lundi 25 octobre 2021

Oedipe au garage


Les  toutes dernières nouvelles 

Nous jouons encore jusqu'à dimanche, 24 octobre 2021 après il sera trop tard 
33, rue du Landy, 92110 Clichy
Du jeudi au samedi à 20h, le dimanche à 17h
Durée : 1h
billetweb.fr

Quelques spectateurs témoignent :

« Un lieu improbable pour revisiter un héros de la mythologie grecque et mettre Sophocle à l'honneur. Il faut de l'ambition pour occuper un garage en voie de démolition et y installer un spectacle déambulatoire qui amène le public d'un décor à un autre et finalement dans ce lieu insolite, décloisonner le théâtre. La compagnie Les Affinités électives {…] parvient à travers cette pièce à lier le mythe, l'enquête policière et l'actualité sanitaire. Bravo ! » (Jean-Marc Mojica)

« Super moment de théâtre fou ! »( Amelie Gonin )

« Fabuleuse expérience artistique. »( Alfred Corchia )

« Très beau spectacle à aller voir dans cet ancien "garage" de Taxis à Clichy, "Œdipe au garage" propose très simplement au spectateur de retrouver sa place au théâtre. » (Vincent Németh)

« Allez-y tant qu’il est encore temps !!! Une expérience pleine de générosité, d’échange et très originale. Catherine Pietri et toute l’équipe sont fantastiques. »  (Zohra Talbi)

«  Ce spectacle est magnifique, courez-y !!!! » (Alain Prioul )

« Spectacle magnifique, à recommander autour de vous. » (Alain Cremieux)

« C’est un spectacle splendide ! Allez-y !!! » (Daniel Martin) 

« Déambulatoire, crépusculaire, bref, drôle et glaçant, le spectacle bénéficie de l’incroyable paysage offert par l’immense temple de métal et de béton où il a été conçu, très ingénieusement transformé par la mise en scène et les différentes scénographies en une Thèbes mentale et intemporelle. Les acteurs sont remarquables et le mythe, limpide et implacable, est délivré comme à nu, débarrassé de bien des complaisances dont on l’a souvent affublé. » (Xavier Maurel)

© photo Sabine Villiard



L’affiche la fête après la dernière mais personne n’a dansé car c’est tellement délicat une dernière pourtant des plus heureuses ; nous comme nous l’avions vue deux -mais non- trois fois toi et moi  quatre ?! J’exagère car la dernière fois c’était COMPLET jauge maxi 40 personnes et j’étais comme frustrée la dernière de m’y être prise trop tard et de ne pas l’avoir la représentation,  non il fallait mieux que le spectacle soit vu par ceux qui n’avaient pas encore trouvée l’occasion de la, Catherine Piétri, de le Frédéric Constant metteur en scène et acteur , de les Raphaël Almosni et Georges Lavaudant (en vidéo) de les voir….

Le décor qui va être démonté…… Scénographie et costumes : Muriel Delamotte & Anne Deschaintres
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J'y suis retournée hier jour de la première pour cette reprise le 30 septembre.

Contrairement à cet été, la nuit est tombée à 20 heures, et donc dans ce lieu les personnages surgissent de la nuit et  les mots du texte résonnent longtemps dans nos oreilles, notre tête jusques aux.... 
Voilà c'était... vous verrez ! c'est toujours différent une deuxième fois, c'est un peu risqué de retourner au théâtre, de ne pas retrouver la même représentation, mais là c'était plus fort, plus engagé. Oedipe Jocaste et ces bergers... en temps de pandémie à Thèbes c'est déjà un peu nous...quelle force que de se connaitre soi-même de vouloir réparer la cité.... ils sont attachants on les comprend......
Pour réviser cette mythologie : Oedipe et pour se dire qu'ils sont peut-être plus proches de nous que les dieux ou les messies qu'on implore qu'on blasphème soit disant d'aujourd'hui;


News nouvelles... du messager de l’éphémère : le théâtre 

Reprise exceptionnelle dans ce lieu incroyable du 30 septembre au 24 octobre 

Œdipe au garage

Bonjour à tous,

C’est reparti, nous allons à nouveau jouer notre spectacle Œdipe au garage à Clichy.

Vous êtes venus le voir et nous vous en remercions encore. 

Alors si le spectacle vous a plus n’hésitez pas à relayer l’information auprès de vos amis, nous serons heureux des les accueillir. 

Toutes les informations sont sur l’affiche en pièce jointe.

Les places étant limitées, il est plus que recommandé de réserver sur 



Au plaisir.

Frédéric






Oedipe au garage expérience Landy -mon post deuxième mouture : je venais de finir au moins une trentaine de lignes suite à cette pièce, adaptée pour ce spectacle limpide, rencontre,  d’après Oedipe roi,  de Sophocle ; au début, je me souviens je remerciais de dieu Apollon pour cette belle journée et vous voyez comme les dieux de cette mythologie m’ont remerciée…. Plus d’article, envolé, quand j’ai voulu rajouter le lien (eh non je n’ai pas sauvegardé une copie avant d’appuyer sur le bouton bleu : Publier)
Bon connaître les mythologies c’est apprendre à démêler le faux du vrai, le mythe de la manipulation le rêve du désir, l’amour de l’amitié, la sincérité du mensonge …
Bon je m’égare digresse alors que Oedipe après sa naissance à été « exposé » ,ils le font « exposer » [ses parents : Laïos et Jocaste] (terme utilisé pour désigner l’abandon à la naissance du nouveau-né, en Grèce antique) sur le mont Cithéron, après lui avoir fait percer les chevilles pour l’accrocher à un arbre : de là lui vient son nom, « Œdipe », « pieds enflés »…..
De plus en plus je me dis en sortant du théâtre, pardon du garage que le temps n’existe pas…. Ce lieu est superbe plus on monte, plus on s’approche de la vérité, plus tout nous échappe….
Et pourtant si l’on veut connaître à Thèbes comme dans ce monde les raisons profondes de cette pandémie, il ne faut pas se fier aux versions qui nous arrangent,  l’œil, l’image, qui sait nous abusent. Tiresias aveugle voit seul la vérité et finit par la révéler à Oedipe.
Pour mieux vous rappeler l’histoire allez !
Courez à Clichy en réservant et après seulement interrogez les liens https://www.espacefrancais.com/sophocle-oedipe-roi/
Les trois acteurs sont prodigieux on les entend longtemps encore après avoir vu, déambulé avec eux, été pris à partie en tant que public, chœur, citoyen.  
Ce n’est pas parce que je les connais et depuis longtemps mais je sais à quel point ils envoient, projettent, c’est à dire articulent, pour qu’on saisisse tous les mots  dans ce lieu immense à l’acoustique si particulière et n’ont pas peur qu’on les suive alors qu’ils traversent tout l’étage dans l’humeur, l’intention de dos, ils savent jouer sans mentir,  leur sincérité les fait passer dans une autre dimension, là encore on a vibré, partagé, applaudi, crié bravo, on aurait aimé comme pour une série les voir encore envisager au moins un rdv à venir pour voir la suite : Oedipe à Colone.
Le seul point que je regrette c’est que je n’ai pas pu les embrasser, rien qu’une fois, après dans l’espace bar qu’ils improvisent à chaque fois après, 2€ la bière, la bouteille d’eau ou le petit verre de vin….  Je n’ai pas pris la photo des éléments de décor principaux c’est bien de les découvrir totalement. 
Vous serez de plus en plus curieux au fur et à mesure des sommets atteints. 
Ah oui je disais aussi qu’on aurait pu emmener les enfants 11/13 ans. La mythologie grecque, les mythologies  ne leur sont pas étrangères et après, on aurait parlé encore et encore……pour que cela ne s’arrête jamais……


