. C'était le pari. Pas facile. Quand il est choisi, en 2001, par Catherine Tasca et Bertrand Delanoë (l'Etat et la Ville subventionnent le lieu à parité) parmi une trentaine d'autres, Jean-Michel Ribes n'est pas encore le mauvais garçon à la mode qu'il
est devenu. L'intelligentsia culturelle coincée de la fin du XXe siècle méprise cet histrion ricanant qui a démarré dans les années 1960-1970 avec Copi, Arrabal, Savary et Topor, elle se pince même le nez devant des spectacles tapageurs où, sous des allures de farce potache, ta-
bous et interdits sont gaillardement catapultés. Si le jeune Ribes a commencé par de grandes sagas romantiques qui firent les beaux soirs du Théâtre de la Ville (L'Odyssée pour une tasse de thé, Jacky Paradis), ce fils spirituel des dadaïstes a en effet viré fissa mauvais genre, aimant à brouiller les frontières entre bon et mauvais goût, à brasser le grotesque et le satirique, le vache et le tendre, le politique et l'intimiste. Sa revanche est aujourd'hui éclatante. Entre François Hollande, qui l'invite à sa prise de fonction, et sa ministre de la Culture,
Aurélie Filippetti, qui lui demande des avis, Ribes est devenu une sorte de pape (d'anti-pape ?) du spectacle vivant.
C'est que le succès du Rond-Point a dépassé les attentes. Et que le succès fait tout oublier. En une décennie, Jean-Michel Ribes a fait d'un lieu moribond, peuplé des tristes fantômes de Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, un espace vibrionnant, lieu de plaisirs et de surprises, forum de libres paroles et libres idées. Au Rond-Point, ce qui importa dès 2002 n'était pas d'admirer comment tel ou tel avait monté un classique, mais d'entendre au plus près un verbe nous parlant au présent. Ça n'a l'air de rien, mais l'enjeu est capital. La pièce concernait désormais le public directement, hors l'emprise souvent étouffante du metteur en scène. Éclatait bien mieux diversité de tons et de manières. Le Rond-Point devint le haut lieu de l'incorrect. De quoi séduire forcément un public toujours avide d'inattendu, ne demandant qu'à être chahuté, bouleversé, enchanté. Pour se renouveler la tête, voyager, retrouver du plaisir, apprendre à résister aux contraintes, aux conformismes par le rire. Jusqu'à les défier.
Les spectateurs sont venus en nombre dans cet antre aux trois salles de spectacle avec restaurant (bon) et librairie (belle), où on les accueillait bien mieux qu'ailleurs. Où on ne les prenait pas pour des crétins ou des snobs. Se souvenant en plus que la tragédie grecque avait célébré la démocratie des siècles avant Jésus-Christ, Jean-Michel Ribes voulut revenir à une fonction forum de son théâtre, où vinrent régulièrement discuter politiques, intellectuels
et créateurs sur la marche des choses. Le respect du public amène le public ; public qui se forme, devient aventureux. Beau cercle vertueux ! On est étonné de la fidélité, de la gourmandise des spectateurs du Rond-Point qui, par leur bienveillance, leur attention, poussent au meilleur d'eux-mêmes les artistes, avouant eux aussi se sentir très bien ici.
C'est que Jean-Michel Ribes donne de lui-même, toujours présent, toujours aux aguets, un peu comme Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie. En moins grave. Car l'auteur-metteur en
scène de René l'Enervé - il fallait oser s'attaquer à Nicolas Sarkozy des mois avant les élections -, le directeur libertaire qui accueille des Espagnols aussi provocateurs qu'Angélica Liddell ou Rodrigo Garcia déteste s'ennuyer. Pour notre joie. Sa hantise du vide crée autour de lui un plein formidable. Il est reconduit à la tête du Rond-Point jusqu'en 2016. On en a besoin. Pour que culture et plaisir, surprise et intelligence se mettent à rimer. A se faire signe.

jeudi 21 juin 2012

Stages AFDAS-FORMATIONS/ Du 27 août au 16 septembre 2012 Yves-Noël GENOD Jouer Dieu

