mercredi 29 décembre 2010

Jean-Pierre Marielle : Le Grand N'importe quoi, enfin un livre......

c'est très bien le Grand N'importe quoi de JPM


une épure que du maigre, un abécédaire

il recommande

Peau d'ours d'Henri Calet

qui a été lu par Delon chez Taddeï et ce livre est INDISPONIBLE, les éditeurs concurrents sont des idiots...

 à ARTISTES il donne la définition :
Explorateurs, poètes, ce sont les acteurs qui nous emmènent visiter des contrées inconnues, nous dévoilent le monde tel qu'on ne l'imaginait pas, ouvrent des portes dont on ne soupçonnait pas même l'existence. Il faut voir et entendre autrement et autre chose que les évidences. Serge Reggiani en était. Jean Gabin en dépit de son imposant talent, non.

 à CONSERVATOIRE
Il* nous a appris que la sincérité l'emporte sur tout , et que l'on construit son personnage à partir de l'absence de toute explication, depuis un trou , dont il ne fallut pas nécessairement chercher à s'extraire. Il m'avait prédit de nombreux emplois de maniaques et de dépressifs.

*Georges Le Roy qui avait été élève de Sarah Bernhardt 

à Alain CORNEAU à propos de Tous les matins du monde 
Je pense souvent à ce tournage, il était de ceux qui rendent ce métier digne d'être fait. 
....
Gérard Depardieu et moi sommes de deux mondes qu'on aurait pu croire irréconciliables : il est un grand lyrique fou, je serais plutôt un acteur de composition. Pourtant nous nous entendîmes à merveille. Nos rôles et nos personnalités s'entremêlaient, et, si nous étions fidèles aux répliques, je ne savais pas très bien, qui de son personnage ou de Gérard, s'adressait à moi et auquel je répondais. J'aimais beaucoup ce trouble. J'ai une tendresse infinie pour cet homme et une admiration transie pour l'acteur. 


à DEVISE


Ne jamais faire d'effort, ou le moins possible, ne m'a pas empêché d'arriver là où je suis (où ? Je n'en sais rien, mais j'y suis bien).
L'effort est le contraire de l'art : il faut travailler, certes, mais, s'il faut se forcer, ce métier n'est pas pour vous. Là où il y a de l'effort, il n'y a pas d'amour.


à DIEU


À l'église, je ne prie pas, je visite.
....
Je crois cependant à une présence détachée de toute croyance organisée. Je suis attaché à la nature, aux arbres, j'y vois et entends une trace de mes origines et l'esquisse de mon sort post mortem : j'entre dans une forêt comme le fidèle plonge un doigt dans le bénitier. Je pourrais passer des journées entières dans les arbres comme disait Duras...


à DIRECTEUR (D'ACTEURS)


Il y a des directeurs de conscience et de banque, mais pas d'acteurs. Tout ce que peut indiquer un cinéaste après vous avoir engagé, ce qui témoigne déjà de sa confiance, c'est le chemin du studio. Et encore, un stagiaire dévolu à cette fonction fait très bien l'affaire.
Je suis toujours à l'écoute. Mais si je ne me sens pas en accord avec ce que le metteur en scène veut m'imposer, je résiste - je ne pense pas que l'artiste si l'on veut bien considérer qu'un acteur peut en être un de temps en temps, doive obéir sans barguigner*- en me murant dans le silence. S'entendre expliquer point par point ce qu'il faut faire, avant même de présenter ce que l'on avait imaginé, pour guider le comédien comme s'il était un enfant myope sans lunettes, est non seulement castrateur, mais méprisant. Dans un mauvais jour, je peux leur répondre que, s'ils sont aussi sûrs de leur fait, rien ne les empêche de jouer à ma place. Le conflit est toutefois préférable à l'attitude de metteurs en scène arrivés par hasard, parce qu'il y avait de la lumière et du chauffage.
Je crois aux répétitions pour une pièce de théâtre où il faut par le travail quotidien avec ses partenaires éliminer tout le superflu pour accéder à un certain naturel ou à une stylisation parfaite mais au cinéma je les juge inutiles, dangereuses, tant elles mécanisent le jeu, l'inhibent par toutes les couches d'indications. L'invention et l'imagination sont alors brisées net.
 Je me contente d'être ponctuel, aimable, de suivre un régime équilibré en protéines et d'être raisonnable en toutes choses. Des metteurs en scène comme Bernard Murat ou Patrice Leconte ont pour immense qualité d'aimer passionnément les acteurs, ils les laissent alors libres d'aborder un rôle comme ils l'entendent, quitte à leur suggérer, oh ! bien poliment, qu'ils font fausse route.
Bernard m'a dirigé aussi bien dans du Guitry, du Pinter que du Carrière : il a vite compris qu'il fallait d'abord me laisser donner naissance au personnage, avant de l'habiller de ses indications. Murat sait aussi que le texte fait un spectacle c'est l'acteur qui donne au texte sa présence scénique.  
Je dois le meilleur conseil reçu sur un tournage à Laurent Heynemann pour Les mois d'Avril sont meurtriers. Je ne savais pas trop quoi faire de ce personnage, que j'aimais terriblement pourtant. Je m'ouvris à lui de mes doutes : "Ne fais rien " fut sa réponse. J'ai laissé le rôle venir à moi, et les choses se sont faites le plus naturellement du monde. Morale de l'histoire : il n'est pas vraiment nécessaire de faire des efforts lorsqu'on est perdu.