Œdipe au garage


D’après Sophocle
Adaptation : Catherine Pietri & Frédéric Constant
Mise en scène : Frédéric Constant

Du 10 Juin au 4 Juillet


Avec :

Raphaël Almosni, Frédéric Constant,

Catherine Pietri

et la participation de:

Georges Lavaudant

Scénographie et costumes : Muriel Delamotte & Anne Deschaintres

Création lumière : Jérôme Allart

Création son : Christine Moreau

Création vidéo : Guillaume Junot

Régie générale : Benoît André

Attachée d’administration :Dominique Clermont

Production :

Les Affinités Electives

Du 10 Juin au 4 Juillet

Action financée par la Région Ile-de-France

Un bâtiment mis à disposition par Novaxia



 Dans le lieu l’autel d’Apollon 33 rue du Landy à Clichy sous bois. 



Une jeune femme avec qui bien-sûr nous avons aussi discuté et qui s’apprête à Nanterre de faire des études pour faire de la mise en scène, quelle idiote je fais, j’aurais du lui demander son nom, mais je n’ai pas osé, me suis sentie comme « une personne âgée » tout à coup….



Quelle exactitude dans le récit l’imprégnation la rencontre de ces comédiens sublimés. Comme c’est juste cela rencontrer des drames trop grands pour nous et devenir un non vivant un débile une marionnette coupable et coincée seule tellement seule .


Tiens je vous le recopie c'est ce que Anne Guyot a écrit sur FB pour le spectacle d'Oedipe après l'avoir vu avec nous, c’est-à-dire le même jour à la même représentation. 

« Et si on allait au garage? Un intérêt particulier pour l'automobile? Un rendez-vous clandestin? Ou un besoin urgent d'une petite réparation du véhicule, contrôle technique? NON, rien de tout cela c'est juste là où l'on peut rencontrer Oedipe.
Une expérience inouïe, exaltante, troublante agaçante parfois, émouvante surtout, une vraie richesse théâtrale. Vous allez penser bla bla bla qu'est ce que c'est que ce texte"Oedipe au garage". Non, nous sommes dans un garage et c'est bien le texte de Sophocle (avec des coupes). Et là pour ma première ressortie au théâtre, j'ai été séduite complétement, le corps et l’esprit. D'abord le lieu: un garage sublime en voie de destruction; ensuite des décors plantés le long de notre chemin cheminement vers Oedipe et vers la vérité, ensuite des personnages ou des personnes ou des comédiens. on ne sait plus car on passe de l'un à l'autre avec une telle facilité qu'on oublie que l'on ne fait pas partie de la pièce. mais puisque l'on s'adresse à nous, ne sommes nous pas finalement le peuple? Bravo, à tous ceux là et les autres qui nous guident aussi dans ce labyrinthe antique. Enfin, le texte ou d'abord je ne sais plus que l'on semble connaitre depuis l'origine et qui nous est révélé à nouveau dans l'unique et l'universel...Enfin je vous invite à tenter cette expérience que l'on peut faire, accompagné avec des enfants moyens (on dit ados). »
Voilà le lien

Via Aleksander Edelman 
"Œdipe au garage" toujours à Clichy. N'attendez pas le documentaire sur "l'expérience Landy " et Œdipe au garage pour voir le spectacle. Allez voir cette expérience unique en France et ailleurs.




Voilà le lien 

“Du sublime du mystère offert par une déambulation absolument unique “ par Mediapart

Les blogs de Mediapart


Illusions perdues

Vu au Gaumont Convention…. Ce n’était pas trop plein dans la grande salle : sur FB et mon blog.     En avant pour Illusions Perdues,
à tous les faux amis qui nous font espérer alors que vous n’êtes pas de leur monde, alors qu’il fallait tout simplement nous apprendre à vivre… 
Très beau film mais ce n’est ni Scorsese, ni Visconti, il y a beaucoup plus de musiques et d’animaux symboles et prisonniers singes, canards, pigeons domestiques comme nous tous…… Xavier Dolan est de la plus fine élégance au monde et il sait être méchant pour le meilleur, quel bel ennemi ! Depardieu est géant magistral et les deux jeunes héros Benjamin Voisin et Vincent Lacoste et aussi Jean-François Mishka Stévenin (son dernier rôle : chef d’orchestre de la claque au théâtre envoyant des roses ou des boules de papiers aux têtes des acteurs, foule huante ou applaudissant et Louis Do et Cécile et Jeanne …..




Pour les purs ou les puristes ? 
Je vous mets les liens comme des petits cailloux blancs du descriptif du roman de Balzac 

Je vous dirais aussi que le réalisateur a supprimé un personnage pour en mettre un autre, pièce composite du puzzle humain : Nathan interprété par Xavier Dolan.  


dimanche 24 octobre 2021

Kelly Reichardt, un autre cinéma,

« L’oiseau le nid, l’araignée la toile, l’homme l’amitié »
William Blake
Une phrase un vers qui me parle tant.

*Oui je sais j’aurais du le voir au cinéma car sur grand écran la nature très belle comme la forêt américaine une vache et l’amitié doivent trembler vibrer en nous….,
Sur Première un récit très juste de la vision sur petit écran, de ce film éclairé tout en lumière naturelle ou presque, ca change ! 