Du 27 août au 16 septembre 2012

Yves-Noël GENOD
Jouer Dieu
Public concerné : Comédiens, circassiens, clowns, danseurs, performers, artistes de rue professionnels
http://www.regards-mouvements.com/siteA/formations.php#evenement9
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Objectifs pédagogiques :
- Envisager l'interprétation en tant qu'auteur
- Séparer le geste de la parole
- Décupler ses facultés à improviser et construire son jeu d'acteur
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Cette fois-ci, c'est la troisième fois. C'est jouer Dieu pour la troisième fois (Jamais Dieu sans trois). Jouer Dieu, c'est jouer, tout simplement. En sous-titre: Rêver les mondes pluriels. Michel Cassé imagine que notre univers n'est qu'une bulle de champagne, qu'il y en a plein d'autres en permanence, la création continue. C'est invérifiable, mais c'est une image magique. Précieuse. La mécanique quantique aussi offre les clés pour le théâtre (puisque c'est le théâtre qui nous intéresse particulièrement). Tout ça, la mécanique quantique, l'astrophysique, c'est la REALITE. Nous ne sommes pas la réalité. Nous sommes des artistes, nous sommes des mélanges – comme tous les hommes, mais encore plus. C'est une chose étrange d'avoir besoin d'un plateau pour exister. D'avoir besoin d'être regardé. Nous ne sommes pas la réalité, mais nous savons ce sur quoi nous travaillons : nous travaillons sur le vivant. Spectacle vivant, ça veut dire ça : thème : le vivant. Nous sommes des francs-tireurs, nous sommes des anarchistes, nous sommes des poètes. Nous pouvons être à tu et à toi avec Shakespeare, avec Calderon, avec Anton Tchekhov, avec Paul Claudel, avec Thomas Bernhard, avec les Russes, avec Le Rouge et le Noir, avec n'importe quoi, Rimbaud, Hölderlin, Hélène Bessette, avec Klaus Michael Grüber, avec Krzysztof Warlikowski, avec moi, avec toi, avec l'autre, avec les séries télévisées, avec tout le bordel, mais avec Dieu ! Le stage se présente comme une retraite (active) dans un lieu isolé à la campagne, en temps shakespeariens de « la peste » et pendant que les théâtres sont closed (avec la ferme intention d'y revenir à la première embellie)..

Yves-Noël GENOD

Il a créé une cinquantaine de spectacles depuis juin 2003, son premier one man show, En attendant Genod, ainsi qu'un plus grand nombre encore de « performances ». Il n'a eu de cesse de changer de style autant que ses forces le lui permettaient et de contextualiser les événements. Tous les styles, toutes les façons. Mais personne n'aura vu l'oeuvre en entier. Citons : Pour en finir avec Claude Régy (un deuxième « one man show ») ; Dior n'est pas Dieu ; Hommage à Catherine Diverrès ; Le Dispariteur (dans le noir total à la Ménagerie de verre) ; Jésus revient en Bretagne ; Domaine de la Jalousie ; Elle court dans la poussière, la rose de Balzac ; La Descendanse ; Monsieur Villovitch ; Blektre (pièce de Nathalie Quintane et Charles Torris) ; Hamlet (Villette, Ménagerie, Vanves : à ce jour, trois spectacles très différents sous le même titre) ; Oh, pas d'femme, pas d'cri ; Vénus & Adonis ; C'est pas pour les cochons ! (en collaboration avec Kataline Patkaï) ; Rien n'est beau... (commande sur le butoh) ; L'Echange (comme la pièce de Paul Claudel) ; La Mort d'Ivan Ilitch ; 1er ; Haschich à Marseille ; Réunion des scènes infinie ; – je peux / – oui (dyptique), Une saison en enfer... Les spectacles ont toujours été accueillis par les festivals de danse contemporaine et des formes nouvelles sauf pour l'un d'eux programmé à Chaillot plus longuement et intitulé simplement Yves-Noël Genod. Il a créé l'événement au festival d'Avignon 2010 en jouant vingt-cinq fois à guichet fermé, dans le Off, un spectacle intitulé Le Parc intérieur. Il a travaillé et retravaillé avec plusieurs dizaines d'acteurs, a déjà dirigé six stages de comédiens et créé une pièce avec les étudiants de l'école de danse Hütz, à Berlin (Felix, dancing in silence). Il a également enseigné, en avril-mai 2011, à l'école du Théâtre National de Bretagne. Formé à l'école d'Antoine Vitez, ainsi qu'avec Blanche Salant (Actors Studio) et par de nombreux stages de danse contemporaine et d'improvisation dansée ainsi que, plus récemment, par des cours de danse classique (Wayne Byars) et de la technique Alexander (Luigia Riva). Auditeur libre dans la classe de Claude Régy au conservatoire national supérieur puis comédien chez Claude Régy, François Tanguy (Théâtre du Radeau), Julie Brochen, Claude Schmitz... Danseur chez Loïc Touzé... Il participe régulièrement à l'émission de France Culture « L'Atelier intérieur ». Il jouera (des spectacles différents) à la Ménagerie de verre à Paris du 13 au 17 mars prochain, à Bologne, en Italie le 28 avril et au théâtre du Rond-Point, à Paris du 31 mai au 24 juin ainsi qu'au festival d'Avignon.
http://ledispariteur.blogspot.com/

Bohème toujours.... D'OLIVIER STEINER

Bohème une critique que j'aime autant que le roman, comme un de ses rejets...
d'écrivaine critique à écrivain homosexuel, les plus rêveurs d'entre nous, à propos du verbe Aimer et du complément : de tout son corps....
je dis que c'est une femme mais on n'en sait rien....
Blog : ActuaLitté