DROMADAIRES

Avec ses quatre dromadaires
Don Pédro d'Alpharoubeira
Courut le monde et l'admira
Il fit ce que je voudrais faire
Si j'avais quatre dromadaires 

Appollinaire a écrit ces vers que je chéris.

*barguigner : hésiter tergiverser.... (quel joli mot Merci JPM, je suis actrice du même bateau et l'on est de moins en moins nombreux.... )
 

EMILFORK (DANIEL)


Il est mort inconnu, ce qui me désole : immense acteur, toujours surprenant, d'une poésie infinie, il était digne de jouer Shakespeare, ou Beckett, enfin, un grand auteur. Sa réserve, presque douloureuse, m'attendrissait. Il est, hélas, la preuve que le talent n'est pas toujours récompensé dans un métier aussi aveugle que cruellement arraché aux apparences.


INTELLIGENCE (DU TEXTE)


Il faut le lire deux fois - la première pour soi, la seconde en pensant à la scène, en sentant les moments où imprimer une pression particulière, devenir la faille où l'identité de l'acteur doit s'infiltrer. Il y a mille façons de dire un texte, mais aucune qui s'apprenne.


MIDI (APRÈS)

C'est mon moment favori. Il est vrai que je vis peu le matin, que je mets à profit pour dormir, je préfère que les journées commencent sans moi, les attraper en route comme un train au démarrage. Je suis davantage du soir ou de la nuit. J'aime les fins de journée, cet instant de transition entre deux états, quand le soleil envisage de se coucher : la lumière décline, s'adoucit, ses ombres se dessinent, les bruits changent, des animaux se réveillent. De même, j'aime le thé lorsqu'il n'est plus chaud mais pas encore froid - bref, je le bois quand il a un goût d'après-midi.

LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS avec Romain Duris mis en scène par Patrice Chéreau

J'ai dit à quelqu'un que j'aime, si tu veux avoir  une idée de Patrice Chéreau metteur en scène de théâtre, il faut aller voir ça, aussi à l'Atelier, avec Romain Duris. Chéreau c'est Koltès, l'écriture en est par rapport à Jon Fosse beaucoup plus percutante, poignante, cruelle. Et Romain Duris sera bien, très bien, même s'il n'a pas joué ou si peu au théâtre. Sait-on si Chéreau reviendra au théâtre pardon, restera après ?
J'ai lu quelque part une critique comme quoi Chéreau maltraitait les femmes dans sa direction d'actrices pour Rêves d'automne, quelle ineptie... comment peut-on dire cela ? Il faut surement avoir vu une précédente mise en scène dont on ne peut se décoller...

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Je ne sais pas trop ce que j'ai voulu dire...écrire mais depuis j'y suis allée  au Théâtre de l'ATELIER,  j'ai été interpellée chahutée juste où ça fait mal par la voix d'un homme qui représente comme en moi la voix de tout un peuple recroquevillé, celui des réfugiés des autres, des étrangers, des apatrides..... Romain Duris plaît à un large public qui est venu comme se recueillir sur un très bon théâtre. À la fin il est applaudi à tout rompre et les yeux brillent d'eau de pluie intérieure et l'on entend des "youh youh...." comme ces cris de l'autre côté de la Méditerranée qui traduisent autant la joie que la douleur

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A L'AFFICHE

ROMAIN DURIS - LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS - du 19 janvier au 5 mars 2011 à 19h
Du mercredi au samedi à 19h - durée 1h30
Auteur: Bernard-Marie Koltès