First Cow sur MUBI : un film tout simplement magnifique [critique]
le 09/07/2021 à 09:39 par Thomas Baurez Un long navire marchand traverse le cadre horizontalement avant de s’éclipser. La caméra n’a pas bougé. Puis c’est un chien que l’on voit s’agiter au milieu des herbes hautes. Des oiseaux piaillent, des bruits de moteur résonnent faiblement dans le lointain. Une femme creuse bientôt la terre révélant deux squelettes humains intacts, qui semblent avoir été dérangés en pleine sieste par ce dévoilement soudain. La femme lève la tête, comme si une réponse pouvait venir des cieux. C’est pourtant bien là, à hauteur de ce sol en friche, depuis cette terre abandonnée, que viendra la réponse.

Un gros plan nous montre maintenant des mains qui arrachent délicatement des champignons. Tout est pareil. Tout est différent. Possiblement au même endroit mais plus à la même époque. Nous sommes, on le devine bientôt, dans l’Amérique des pionniers, quelque deux cents ans plus tôt. Kelly Reichardt croit suffisamment à la délicatesse et la puissance expressive de son art pour opérer ce genre de voyages spatio-temporels sans avoir besoin d’envoyer des signaux de reconnaissance. Tout s’enchaîne avec une douceur paradoxale. On se demande quand cette limpidité dans l’exécution sera brisée, révélant peut-être une faille.

Voilà maintenant une bande d’aventuriers qui attend sa pitance en mettant la pression à l’un d’entre eux, Cookie, le cuistot (John Magaro), en charge de régaler la troupe avec les moyens du bord. C’est en sondant chaque centimètre de terrain pour voir ce qu’il a à offrir, que ce dernier va croiser King Lu, un immigrant chinois en fuite (Orion Lee). Ainsi débute First Cow, dans une sorte de torpeur relative où une nature caressée par la main de l’homme révèle des secrets. Les ossements oubliés font corps à nouveau. Le film de Kelly Reichardt, inspiré du roman The Half-Life de Jonathan Raymond, va retracer, on s’en doute, un morceau de leur histoire

NOUVEAU MONDE 

First Cow est le deuxième western de Kelly Reichardt après La Dernière Piste en 2011. Mais là où le précédent racontait un périple, First Cow embrasse un périmètre volontairement restreint, une clairière non loin d’un village dont on ne verra que les maigres fondations. De ce territoire à peine civilisé doit naître un nouveau monde. Cookie et King Lu sont devenus des compagnons de fortune. L’un a le savoir-faire, l’autre, de la suite dans les idées. Ils se lancent dans le commerce de petits beignets fabriqués avec le lait de la première et seule vache du coin. Toutes les nuits, les deux hommes, tels des Sisyphe miniatures, volent le lait du ruminant docile à l’insu de son riche propriétaire qui s’avère être, le jour venu, leur meilleur client (Toby Jones, excellent). Cette économie de bout de ficelles – libérale avant l’heure – dessine les fondements volontiers absurdes d’un pays qui s’apprête pourtant à être le phare du monde (c’est la fonction mythologique du western). Le film dessine dès lors une sorte de boucle, de routine, où le running gag a les apparences d’une logique fragile. Cette entreprise basée sur la dissimulation et la tromperie va bien finir par céder. Là où l’homme marchande, la nature muette se défend.

AMITIÉ

Kelly Reichardt dédicace son film au cinéaste expérimental américain Peter Hutton décédé en 2016, connu pour ses portraits en plans fixes et silencieux de paysages, "humbles et stupéfiants" pour reprendre les mots d’un critique américain. La cinéaste y a puisé une façon tout aussi apaisée d’appréhender l’espace, où la présence des corps en son sein ferait presque tache. La nature, on le sait d’emblée, sera bientôt un linceul. Et Cookie et King Lu, nos deux compagnons devenus dormeurs du val, auront préalablement répondu le mieux possible à l’appel d’un vers de William Blake que Kelly Reichardt a pris soin de mettre en exergue de son film : "À l’oiseau le nid, à l’araignée la toile, à l’homme, l’amitié." First Cow est un film tout simplement magnifique.

First Cow de Kelly Reichardt - Avec John Magaro, Orion Lee, Toby Jones... - Durée 2 h 02 - Disponible depuis le 9 juillet sur MUBI, au cinéma le 27 octobre 2021.


Via Viviane Perelmuter et Isabelle Ingold cinéastes photographes singulières er amies de cœur 

Discussion hier entre Kelly Reichardt et Joachim Lafosse au Centre Pompidou après la projection de NIGHT MOVES.
Tout de suite, Joachim, avec une simplicité toute belge, propose à Kelly de s’assoir sur l’estrade plutôt que de rester debout. C’était une chouette idée car la discussion est devenue plus confortable mais surtout plus intime (il me semble qu’on porte moins la voix quand on est assis-e que debout). Pas mal de gens avaient quitté la salle (horaire trop tardif pour ceux et celles qui habitent en banlieue ?) donc nous qui étions resté-e-s avions très envie d’entendre Kelly Reichardt. Et le plus chouette, c’est que Joachim Lafosse aussi !!  Il l’avait dit au moment d’introduire le film : il ne la connaissait pas, il était impressionné de la rencontrer. 
Et vraiment ce n’était pas des mots en l’air, pas une posture. Il n’était pas venu pour parler de lui mais il était sincèrement curieux de connaitre les méthodes de travail de Kelly. Jamais, à aucun moment il n’a ramené à lui, à son propre travail (c'était même plutôt Kelly qui lui disait: "Toi aussi peut-être dans ton travail..."). Et donc, tranquillement, Joachim passe en revue tout le travail de la réalisatrice : le scénario, les repérages (dés l’écriture avec le co-scénariste/écrivain, le chef op, le(s) producteur(s) aussi), le rapport au producteur (à quel moment Kelly leur parle du projet), le casting des rôles principaux, le casting des seconds rôles (sur place ou d’ailleurs), les lectures en amont avec les acteurs, le découpage (avec le chef op?), le montage, le montage son. Il m’a semblé que rapidement Kelly Reichardt a compris que Joachim ne lâcherait rien, pas une étape, pas un moment (et là, sans doute a-t-elle été soulagée rétrospectivement de ne pas être restée debout !!)
Il y avait dans toutes les questions de Joachim Lafosse un fil rouge: celui de la collaboration, de l’apport des techniciens et acteurs/actrices dans le travail de Kelly Reichardt. Et au fil des réponses se dessinait une évidence : Kelly travaille dans la durée avec les mêmes scénaristes, les mêmes producteurs, le même chef opérateur (on aurait pu dire actrice aussi en pensant à Michelle Williams) et s’il y a un dialogue qui passe par des échanges de textes, de tableaux, de musiques que Kelly Reichardt collecte pendant la préparation d’un film et dont elle les nourri et sur lesquels ils réagissent, c’est elle qui décide de tout : l’apport du chef op au moment du découpage ? Réponse de Kelly Reichardt : « si c’était lui qui décidait de la place de la caméra, ce serait son film ». L’actrice principale improvise-t-elle parfois ? Pas du tout, à aucun moment même. La collaboration sur le montage son avec l’assistant image (dont Kelly venait de dire qu’il faisait aussi du son) ? "Collaboration ? " (elle fait une moue qui fait comprendre que le mot n'est pas juste). Il remplace simplement les sons que Kelly a placés la veille sur la timeline par de meilleurs sons pris dans les sons seuls. 
Alors merci Joachim de nous avoir permis de comprendre cela avec force.
(Soit dit en passant : Dommage que le traducteur s’obstinait à traduire « dam » par « marais » au lieu de « barrage ».  Une fois, deux fois, trois fois. Visiblement, il n’avait pas vu le film !!)
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Frank Beauvais est un fin connaisseur du travail de Kelly Reichardt et nous raconte dès l’introduction de Old Joy hier soir au Centre Pompidou que, travaillant à Arte, il avait reçu une cassette VHS (old timer va !!) de Ode sur son bureau et découvre ainsi Kelly Reichardt. Depuis, il suit assidûment son travail et dit, avec un sourire presque enfantin, combien il envie ceux/celles qui ce soir vont découvrir Old Joy pour la première fois. Il est heureux pour eux/elles, une joie par procuration en quelque sorte et on le comprend (New Joy / Old Joy). 