Bohême, Olivier Steiner
Par ? , le mercredi 20 juin 2012 à 18:26:52 -

ISBN : 9782070135950
Prix eBook :
Prix papier : 17,50 €
Pages : 222 pages
Editeur : Gallimard

Retrouver Bohême de Olivier Steiner sur la librairie de ActuaLitté

On croyait presque tout savoir de la casuistique amoureuse, mais la vraie littérature existe pour nous surprendre encore, sur des sujets abordés, analysés, disséqués, essorés. Olivier Steiner (r)éveille ainsi le genre et écorche fort avec une plume pointue, atrocement précise. Je viens de tourner la dernière page, et c'est à chaud, presque brûlée, que j'écris derrière lui.

Ce roman n'est effectivement pas, comme le souligne l'auteur en quatrième de couverture, « une transcription d'une histoire », mais il est à lui seul un envoûtement fou, une substance enivrante, chaque ligne est une urgence. La preuve est qu'il se consume devant nous, au risque, à son contact, d'en sortir profondément marqué, prisonnier volontaire de l'intense brasier.

C'est un roman d'amour, constitué d'échanges entre deux hommes, Jérôme, vendeur dans une petite boutique de l'Isle Saint-Louis, et Pierre, metteur en scène de Tristan et Isolde, à Los Angeles. Jérôme rencontre Pierre au théâtre, lui glisse un mot doux sur un bout de papier. Jérôme écrit à Pierre, chaque jour, chaque heure presque, et Pierre, séduit pour la première fois par un homme, et plus particulièrement sa prose, tombe aussi amoureux. Ils s'aiment dans l'écriture, puisque séparés par l'océan, ils ne se voient pas.  La littérature a un pouvoir. Leurs mots créent le sentiment.

Jérôme est un de ces monstres fous d'amour. Il s'interroge lui-même sur la nature de son émotion, et n'omet pas de différencier, catégoriser : l'amour de l'autre, l'amour de l'amour, l'amour de soi. Il ne faut pas se méprendre. Amour, amour, le mot se gonfle et se charge de nouveaux sens à mesure que nous avançons dans la lecture. Il y en a trop. Trop de désir, trop d'amour, on vomirait l'amour, mais à la fois, pour rien au monde on ne quitterait ce livre aux allures de morsure, entre plaisir et douleur.

On sent le danger, on sait que quelque chose va éclater sous nos yeux, mais l'intensité est telle qu'on ne quitte rien. On plonge la tête la première, au risque de se noyer nous-mêmes ? Le récit avance par sursauts et saccades, vers le gouffre, soit de la mort, soit de la survie loin de l'autre. On ne sait pas. C'est de l'amour prosaïque.

Concret, matériel presque, même séparés, même sans se voir. Nous ne sommes pas dans le romantisme, la recherche éperdue, dans l'idée de l'amour. Nous observons. Le lecteur a l'expérience, il sait que la matérialité de l'amour est toujours occasion de mise en doute, d'inquiétude, de suspens(e). Nous regardons comment l'auteur tire les ficelles et son épingle du jeu. Tout le projet du livre est de mettre à jour, d'effacer le mot « sembler ». C'est une levée du doute.

La réussite d'Olivier Steiner, c'est qu'il nous considère pleinement, mi-voyeur, mi-lecteur, nous entrons dans son roman d'emblée, très vite. Nous sommes concernés. Nous lisons des SMS, des emails et pourtant, il s'adresse à nous, il crie, il nous demande de l'air, de l'aide.

La littérature a aussi un pouvoir sur la vie. Les livres ne sont pas de simples objets de contemplation esthétique, de plaisir personnel pour le lecteur, ou pour l'écrivain. Un partenariat s'instaure. Il y a comme une entente. Le lecteur qui aimera Bohème, sera sûrement une personne (comme Pierre, le metteur en scène) qui a besoin de lire, d'être nourri, de se construire de choses écrites.  Avec sa solitude et son corps, collectivement. Et Olivier Steiner, et Jérôme (le héros) sont de ces personnes qui ne peuvent pas vivre, exister, si elles ne donnent pas à ces gens-là cette nourriture.
Il y a comme une entente tacite, un partenariat.

On le voit d'ailleurs vite. Un roman d'amour, disais-je? Oui, mais pas que. Bohème est aussi un livre sur l'errance et sur la direction que l'on donne à sa vie. Jérôme ne songe qu'à sortir du carcan de son propre corps, de son narcissisme. La séduction reste son unique passion. Peut-on aimer quand on ne sait même pas comment se prendre soi-même ? N'est-on pas dans l'illusion ? On est amoureux de l'amour pour se gonfler, pour enrober son pauvre corps absurde d'un ruban rose bonbon, de sucre glace, ou de petits bâtonnets multicolores qui saupoudrent les gâteaux.  L'imposture est révélée. L'amour fou n'était qu'une folie qui portait le nom de l'amour.