Mise en scène: Patrice Chéreau, Thierry Thieû Niang



Équipe technique:

En coproduction avec la Comédie de Valence Centre Dramatique National Drôme-Ardèche

Costumes : Caroline de Vivaise

Lumières : Bertrand Couderc

Son : Sylvain Copans



Avec: Romain DURIS



L'histoire: Un homme tente de retenir par tous les mots qu’il peut trouver un inconnu qu’il a abordé au coin d’une rue, un soir où il est seul. Il lui parle de son univers. Une banlieue où il pleut, où l’on est étranger, où l’on ne travaille plus ; un monde nocturne qu’il traverse, pour fuir, sans se retourner ; il lui parle de tout et de l’amour comme on ne peut jamais en parler, sauf à un inconnu comme celui-là, un enfant peut être, silencieux,

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et puis à l'origine j'ai trouvé ce texte

 Titre : La Nuit juste avant les forêts
Auteur : Bernard Marie Koltès
Éditeur : Éditions de Minuit
Collection : Théâtre, 1996
Personnages
2 personnages (soliloque), l’un parlant, l’autre muet.
Résumé
Assis à une table de café, un homme tente, par tous les mots dont il dispose, de retenir
un inconnu qu’il a abordé dans la rue, un soir de profonde solitude. Il se raccroche à
lui pour éviter de mourir à petit feu.
Analyse
La Nuit juste avant les forêts est probablement l’un des plus beaux textes sur la solitude
du répertoire contemporain. On retrouve en effet ici toute la fulgurance, toute la
force de l’écriture de Koltès qui, après quelques pièces sous influence, pose les fondements
de son style littéraire, un style en équilibre constant entre l’oral et l’écrit, et reconnaissable
dès les premières lignes. Montée pour la première fois en Avignon en
1977 (avec le comédien Yves Ferry) La Nuit juste avant les forêts est considérée depuis,
à juste titre, comme une oeuvre majeure. C’est un soliloque intense, violent et
poétique, dont chaque mot traduit l’urgence de vivre et la peur d’être seul.
« La Nuit, c’est comme un solo de Charlie Parker : à la fois très construit, très savant,
et tenant de l’oiseau, du mystère de chanter dans la nuit. Un blues qui ouvre
tout et qui garde ses secrets. »
Yves Ferry, propos recueillis par Cyril Desclés
et publiés dans le magazine littéraire n°395, février 2001

mardi 28 décembre 2010

mes photos cadeaux....


La première est très grosse c'est un homme de neige plan américain....
 sur la terrasse d'un ami.
La seconde c'est une projection au Mali surement d'un film de Chaplin. C'est une photo plus petite mais panoramique.... de deux amis qui sont partis avec un 4x4 pour faire des projections à des gens qui n'ont jamais vu de film... Contrairement à l'époque où ils tentaient de faire un théâtre dérangeant en Europe, ils affichent COMPLET, leur Compagnie s'appelait ex-cie gospel

LE NOM DES GENS au CINOCHE un film de Noël


1/Jospin est tellement sobrement doux drôle et sage qu'on lui donnerait le monde entier à gouverner....












2/Le nom des gens : le personnage apprend la mort de sa mère...



Je me demandais encore si vous avez bien aimé ce film il y a tellement de choses à y lire à y voir à s'en refaire le film... que je me demande si je ne vais pas écrire au réalisateur ? ! en plus que de m'acheter le DVD.
En vacances chez nos parents avec ces conversations aussi chez les amis qui s'étendent durent des heures sur les intempéries voire dans tout le pays, je me dis comme dans le film où les parents de Gamblin sont tellement touchants par leurs non-dits, que toute cette neige est comme un grand pansement car on ne peut décoller brutalement tous les baillons à la parole....


Il y a des films de Noël qui font du bien tout simplement, je parlerais NON ! pas encore... de La vie est belle de Capra... mais de... "Le nom des gens", ce film c'est un chemin palpitant, les acteurs vous tiennent par le haut, j'ai ri pleuré, je ne veux pas vous en dire plus, car je ne veux rien ôter à la joie de la découverte. Dans ce genre de joie ? Le goût des autres et On connait la chanson. Pleinement heureux. Dans une autre force de remise en forme Le Jouet de Veber. L'emmerdeur, Les fugitifs... des comédies à la française où l'on a envie de dire au cinéma : "T'en va pas"... comme le premier mot prononcé par la petite fille autiste des Fugitifs, Gérard Depardieu et Pierre Richard y excellent....


dimanche 19 décembre 2010

une soirée qui sent les fêtes... pourquoi se voir en vrai ? pour ça....