Après la projection, vient le moment attendu du débat. Et là, en une question de Frank, Kelly Reichardt voit à qui elle a à faire. Ce qui frappe chez Frank, c’est que, fort d’une cinéphile de ouf (encyclopédique et hétéroclite), scrutateur assidu des génériques, il veut tout savoir des liens, des connections souterraines, des réseaux, des passages entre un univers et l’autre (de la musique au cinéma, de la pensée de Howard Zinn au cinéma de Kelly Reichardt). J’imagine dans sa tête une toile immense, complexe et enchevêtrée qui se tisse, étend ses ramifications ou se défait par endroits au fur et à mesure des confirmations (ou infirmations) de Kelly Reichardt. Elle est là, en personne et peut répondre à toutes ses questions. Nous qui sommes là, écoutons religieusement, fasciné-e-s de tant d'érudition. 

Dans cette conversation, j’attrape ce qui moi m’intéresse, cette phrase de Kelly Reichardt (toujours magnifiquement traduite par Massoumeh Lahidji) qui parle à propos de Old Joy de cette sorte de «concurrence entre gens de gauche pour celui qui serait le plus cool» et je fais le lien avec ce que Kelly Reichardt avait dit lors du débat de Night Moves à propos de la réception du film aux Etats Unis. Kelly avait raconté que Night Moves avait été critiqué par les écologistes de Greenpeace pour ce portrait d’un activiste écologique qui fini mal. 
Et dans Old Joy, il y a notamment ces longs moments de radio au début du film que Kelly Reichardt a ajouté au montage (clairement et d’ailleurs, elle ne s’en cache pas et ne les joue pas "au plan" comme on dit). Elle les a donc consciencieusement choisi ces moments de radio et on y entend à propos des Démocrates : « Ils ne vont pas vers le peuple. Il ne suffit pas de taper à la porte, il faut frapper fort !! Et l’âne démocrate qui boit son thé en se demandant : « Est-ce que je me lève pour ouvrir la porte ? » »
Savoir si Kelly Reichardt est de gauche n’est pas la question (il me semble que l’affaire est entendue) mais, tout comme pour les écologistes radicaux de Night Move, ici, dans Old Joy, parlant cette fois des citadins de gauche de l’Oregon, elle passe le kärcher, enlève le verni et montre ce qu’il reste !
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De la master class hier de Kelly Reichardt, il ne restera rien sur la chaine YT (qui l’a diffusée en direct). Donc il ne restera que les traces dans la mémoire de celles/ceux qui étaient présent-e-s hier en ligne ou en vrai dans la petite salle du Centre Pompidou. C’était donc un moment, juste un moment. 

De moment justement, il a beaucoup été question dans la discussion. « Working the moment » (Travailler sur le moment / Filmer le moment), filmer ce qui se passe.
Chez les étudiant.e.s de La Sorbonne puis de La Fémis à qui Judith Revault d'Allonnes a généreusement donné la plus belle place (celle de poser des questions), on carbure pour les grandes idées et les grands thèmes (les « mythologies américaines », « versions réactualisées du rêve américain », « l’origine du capitalisme »).  Mais Kelly Reichardt ne sait que dire ("I used to have a solid answer" sous entendu "I don't have any more"). Comment en effet, prendre ces questions qui sont à la fois des compliments mais qui l’embarrassent car viscéralement Kelly Reichardt refuse les grands mots. 

Même si bien sûr, elle le dit : un film est toujours ancré dans l’époque dans laquelle il est né. "La dernière piste" a été filmé à l’époque où Bush emmène toute l’Amérique dans le désert d’Irak comme Stephen Meek emmène la caravane des pionniers dans le désert sans savoir lui-même où il va. Mais il faut remettre les grandes idées (the Wildness pour Old Joy, la conquête de l’Ouest pour La dernière piste, le rêve américain pour Wendy and Lucy) à leur juste place : celle d’un background, d’un arrière-plan, d’un décor pour filmer ce qui se passe, le moment et espérer qu’elles reviennent dans le film (espérer par exemple pour Old Joy, que la nature revienne). Mais c’est l’instant qu’on filme. Dans Night Move, c’est l’histoire, dans Old Joy c’est le trajet des deux personnages.
Et Kelly Reichardt de conclure par cette phrase inouïe : mes films sont des films de personnages, ce ne sont pas des films politiques.

