mardi 30 novembre 2010

Patrice Chéreau : émission sur Arte Documentaire exposition

 Encore un article Chéreau je l'ai longtemps considéré comme un enfant gâté, un incontournable aussi et là je me dis que j'ai du suivre sans le savoir des démarquages des revanches bien légitimes.
Les rapports de séduction le corps à corps au théâtre entre metteur en scène et acteurs le corps au travail... on y voit tellement ce long apprentissage redouté puis ardent adoré...
on voudrait tous travailler autant que lui pour ces résultats cet écho là. 
Avant même de connaître l'Opéra on lui propose des mises en scènes. 
L'émotion qu'on lit sur les visages doit être dans tout le corps....


Du théâtre au cinéma, Patrice Chéreau déploie les mêmes obsessions des corps et des visages, comme l'illustre son exposition au Louvre.
Les Inrocks
"Sur Arte, Stéphane Metge explore cet art de la mise en scène.
Face aux comédiens auxquels il adresse des indications et des regards pénétrants, Patrice Chéreau se livre imperceptiblement à un geste répété : sa main, fugitivement, s'accroche au col de sa chemise, comme s'il y cherchait un quelconque appui.

En déséquilibre, à la recherche de la justesse des corps dans l'espace, il mêle à sa concentration extrême l'abandon de ses postures mécaniques. Dans chaque plan du beau documentaire de Stéphane Metge qui le révèle au coeur de son processus créatif, Chéreau exhibe cette double posture : son obsession du contrôle et sa perte associées dans un même mouvement. Comme si son regard captait tout, sauf la conscience de lui-même.

Cinéma, théâtre, opéra, Patrice Chéreau est sur tous les fronts

A l'occasion de l'exposition du musée du Louvre Les Visages et les Corps dont Patrice Chéreau est le commissaire, Stéphane Metge s'intéresse à son art de la mise en scène, tel qu'il s'est déployé tout au long de sa carrière protéiforme (théâtre, opéra, cinéma).

Le film tente de saisir, sur la durée de ses expériences éclatées, ce qui agite Chéreau au fond de lui, ce qui l'éclaire, ce qu'il éclaire, comment son regard s'est constitué. L'intéressé ne le sait peut-être pas lui-même tant le cercle de ses obsessions n'échappe pas à l'étrangeté de ses origines (l'apprentissage du regard grâce aux peintures de son père ?).

Chéreau fait en revanche preuve de clairvoyance lorsqu'il évoque son mode d'appropriation des textes et le plaisir qu'il éprouve à provoquer l'interaction entre les acteurs.

"J'ai vite réalisé que j'étais bien dans une salle de spectacle"

Grâce à de formidables images d'archives et des entretiens approfondis, Stéphane Metge explore les paysages continus de Chéreau, traversés d'effets de rupture qui obéissent à une logique d'extension et d'élargissement d'un désir fondateur.

" Très tôt, j'ai admiré", confie Chéreau : les sculptures et les peintures du Louvre, mais aussi les spectacles et les films. En 1960, déjà, il découvre, ébloui, le Berliner Ensemble mettant en scène Bertolt Brecht. " J'ai vite réalisé que j'étais bien dans une salle de spectacle, ça m'a semblé mieux que chez moi", dit-il.

Même s'il avoue que les raisons de faire ce métier se transforment sans cesse, le plaisir de vivre dans ce sanctuaire reste son moteur. Strehler, Sobel et Planchon l'initient au théâtre.

Le comédien Daniel Emilfork le pousse à interpréter Richard II : bien que très jeune, il joue déjà avec conviction. Emilfork, le visage émacié, la voix aristocratique, évoque alors le caractère du jeune promis :

" Chéreau me rappelle Fritz Lang, il y a chez lui une recherche dans la rythmique des mouvements, comme s'il voulait s'approprier la vie même."
Ses expériences à Gennevilliers, Sartrouville ou en Italie le conduisent au TNP de Villeurbanne au début des années 1970, moment où son geste théâtral s'affirme.

En 1973, il monte La Dispute de Marivaux, un tournant. " Nous sommes tous des enfants de La Dispute", dira l'un de ses comédiens. Chéreau renouvelle la lecture de Marivaux, mais, surtout, " le rapport au texte devient concret", viscéralement lié à la pratique du plateau, traduisant la recherche du sens des mots dans l'espace : " Le lien entre ces mots et l'espace est le corps des acteurs."

Le corps, motif obsessionnel de ses films

Ce tropisme du corps investi par le texte se déplace aussi dans son travail sur l'opéra. Sa proposition de L'Or du Rhin de Wagner fait scandale en 1976 à Bayreuth : les wagnériens conservateurs lui reprochent de mettre" trop de théâtre" dans sa mise en scène et de sacrifier la musique.

Ce rapport au corps des acteurs est un motif obsessionnel de ses films. Dans L'Homme blessé, son premier grand film réalisé en 1983, les corps s'attirent sans cesse, même si " le plaisir est impossible".

Au Théâtre des Amandiers de Nanterre où il s'installe au début des années 1980, son art théâtral trouve son parfait accomplissement. Il y crée une école restée célèbre.

Les images de son enseignement auprès des jeunes élèves d'alors (Valeria Bruni Tedeschi, Laurent Grévill, Vincent Perez, Bruno Todeschini...) consignent l'énergie créatrice de Chéreau, proche de ses comédiens, au plus près de leur souffle, comme s'il avait besoin de se frotter au grain de leur peau, de se mesurer aux frémissements de leurs voix incertaines, de percer le mystère de leurs visages.

Une oeuvre nourrie de chuchotements et de cris

"Je pars toujours du désir que j'ai pour un comédien", dit-il. De l'espace du plateau (théâtre, opéra) à celui du cadre (cinéma), le geste du metteur en scène se déploie toujours à partir de ce désir exploratoire.

Ce travail de pédagogue, avoue Chéreau," renouvelle alors son envie de mettre en scène". Partagé entre son travail au sein d'une cage dorée - une école à l'abri du dehors - et sa curiosité pour le monde extérieur, Chéreau construit une oeuvre nourrie de chuchotements et de cris, de ses affects et de faits sociaux.

Les tragédies politiques de l'époque résonnent dans les intimités blessées et les souffrances des chairs. Dans La Reine Margot, film sur les massacres de la Saint-Barthélemy, on devine les échos des massacres en Yougoslavie.

Les fêlures du monde et des hommes s'entremêlent sans cesse dans un chaos orchestré par son regard et son désir de mettre à nu les malentendus, sans pouvoir les résoudre.

Dans sa sublime mise en scène de la pièce de Koltès, Dans la solitude des champs de coton, une danse hystérique, nerveuse, malade de sa propre peur, livre sur Karmacoma de Massive Attack l'image d'une souffrance exaltée.

C'est sur ce noeud inextricable qui associe l'effroi du spectacle de la violence et l'impossibilité d'en détacher le regard que se construit l'univers de Chéreau. Où la solitude, éternelle, s'écrase dans un champ de béton.

Patrice Chéreau, un artiste au travail, documentaire de Stéphane Metge. Lundi 15 novembre à 22 h 30, Arte  l'exposition

mardi 23 novembre 2010

TRANSFERT pour la VIE

Avant que d'être comédienne apprenti comédienne j'aurais bien voulu savoir ce qu'était le Transfert....


mais bon cela m'aurait empêché de faire des rencontres...

m'en aurait évité quelques unes de mauvaises mais m'en aurait ô combien prvé de bonnes fugitives illusoires peaux de chagrins et certaines devenues les plus grandes amitiés au monde.

C'est ce que je disais à ma grand-mère enfant c'est toi que j'aime le plus au monde.

Je ne connaissais ni le monde ni l'amour, quoique !

Trop de souffrances nuisent mais un peu d'égratiniures permettent de savoir qu'on a visité d'étranges contrées floué des herbes folles erré sur des terrains vagues. Que de souffrances eh oui mais que de désirs

aussi et la peur ? enfin capable de lui dire : souffler n'est pas jouer !

Car si le transfert avec un psychanalyste est efficace avec un metteur en scène ou un professeur de théâtre il peut être une mise en abîme....
Le seul moyen de se préserver c'est de penser au théâtre aux autres et aussi à soi et continuer sa vie dans le réèl.

Le lien sur Wikipedia

http://fr.wikipedia.org/wiki/Transfert_(psychanalyse)

Le transfert

Il s'agit, dans la cure psychanalytique, de la projection, par l'analysant, de contenus de l'inconscient sur la personne du psychanalyste qui lui apparaît alors dotée de qualités bien différentes de sa réalité. C'est par l'analyse de ces projections que le processus analytique va aboutir, au fil du temps, à une prise de conscience progressive des problématiques auxquelles l'analysant est confronté. C'est par l'analyse de ces projections que le processus analytique va aboutir, au fil du temps, à une prise de conscience progressive des problématiques auxquelles l'analysant est confronté. Francis Pasche définit ainsi le transfert au sens large (1975) : « La reviviscence de désirs, d'affects, de sentiments éprouvés envers les parents dans la prime enfance, et adressés cette fois à un nouvel objet, et non justifiés par l'être et le comportement de celui-ci.»