Hier soir, un dîner fin, après on est ressortis on avait comme l'impression que nous étions seuls à marcher ...
samedi 18 décembre 2010, 14:21 (je l'ai mis sur mes Articles de FB)

Hier soir, un dîner fin, après on est ressortis on avait comme l'impression que nous étions seuls à marcher dans la ville pétrifiée.  Hier donc j'étais à un dîner en ville, dans une maison heureuse dont on à l'impression qu'elle peut tenir le coup dans toutes les tempêtes... "car le bonheur est un argument mercantile "et peut-être terriblement ennuyeux". J'ai, nous avons dégusté, une très fine et très bonne paella avec quantité et un potage "c'est mystérieux tellement que c'est bon !" Et puis la conversation en est venue au cinéma... quand ce sont des gens dont on fait connaissance, cela arrive à ... "le meilleur film de l'année...." et comma blanc après quelques instants "Amours imaginaires" m'est revenu à l'esprit et j'ai oublié : TOURNÉE
J'aurais voulu voler quelques photos : le regard bleu de Georges, le grand sapin nu sans guirlandes ni décorations, la crèche avec une vierge grosse enceinte et tout un village de santons sur la cheminée et les rois mages encore loins de l'ÉTOILE du berger. J'ai pensé à Fanny et Alexandre, l'un des derniers films d'ingmar Bergman et puis je cherche sur Internet et je trouve aussi une photo de Saraband que je n'ai pas vu non... il faut se laisser du temps... je me dis que je n'ai pas encore l'âge...














Fanny et Alexandre










Saraband

Autres moments volés dela discussion entre Yann et Annick sur leurs pairs... ils ne les appellent pas comme cela.
A les voir, j'ai comme envie ou besoin de ne pas passer ma vie trop loin d'eux. Ce qui me gêne c'est la manière de les rencontrer, tous ceux qui nous sont présentés et avec qui on aimerait discuter sans fin... ne peuvent devenir que des amis et aucunement par conséquent  des analystes.
Ils doivent pour moi restreindre le champ de l'amitié et nous apprendre les gammes du chant comme du râle érotique tout en nous incitant à prendre soin de la machine et du "machinist". En cas de maladie délirante, c'est le seul bon côté à ces graves maladies encore des rencontres possibles....

















The Machinist

La seule fois que notre hôte et chef cuisinier a parlé c'est pour parler de l'empreinte magnétique de l'humain. Il nous recevait nous écoutait nous avons fumé ensemble... les fumeurs étaient plus nombreux que les non fumeurs, dans sa chambre.
Et puis ils ont parlé des psychotiques nos 2 psys qui lisaient dans les pensées...
Le cerveau à les écouter semble encore une planète à explorer à redécouvrir à partir des fous
et seuls les malades mentaux en seraient comme des pionniers et des mutants aguerris comme à une autre forme de s'exprimer que le langage ( je ne sais jamais écrire ce mot je lui rajoute un u pour qu'il rape ou qu'il aimante ? ).
Quelle soirée délicieuse comme un point doré dans ma vie....
Je préfère le métal argenté ... je garde ainsi l'or pour une autre vie.
Et mon ami compagnon et les compagnons de vie en nos trois couples étaient comme point d'orgue jardins suspendus fatigués, état de transition,  état de maladie extrême, ils étaient notre silence et leur expression. Et notre hôte loup torero solitaire sans arène ni épée qui se combat seulement lui-même parfois jusqu'à mort était là tout le temps beau et négligé à la fois entre deux sourires comme les chats à l'écoute de quelque chose dans le temps qui passe que nous ne pouvons saisir.
Dans sa partie douce de sa bipolarité.


le sapin a été décoré depuis....