Il y avait dans cette soirée, ce face à face saisissant entre deux générations : la jeune génération des étudiant.e.s plein.e.s d’enthousiasme et surtout rêvant encore cette Amérique des grands idéaux, et puis Kelly Reichardt qui ramène des images de l’Amérique d’aujourd’hui (pas rêvée mais réelle cette fois) : celle des tentes de SDF à New York, celle de ce chauffeur de taxi qui travaille 70h par semaine sans pouvoir se loger convenablement ni avoir une couverture sociale. « Quel rêve américain ? C’est dépassé !! Ces gens-là, j’aimerais bien savoir ce qu’ils pensent du rêve américain !! Je suis de la première génération qui n’a pas fait mieux que ses parents, pour qui l’ascenseur social n’a pas fonctionné et quand je vois mes étudiant.e.s (même si je leurs souhaite de faire des films) je me dis : de quoi vont-ils vivre ?!! »

Quelle belle idée Judith Revault d'Allonnes d’avoir imaginé cette rencontre entre Kelly Reichardt et ces jeunes cinéastes en herbe et ainsi, de nous donner à voir une forme de perspective temporelle. Car dans l'écart entre ces étudiants et la cinéaste confirmée se lisait quelque chose du chemin parcouru entre River of Grass et les films suivants: lâcher les grandes idées. Kelly Reichardt a dit justement (pendant la master class) à propos de River of Grass qu’aujourd’hui elle voit les références à d’autres cinéastes qui suintent à chaque scène. Et quand un extrait de ce premier long métrage passe dans la salle, Kelly Reichardt fait comme toutes celles et ceux qui sont sur l'estrade : elle se retourne vers l’écran qui est littéralement derrière elle et, dans cette torsion du corps, la position est mal aisée, inconfortable. Se retourner sur le passé, voir les travers d’un film ancien, d’un premier film, c’est pénible et elle le dit « cette voix off, c’est tout ce que je dis à mes étudiants de ne pas faire : quand la voix dit où on en est dans l’histoire ». Et puis elle ajoute : "mais ce mouvement de caméra, c'est pas mal". Le geste plutôt que le mot. Oui, le geste plutôt que le mot !

lundi 18 octobre 2021

Drive my car film de RYUSUKE HAMAGUCHI

Et maintenant Drive my car c’est plein pour le Chaplin St Lambert
Comme c’est inouï ce film. Pascal on part tous au Japon. Le chagrin rend fou au fond de soi. Mais mais on va être capable de vivre…..

Encore une plateforme Muni mais des plus « cinema de tous horizons. 

Je suis certaine que je pourrais y revoir bientôt « Drive my car » un film sur le théâtre et le profond de chaque être, avec son Incroyable incommunicable sur la culpabilité, sur les sentiments mélangés à l’égard des très proches, des seuls amours à notre portée : le théâtre par exemple, Oncle Vania de Tchekhov, on y voit le long travail à la table avec une sourde muette c’est à dire utilisant la langue des signes comme moyen de communiquer. Ce film est fascinant les acteurs n’y sont ni étrangers ni protégés de la vie ; la majeure partie de ce film se passe à Hiroshima. Chaque être humain, le long de sa vie est marqué par des drames qui les mettent en survie et  proche de sauter dans le vide de la folie extra-ordinaire. Les acteurs japonais sont marquants on n’oublie aucun de leurs traits de visage qui ne semblent pas bouger et à la fin, ils sont de-graphés et pleurent…

https://www.studiocine.com/fiche-film/drive-my-car.html lisez bien cette critique n’ayez pas peur de la longueur du film vous y apprendrez des choses…..vous sortirez du temps et vous n’en aurez pas assez….j’avais envie d’applaudir en sortant.

Le réalisateur est aussi acteur. 

MetooTheatre, Jeanne Balibar - Céleste Brunnquel


Voilà !!! 

Oui car c’est exactement ce que j’en pense et même si comme toutes les femmes… pardon la plupart des femmes j’ai subi des violences abus attouchements soit disant parce qu’on était avec des adultes libérés en qui on pouvait avoir confiance  et après entre adultes libérés et consentants. Moi aussi j’ai souffert de ne pouvoir rien dire… ceci dit je n’ai jamais trouvé qu’il y en avait plus dans la vie intime que dans la vie au bureau que dans le théâtre… 
Je suis abonnée à Télérama et décide de nécessité publique d’éditer cet article 


#MeTooTheatre, Jeanne Balibar témoigne : “On me disait ‘c’est comme ça avec toutes les actrices’”

Après le cinéma, l’édition ou la musique émerge enfin un #MeToo dans le théâtre. L’actrice et comédienne, qui avait déjà raconté à “Télérama” avoir été victime de harcèlement au début de sa carrière, livre un propos éclairant sur ce mouvement et les spécificités de la scène.

Trente ans de métier, à parts égales, dans les deux milieux du théâtre et du cinéma. Depuis ses débuts en 1993 comme très jeune pensionnaire de la Comédie-Française jusqu’à sa récente et magnifique prestation dans Bajazet, la tragédie de Racine mise en scène par l’Allemand Frank Castorf, Jeanne Balibar ne cesse d’illuminer les scènes. Celle qui a aussi magnifiquement incarné Barbara dans le film de Mathieu Amalric et fut « césarisée » pour ce rôle en 2018 est aujourd’hui en plein tournage, à Paris, d’une série réalisée par Olivier Assayas pour la chaîne américaine HBO. Elle a pris le temps de se confier longuement sur le mouvement #MeTooTheatre, qui a fait irruption ces jours derniers sur les réseaux sociaux, quatre années après avoir explosé dans le monde du cinéma. Elle explique la nécessité de ces initiatives et revient sur les étapes difficiles qui ont quelquefois jalonné sa carrière.



Vous sentez-vous solidaire du mouvement #MeTooTheatre ?
Non seulement solidaire mais aussi très reconnaissante ! Depuis le mouvement #MeToo au cinéma, comme beaucoup d’actrices de ma génération, je ressens une grande gratitude à l’égard des jeunes femmes qui ont mis toutes ces questions sur la place publique. Cela nous a toutes aidées à comprendre ce qui nous était parfois arrivé. À le mettre en mots, à le réfléchir, à le décrypter – à retirer de la « crypte » un certain nombre de souvenirs plus ou moins refoulés dans lesquels on avait quelquefois enfermé toutes ces violences. Mes propres débuts au théâtre, de ce point de vue, ont été catastrophiques.

#MeTooTheatre dénonce l’omerta qui a régné jusque-là : le mot est-il approprié ?
Ce mot n’est pas trop fort. Il ne vaut pas seulement pour les harcèlements sexuels ou moraux mais pour toutes les maltraitances liées aux hiérarchies de pouvoir s’exerçant sur un plateau. Nous sommes de temps à autre témoins de comportements qui terrorisent tout le monde. Très peu d’entre nous sont en position de les dénoncer, car nous craignons de ne plus travailler. Par ailleurs, ces révélations sur les réseaux sociaux, en occupant l’espace médiatique, ne doivent pas servir d’alibi au ministère de la Culture pour ne pas étudier de près la place des femmes dans nos métiers.