Le transfert selon Freud

Le transfert est, d'abord et avant tout, un phénomène humain qui s'éprouve à des degrés variables dans toutes les relations entre individus. C'est évidemment dans la relation médecin-malade qu'il s'éprouve de la manière la plus flagrante et cela n'avait pas échappé à plusieurs personnes, y compris avant Freud. En introduisant cette notion de transfert, les physiologistes E.H. Weber (1834) puis Rudolf Kleinpaul (1884) ont ainsi mis en évidence l'importance de la notion de représentation dans l'effort d'apprentissage. E.H Weber envisageait le transfert comme une facilitation d'une activité et Rudolf Kleinpaul comme le passage d'un langage de geste et d'image à un langage de mots. Là où l'œuvre de Freud se démarque des visions, soit expérimentales soit impressionnistes qui prédominaient, c'est lorsqu'à partir de ses expériences cliniques, il songe à le théoriser puis à en faire « le moteur de la cure ». Il ne s'agit plus seulement de constater le phénomène du transfert, de le dénoncer, de le déplorer ou de le favoriser en le manipulant, mais surtout de l'analyser.







L’amour de transfert, une des premières découvertes de l’analyse



Cette réalité du transfert, Freud l’a découverte très tôt [3], et il l'a perçu tout d’abord comme un obstacle au travail de l’analyse, avant de s’apercevoir qu’en fait il était aussi, de façon paradoxale, à proprement parler, la cheville ouvrière de l’analyse. C’est ce paradoxe qui fait la difficulté de l’approche de ce concept. Dans les Études sur l’hystérie, donc le premier ouvrage de Freud écrit en collaboration avec Breuer, on voit apparaître ce transfert pour la première fois [4], sous la forme d’une résistance à l’analyse : « Il me reste enfin à traiter un sujet auquel incombe, dans la réalisation de cette analyse cathartique, un rôle important et gênant. » Oui c’est un facteur « gênant ». Et voici comment il le présente : « J’ai déjà fait allusion au rôle considérable que joue la personne du médecin dans la création des motifs servant à surmonter la puissance psychique des résistances. » Freud appelle résistance tout ce qui fait obstacle à la reconnaissance du désir inconscient et aux souvenirs d’enfance qui ont conditionné l’inscription de ce désir dans son lien au désir des parents. « Dans bien des cas, poursuit-il, et principalement chez les femmes, et lorsqu’il s’agit d’expliquer des associations de pensées érotiques, la collaboration des patients devient un sacrifice personnel qu’il faut compenser par quelques succédanés d’amour. Les efforts du médecin, son attitude de bienveillante patience doivent constituer des succédanés suffisants. » Dans cette formulation de Freud ne trouvons nous pas déjà entre l’amour de transfert et ce « succédané d’amour » que l’analyste devrait être en mesure de donner à son analysant, est- ce que nous ne trouvons pas là les prémices de ce que Lacan appellera plus tard « le désir du psychanalyste » ainsi d’ailleurs que la définition qu’il a donné du transfert comme étant « la mise en acte de la réalité de l’inconscient » dans son lien au désir du psychanalyste ? Étant bien sûr posé, et fermement, que cette réalité est sexuelle. Il est à remarquer que c'est seulement à partir de cette définition du transfert comme mise en acte de la réalité de l'inconscient que ce concept d'abord découvert comme obstacle devient la cheville ouvrière du processus analytique, garant de son efficacité. Freud reprendra quelques années plus tard cette question sous le titre « Observations sur l'amour de transfert » mais sous ce titre, il met en garde, et non sans raison, les analystes des dangers qu'il y aurait à céder aux amours... de contre-transfert.[déjà entre l’amour de transfert et ce « succédané d’amour » que l’analyste devrait être en mesure de donner à son analysant, est- ce que nous ne trouvons pas là les prémices de ce que Lacan appellera plus tard « le désir du psychanalyste » ainsi d’ailleurs que la définition qu’il a donné du transfert comme étant « la mise en acte de la réalité de l’inconscient » dans son lien au désir du psychanalyste ? Étant bien sûr posé, et fermement, que cette réalité est sexuelle. Il est à remarquer que c'est seulement à partir de cette définition du transfert comme mise en acte de la réalité de l'inconscient que ce concept d'abord découvert comme obstacle devient la cheville ouvrière du processus analytique, garant de son efficacité. Freud reprendra quelques années plus tard cette question sous le titre « Observations sur l'amour de transfert » mais sous ce titre, il met en garde, et non sans raison, les analystes des dangers qu'il y aurait à céder aux amours... de contre-transfert.[



« Le maniement du transfert »



Dans son texte « observations sur l’amour de transfert », écrit en 1915, Freud décrit les mésaventures qui peuvent arriver à un jeune analyste inexpérimenté lorsqu’il se trouve aux prises avec les flambées de l’amour de transfert, amour qui est provoqué par la situation analytique elle-même. Il indique donc comment s’y prendre avec cet événement inévitable mais pourtant difficile à gérer. « Parmi toutes les situations qui se présentent, je n’en citerai qu’une particulièrement bien circonscrite, tant à cause de sa fréquence et de son importance réelle que par l’intérêt théorique qu’elle offre. Je veux parler du cas où une patiente, soit par de transparentes allusions, soit ouvertement fait comprendre au médecin que, comme toute simple mortelle, elle s’est éprise de son analyste. Cette situation comporte des côtés pénibles et comiques et des côtés sérieux… elle est si complexe, si inévitable, si difficile à liquider que son étude est depuis longtemps devenue une nécessité vitale pour la technique psychanalytique. »[8]



Dès ces premières phrases nous pénétrons donc au cœur de l’expérience analytique avec ce terme décisif « maniement du transfert ». Ce maniement du transfert, qui serait donc la part de l’analyste dans le travail que poursuit l’analysant, ne peut être précisé sans avoir cerné au plus près, ce concept essentiel de la théorie analytique, puisqu’il en est sa condition, celui du transfert.



Avec cette découverte clinique de ce qu’est l’amour de transfert, la technique analytique, celle qui est censée nous permettre d’accéder à cette compétence de l’analyste et à ce dit « maniement du transfert », terme qui évoque le tour de main de l’artisan, un savoir faire, cette technique donc se trouve ainsi mise sous la dépendance, sous la tutelle même de la théorie puisque c’est à elle que revient la charge de préciser ce qu’est le transfert.



Ce transfert, quelle définition conceptuelle pouvons-nous en proposer?



Peut-être convient-il de poser d’emblée sa polyvalence dans le texte même de Freud :



il est d’abord transport amoureux de l’analysant pour l’analyste, c’est l’amour de transfert, dans son usage le plus courant.

Il est aussi, dans la métapsychologie freudienne, celle qui concerne les mécanismes de formation des symptômes, le mécanisme même de cette formation : Il y a « transfert », par déplacement, de l’affect d’une représentation refoulée sur une représentation substitutive - (Les psychonévroses de défense in Névrose, psychose et perversion, PUF.

Mais c’est aussi, et c’est le sens premier que Freud lui donne dans l’Interprétation des rêves, la « transcription d’une langue dans une autre » [9] Quand cette transcription se fait dans le sens du contenu latent du rêve à son contenu manifeste, le transfert rend compte de la fabrication d’un rêve. Dans l’autre sens, du contenu manifeste à son contenu latent, ce même transfert, toujours pris dans le sens de traduction d’une langue dans une autre, livre le secret de ce qu’est « l’interprétation » du rêve.

Ce que Freud appelle « maniement du transfert », c’est donc, pour l’analyste, l’art de manier ces trois sens du mot, ce transfert d’amour pour l’analyste, ce transfert des affects qui provoquent les manifestations des symptômes pour arriver enfin à cette traduction d’une langue dans une autre qui consiste à retrouver la langue du désir inconscient. Manier le transfert, pour l’analyste, c’est donc savoir interpréter les rêves, les symptômes mais aussi les actes de ses analysants malgré et grâce à cet amour de l’analysant éprouvé pour L’analyste. A noter, que sous ces amours de transferts ainsi mises en avant, se cachent aussi de vigoureuses haines de transfert, non moins encombrantes pour le travail analytique. De ces haines solides, nous avons quelques beaux exemples dans l'histoire du mouvement analytique.







Un processus habituel dans les relations humaines



En transposant la notion de transfert dans la cure psychanalytique, Freud cherche d'abord dans les Études sur l'hystérie à comprendre ce qui résiste chez les patients dans la cure analytique, c’est-à-dire ce qui empêche le patient d'atteindre le but qu'il s'était fixé en venant consulter.



Freud rappelle d'abord que le transfert qu'il décèle dans la cure psychanalytique n'est qu'une exacerbation de phénomènes que l'on rencontre souvent dans la vie courante : « La faculté de concentrer l'énergie libidineuse sur des personnes doit être reconnue à tout homme normal. La tendance au transfert que nous avons rencontré dans les névroses (…) ne constitue qu'une exagération extraordinaire de cette faculté générale. » Mais dans le dispositif établi entre le psychanalyste et le patient, cette capacité générale au transfert prend un tour particulier : elle tend à se focaliser sur la personne du psychanalyste. Ceci s'explique notamment par l'attente de guérison qui a motivé la cure. Le patient plaçant ses espoirs dans le psychanalyste se trouve placé comme en position infantile à l'égard de celui-ci. Cette analogie avec la situation première du sujet, quand celui-ci dépendait de l'amour de ses parents pour survivre va déclencher une série d'associations, de résistances tout en constituant un moteur qui va faciliter le dénouement des symptômes.