samedi 18 décembre 2010

Blog : bug ? non, en hibernation..... au Cinéma et au Lucernaire

Messieurs et Dames mon blog ne sera ni décoré pour les fêtes ni peuplé de santons et de bergers à moutons et d'amoureux sous un grand parapluie à l'abri de toutes les intempéries ni ronronnant aux yeux fermés par un trait à l'encre de chine, ni à la une du théâtre ou du cinéma. Il va se recroqueviller sur l'écrin des fêtes (et il y a  beaucoup à dire sur l'exclusion que crée ces toujours mêmes fêtes religieuses à la base) et sur l'espoir quand aux découvertes sur encore tout ce qu'on a à explorer entre la théorie des cordes et les zones obscures du cerveau de l'une des espèces les plus agressives, l'homme. A ce propos les agressifs sont aussi dans les hiérarchies des entreprises même s'ils ne sont pas armés jusqu'aux dents avec des canachlikof.
Bon, je vais vous embrasser  si vous passez par là où que vous soyez.
Parlez écrivez rendez-vous utiles ou pas décélérez prenez soin de vous car si on s'est rencontrés une fois je m'en souviens.
Vive tous les possibles et soyez amoureux par rêves et/ou dans la réalité.
Les rencontres les petites choses les grands projets et rester dignes ne pas se laisser traiter quelque soit son apparence de moins que rien...
Alors sinon nous allons voir les parents personnes âgées, et les quelques petits et les amis en attendant.
Au ciné je n'ai pas encore vu le nom des gens, une vie de chat, Raiponce, Potiche, de vrais mensonges,
et voilà qu'arrive les Émotifs anonymes. Au théâtre je n'ai pas encore vu au Lucernaire LE GORILLE ;
LA FOLLE EPOPEE DE STAN KOKOVITCH, ACTEUR ; MOI, CARAVAGE ; FRANCESCO...
j'en ai eu les meilleurs échos


et j'ai loupé carrément encore le 104 et Nicolas Bouchaud dans La loi du marcheur sur Serge Daney

samedi 11 décembre 2010

Erik Truffaz

par Didier Varrod sur France-Inter
du lundi au vendredi de 7h24 à 7h30



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France Inter
vendredi 10 décembre 2010
Erik Truffaz

"C'est l’un des trompettistes les plus connus au monde. Erik Truffaz, originaire de Suisse, musicien éclectique, revient aujourd’hui avec son 11ème album studio qui s’intitule « In between » et qui résume bien la démarche de ce musicien qui n’appartient à aucune chapelle.
Toujours entre deux lieux, entre deux mondes, entre deux genres musicaux, Erik Truffaz est un musicien avide de rencontres et d’expériences nouvelles qui puissent le mettre en danger. Pour son nouveau disque, il retrouve son quartet et avec lui, il imagine un album propice au voyage et à la mélancolie, témoin d’une sourde inquiétude, celle d’un artiste qui, à 50 ans, s’avoue aussi hanté par le crépuscule.
Extrait de « In between »
Erik Truffaz fut l’un des premiers musiciens issus du jazz à s’aventurer sur le territoire tant décrié et incompris des musiques électroniques. Parce que pour lui, le jazz et le groove sont deux mots qui vont si bien ensemble, il n’a jamais eu de tabous.
On l’a vu au côté du chanteur Christophe, de Rodolphe Burger, du DJ Laurent Garnier ou du rappeur Sly Johnson, casser les codes du jazz des puristes.
Truffaz est aussi un voyageur invétéré. Mexico, Calcutta, Paris ou la Suisse où il est né, sont les territoires qui ouvrent le trompettiste à nouvelles rencontres. Une façon bien à lui de rendre hommage aux gens du voyage pour lesquels il a composé un titre et qui est aussi le résumé de toute une vie nomade dédiée à la musique.
Extrait de « Les gens du voyage »
Une musique sans parole qui est porteuse d’une conscience politique non démonstrative. Cette année, il opère un retour aux sources de son pays qu’il fait sortir de sa neutralité en faisant appel à une compatriote bien connue des auditeurs de France Inter, la sublime Sophie Hunger. Sophie Hunger, dont la singularité est d’avoir toujours fait jouer sa voix comme un instrument. Idem pour Erik Truffaz qui a toujours joué de son instrument comme si c’était une voix.
Extrait de « Let me go »
Erik Truffaz est un artiste obsédé par le souci de se renouveler à chaque disque. Son tour du monde le conduit aujourd’hui à produire un album qui sonne comme l’éloge de la lenteur, ce qui signifie dans un monde défiguré par la vitesse, que le nouveau disque d’Erik Truffaz souffle avec sa trompette de la renommée à contre courant. C’est ce que l’on appelle la beauté des contraires."

-J'adore la trompette !
-Comme ta mère.
-Parce que son père jouait du piston....
mon grand-père oui, quand il avait fini de faire le pain... je ne l'ai connu moi que lorsqu'il avait fini son travail à la retraite... il s'occupait dans son garage avec une cigarette roulée au coin du bec.

MC 93 Vrac Troc et Séductions....cours de théâtre jeu des acteurs

Des nouvelles de La MC93
Instantané, c’est un moment du travail théâtral
qui vous est dévoilé. Un processus.