“Il faut protéger les femmes sans pour autant transformer l’art de la représentation en simple exécution d’un cahier des charges réglementé.”


À quoi pensez-vous en particulier ?

Y a-t-il réellement une invisibilisation progressive des femmes sur les plateaux ? À partir de quel âge ? Quelles sont leurs responsabilités dans l’institution théâtrale ? Comment sont-elles traitées quand elles en partent ? Je pense précisément au cas de Julie Brochen, metteuse en scène renvoyée de la direction du Théâtre national de Strasbourg en 2014, alors qu’elle était, après la nomination de Muriel Mayette à la Comédie-Française, la deuxième femme à diriger l’un des cinq théâtres nationaux. À ce moment-là, le pouvoir politique n’a eu aucun problème à congédier brutalement une femme. On l’accuse d’avoir laissé le théâtre dans le rouge, fait dont elle a été blanchie ensuite par un rapport de la Cour des comptes. Sa subvention pour avoir « servi » dans un théâtre national a été réduite d’un tiers par rapport à celle de ses prédécesseurs. Cela a été un énorme traumatisme pour nous toutes, pas seulement pour moi, qui ai beaucoup travaillé avec elle…

Quelle différence entre les mouvements #MeToo des arts du spectacle et ceux du reste de la société ?
Notre art consiste à nous dénuder. De nombreux penseurs l’ont théorisé, Artaud par exemple : au théâtre et au cinéma, on révèle son « intérieur » : ses humeurs – au sens physique et médiéval comme au sens psychologique du terme. La représentation, grâce au jeu d’acteurs et d’actrices, doit pouvoir laisser déferler la sexualité, le désir, l’obscénité. Car si l’on n’est plus dans un contexte où nous pouvons faire apparaître Priape, les Érinyes ou Dionysos et une certaine ivresse, alors on n’est plus dans la fonction anthropologique qui est la nôtre : montrer l’humanité dans ses débordements. Telle est l’énorme difficulté : il faut protéger les femmes sans pour autant transformer l’art de la représentation en bréviaire, ou en simple exécution d’un cahier des charges réglementé. Ne l’oublions-pas non plus, le théâtre exprime tous les sentiments et parle d’amour. Lui aussi est ambivalent : idéal, salvateur, consolateur, comme dévorateur, castrateur et destructeur. Alors comment travailler dans et avec l’excès ? À toutes ces questions très épineuses, il n’y a pas de réponses simples.

Vous évoquez des débuts catastrophiques : quelles violences avez-vous subies ?
Je n’en fais pas mystère, j’en ai d’ailleurs parlé lors d’un précédent entretien avec Télérama,quelques mois avant #MeTooCinéma. J’entre, en 1992, au Conservatoire de Paris pour y faire ma première année. À l’époque je vis avec Éric Ruf depuis déjà deux ans. On y a été reçus en même temps avec le nombre de voix maximum tous les deux. Au bout de trois mois, Catherine Hiegel, professeure, et Marcel Bozonnet, directeur, conseillent à Jacques Lassalle, alors administrateur de la Comédie-Française, de nous engager directement. J’ai rendez-vous avec lui. Il ne me parle que de mon père, philosophe. Une manière d’instiller tout de suite le doute sur les raisons pour lesquelles il m’engage. Pendant toute la durée du travail sur Dom Juan, présenté l’été suivant dans la Cour d’honneur d’Avignon, où je jouais le rôle d’Elvire, il a exercé à mon égard un harcèlement moral insoutenable. Répétant à l’envi que j’étais « nulle », qu’il n’y avait rien à faire pour que je sorte quelque chose de valable. À toutes les séances. À tel point qu’Éric, également dans la distribution, et Olivier Dautrey, autre acteur de ma génération, ont décidé d’assister à toutes mes répétitions, dans l’espoir que cela me protégerait de cette violence. Roland Bertin, acteur phare distribué dans Sganarelle, essayait lui aussi de jouer les pare-feux, sans succès.

Ces maltraitances n’étaient pas ouvertement sexuelles de la part de ce vieux monsieur sur la toute jeune femme de 23 ans que j’étais, mais enfin, c’était des insultes et des humiliations constantes. Des choses qui m’empêchaient de travailler, tellement j’étais apeurée… Et pour compléter ce joyeux tableau, Andrzej Seweryn, qui tenait le rôle de Dom Juan, me cognait vraiment dans la première scène une fois sur dix, au lieu de faire semblant. La situation de l’actrice confrontée à un acteur qui « oublie » de se maîtriser dans les scènes de bagarre est assez répandue.

“Voir des abus sans en être soi-même directement victime est très violent, cela doit être dit.”

Cette violence du metteur en scène semblait instituée, alors ?
Oui ! Dans la maison, on me disait régulièrement : « Ne le prends pas personnellement, c’est comme ça avec toutes les actrices qui ont le premier rôle. »

Après cette expérience désastreuse, avez-vous été confrontée à d’autres abus ?
Désastreuse, mais pourtant extraordinaire quand même sous bien des aspects… Tout de suite après ce Dom Juan, j’ai fait une autre expérience traumatisante, lors d’un tournage au cinéma : être témoin d’une situation identique, entre une femme réalisatrice cette fois et un vieil acteur. Elle l’insultait sans cesse. Pendant deux mois, je me suis sentie salie d’être ainsi complice à force de ne rien dire. Voir des abus sans en être soi-même directement victime est très violent, cela doit être dit. Comme il faut souligner que les comportements inacceptables ne sont pas l’apanage exclusif des hommes.

En tant qu’artiste de la scène, comment gardez-vous votre intégrité ?
La confiance en soi est la meilleure barrière. Par exemple, si un metteur en scène me dit aujourd’hui « t’es nulle », je saurai répondre : « Il ne fallait pas m’engager. » Mais quand c’est leur premier ou deuxième engagement, les débutantes n’ont pas beaucoup de points où s’appuyer pour réfuter l’argument et se rassurer.