Transfert et répétition



Le transfert n'est pourtant pas une pure répétition de la situation parentale. Au contraire, la demande de cure est, déjà, une prise de conscience explicite ou implicite, que quelque chose se répète dans la vie du sujet. La demande de cure est donc un premier coup d'arrêt à cette répétition vécue comme subie jusqu'alors. À partir de l'entrée en cure, les symptômes, même répétés, sont interrogés et examinés d'une autre façon, ils ne sont plus seulement pures répétitions mais aussi variations autour d'un même problème, d'une même matrice intervenant dans la vie du sujet. En effet, dans la cure, les symptômes sont parlés, racontés, ils sont l'objet d'un effort d'élucidation qui leur donne un autre statut, ils sont représentés, élaborés et perlaborés.



Transfert et amour

Il en est de même de l'amour de transfert. Ce qui motive le patient c'est "l'amour de la vérité" nous dit Freud. Le transfert n'est qu'un moyen d'y parvenir — et parfois un obstacle. C'est en effet dans le cadre de ce transfert que vont se réveiller chez le névrosé les dimensions non résolues de la situation œdipienne. Mais là encore, il ne saurait s'agir d'une pure répétition car c'est au psychanalyste qu'a affaire le patient. Dans la mesure où le désir de l'analyste reste énigmatique le rapport identificatoire qui avait été d'abord établi peut se dissoudre et le risque de dépendance qu'a pu craindre (et parfois désirer) le sujet peut être dépassé.



Evolutions récentes sur le transfert [



Séduction et transfert

Jean Laplanche a repris la première idée de Freud au sujet de l'hystérie : un trouble psychique causé par une séduction sexuelle de l'enfant par un adulte. Il en a fait une théorie posée en 1987 dans Nouveaux fondements pour la psychanalyse - La séduction originaire, soit la théorie de la séduction généralisée, qui suppose que l'enfant (de la sexualité infantile) est séduit par la part sexuelle inconsciente de l'adulte sur lui, d'où il s'ensuit le refoulement originaire, soit l'avènement de l'inconscient tel qu'il est défini par Freud. Dans la relation analyste-patient, ce processus se rejoue, permettant un travail analytique sur des troubles narcissiques profonds. La théorie de la séduction généralisée débouche sur une conception de la transcendance du transfert, formulée par J. Laplanche dans ses Problématiques V - Transcendance du transfert.



Le transfert adhésif

C'est en étudiant l'autisme que Frances Tustin a décrit une modalité particulière du transfert qu'elle a nommée transfert adhésif. Dans cette situation l'autiste se comporte comme si l'analyste était une part de lui-même, dont il ne peut aucunement se séparer : la séparation est vécue comme un véritable arrachement physique, avec une angoisse envahissante entraînant soit des crises clastiques soit un retrait du monde. Ce type de transfert peut aussi se retrouver au détours de l'analyse d'une personne ni autiste ni psychotique, quand des blessures de la toute petite enfance sont réveillées.



La chimère transférentielle

C'est un concept avancé par Michel de M'Uzan pour décrire une modalité particulière du contre-transfert où l'analyste est aux prises avec un type de pensée qu'il a appelée pensée paradoxale, soit une pensée se présentant comme venant de l'entre-deux du transfert plus que de la psyché même de l'analyste.



La psychose de transfert

Pendant longtemps les psychanalystes ont pensé que le transfert était uniquement une affaire de névrose, la névrose de transfert telle que décrite par S. Freud. Depuis il a été décrit des modalités de transfert particulières au travail psychanalytique avec les psychotiques, ces modalités pouvant d'ailleurs se retrouver avec des patients non psychotiques, ce qui a conduit de nombreux analystes à penser qu'il existe en chacun une part psychotique de la personnalité. Les auteurs les plus cités sont Harold Searles, Salomon Resnik, Frieda Fromm-Reichmann, etc., des psychanalystes souvent influencés par Mélanie Klein.



Transfert dissocié: Jean Oury propose cette notion à partir de celle de "transfert multiréférentiel" (Tosquelles) pour illustrer le fait que la personne psychotique ne peut "transférer" sur un seul psychanalyste (comme cela se passe dans une cure type) mais plutôt sur l'ensemble des différentes figures d'une institution (psychiatres, psychologues, infirmiers, autres patients).







Le transfert chez Lacan

Jacques Lacan transforme à sa manière la conception Freudienne du transfert, en y rajoutant quelques points. Lacan oppose le « transfert symbolique » au « transfert imaginaire »:

Pour Lacan, le transfert est d’ordre symbolique, car sa force se trouve dans la fonction où l’analysant pose l’analyste, qu’il l’aime ou le déteste est secondaire. Le transfert est fondamentalement en lien avec un autre connaissant. Sachant que l’analyste est un « sujet supposé savoir » pour Lacan, il dit que le transfert n’est autre que de « l’amour qui s’adresse à du savoir ».

Pour Lacan, le transfert dit imaginaire est un obstacle, dans le sens où ce n’est qu’immobilisme du sujet. En effet, le sujet agit dans l’analyse pour ne pas avoir à dire, et plus le sujet résiste, et plus la répétition s'oblige à lui.

Carl Gustav Jung, la psychologie analytique et le transfert

Carl Gustav Jung n'a pas contesté l'apport de Freud, c'est sur l'importance capitale du transfert mais il envisage celui-ci de manière significativement différente de celle de son aîné sur au moins deux points :



Pour Jung, le transfert ne se réduit pas à la névrose de transfert décrite par Freud. Il ne s'agit pas, pour Jung, d'un phénomène pathologique qu'il s'agirait de réduire par l'analyse, mais d'un phénomène naturel dans la relation entre deux êtres humains, phénomène qui résulte du déploiement des dynamiques archétypiques entre deux personnes.

Ensuite Jung ne considère pas que le transfert puisse être simplement appréhendé comme étant un mouvement à sens unique, de l'analysant vers l'analyste, mais bien plutôt comme un mouvement à double sens, qui implique tout autant la personnalité de l'analyste que celle de son patient. Ainsi la distinction freudienne entre transfert et contre-transfert n'a pas, dans la pensée jungienne, la même place que dans la pensée freudienne. Les jungiens réserveront ce terme à ce qui, de l'analyste, participe aux résistances, c'est-à-dire à la façon dont l'analyste fait inconsciemment obstacle à la poursuite du processus analytique.

Jung a consacré au transfert un ouvrage (1946), Psychologie du transfert, où il fait la synthèse de son approche de ce phénomène intersubjectif.

dimanche 14 novembre 2010

GALERIE MARIAN GOODMAN Pierre HUYGKE The Host and the Cloud


Mes impressions elles ont muries, voilà plusieurs jours que j'ai vu ce film, c'est une fresque, un témoignage, un objet d'art, une descente dans nos inconscients, c'est un collectif d'acteurs aussi et un film avant tout. Le réalisateur semble tout connaitre de l'art contemporain, de la politique, de l'histoire collective consciente et  inconsciente, du cinéma,  c'est effarant de beauté et  de références : Lynch Lars von Trier, c'est 2h décousues,  mais c'est très réveillant et à la fois comme dans un rêve.
Pourquoi j'ai attendu...
parce que j'avais d'autres choses à faire, des questions sans réponses....(alors qu'il en faut)

parce que lorsqu'on va dans une galerie d'art de cet acabit  pour voir un film, on a du mal à s'en remettre. C'est gratuit soit mais il faut le savoir... et en plus on vous dévisage on vous jauge comme si vous vous étiez trompés de porte et comme si vous alliez dérober quelque chose. C'est une banque d'affaires ou une galerie d'Art. Je vous propose d'y aller à plusieurs rien que pour les embêter......

GALERIE MARIAN GOODMAN


Pierre HUYGKE
The Host and the Cloud, 2010
23 octobre - 27 novembre 2010

4 séances quotidiennes : à llh, 13h05, 15hl0, 17hl5  durée du film : 2 heures

Sera projeté, le film The Host and the Cloud (2010) réalisé par Pierre Huyghe à partir des expériences live qu'il a conçues et filmées au cours de 3 journées entre octobre 2009 et mai 2010 dans le bâtiment fermé du Musée National des Arts et Traditions Populaires.

L'expérience The Host and the Cloud est une situation réelle, elle s'est déroulée dans un  musée fermé situé au fond d'un parc d'attraction.
Elle a été conçue pour un petit groupe d'acteurs placé sous certaines conditions, faisant face à différentes influences qu'ils pouvaient librement altérer et métaboliser.

L'expérience live a été suivie par des témoins à Halloween, à la Saint Valentin et le 1er Mai et a été partiellement enregistrée au cours de ses trois journées.