Le livre gagne ainsi en profondeur. Jérôme devient ce faux mystique qui, fâché contre sa propre existence, idolâtre un homme jusqu'à se demander, si tout de même, il faut se voir, se toucher, s'aimer au sens physique du terme. Parce qu'inscrire l'amour à l'apogée, le simuler comme un absolu, cela sert à demeurer lâche s'il n'est pas vécu dans le concret. Peut-être que le « défaut » des deux protagonistes est de tout exagérer dans les pensées par peur des dimensions exactes dans la vie.

Le talent de l'auteur, Olivier Steiner, c'est d'avoir répercuté cette «apogée» dans l'écriture, sans pudeur,  jusqu'à ce que le lecteur trouve lui-même ce qui détonne dans cette description hyperbolique de l'amour. On a envie de se réfèrer à Rimbaud, que nos deux héros portent tous deux dans leurs cœurs et sur leurs T-shirts, qui écrivait «  Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours ».

Est-ce le trop ? Est-ce le vertige, l'absolu qui terrorise et sonne faux ? Ou est-ce l'homme seul, qui se regarde plus qu'il ne regarde l'autre, au point de ne pas supporter le bonheur de l'autre ? Il y a autant de clés que de serrures par lesquelles regarder cette histoire. Impossible de prendre une phrase plus qu'une autre, toutes frappent, brûlent et forment des œdèmes. Les mots sur la peau. Une chose est sûre, on s'approprie cette histoire, on vit avec elle, durant plusieurs jours, et on n'en ressort pas indemnes. L'absolu de ce livre  le rend irrésistible. Olivier Steiner signe un puissant premier roman.

On retiendra que l'écriture a ce pouvoir de constituer une bulle d'air, une zone de réflexion, un recul nécessaire à la compréhension des choses. Elle peut tout provoquer comme un sentiment amoureux, puisque les mots séduisent si bien, mais il ne faudrait pas sauter des étapes, les analyser avant même de les éprouver. La littérature a un pouvoir mais elle n'a pas de devoirs envers la vie. En revanche, la réciproque est vraie.

Les idées et les actions s'entremêlent, mais il ne faudrait pas oublier l'essentiel. A trop aimer l'existence et à l'idéaliser, on peut la rendre diabolique. Il faudrait, parfois, réussir à juste vivre.

mercredi 20 juin 2012

2 ou 3 photos de nous....


un jour peut-être j'écrirais et ce sera à cause de ces 2 photos intimes retrouvées glanées dans la photothèque.... et une autre plus : spectacle,
quelques rares fois elles y contribuent, les photos, car elles sont du regard sur nous, à trouver un sens à nos vies....
celle la dernière, plus spectacle, ce qu'est : être amis.

Au LUCERNAIRE Frederick Wiseman / Emily Dickinson /Joshka Shidlow et Oleanna /David Mamet

Sur le blog Allegro Théâtre : Emily Dickinson, la belle d'Amherst de William Luce

je sais il faut que je retourne au Lucernaire pour Oleanna aussi (je connais cette pièce je l'ai vue à Avignon Off), que j'aille ré-écouter ce spectacle phare, d'un renversement "sociétal" victimaire en tortionnaire. Cet été déjà,  je trouvais qu'elle prenait trop sens en France.
Pour moi : -où vont les émotifs -anonymes ? (en plus, depuis un certain titre de film) derrière un appareil de photo, sous un casque, Ou au théâtre... ou boire à la source : poésie musée voyages ?
sœur-frère cette poétesse et ce documentariste,  Frederick Wiseman, la rétrospective de ses films, que je n'ai hélas que survolée et ce directeur de théâtre du Lucernaire metteur en scène que je connais mieux.... PHILIPPE PERSON, qui choisit les spectacles -Je me demande si parfois les gens se rendent compte du "changement" dans ce lieu-


Emily Dickinson, la belle d'Amherst de William Luce

Documentariste majeur, Frederick Wiseman s'en prend  dans ses films à la société américaine si peu tendre aux impécunieux. Bizarrement lorsqu'il s'affronte à la scène - ce qu'il ne fait semble t'il qu'en France - c'est pour mettre en valeur un puissant monologue. Il fit ainsi jouer à Catherine Samie, dont on n'a plus à vanter le talent, "La dernière lettre", celle qu'envoya du ghetto avant d'être assassinée la mère de Vassili Grossman, l'écrivain de Vie et destin. C'est cette fois la poétesse Emilie Dickinson (1830 - 1886) - dont Nathalie Boutefeu se fait le porte voix toute en délicatesse - qui prend la parole. Le texte écrit par William Luce rassemble des fragment de son oeuvre, des lettres d'une pénétrante beauté qu'elle adressait à des personnes croisées ou admirées et des anecdotes recueillies par l'auteur de la pièce.