Digérer l’expérience Elvire a été long ?
Un jour, j’ai fini par me rebeller, avant la reprise à la Comédie-Française. Le jour de la dernière répétition, tous les photographes étaient là, salle Richelieu. Et il a balancé dans son micro : « Mademoiselle Balibar, jouer la comédie ne consiste pas à poser pour des photos ! » Or j’avais fini par réussir à préserver mon plaisir de jouer, celui dont la comédienne Madeleine Marion – la grande pédagogue du Conservatoire – m’avait fait découvrir l’étendue et la puissance. C’était ça mon socle inentamable de confiance en moi ! Après sa phrase odieuse, j’ai hurlé qu’il était un connard, qu’il devait arrêter de me faire chier. C’était retransmis sur tous les écrans dans les loges, à la cantine, parmi tous les services. Les techniciens sont venus me dire : « Bravo, t’as bien fait ! » Tout cela s’est passé dans l’enceinte de la Comédie-Française : il ne me serait jamais venu à l’idée de le divulguer à l’extérieur.

Les troupes peuvent-elles avoir un effet régulateur ?
Peut-être dans les collectifs éphémères, parce que les troupes où l’on reste des années ensemble sont des marmites à névrose, donc pas très protectrices des femmes. Cela dit, elles sont de formidables outils et produisent des œuvres de grande qualité. Que ce soit celle d’Ariane Mnouchkine ou d’Ingmar Bergman ou de la cinéaste Josée Dayan, qui a constitué une famille de complices dans un système où ça n’existe pas d’habitude.

“La séduction est en jeu à chaque seconde. Sur un plateau de théâtre comme sur un plateau de cinéma.”

En Allemagne, les choses se jouent-elles autrement ?
En Allemagne, je ne connais que le travail avec le metteur en scène Frank Castorf. Je suis partie à la Volksbühne de Berlin, qu’il dirigeait alors, pour jouer dans son adaptation de La Cousine Bette, de Balzac. C’était il y a huit ans et nous sommes tombés amoureux. Depuis, nous avons fait dix spectacles ensemble. Dans son cas à lui, s’il est un artiste attentif à représenter sur scène l’hypersexualisation des rapports sociaux, dans sa pratique de metteur en scène ou de directeur de théâtre, il est en revanche totalement irréprochable. Pour la simple raison que la stratégie de séduction qu’il a adoptée dans l’existence n’est pas celle du prédateur. Il attend qu’on vienne à lui. C’est d’ailleurs moi qui l’ai dragué

À chaque seconde. Sur un plateau de théâtre comme sur un plateau de cinéma. La culture patriarcale a proposé aux hommes un modèle de prédation en leur mettant dans la tête que c’était séduisant d’être l’homme qui prend les femmes. Il faut travailler là-dessus, même si ça va être difficile de se débarrasser du marquis de Sade. Et de toute une culture érotique. Car on ne peut pas vivre dans une société du XXIe siècle qui à la fois désenclave la pornographie et l’intègre à tous les arts picturaux, et en même temps l’interdit aux arts du spectacle. Cela signifierait que le théâtre et le cinéma seraient les seuls arts à ne pas utiliser des formes qui ont été travaillées pendant des siècles. Il faut que ce soit possible de me demander à moi, la comédienne, de jouer en scène avec un stéréotype fétichiste. De quelle nature sera ce geste ? Je ne suis pas sûre de le savoir moi-même. Est-ce possible d’être au clair avec tout ça, quand il s’agit de travailler en laissant parler l’inconscient ? La seule chose dont je serai certaine c’est de mon envie de le faire ou pas. La limite est celle-ci : ça doit pouvoir être proposé, et ça doit pouvoir être refusé.

Pourquoi le mouvement #MeTooTheatre n’arrive-t-il que maintenant, longtemps après celui du cinéma ?
Aucune idée, car je ne vois pas en quoi, sur ce sujet, les deux milieux peuvent se différencier. Une chose me frappe cependant : la concomitance de ces « MeTooSpectacle » avec la levée du secret sur les abus commis au sein de l’Église catholique. Ce n’est pas un hasard, car le théâtre comme le cinéma sont des arts de la représentation du monde par le jeu dont les deux grosses matrices sont la Grèce antique d’un côté et la liturgie catholique de l’autre. Il y a une fonction dionysiaque dans le théâtre et le cinéma mais on y trouve aussi une fonction ecclésiale. On va à une sorte de messe quand on entre au théâtre et au cinéma. Les comédiens en sont les officiants et les metteurs en scène, peut-être les évêques. La prochaine étape de cette prise de conscience est de comprendre combien les arts du spectacle d’un côté, et l’éducation de l’autre – de l’école à l’université –, sont des avatars de l’Église catholique. À eux trois, ces piliers de la culture occidentale sacralisent chacun à leur manière des histoires, des axiomes moraux, des vertus, tout un corpus de textes et de pensées à partir desquels on essaye de se connaître et de se rêver soi-même. Le théâtre, en cherchant à être populaire, ne s’est-il pas donné pour mission de transmettre la bonne parole littéraire ? Cette comparaison n’est qu’une intuition de ma part,mais il me semble qu’elle pourrait être féconde.

Je reçois Télérama toutes les semaines je lis plus les critiques sur internet que dans le journal mais les articles à la une ou en exergue sont souvent très intéressants sur l’apprentissage de l’art du théâtre  il y a diverses formations ou pas, et expériences….








mercredi 13 octobre 2021

Un sentiment de vie

Hier soir, représentation du mardi 12 octobre d’un sentiment de  vie

Allez-y comme ce théâtre m’a fait du bien et m’a donné enfin la réponse aux chansons qui vous rappellent tant…. Et vous font verser des rus de larmes des ruisseaux de larmes qui se perdaient…..





Lettre ou plutôt mail adressé aux acteurs et à leur chef d’orchestre 

Chers,

Merci beaucoup à Claude Nicolas et à vous  metteur en scène en accord avec  la respiration de ce « sentiment de vie » chez les acteurs.
J’y pense encore tout ce matin, j’ai emmené toute une partie de la famille de mon chéri nous étions six et dans ceux là  des jeunes…. En parité parfaite 3 et 3 .Tous nous avons aimé, beaucoup aimé, un accord parfait en sortant et je sais entendre les silences de ces après là.
Claude tu es incroyable, et dans le regard quand tu tournes dans les bras de Nicolas Martel toi si grande et alors si petite. 
En sortant, j’avais envie d’écrire, de remonter sur scène, mais surtout d’approcher de quelque chose comme la bonté mais ne pas trop savoir comment  faire….de relire aussi… même si je n’ai pas encore retrouvé  le calme inter…  depuis la mort définitive de ma mère que j’aimais mais moins que mon père mort en 2014 et qui avaient vécu la sale guerre ou la drôle de guerre par rapport à la première, guerre survivante dans l’inconscient. 
Nous ne connaissions pas tous Falk Richter ou n’avions que le titre de l’homme sans qualité de Musil, Lenz Buchner, mais rien n’est comme entendre au Théâtre de s’y entendre avec l’entre deux des morts et des vivants et de se sentir comme au dessus des limbes du désir. Dans le jean qui sent bon d’un ancien amant. 
Merci à vous tous et à bientôt, trop timides car trop nombreux nous n’avons pas pu vous attendre. 
Comme je suis contente d’être allée avec eux voir ce théâtre là.. 
C’est important de savoir qui vous vient voir. 
Bravos 
Je vous embrasse vous « si loins si proches » 
Nathalie Feyt