Alors que ce rituel se déploie, nous suivons la formation et l'apparition d'une pensée. Les rôles et les comportements des acteurs, ici, personnel du musée, changent au fur et à mesure de leur rencontre et exposition avec la collection des dispositifs, des situations et des fragments de récits hétérogènes.

Ce film documente cette situation.

Désormais dans le conte du présent, le sujet n'est plus le protagoniste. La collection de ses personnages imaginaires, leurs configurations changeantes, réelles ou fictionnelles forment la situation qui l'a progressivement remplacé.

The Host and the Cloud est un conte, un voyage dans l'esprit d'un sujet absent.
Les acteurs sont les différent aspects de cet esprit; la situation live, son mouvement et le personnage fictionnel qui apparaît dans ce film, l'alter ego, l'actualité dans le paysage mental de ce sujet absent.

Un lapin blanc erre à présent dans le film de son imaginaire...

Filmé le 31 octobre 2009, le 14 février 2010 et le 1er mai 2010.

Ce film de deux heures rend compte des trois situations au cours desquelles Huyghe a  entrepris d'insuffler une temporalité et une dimension inédites, rythmées par des moments, des personnages, des actes symboliques.

Halloween, (31 octobre 2009) : « La plupart des situations convoquaient à la fois l'enfance et le fantastique [...] mais aussi des configurations de pouvoir. [...] Soit des situations performatives, représentées mais pas toujours simulées. [...] La tradition d'Halloween, dans laquelle les enfants frappent aux portes et font circuler un mythe de conjuration de l'errance et de la mort, était inversée : des adultes parcouraient un musée envahi par des spectres de l'actualité, de l'histoire ou du mythe, et dont le personnel fictif se prêtait à différents niveaux de représentations de la vie et de l'art. » 1

Saint-Valentin, (14 février 2010) ; «Les mêmes acteurs incarnaient le personnel du musée ou ces personnages masqués, tous occupés à disperser les niveaux multiples de la fiction dans le lieu. [...] Puis très jeune fille s'est avancée dans le hall et a évoqué ses premières émotions amoureuses [...], les histoires ont cessé et le protocole de la représentation s'est rétréci autour [...] de gestes amoureux. La projection d'ombre a repris, la répétition devint concert, tandis qu'une fête quelque peu orgiaque démarrait dans les sous-sols. La dissolution à l'œuvre dans les coulisses souterraines renvoyait chacun à sa propre scène intérieure. » 2

Fête du travail, (1er mai 2010) : Huyghe a choisi de conclure ces expériences live le jour de la fête du travail, où traditionnellement l'activité suspend son cours. Un jour à forte valeur politique et sociale historiquement placé sous le signe du ralliement et mêlant toujours à son actualité fluctuante, une dimension mémorielle. «Le lieu ludique devient le lieu politique. La révolution de Huyghe se présente toujours à petite échelle. Il s'agit de prendre le terrain de jeu comme champ de bataille, pour changer ensuite les règles du jeu. » 3

Le temps de montage relativement court que s'est imposé Pierre Huyghe participe de cette expérience qui compose avec la hâte, l'arbitraire, jouant le jeu d'une forme d'écriture automatique de ce qui semble résister au récit et au rationnel, « Il y a là probablement la matière à une œuvre entière, comme si justement Huyghe avait voulu produire pour lui-même un matériau complexe dans lequel puiser ensuite. Un matériau extrait de zones inexplorées de son art comme de l'art de ses confères, [...]. Inutile de chercher à qualifier ce que Huyghe a sans doute souhaité inqualifiable. » 4

En écho à « The Host and the Cloud », deux nouvelles œuvres seront présentées, dont un
masque, objet luminescent qui apparaît dans le film, ainsi qu'un aquarium.

Le projet de l'aquarium succède à la réalisation de The Host and The Cloud (Musée des Arts et Traditions Populaires), La Saison des Fêtes (Palacio de Cristal, Reina Sofia) et A Forest of lines (Opéra House, Sydney). Chacun de ces récents projets est-une coUection de sujets pris à l'intérieur d'un environnement particulier.
Ces sujets sont à la fois des entités réelles, vivantes et des personnages associés à un contexte fictionnel. Alors que les conditions dans lesquelles ces sujets coexistent sont constituées en narrations et en fictions, les relations entre les sujets sont réelles et non scénarisées.
Ces entités ne sont pas les protagonistes de l'histoire mais des personnages existants en son sein. L'aquarium évoque un état spécifique, une émotion ou une situation particulière et peut refléter des comportements et des situations que les visiteurs ont pu rencontrer.

Pierre Huyghe est né en 1962 à Paris, et a étudié à l'Eccle nationale supérieure des Arts décoratifs. Il notamment reçu le Hugo Boss Prize en 2002 et le Prix Spécial du Jury à la Biennale de Venise en 2001 alors qu'il représentait la France.
Parmi ses récentes expositions personnelles, on compte La Saison des Fêtes, Museo de Arte contemporanea Reina Sofia / Palacio de Cristal. Madrid (2010) ; A Time Score, MUSAC-Museo de Arte Contemporâneo de Castilla y Léon, Léon, (Espagne) (2007) ; Célébration Park, Tate Modem, Londres, et à l'Arc, Musée d'Art moderne de la Ville de Paris (2006). Les œuvres de Pierre Huyghe ont été présentées dans de nombreuses expositions à travers le monde, comme Yesterday will Be Better - Taking Memory into the Future, Aargauer Kunsthaus, Aarau, Suisse ; Dreamlands, Centre Pompidou, Paris (2010) ; Branded on display. Sait Lake Center, Sait Lake city, UT, The Puppet Show, Frye Art Muséum, Seattle, WA, il tempo del Postino, Manchester international Festival et Basel Theater, Bale, (2009), La 6e Biennale de Sydney, The same River Twice, Part 1, IMA Institute of Modern Art, Brisbane, QLD, theanyspacewhatsoever, Solomon R. Guggenheim Museum, NY; Biennale Art Focus, Jérusalem, Israël, (2008); Ecstasy, In and About Altered States, LA MOCA -Museum Of Contemporary Art, Los Angeles, ÇA, USA Biennale de Venise (2003), Documenta 11, Kassel (2002).

1 Marie Muracciole in «  Pierre Huygue, The Host and the Cloud », Art press, n° 367, mai 2010, pp 48-50
2 Op.cit.
3 Sinziana Ravini in Frog Magazine, n°9, 2010, « Pierre Huyghe, Musée des Arts et Traditions populaires, Paris », par, p.49
4 Eric Troncy in Frog Magazine, n°9,2010, « Pierre Huyghe, Musée des Arts et Traditions populaires, Paris »p.54


GALERIE MARIAN GOODMAN
79 rue du Temple 750003 PARIS
Tél 01 48 04 70 52
Fax 01 40 27 81 37

samedi 13 novembre 2010

LA PASSION CORSETÉE, LE SPECTACLE... au Lucernaire par Suzanne pardon ! Laurence Février

Je n'ai pas bien dormi cette nuit car après cette Princesse de Clèves, un miracle de haute voltige, j'ai re-regardé La Pianiste et là vous voyez de la passion retenue du XVII e siècle à celle contemporaine filmée par Monsieur Michael Haneke, il y a la même recherche d'absolu.
Je me suis dit plein de choses dont une, Madame Laurence Février l'actrice est vraiment une femme remarquable....
entre autres choses que certaines mères aussi ont cette recherche d'absolu dans l'amour de leurs enfants comme celle de la mère de la Princesse de Clèves retenue et comme celle du personnage de la mère jouée par Madame Girardot complètement folle et inconsciente.Ce spectacle est o combien indispensable pour la force de croire au sublime et le bascul du jardin semé d'orties et de chardons qu'on a laissé pour nous en nous modelant de plus en plus à un confort consommable comme l'addiction au portable (voir la vidéo)

Je suis une inconditionnelle de cette actrice créatrice conceptrice de spectacles indépendante et au jeu au corps tellement incarné et métamorphosé selon les rôles.
 Laurence Février biographie filmographie théâtre sur Théâtre on Line.
Je la préfère à Philippe Caubére  (quelle comparaison...)
car elle épouse et nous offre un texte... Elle a autant de talent et en plus si lui a fréquenté une grande dame, Ariane Mnouchkine, elle a fréquenté un grand Monsieur qui a rendu au théâtre toute son élégance et sa chair et qui a imposé un certain élitisme un théâtre "élitaire pour tous" : Monsieur Antoine Vitez
Rendre accessible le sublime pour tous. Merci Beaucoup  Madame vous êtes un rêve...

Et on a tellement parlé à mauvaise escient de ce chef d'œuvre littéraire, que c'est par "désir" passionné de réhabilitation de la littérature de toute la littérature notamment féminine celle-là de Madame de Lafayette...
-corseté n'a jamais été ampoulé et ou désuet-

que vous devez y aller si vous aimer aimer.... les amoureuses les émouvantes.... les sensitives
machos s'abstenir...
je vous invite, vous ouvre l'appétit littéraire, en vous offrant en avant-première le programme que j'ai scanné pour vous.
où se cachent les amoureux, pardon les fous d'amour....