Soeur de sort de ces romancières d'un talent confondant que furent Flannery O Connor et Carson Mc Cullers, Emilie Dickinson, si elle ne fut pas comme elles d'une santé désastreuse, mena, elle aussi, une vie retranchée que sa fébrilité mentale rendit féconde.

Comme toute personne qui se  complait dans la  solitude - dans son cas  entourée d'une parenté souvent toxique et d'un rigorisme religieux qu'elle ne partageait pas - elle était condamnée au souvenir. Consciente de la vanité de nos affairements, cette femme à qui l'amour charnel semble avoir été refusé, jouit  aujourd'hui  aux Etats Unis d'autant de ferveur que Rimbaud, Baudelaire ou Verlaine sous nos latitudes. Où l'on aimerait que cette représentation d'une belle tenue concourt à la faire mieux connaître.
Jusqu'au 7 juillet Lucernaire tel 01 45 44 57 34
PUBLIÉ PAR JOSHKA SCHIDLOW

mardi 19 juin 2012

Festival : à l'étoile du nord "ON n'arrête pas le théâtre"

ON n'arrête pas le théâtre, le festival d'été de la compagnie estrarre.
C'est un festival qui n'a pas les moyens de s'acheter les chaussures de Christian Louboutin....mais qui en a l'élégance.
 Chaussures de Christian LOUBOUTIN

 Il faut traverser le Rubicon et passer par "la ruelle des morts" dans le 18ème.
 Stéphane Auvray-Nauroy : Phèdre sa muse....
Pourtant je ne le raterais pour rien au monde, ce festival, à cause de sa muse, du lieu, des gens et de cette école.... Auvray-Nauroy, qui s'est comme toujours associée à plus loin, aux plus jeunes, à la création permanente, à un autre lieu  : ECOLE DU THÉÂTRE DES TEINTURERIES DE LAUSANNE. Car ? -car je tiens à m'insurger, m'immiscer, m'immerger entre les plis du monde qui va vers la catastrophe et rester sur l'instant et la prière....  incarnée malgré tout. Les comédiens sont tous des teinturiers, ils nettoient les peaux et les colorent ensuite jusqu'à l'os... Seule la mort fait perdre l'incarné au théâtre. Nul autre support que l'humain.
À cause de son créateur Lumières Xavier Hollebecq.
Pour sa sixième édition, ON n'arrête pas le théâtre vous propose une programmation encore plus dense(ah, oui y a de la danse) et plus variée que les précédentes : théâtre, danse, concert, ce n'est pas moins de 7 spectacles en trois semaines, avec des créations et des reprises, des compagnies émergentes et des artistes confirmés. 40 artistes, de 18 à 60 ans, vous attendent pour vous faire partager leur joyeuse folie.

Retrouvez-nous le 22 juin à L'étoile du nord, pour une soirée musicale avec Laura Clauzel et Pisco Varghas, durant laquelle nous présenterons cette nouvelle édition du festival (entrée libre, réservations 0142264747 et contact@etoiledunord-theatre.com).


programme complet www.estrarre.fr
Théâtre de L'étoile du nord - 16 rue Georgette Agutte 75018 Paris - métro Guy Môquet (plan) - www.etoiledunord-theatre.com
renseignements et réservations : tél. : 01 42 26 47 47 ou contact@etoiledunord-theatre.com
il n'y a pas de photos ils font un peu mystère il faut mieux réserver....

ANIMALE Part II (divertissement)
Performance dansée de et avec Franco Senica / Collaboration artistique Sophie Lagier
sur FB
DU 3 AU 7 JUILLET DU MARDI AU SAMEDI À 19H30

LES SIRÈNES
d'après Pascal Quignard / adaptation et mise en scène Cédric Orain
avec Olav Benestvedt, Céline Milliat-Baumgartner, Nicolas Laferrerie (musique)
sur FB
DU 3 AU 7 JUILLET DU MARDI AU SAMEDI À 20H45

JUSTE LA FIN DU MONDE
J'ÉTAIS DANS MA MAISON ET J'ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE
de Jean-Luc Lagarce / mise en scène Cécile Garcia Fogel / Ecole du théâtre des Teintureries - Lausanne / avec les élèves de la classe professionnelle de 3e année promotion 2009-2012 Laure Aubert, Séverin Bussy, Joanie Ecuyer, Paul Laurent, Laurence Maiêtre, Karim Marmet et Isabelle Vallon
Avec les élèves de la classe professionnelle de 3e année - promotion 2009-2012
Laure Aubert, Séverin Bussy, Joanie Ecuyer, Paul Laurent, Laurence Maître, Karim Marmet, Isabelle Vallon
Technique David Baumgartner