Envoyé de mon iPhone

lundi 4 octobre 2021

Michel Fau à la télévision : « on est en direct » et au Théâtre dans : Qu’est-il arrivé à Bette Davies et Joan Crawford ?

Voilà le message de France-Tv qui me tutoie 
« Cette vidéo pourrait te plaire ! Elle est disponible en replay encore 5 jours : On est en direct - Émission du samedi 2 octobre 2021 »
https://www.france.tv/2806307-emission-du-samedi-2-octobre-2021.html#xtor=AL-85-%5Bpartage_video%5D
Quellle page ne ratez rien de cette émission consacrée entre autres à Michel Fau Mr Fraize devenue Madame Fraize au Théâtre du rond-point à l’extraordinaire Madame Judith Magre. Que je vais courir aller voir.
La première fois que Je l’ai vue c’était à Chaillot avec Georges Wilson acteur et metteur en scène dans le Diable et le bon Dieu de Sartre puis  dans les Prodiges de Jean Vauthier je l’ai adorée admirée des le départ. Il a raison Michel c’est une grande tragédienne et les grandes tragédiennes peuvent tout jouer. 
Donc pour revenir à mon cher être humain Michel Fau qui me pousse à bouger encore de Théâtre :pour le théâtre de Michel Fau, car comme dans la chanson Ziggy avec lui le jour surtout depuis cet hiver…est moins long.
Au début de l’émission il est avec sa partenaire, Amanda Lear ri ils parlent bien-sûr de leur pièce au Théâtre de la Porte St Martin qu’il ne faut rater sous aucun prétexte pour se prendre enfin dans les bras même avec ses meilleures ennemies pour quelquefois soi-même les ouvrir. 















Pour ne pas louper après le début de l’émission je vous mets les tops pour les meilleurs moments notamment sur l’ambiguïté de l’être humain 
Après 1h31 extrait du Recital emphatique 
Mr Fraize devenu Mme Fraize au Théâtre du Rond Point 
1h36 à 1h40 
Le livre de Nicolas Diat - Ce qui manque à  un clochard-

Michel Fau déclare à propos de Judih Magre 
: « les vraies tragédiennes peuvent tout jouer » comme il a raison. Et ce qui m’agace dans les apprentis comédiens ceux qui ne veulent jouer que des rôles qui « leur ressemblent » et partir de la pour jouer des rôles « drôles » alors qu’il faudrait qu’elles commencent par Médée Agrippine ou Phèdre et après Arsinoé..,,,
A la fin de cette page ils parlent de Belmondo Michel Fau dit  combien il s’énervait d’entendre tout le monde déclarer qu’il était sympa dans la vie, alors que c’était un comédien de théâtre à l’origine et d’une immense dimension.
Judith Magre je me souviens d’elle et d’être allée la voir jouer 

samedi 2 octobre 2021

L’important d’être constant


Sur Paris-Match ils ont raison promesse de ne pas s’ennuyer….



Mes commentaires laissés sur les réseaux FB Insta 

Au théâtre,  au cinéma vite allez-y. Rien ne m’énervait plus que les profs de théâtre qui n’allaient plus au Théâtre (et j’en ai rencontré bcp) sous prétexte qu’ils en avaient trop vu…. Que c’était mieux avant ?  que c’était le privé, que c’était le public ? que c’était en banlieue, en province en festival ? que tout à part eux, était mauvais, mal joué etc à la limite c’était presque drôle tellement surjoué et prétentieux d’une omniscience alors qu’ils étaient eux mêmes devenus des OVNIS…. 

Je pense aussi avec beaucoup plus d’émotion aux plus exigeants et intègres, qui découragés persévèrent comme des lions  et partagent leurs recherches artistiques en donnant un libre accès dans les lieux ou théâtres qu’ils continuent de fréquenter et proposent des spectacles à voir dans des genres et lieux différents qui correspondraient au IN set au OFF et ne crient pas au diable au loup ou à la trahison si leurs élèves apprentis comédiens passent dans un téléfilm….


L’important d’être constant au grand Théâtre Hebertot 


Note demandée 8/10

Très bon moment de théâtre enfin retourner au Théâtre pour le moment j'y vais au moins 2 à 3 fois par semaine. J'étais comme sevrée. Très classique ! oui mais alors ?la pièce est limpide comme jamais, quand on revoit Evelyne Buyle et Olivier Sitruk qui passent, dépassent toutes les contraintes, les normes, ça prend, la salle rit malgré les coincés du public qui se retournaient au départ quand on riait vraiment... et les autres acteurs ne sont pas à la traîne des faire valoir, loin de là tous entièrement incarnés c'est une pièce anglaise tres drôle et très bien écrite bouclée...avec une parité de distrib : hommes femmes Hier deux acteurs n'étaient pas loin de se prendre un fou rire et j'adore cela c'est pour vous dire o combien leur présence est sincère jusqu'aux hommes de maison majordomes qui finissent les verres et/ou " jugent "par le regard leurs maîtres. Les femmes les hommes la mise en scène les costumes sont tous très beaux et pour le générique un insert cine noir et blanc au temps du muet.... On était quatre et rassemblés les applaudissements bravos ont crépité. Merci chers baladins....




L’avis d’Anne Guyot avec qui nous étions 

    Une mise en scène classique mais où chaque détail compte. De très bons comédiens ne se laissant pas berner par les mots de l'auteur. L'excellente Evelyne Buyle dans un subtilité de jeu dont on se délecte. Cette énergie qui ne se perd jamais. Sans oublier évidemment le texte de Wilde brillant dit avec un naturel non trop point marqué, et sans cette exagération ridicule du jeu de mot.Un enthousiasme que nous partageons nous spectateurs avec les comédiens. Merci pour ce moment de partage.