Il y a du fantastique dans le labyrinthe de passions qui se reflètent en miroir dans la Princesse de Clèves, les passions y sont érigées et tenues par un texte classique corseté, et elles y sont déclinées à l'infini, de la plus passagère à la plus fatale.
C'est l'aspect le plus absolu et le plus violent de cette émotion qui a été choisi pour le spectacle, en mettant le plan focal sur les trois personnages principaux de l'œuvre : le Prince de Clèves, le Duc de Nemours, la Princesse de Clèves.

Une passion littéraire secrète

Quand je faisais des recherches sur le XVII e siècle, pour la création du spectacle, j'ai appris que ce siècle avait développé l'art du secret, et j'ai trouvé surprenant ce parallèle avec ma propre lecture de La Princesse de Clèves, lecture-passion qui est toujours restée secrète... Je suis  « tombée » dans La Princesse de Clèves quand j'étais gamine et que je l'étudiais à l'école. J'ai continué à porter ce roman, en secret, comme un de ceux qu'on emporterait sur une île déserte... Ma prédilection pour ce texte, je n'en parlais donc pas, mais à cause, ou grâce, à des événements récents, je me suis dit qu'il fallait passer du secret à la révélation. Je me suis dit qu'il y allait de ma responsabilité d'artiste, de mon travail d'artiste, de proposer au public d'entendre ce chef-d'œuvre, que les gens l'aient lu ou pas. Je veux aussi témoigner de l'influence que ce texte a eu sur moi, en témoigner grâce à ce que je sais faire, du théâtre, pour tisser un lien, non plus secret mais partagé avec le public, avec cette communauté vivante de spectateurs qui est là, chaque soir. C'est l'angle premier de mon projet : dire et redire cette langue magnifique, notre patrimoine littéraire, et éviter par tous les moyens qu'on ne mette ce chef-d'œuvre aux oubliettes.

La Princesse de Clèves, la langue du XVIIe siècle
Je trouve beau de dire aujourd'hui, à mes contemporains, cette langue du XVIIe siècle. Le titre qui s'est imposé : La passion corsetée, vient évidemment de ce qui se passe entre les héros mais aussi de la langue. Cette langue, on ne peut pas la dire avachie, elle est athlétique, il faut être corseté, tenu. C'est une langue profondément articulée, comme un vers racinien.

Le retour du sublime

Avec La Princesse de Clèves l'objectif sous-tendu, c'est la grandeur et le dépassement de soi. Cette langue « corsetée », ces sentiments extrêmes, cette façon d'appréhender le monde, toutes ces valeurs « sublimées » devraient-elles  basculer dans l'oubli parce qu'elles ne sont pas confortables? Même quand les personnages de La Princesse de Clèves s'aveuglent et se mentent à eux-mêmes, dans une acmé de raffinement et de subtilité, ils ne sont jamais médiocres. C'est une œuvre qui tire les individus vers le haut.

Des mondes de femmes

C'est l'angle de vue de Madame de Lafayette qui m'intéresse. Quand elle écrit, c'est toujours pour parler d'une femme à qui elle donne le premier rôle, mais c'est elle-même qui apparaît en creux et de façon magistrale. Ses héros sont très jeunes, ils se débattent au premier plan dans les affres de leur passion, mais elle leur donne une maturité d'analyse qui est bien au-dessus de leur âge, et c'est sa conception du monde à elle, qui apparaît. C'est elle qui nous donne accès à un ailleurs, par une construction romanesque vertigineuse, elle nous fait respirer un autre éther, respirer l'air d'un autre paysage. Elle nous montre une femme forte, qui n'a rien de médiocre mais surtout qui est libre. Libre de choisir l'absolu, quitte à le payer d'un prix exorbitant. Madame de Lafayette établie une césure nette entre amour profane et amour sacré. Cette conception de l'amour, qui met en avant un amour quasi mystique, m'apparaît comme subversive aujourd'hui.

Laurence Février

TRAME DU SPECTACLE... les passages choisis pour l'adaptation
Première partie
L'apparition de Mlle de Chartres à la cour d'Henri second
« II parut alors une beauté à la cour... »
La première rencontre avec M. de Clèves, chez l'Italien
« Le lendemain qu'elle fut arrivée, elle alla pour assortir des pierreries... »
La demande en mariage de M. de Clèves et les reproches d'un mari amoureux
« II trouva les moyens de lui parler de son dessein et de sa passion avec tout le
respect imaginable... »
L'arrivée de M. de Nemours et la rencontre au bal
« II alla ensuite chez les reines. Madame de Clèves n'y était pas, de sorte qu'elle ne le vit point. »
M. de Nemours sous le joug de la passion, sa métamorphose
« La passion de M. de Nemours pour Mme de Clèves fut d'abord si violente qu'elle lui ôta le goût et même le souvenir de toutes les personnes qu'il avait aimées... »
Les « louanges empoisonnées » de Mme de Chartres à sa fille
« Mme de Chartres n'avait pas voulu laisser voir à sa fille qu'elle connaissait ses sentiments pour ce prince... »
La mort de Mme de Chartres
« Mais elle trouva que Mme de Chartres avait un peu de fièvre... »

Deuxième partie
Première entrevue et confession d'une passion, à demi-mot
« M. de Nemours, qui avait attendu son retour avec une extrême impatience et qui souhaitait ardemment de lui pouvoir parler sans témoins ... "
Mme de Clèves prend conscience de sa passion, elle décide de la garder secrète
« Quand elle fut seule et en liberté de rêver... »
Le vol du portrait
« La reine dauphine faisait faire des portraits en petit de toutes les belles personnes de la cour...»

Troisième partie
La lettre, les affres de la jalousie et l'extase de la réconciliation
« Le roi fit une partie de paume avec M. de Nemours... "
Un aveu que l'on n'a jamais fait à un mari
« M. de Nemours avait bien de la douleur de n'avoir point revu Mme de Clèves... »

Quatrième partie
La jalousie de M. de Clèves
« M. de Nemours sut bientôt que Mme de Clèves ne devait pas suivre la cour, il ne put se résoudre à partir sans la voir.....
La nuit de Coulommiers
« M. de Clèves résolut de ne pas demeurer dans une cruelle incertitude... »
La mort de M. de Clèves
« Le gentilhomme de M. de Clèves revint à Paris, son maître attendait son retour... »
La dernière conversation
« L'on ne peut exprimer ce que sentirent M. de Nemours et Mme de Clèves de se trouver seuls et en état de se parler pour la première fois. »

Actualité de la Compagnie Chimène
Suzanne, une femme remarquable de Laurence Février, spectacle présenté en
2009 au Lucernaire est en tournée :

·      Le 17 mai 2011, au Théâtre de Chelles (77)
·      les 19, 21 et 23 mai 2011, à l'Apostrophe- Théâtre des Arts, Cergy Pontoise (95)

LES COMPAGNIES EN RESIDENCE
Tout en gardant l'indépendance de nos projets artistiques, nous voulons :

1 - Affirmer que la pratique théâtrale est une démarche collective qui repose sur un dialogue actif avec tous les publics et suppose un ancrage durable dans un territoire commun.
2 - Revendiquer notre diversité plutôt que la dissimuler, en faisant de celle-ci le moteur même de notre association.
3 - Mutualiser nos efforts pour aller à la rencontre de nouveaux publics, en partageant dans cette perspective nos expériences et nos pratiques.
4 - Soutenir la démarche artistique du théâtre du Lucernaire dont la vitalité repose essentiellement sur l'accueil d'un très grand nombre de compagnies et sur la fréquentation d'un large public.
5 - Dénoncer l'isolement grandissant dans lequel les compagnies indépendantes sont aujourd'hui maintenues, au risque de perdre peu à peu leur identité et leur rôle pourtant indispensable dans le renouvellement des formes et des pratiques théâtrales.
6 - Refuser l'actuel clivage entre un théâtre institutionnel et la diversité des compagnies dont l'avenir est remis en cause chaque jour davantage
7 - Réfléchir ensemble aux droits et aux devoirs de l'artiste dans la société d'aujourd'hui »

Vincent Colin, Laurence Février, Sarah Gabrielle, Philippe Person"

jeudi 11 novembre 2010

Le OFF toute l'année : LE LUCERNAIRE



Le off toute l’année : Le Lucernaire


La gestion originale et artisanale du Lucernaire donne encore leur chance aux petites compagnies.