JUSTE LA FIN DU MONDE
Cela se passe dans la maison familiale, un dimanche, Louis le frère revient après une longue absence annoncer l’irrémédiable...
J’ÉTAIS DANS MA MAISON ET J’ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE
Trois femmes et un jeune homme revenu de ces guerres et de ces batailles, enfin rentré à la maison, posé là, épuisé par la route et la vie, endormi paisiblement ou mourant, rien d’autre, revenu à son point de départ pour y mourir.
Le travail sur le théâtre de Jean-Luc Lagarce est un moment particulier pour un acteur.
La forme d’écriture oblige l’acteur à se plier et le jeu se met en place comme par magie.
Juste la fin du monde est une tragédie ordinaire, elle demande des acteurs incroyablement simples et raffinés, il y a un tricotage permanent de la pensée, qui avance à l’infini mais aboutit finalement à un détail, une question profonde que le personnage se pose sur sa propre existence... on est saisi par ce détail, il nous prend à la gorge...
Le travail sur cette pièce, pour moi, se situe là...
J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne est d’une tout autre nature, le tricotage est là aussi, mais il faut le pousser, le développer, aller au bout de son effort, car il s’agit d’un cri qui n’aurait pas été poussé.
Le jeune frère aurait par son départ cristallisé la vie de ses soeurs et la situation en apparence est plus intenable...
L’univers est plus organique, plus épique, par instant, le jeu est légèrement différent.
Les élèves acteurs de l’école de la teintureries que j’ai rencontré pour ce travail, ont découvert une partie d’eux-mêmes dans cette exploration modeste mais profonde... être sensible à la structure d’un texte et particuler son jeu en fonction, de manière instinctive, musicale et réfléchie aussi...
J’ai essayé de transmettre mes intuitions, mon rapport aux mots, au silence...
Cécile Garcia Fogel
Production Ecole du Théâtre des Teintureries de Lausanne.

LES 9 ET 10 JUILLET LUNDI ET MARDI À 20H45

LÉONCE ET LÉNA
de Georg Büchner / adaptation et mise en scène : Eram Sobhani / avec Stéphane Auvray-Nauroy, Laura Clauzel, Romain Darrieu, Michèle Harfaut, Julien Kosellek, Edouard Liotard, Yuta Masuda, Sophie Mourousi et Cédric Orain.
sur FB
DU 11 AU 22 JUILLET DU MERCREDI AU SAMEDI À 20H45, LES DIMANCHES À 16H - RELÂCHE EXCEPTIONNELLE LES 13 ET 14 JUILLET

ANDROMAQUE M'A TUÉ(E)
Adaptation de l'oeuvre de Racine / mise en scène et adaptation : Naïs El Fassi / avec : Nacima Bekhtaoui, Clément Oliva, Maïa Rivière, Lisa Spurio, Jackee Toto et Matthieu Tune

LES 16 ET 17 JUILLET LUNDI ET MARDI À 20H45
Avec Nacima Bekhtaoui, Clément Oliva, Maïa Rivière, Lisa Spurio, Jackee Toto, Matthieu Tune

« La vie passe plus vite quand la mort devient un spectacle ».*
On pourra nous reprocher de vouloir tout dire.
Dans Andromaque, Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector qui est mort. Une chaine amoureuse tragique qui peut paraître absurde. Hélas, on n’y pourra rien.
Chaque mot nous fera mourir, de honte, de frustration, de désir.
On en rira sûrement, chacun pour soi. Le temps de l’illusion d’un dernier souffle.
On aurait pu s’en tenir à « Ne me quitte pas, il faut oublier, tout peut s’oublier ».
Mais parler pour mieux mourir.
Une forme de pardon illusoire, à soi pour soi-même.
« Notre métier sublime à nous est de tuer le temps ».*
Une réconciliation de l’amour avec la mort, de ces deux suspens de vérité.
Ce pouvoir tyrannique. Ce désordre.
La supposée noblesse des sentiments n’est peut-être ici qu’une sublime supercherie.
Car il s’agit bien de monstres sublimes. Monstres de par la violence de l’inaccompli que chacun porte en soi, sublimes de par la mise à nu qu’offre le langage de Racine. Le tragique résidant dans le fait que toute situation paraît à la fois extraordinairement possible et fatalement impossible à vivre.
Si bien que croire jusqu’au bout à la grandeur du héros serait un prétexte pour ne pas parler d’humain.
De sa solitude. De ses défaites. De son impuissance face à ce combat trop lourd entre raison et déraison.
Le fantasme restant pour seule délivrance.
Une bataille sans d’autre victoire que la jouissance de notre mort à venir.
La triste sensualité de l’agonie collective.
S’imaginer cette confusion.
Une petite mort ?
Admettre l’ordre chaotique qui régit nos existences.
Comme un aveu fait à un sourd.
Un sifflement.
Rien de plus. Rien de moins.
« Au fossoyeur ensuite de trouver sa satisfaction ».*
* Heiner Müller Quartett
Production Collectif And this is my smile.