On va au Lucernaire ? C'est ainsi qu'on dit. On ne va pas y voir Le Gorille (au Masque et la Plume à podcaster sur France-Inter) ou Les Misérables. Non, on va au Lucernaire, juste à côté du Luxembourg. Un lieu atypique qui comprend trois salles de cinéma et trois salles de théâtre pouvant accueillir trois cents spectateurs chaque soir, une librairie, un restaurant. On s'y bouscule, on s'empêtre entre le spectacle du Théâtre rouge,
à 18h30, et celui du Théâtre noir, à 20h30 ; on peste en montant au "Paradis", une vraie ruche
avec huit spectacles par soir. Ni abonnement ni saison : un bon texte, un ou deux bons acteurs, rarement plus. On n'y découvre pas un théâtre révolutionnaire : les spectacles (de 1h à 1h3o), sans vraie scénographie - ni la place ni le temps -, lassent un peu, mais les spectateurs aiment bien. Un peu comme dans le off à Avignon, on assiste à du théâtre simple, avec un rapport intime avec les acteurs. Grâce aux choix exigeants de l'équipe, ce serait même ici le "gratin du off". En 2004, après une gestion frauduleuse, la Drac lui supprime toute subvention.
Denis Pryen, propriétaire de L’Harmattan, rachète le Lucernaire , le rafraichit ; y met à sa tête Vincent Colin, metteur en scène, rodé à la direction d’un CDN, et Jean-Paul Chagnollaud, universitaire. « C’était un pari fou. L’image du lieu était épouvantable », dit-il. En septembre 2009, le metteur en scène Philippe Person prend la relève : "En cinq ans, la fréquentation a été doublée et la Mairie de Paris vient de nous accorder une subvention de 15.000 €." Quels mystères cachent la réussite de cette maison animée par vingt-huit salariés et quelques intermittents ? Ici, contrairement à Avignon, les salles ne sont pas louées mais prêtées, avec un ou deux régisseurs. Le Lucernaire prend un risque artistique en  ne demandant aucun minimum garanti. La recette est partagée en deux, grosso modo 50/50. Mais, affirme Brontis Jodorowsky, acteur metteur en scène du Gorille : "L'équipe est sympa, bosseuse et réglo. C'est dur mais, pas déplaisant. " Pour Laurence Février, qui y est en résidence.
"il y a urgence et danger de moi pour les petite compagnies. C’est ça ou rien. A Paris, aucun lieu ne les accueille dans ces conditions. » C'est une occasion exceptionnelle pour elles de rendre visible leur travail pendant au moins quarante jours, plus si le succès est au rendez-vous. Alors, miracle ? Certainement pas : les conditions de montage avant la
première sont terribles. Le soir chaque compagnie dispose d'à peine un quart d'heure pour investir le plateau après le spectacle précédent ; la moquette sur la scène, ce n'est pas génial. N'empêche, c'est fou, mais ça marche ! Ce lieu, qui accueille aussi bien jeunes artistes que talents plus confirmés, a su saisir quelque chose de l'air du temps : rapidité, réactivité, foisonnement. Du vivant.

Sylviane Bernard-Gresh

Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, 6ème, 01-45-44-57-34.
(15-30 €).

Sur Télérama Sortir n°3174 du 10/11/2010

La Cie de Jean-Michel Rabeux : La nuit des Rois en chantier...

"Tout est possible pendant cette Nuit des rois, la douzième nuit après Noël, nuit de carnaval que Shakespeare imagine entre farce grotesque, drame romanesque, pure comédie et féerie musicale. Jean-Michel Rabeux s’empare de tout cela pour dire l’ambiguïté de l’amour, et veut qu’on entende ces mots qui dérangent, amusent, bouleversent et qui transforment tous ceux qui les prononcent. Multiplication des déguisements et des travestissements, des mensonges et des non-dits, Shakespeare fait feu de tout bois pour peindre ce monde en trompe-l’œil qui se révèle être un miroir grossissant du monde réel où nous tentons chaque jour, plus ou moins maladroitement, d’accéder au bonheur. Mélancolique « comédie des amours », intemporelle car toujours perturbatrice, cette Nuit des rois sera avant tout ludique, fantasque et inventive mais dans une totale fidélité à son auteur de génie."
(...)
"Ce spectacle court, de forme légère et mobile, est spécialement conçu pour étayer les actions de relations publiques, autour des représentations de La Nuit des rois. On sait la difficulté pour beaucoup de passer les portes d’un théâtre, aussi est-il une manière d’aller à la rencontre des (futurs !) spectateurs, leur faire découvrir le théâtre dans leurs propres environnements (collèges, lycées, centres sociaux, bibliothèques, centre d’animation, lieux d’exposition, etc.) pour leur faire ensuite goûter aux joies de la « boîte noire ». Cette forme courte permet également un échange avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation ainsi qu’une meilleure préparation des publics à la venue au spectacle.
Il s’agit d’un montage d’une demi-heure de scènes comiques de La Nuit Des Rois, entre Toby, Andrew et Marie, la servante. Ce sont, je crois les scènes les plus entraînantes de la pièce, les plus actives, les plus gaies. J’ai un très joli trio d’acteurs pour ce très difficile travail, à la fois artistique et "social"".
extraits site MC93  Bobigny

 

La Compagnie


Jean-Michel Rabeux

 
On a répété un mois La Nuit des Rois. On est à mi-chemin. Ça fait peur. Si, si, si, ça fait peur..
Au milieu du gué, on peut sombrer. Mais non, Shakespeare nous sauvera la mise. On est tous
raides amoureux du grand Will. On s'explose avec bonheur dans cette langue là, ces folies là,
on hurle de rire, on pleure d'amour.
Vous savez quoi ? Ça me fait penser à Copi, Shakespeare. Ces travestis sous acide, ces amours nerveuses, ces grotesques, cette trépidation. La mélancolie en sus. C'est parce que je travaille sur Les Quatre jumelles du dit Copi, certainement.
Pour le plaisir on fait une autre version de La Nuit, une forme brève comme ils disent aux
ministères, un « léger nomade », comme on dit nous. Ça s'appelle La Nuit des fous, et c'est fait pour aller partout où on n'a pas le droit d'aller. C'est fait pour ceux qui n'ont pas le droit de
nous voir. Ollé!!

Jean-Michel Rabeux

Les spectacles en cours

 

LA NUIT DES ROIS - Création le 11 janvier 2011

Parfois, j'ai envie de rencontrer le plus large public possible. J'ai envie de faire souffler l'esprit de fantaisie que doit recéler tout théâtre sur les plus jeunes de nos spectateurs, sans les provoquer, mais en les accrochant, en " les harponnant à l'hameçon de l'amour " comme dit Shakespeare.
Après le vif plaisir du Songe, nous récidivons donc, dans le même esprit débridé et drôle, jouissif et délicat. À ceci près que Le Songe est une pièce d'abord érotique, ce que n'est pas La Nuit, qui est d'abord une comédie des amours. Une comédie de la mélancolie. Ce qui ne l'empêchera pas d'être loufoque, explosive, rock'n roll, joyeuse, hilarante, et, donc, étrangement, mais profondément, mélancolique.

Jean-Michel Rabeux




TEXTE  William Shakespeare
ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE Jean-Michel Rabeux
AVEC Hubertus Biermann, Patrice Botella, Bénédicte Cerutti, Corinne Cicolari, Claude Degliame, Georges Edmont, Géraldine Martineau, Gilles Ostrowsky, Vimala Pons, Christophe Sauger, Eram Sobhani et Sebastien Martel

DÉCORS, COSTUMES ET MAQUILLAGES Pierre-André Weitz
LUMIÈRES Jean-Claude Fonkenel
MUSIQUE Sébastien Martel
SON Samuel Mazzotti

PRODUCTION DÉLÉGUÉE La Compagnie.
COPRODUCTION La Compagnie, MC93 Bobigny, La rose des vents - Scène nationale de Villeneuve d'Ascq/Lille Métropole, Le Bateau feu - Scène nationale de Dunkerque, le Maillon - Théâtre de Strasbourg/ Scène européenne.

AVEC LA PARTICIPATION ARTISTIQUE du Jeune Théâtre National ET AVEC L'AIDE de la SPEDIDAM.



EN ILE-DE-FRANCE

Les 1er et 2 février 2011
Au théâtre Brétigny
Scène conventionnelle du Val d’Orge
Du 4 mars au 3 avril 2011
À la MC93 Bobigny,
Maison de la culture de Seine-saint-Denis

EN RÉGIONS


Du 11 au 15 janvier 2011 à la rose des vents
Scène nationale de Villeneuve d'Aseq/Lille Métropole
Du 19 au 21 janvier 2011 au Maillon
Théâtre de Strasbourg / Scène européenne
Du 25 au 27 janvier 2011 au TAP
Scène nationale de Poitiers
Les 8 et 9 février 2011 au Bateau feu
Scène nationale de Dunkerque


LA NUIT DES FOUS -Léger nomade créé le 18 novembre 2010

La Nuit des fous est une adaptation d'une demi-heure des trois premières scènes des clowns, extraites de La Nuit des rois. Un méli-mélo plein de quiproquos, jeux de mots, jeux de mains, colères, rigolades, moqueries, œillades ratées, baisers refusés, réconciliations et tutti quanti. Comique de situations, comique de langue, comique de clown, comique de valets de comédie, comique de l'imbécillité, tout y est ou à peu près pour donner un plaisir vif, percutant, mais avec cette humanité dont ne se départit jamais Shakespeare : même le plus ridicule est un être fragile et tendre comme une pousse de salade au printemps.
Jean-Michel Rabeux

ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE Jean-Michel Rabeux
D'APRÈS La Nuit des rois de William Shakespeare
AVEC Yann Garnier, Alban Gérôme et Natacha Mendes

PRODUCTION DÉLÉGUÉE la Compagnie
COPRODUCTION La Compagnie, Le Bateau feu
Scène nationale de Dunkerque

Les spectacles à venir


LES QUATRES JUMELLES -Création au 1er semestre 2012

J’ai remis le nez dans Copi, Les Quatre jumelles, ou comment dire la rutilante absurdité de nos vies en assassinant un personnage toutes les dix minutes, ce qui chez Copi provoque un rire aussi inextinguible qu'inexplicable. Il faut dire qu'ils ressuscitent vite fait. Pourquoi rit-on des ébats et des crimes de quatre improbables junkies aux sexes indéfinis, aux mœurs dissolues, à la méchanceté bien établie, et qui s'entretuent avec joie et constance ? Mystère et boule de gomme.
C'est la grâce de Copi d'aborder le pire par le rire, ou le rire par le pire, et, avec ses personnages, ses créatures, ses divines, extrêmement minoritaires de par nos rues et nos théâtres, de dire le désordre hilarant du monde que nous tous, les gens normaux, fabriquons allègrement invivable. Comment on fera tout ça ? Comme on pourra. Et toc !
Jean-Michel Rabeux



 


TEXTE Copi
MISE EN SCÈNE Jean-Michel Rabeux
AVEC Claude Degliame, Kate France, Céline Milliat-Baumgartner (en cours)
DÉCORS, COSTUMES ET MAQUILLAGES Pierre-André Weitz
LUMIÈRES Jean-Claude Fonkenel


PRODUCTION DÉLÉGUÉE La Compagnie
COPRODUCTION EN COURS

Représentations
au Théâtre de La Bastille à Paris
et chez les futurs partenaires
au 1er semestre 2012





LES LÉGERS NOMADES
Parfois j'ai envie que le théâtre aille partout, surtout là où il ne va jamais, qu'il aille à la recherche de ces publics qui ignorent tout de lui. On disait un théâtre d'intervention. Nous disons nomade. Toujours le théâtre a pris les roulottes, aujourd'hui c'est les RER, c'est pareil. On veut aller partout où on nous demande. Il s'agît là, vraiment, d'un théâtre militant, avec le souci de passer par Part, le trouble de l'art, le tremblement, le vacillement de l'art. On ne va pas aller leur expliquer comment on doit penser et vivre, on va aller les faire trembler de joie, de peur, de désir.

Jean-Michel Rabeux


LA BARBE BLEUE Reprise 2011/2012
Le spectacle sera disponible sur l'ensemble de la saison 2011/2012, pour le plaisir de tous les adultes à partir de 8 ans !


CONTACTS


DIRECTION Jean-Michel Rabeux et Clara Rousseau
PRODUCTION ET ADMINISTRATION Anne-Gaëlle Adreit et Philippe Dubois
                        01 42 46 12 88 / production@rabeux.fr

RELATIONS PUBLIQUES ET DIFFUSIONS DES SPECTACLES Margot Quénéhervé, Marine Ségui et Camille Rondeau
                        01 40 21 36 23 / relationspubliques@rabeux.fr / diffusion@rabeux.fr
TECHNIQUE Jean-Claude Fonkenel et Denis Arlot



Photos du 6 NOV, manifestation sous la pluie...

Ce matin j'écoutais les chiffres, il y a toujours des chiffres à la télé à la radio et en accumulant les chiffres on se trouve comme piégé dessous. Là c'était sur le seuil de pauvreté... quel est-il ? "791 euros mensuels au seuil à 50 % du niveau de vie médian, et de 949 euros mensuels pour le seuil à 60 %".
Pour une famille ?! selon l'observatoire des inégalités/INSEE
"Pour tenir compte de la composition des ménages, on élève ce seuil en fonction du nombre de personnes du foyer (adultes et enfants, l’âge de ces derniers, de plus ou de moins de 14 ans, entrant également en compte). On passe alors du revenu disponible au "niveau de vie" dans le langage de l’Insee. Par exemple, un couple avec deux enfants en bas âge est pauvre si ses ressources ne dépassent pas 1 589 euros ou 1 907 euros selon si l’on considère le seuil à 50 % ou à 60 % du niveau de vie médian."
Et je me suis dis pourquoi ne donnent-ils pas tout simplement en parallèle l'augmentation des riches la baisse de leur fiscalité et en miroir regard ils ont tout de même parlé du chômage des jeunes à 25% soit  1/5






"Les 10 % les moins bien lotis ne perçoivent que 3,7 % de la masse totale des revenus, et les 10 % les mieux lotis en reçoivent un quart...Une répartition particulièrement inégalitaire."

mardi 9 novembre 2010

Genet mis à jour par Moreau et Daho

Jeanne Moreau et Etienne Daho, des voix pour Genet


Le Monde | 06.11.10 | 15h48 • Mis à jour le 06.11.10 | 15h48
http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/11/06/jeanne-moreau-et-etienne-daho-des-voix-pour-genet_1436411_3246.html
"Blanche écarlate, la voix de Genet. Le souvenir d'une voix a une couleur ; celle de Genet avait quelque chose de lumineux et en même temps d'espiègle... Voix travaillée par le tabac, un peu enrouée, presque féminine, mais une voix qui sourit", écrit Tahar Ben Jelloun, dans son dernier ouvrage, Jean Genet, menteur sublime (éd. Gallimard, 208 p., 15 €)

Né le 19 décembre 1910, mort le 15 avril 1986, l'écrivain aurait eu 100 ans cette année. On lui rend donc hommage avec des colloques, lectures, débats... Et Etienne Daho et Jeanne Moreau donnent leurs voix au Condamné à mort, pour un album où elle dit, où il chante, et qui paraît lundi 8 novembre. Ce long poème fut écrit à la centrale de Fresnes en 1942 par Genet, voleur à la sauvette, rebelle mis sous les verrous alors que Laval livre au régime nazi les juifs étrangers de la zone libre. Genet s'était trouvé un frère en Maurice Pilorge, petit voyou guillotiné en 1939 à l'âge de 25 ans, pour avoir assassiné son amant mexicain.

"A la lecture, Le Condamné à mort est comme une musique, parfaite", dit Daho le chanteur pop, à propos de la première oeuvre publiée de Jean Genet. "Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d'Espagne/Arrive dans mes yeux qui seront morts demain" : en 1952, c'est Mouloudji qui lit ces vers amoureux et captifs, publiant un 33-tours où les incandescences pédérastes sont dites sur une musique d'André Almuro.

En 1961, Hélène Martin, chanteuse symbole des cabarets cultivés, s'empare du Condamné à mort, elle chante le passage intitulé Sur mon cou au cabaret Le Petit-Pont : voix limpide, guitare. Hélène Martin a l'habitude d'habiller de mélodies claires les vers de ces "êtres étonnants", dit-elle, Louis Aragon, René Char, Pablo Neruda, Paul Fort, Jules Supervielle... Puis, "tombée dans le poème", la chanteuse rive gauche met l'intégralité du Condamné à mort en musique. Hélène Martin veut l'autorisation de Genet, qui n'est pas en France. Elle le trouve. Il répond : "Ne touchez pas au Condamné à mort, c'est une chose morte."

Le metteur en scène et acteur Roger Blin, qui venait de monter Les Nègres, conseille à la compositrice et interprète de faire passer un disque souple à Genet, qui l'écoute, et change son fusil d'épaule : "Vous avez une voix magnifique. Chantez Le Condamné à mort tant que vous voudrez, où vous voudrez. Je l'ai entendu grâce à vous, il était rayonnant." Hélène Martin a gardé le pneumatique expédié par Genet et a pu l'opposer à la fraction dure de la communauté homosexuelle, qui doutait que Genet le "pédé" ait autorisé une femme à toucher à son ouvrage.

Hélène Martin et Jeanne Moreau ont été profondément liées à Genet, parce qu'elles aiment la subversion. Les mots du Condamné sont crus. Strophe 29 : "Mordille tendrement le paf qui bat ta joue/Baise ma queue enflée, enfonce dans ton cou/Le paquet de ma bite avalé d'un seul coup/Etrangle-toi d'amour, dégorge, et fais ta moue !" Daho a dû dévoiler sa voix.

En 1971, un autre homme, Marc Ogeret, à qui Hélène Martin avait fait enregistrer son Condamné, l'avait abordé sans peur : l'époque était militante. Le chanteur de cabaret, voix chaude, intelligente, (accointances au PCF, aucune carte) était une graine d'anar.

Etienne Daho, symbole de la pop hexagonale apparue à Rennes au début des années 1980, a beaucoup écouté l'album d'Ogeret, mais aussi David Bowie. "Ziggy Stardust" est à New York en 1972, fricote avec la bande de Warhol et compose la chanson The Jean Genie, "un jeu de mots maladroit", une inspiration inconsciente, avouera Bowie, mais que Daho prend pour un hommage à Genet.