COMME SI LES RUINES NE NOUS AVAIENT RIEN APPRIS

conçu et interprété par Stéphane Auvray-Nauroy et Mathieu Mullier-Griffiths
École Auvray-Nauroy
DU 18 AU 22 JUILLET DU MERCREDI AU DIMANCHE À 19H30


D’après des extraits de textes de Falk Richter, Antonin Artaud, Valère Novarina, Jean-Christophe Bailly, Alfred De Vigny, Jose Luis Borges, Mathieu Mullier-Griffiths
CRÉATION
Comment l’imaginaire peut inventer sans cesse de nouvelles formes et de nouveaux désirs pour continuer de vivre ? Au delà de tout ce qui meurt en moi à chaque instant de ma vie.
Comment réinventer mon rapport à l’autre et au monde pour que la vie et le mouvement l’emportent sur l’anéantissement et la fin de toutes choses ?

Production Kafard Film.

CONCERT

LE 22 JUILLET À 20H45
Pisco Varghas, Yuta Masuda et Laura Clauzel, Purple.

samedi 16 juin 2012

Je m'occupe de vous personnellement au Théâtre du Rond-Point, je voulais y retourner... Yves-Noël Genod

J'en ai vu des Lumières de scène et bien Messieurs dames celle là est celle de mes rêves de théâtre, non, pas seulement parce que ce spectacle est resté dans ma tête...... et malgré que je n'ai pas vu la fin car j'étais moi-même dans "la ruelle des morts" je n'ai pas supporté... à un moment, quel moment, à quel moment ? je le sais exactement, ça a un rapport avec la comédienne que j'étais, et donc je ne vous le raconterais pas, ça ne regarde que mon intime fabrication,  peut-être aussi... que c'était que... je me sentais obligée d'aimer alors que j'étais dérangée, alors j'ai réagi à 360° exactement à l'opposé, comme lorsque je suis allée voir le 1er spectacle mis en scène par Claude Régy sur le même sujet.... nous sommes en vie et allons tous mourir...mais pas du tout dans la même matière de "mes" rêves. Ça fait rêver aussi de flirter avec l'eau "écrire sur de l'eau" l'eau de ses intestins avec ses cauchemars jusqu'à un peu avant l'insupportable, c'est "l'incarné" des comédiens.
Je ne vais pas vous raconter ma soirée, car chaque représentation est semblable et différente avec une part de liberté donnée aux interprètes mais dans le garder d'une trame.... Il y a des éléments nouveaux et c'est fonction d'un public différent. C'est intelligent ô combien de tout ce qui a pu se faire déjà au théâtre et c'est autre chose...... Chaque jour il y a un titre différent donné à la représentation c'était un titre qui faisait penser à Marguerite Duras : Nuit d'été c'est aussi avec le mélange de danse et de théâtre et avec la comédienne toujours neuve alors qu'elle a travaillé avec les plus grands et elle a un sourire un sourire de rousse enfant, qui vous accroche l'âme : Valérie Dréville.

Je vous livre le tissu même de mes réactions en les recopiant des réseaux FB :

on est tous dans "le jeu de Dieu" Yves-Noël Genod et Valérie Dréville comme les footballeurs et leurs entraîneurs, ils ne drainent pas les mêmes êtres (sous-entendu le foot et le théâtre) et ne se rencontrent que dans l'Eden.... cad le Coeur pas celui de Gala ni celui dépassé de Point de vue Images du Monde..... mais sur celui de la scène qui est d'une hospitalité profonde et qui doit éviter toujours d'aimer ce qu'il fait... TROP, avec quelques copains... et chercher.... ailleurs et accueillir le quidam... Alors aller voir ce spectacle ou rien n'est improvisé et tout le semble comme deux poules qui picorent auprès de mauvaises herbes (certes dans des pots) et comme dans un appart. entre deux lumières, celle de la scène et celle du jour -ouais mais si on n'y voit goutte... Eh bien on ouvre d'autres sens d'autres "voir" avec les oreilles, de la chair le frisson....

On semble avoir tout vu quand on fait du théâtre depuis des lustres mais le cœur qu'on y met a des raisons qu'on ne veut pas connaître.... on s'écroule comme un petit tas de cailloux et un chien vient pisser sur nos pieds.... on va tous vers notre mort et en attendant : on n'arrive pas....

ça ne manque pas de colonne vertébrale ni de vertèbres la pureté n'en a pas.... elle est poreuse ou rayonnante il suffit de l'aller voir...

Et après quelques recherches sur Internet Coup de théâtre, blog du Monde : dans le Off un spectacle du chorégraphe en Avignon 2010,
Le Parc Intérieur, création d'Yves Noël Genod « autour » de Shakespeare. Pour le spectateur, il s'agit d'un véritable antidote à la solitude où Richard II l'avait abandonné . 
a fait parler de lui et personne alors ne me l'a dit parce que la danse et le théâtre sont encore un peu en voyage... sur certaines distances séparés :
quand Genod cite sa psy, c'est pour assurer qu'un glaçon n'a jamais fait fondre un radiateur... Cela pour dire que dans ce spectacle à la fois poétique et drôle, introspectif et généreux, tout ce qui est à l'auteur est à vous. Et réciproquement. Si bien que lorsqu'un fâcheux portable vient à sonner dans la salle, Genod sourit tranquillement : « j'ai cru que c'était le mien ».



Valérie Dréville : une enfant qui ne sera jamais grande, c'est cela une très grande comédienne : elle rit avec la mort..... comme personne d'autre, elle est rousse....

Valérie Dréville et Roméo Castellucci en 2008.


http://www.franceculture.fr/emission-changement-de-decor-yves-noel-genod-et-valerie-dreville-2012-05-20

Yves-Noël Genod et Valérie Dréville - Arts & Spectacles - France Culture
www.franceculture.fr
‎"Le rêve, c'est le réel. Le rêve c'est être au monde. La joie de sentir la Création, le paradis sur terre, le monde comme jardin d'Eden,  le jeu de Dieu..."
ou sur son blog "le dispariteur"http://ledispariteur.blogspot.fr/?zx=96385c8328f338c9

(Lettre ouverte)



« La Dispute », émission d'Arnaud Laporte sur France Culture avec Joëlle Gayot, Gwenola David et Anna Sigalevitch parle du spectacle (à 44mn du début de l'émission) avec une énorme gentillesse – merci à vous ! Deux remarques néanmoins :

Vous avez remarqué que vous n’avez pas vu le même spectacle. Hors, c’est peu de le dire, le spectacle est radicalement différent tous les soirs, je veux dire qu’il est improvisé ou, mieux dit, remis en jeu. Je le vois tous les soirs, je peux en témoigner. Pas les mêmes acteurs, pas les mêmes textes, pas les mêmes actions. Pourquoi ? C’est ça que j’ai du mal à faire passer. Au TCI, j’avais proposé un diptyque, un spectacle avec acteurs, un autre sans. Si on ne voyait que la moitié du travail, on n’avait rien compris (et si on aime, ce n’est pas grave). Ici, nous avons décidé de ne pas cristalliser – et donc d’empêcher la cristallisation de ce spectacle. C’est beaucoup plus difficile, mais nous travaillons sur l’informe. En gros, mais déroulez le paradigme, le je-ne-sais-quoi, l’inachevé, tout ce que vous voulez (l’« état de l’apparition », comme disait Duras…) Nous travaillons sur cette phrase (et, ça, vous l’avez si bien compris !) – et en cela, tous les soirs, il s’agit aussi du même spectacle – : « Tout arrive en même temps. »
Marlène Saldana
Deuxième remarque : je ne trouve pas du tout que Marlène Saldana soit sous-employée, je trouve que c’est peut-être son plus beau travail avec moi, je le lui ai dit et je ne suis pas le seul. Un soir, le soir de la deuxième, j’ai employé aussi Olivier Martin-Salvan. Et bien évidemment qu’on aurait pu dire qu’Olivier Martin-Salvan était sous-employé. Mais où est le sens ? Je n’arrête pas de dire aux acteurs : C’est merveilleux que vous soyez d’immenses acteurs pour le faire, mais, n’oubliez pas, quand vous le faites bien, vous êtes n’importe qui. Every tree does it. C’est merveilleux que des acteurs pareils soient dans cette aventure et sous-employés. Est-ce que Bulle Ogier était sous-employée quand elle travaillait avec Duras ? Oui et non. Et Valérie Dréville, et Lorenzo de Angelis, et Alexandre Styker, et Audrey Bonnet dimanche dernier, etc. Je ne cite pas Dominique Uber car je trouve qu’elle comprend si bien de quoi il s’agit qu’elle arrive à être « autre », personne ne pense qu’elle a quatorze ans de Maguy Marin dans les pattes. Ni Simon Bourgade, mon assistant (celui qui arrose les plantes), que Patrice Chéreau a remarqué pour son « naturel ». Etc. 


J’ai du mal encore à faire passer le sens profond de ce travail written on water, mais je dois dire que votre émission et votre gentillesse m’ont touché réellement jusqu’au cœur et fait venir les larmes. (Je pensais que la critique allait nous ignorer complètement...) 
Je crois en la gentillesse, pour moi c’est l’exact endroit du génie. Et je vous ai trouvés géniaux ! Merci infiniment, 


Yves-Noël Genod 
"je m'occupe de vous personnellement" au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 23 juin à 19h
Sur le blog d'Olivier Steiner vous trouverez d'autres traces de ce non-spectacle entre vie et rêve, à propos de la nudité des grosses femmes. Je le revendique ce dire là, cet "ami définitif", qui m'offre tant....
Dominique Uber