En 1997, Hélène Martin invite Daho à chanter sur scène avec elle Sur mon cou, extrait du Condamné à mort, qu'elle a rebâti sous forme d'oratorio en 1984, avec Laurent Terzieff en récitant. Le dandy à la voix légère est, à cette époque, en train d'apprendre à épaissir la gamme des sentiments. Sur mon cou, abrasive, engagée, le débarrasse d'un silence détaché : Daho peut passer ses week-ends ailleurs que dans la légèreté romaine, et pourquoi pas dans ces lieux interlopes qui ont rapproché Jeanne Moreau et Jean Genet.

Octobre 2010 : il pleut des cordes, des paquets de grêlons frappent les stores de l'appartement parisien de Jeanne Moreau, qui donne des entretiens avec son comparse Daho. Sur la table basse, une rose blanche, une variété créée pour elle. On boit du thé et, dans cet exercice imposé, on ne dit rien. Si ce n'est : "Le Condamné à mort est scandaleux, subversif, donc cela me plaît. Je fais ce que je veux, c'est le privilège de l'âge, quand les années passent on veut s'affranchir" (Moreau). "J'ai réaménagé les musiques pour qu'elles nous ressemblent" (Daho).

Le disque, première référence du label créé par Daho, Radical Pop Music, est lumineux. C'est un objet qu'il faut acquérir, avec son beau livret, ses indications précises (essentiellement rédigé par Albert Dichy, spécialiste de Jean Genet). On y saisit le nomadisme et le croisement, les désirs qui font passer de la cellule à la Guyane. Etienne Daho est né à Oran, en Algérie, en 1956. Jean Genet est enterré au Maroc, à Larache. Hélène Martin rêve de mettre en musique Quatre heures à Chatila, court texte écrit en 1983 après les massacres de Sabra et Chatila, à Beyrouth, par un Genet embarqué dans la cause palestinienne après celle des Black Panthers américains.

Jeanne Moreau trouve au Condamné "une sonorité orientale". Elle a rencontré Genet grâce à Florence Malraux et à l'écrivain antifranquiste Juan Goytisolo. "Je jouais alors La Chatte sur un toit brûlant, de Tennessee Williams. Je l'intriguais, nous étions dans la séduction. Tout est érotisé chez Genet, poursuit l'actrice. Je trouve formidable cette féminité dans cette virilité. Il y a quelque chose d'indéfinissable dans ces termes décrivant les attributs sexuels sans détour, mais où la possession est sacralisée."

Le Condamné à mort, de Jeanne Moreau et Etienne Daho. 1 CD Radical Pop Music/Naïve. Concerts à l'Odéon,
http://www.theatre-odeon.fr/fr/la_saison/present_compose_2010_11/centenaire_de_la_naissance_de_jean_genet-p-1976.htm

place de l'Odéon, Paris 6e, Mo Odéon. Tél. : 01-44-85-40-40. Les 23 et 24 novembre, à 21 heures. De 6 € à 40€.

Véronique Mortaigne
Article paru dans l'édition du 07.11.10

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Journal du Dimanche
http://www.lejdd.fr/Culture/Spectacle/Actualite/Etienne-Dahio-et-Jeanne-Moreau-interpretent-un-texte-de-Jean-Genet-231945/?sitemapnews

Le Condamné à mort reprend vie


Etienne Daho interprète le texte de Jean Genet avec Jeanne Moreau en troublante diseuse.

Paru dans leJDD
"Le chanteur et l’actrice, réunis au domicile de Jeanne Moreau. (Gilles Bassignac pour le JDD)

C’est autour d’un thé chez Jeanne Moreau qu’on le trouve. Elle offre de délicieux chocolats, fume cigarette sur cigarette. Etienne Daho, lui, se tient droit dans un coin du sofa, timide mais rieur lorsque sa volubile amie improvise une de ces tirades dont elle a le secret. De sa voix fripée, elle évoque ses nuits blanches avec Jean Genet, ce "roublard" qu’elle a bien connu, cet "aventurier" qu’elle a adoré, et bien sûr ce Paris canaille dont elle se sent toujours fière et fille.

"Je viens d’un milieu où il n’y a pas de bourgeois, de riches ni d’aristos. Je connais le monde, moi! Mais les politiciens, comment voulez-vous qu’ils connaissent les gens?" Au passage, la comédienne rappelle qu’elle a longtemps vécu du côté de Pigalle, dans un deux-pièces "au cinquième étage d’un hôtel de passe dont je connaissais toutes les prostituées, des filles adorables…"

Si elle habite désormais des quartiers plus cossus, Jeanne Moreau s’y sent définitivement étrangère. "Tout ça c’est du monde de droite. Ici je suis la seule locataire. Ne comptez pas sur eux pour venir nous voir à l’Odéon!" Au théâtre de l’Odéon, donc. Jeanne Moreau y tient l’affiche avec Etienne Daho pour interpréter Le Condamné à mort, poème écrit par Jean Genet en prison, en 1942. L’écrivain y narre et magnifie l’édifiant destin de Maurice Pilorge, "assassin de 20 ans" guillotiné à Rennes en 1939. Une œuvre culte, sulfureuse, pétrie par le désir incendiaire de son auteur, semée de "couilles", "membres durs", "queues enflées"… "Des mots qu’il emploie sans vulgarité et cela est très libérateur", note Daho. "Une magnifique sacralisation du sexe, dit Jeanne Moreau. Je défie quiconque d’écrire comme ça aujourd’hui. Il aura du mal à trouver un éditeur…"

"Toute œuvre d’art est indisciplinée"
Dès les années 1960, le dit texte avait tout de même été mis en musique par la pianiste et chanteuse Hélène Martin, et ainsi distingué par l’Académie Charles Cros. S’il renaît aujourd’hui dans la voix d’éternel jeune homme du plus romantique des chanteurs pop français, c’est que ce dernier s’y trouve plus qu’à son aise. Et cela ne date pas d’hier. Dès 1996, à l’époque où il sortait l’un de ses albums les plus sensuels et les plus injustement mésestimés, Eden, Etienne Daho s’était déjà approprié, avec la bienveillance d’Hélène Martin, l’un des plus fameux extraits du Condamné à mort: Sur mon cou. "Viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne/Arrive dans mes yeux qui seront morts demain…"

Aujourd’hui, avec la complicité de Jeanne Moreau et sur des arrangements très épurés, il explore donc le poème tout entier en y alternant chant et lecture, avec spectacle à la clé. Le disque sert aussi de toute première sortie au label qu’il vient de créer, Radical Pop Music. "Pour l’heure, il ne compte qu’un projet, celui-ci, et deux artistes, Jeanne et moi! Mais il nous permet d’être libres, de n’avoir de comptes à rendre à personne." Jamais las de se chercher, bien d’accord avec Jeanne Moreau lorsqu’elle rappelle que "toute œuvre d’art est indisciplinée", Daho insiste sur le fait que, pour lui, chanter Genet est avant tout une façon de "se nourrir d’autre chose et se renouveler".

Le Condamné à mort (sortie du disque le 9 novembre). Sur scène à l’Odéon les 23 et 24 novembre, le 27 au Quartz, à Brest."

Alexis Campion - Le Journal du Dimanche

Samedi 06 Novembre 2010

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Genêt est pour moi, humblement avec mes souvenirs de lectures, paillettes congelées, un poète et un dramaturge sans lequel tout un pan de "mon continent" serait resté aveugle obscur...inodore et asexué.

Certaines mères veulent tuer leurs filles et elles y parviennent et donc pourquoi j'ai tant aimé d'homosexuels parce que presques féminis ou bien plus encore féminins que toutes ces femmes arborant une masculinité barbare qui coupe et réduit en cendres toute herbe sauvage... rien de ce qui vient de toi peut m'intéresser.

Inconsciences à étages, reflets dans miroirs au centuple, comme les portes tout en glaces des anciennes et si laides armoires en pharmacie.... face profil arrière

Les amoureuses les vénéneuses les "émouvantes" de Notre-Dame des Fleurs

Genêt du haut de son Balcon a déclenché les polémiques de tout temps usurpateur ou écrivain ? Il a agit sur le cuir et le cerveau reptilien de notre monde, petit monde littéraire jusqu'à Sartre en passant par Camus.

"Anar" éxilé des communautés homosexuelles y compris, exilé car "embarqué" des causes les plus désespérées : Black Panthers, Palestiniens.....

Condamné prisonnier au trou et n'ayant que ses pêts a offrir à sa jouissance sa conscience....

Immense noirceur de l'hypocrisie de bénitier révélée par un tel Eros toutes scories mises à nu...

Je ne me comprends pas plus moi non plus mais j'écris grâce à des types comme lui.

Personne ne peut s'enfoncer quand il connait le fil des funnambules de l'imaginaire à aimer et sa totale démesure renaissance irrespectueuse... pour ne pas mourir des yeux et de la flamme se tenir des yeux et du désir à jamais c'est cela Monsieur Genêt j'irai bien pour... voir déjà Moreau "la gâteuse rouge"... et Daho "le commercial variété un peu jazz" ... redevenir "indisciplinés" tractés par la machine à broyer à brailler de la poésie Genêt, soit commémorativement, mais la  Grande Moreau des salons de l'Odéon, elle l'a été autrement..."indisciplinée" et lui surement aussi....