De l’Histoire à la fiction, du texte à la scène.

Le 17 août 1893, dans les marais salants d’Aigues-Mortes, s’est déroulé un des plus sanglants « pogrom » de l’histoire française.


Ecrire une pièce qui sera tout simplement à la hauteur.
Mais comment procéder ? (…)
Mentalement je m’installe dans un fauteuil et j’imagine le spectacle qui va être créé et pour ce faire le metteur en scène a besoin d’un texte.
C’est moi qui vais le lui fournir.
Je vais fabriquer un texte en vue d’un spectacle à venir, voilà le mouvement de départ. Voilà la ligne de force de mon travail.

Serge Valletti.

pour la vidéo avec Serge Valletti http://www.dailymotion.com/video/xfzge4_creation

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MC93 Maison de la culture de la Seine-Saint-Denis Théâtre de tous les ailleurs Chef d’oeuvre en péril, c’était le titre d’une émission de télé appréciée du public qui dressait l’inventaire des monuments historiques en ruine. Ce qui me semble en péril aujourd’hui, ce sont moins les châteaux et les cathédrales – encore que – mais bien plus proche de nous, théâtres, bibliothèques et musées.
Depuis 2001, l’UNESCO a commencé l’inventaire du « patrimoine immatériel de l’humanité ». L’opéra de Pékin y entre cette année. Le Kabuki, l’opéra Kunqu des Ming ou les marionnettes japonaises du Bunraku y figuraient déjà.

Je vous avoue ma perplexité par l’entrée dans ce même inventaire du « repas gastronomique à la Française » et de « la dentelle au point d’Alençon. On est bien peu de chose.

Théâtres, musées et bibliothèques constituent ce patrimoine dont nous avons reçu collectivement la responsabilité et que nous devrons transmettre, intact.

Pour sauvegarder ces immatériels chefs d’oeuvre en péril des temps modernes, il n’est ni besoin d’en réparer le toit – encore que – ni d’en restaurer les salles –encore que – mais simplement de les habiter, de les visiter, de leur donner vie par notre seule présence.

Patrick Sommier.





    
Le premier « atelier des 200 », qui a eu lieu les 3 et 4 avril 2010, restera dans la mémoire de tous, participants et équipes de la MC93 comme un moment unique.
Par se générosité, sa démesure, sa maîtrise, cet événement inédit a été une réussite, un bonheur partagé et un travail de théâtre rare et exigeant partagé par cinq metteurs en scène (Nicolas Bigards, Anton Kouznetsov, Patrick Pineau, Jean-Michel Rabeux, Patrick Sommier) et 200 amateurs de théâtre.
Une seule envie : recommencer.
Les 19 et 20 février 2011 nous poursuivons le travail sur les textes abordés lors de la première édition : Eschyle, Bûchner et Ovide.

    
    
Déjà une cinquantaine d’inscrits...
Qui sont-ils ?
Onze sont des hommes et trente sont des femmes,
le groupe est constitué de un junior, dix seniors, six personnes de moins de trente ans et vingt-quatre autres âgés entre trente et cinquante-neuf ans,
ils sont tous franciliens sauf l'un d'entre eux, vingt-sept sont parisiens, neuf viennent de Seine-Saint-Denis et cinq d'autres départements …
Mais aujourd’hui nous avons reçu six fiches d’inscription : cinq filles - un homme, quatre ont moins de 30 ans……

    
    
Inscrivez-vous et grossissez les chiffres de ces fous de théâtre !



...................
A propos de folie j'écoute juste vite (toujours sur France-Inter) .... entre deux... Jacques Weber qui parle de la séduction des acteurs... "Tant qu'on les séduit tout va bien et après rien ne va plus."
qui est invité partout à cause de son livre de mémoires
il parle des" rondeurs "que donne un acteur au texte quand il cherche son texte  et qu'il faut absolument enlever, ce faux rythme...
"Il croit savoir son texte alors qu'il l'a appris chez lui avec femme et enfants..."
Coline Serreau dit pour savoir si un acteur connait son texte "tu lui donnes et tu lui fais renverser une boîte d'allumettes et ensuite les ramasser une par une, les ranger en disant le texte sans en être décontenancé"
Elle paraît gentille comme cela....

Je me suis réveillée en pleine nuit j'étais encore dans mon rêve et je me suis dit il faut jouer dans cet état à la sortie des rêves de l'auteur ou du personnage cela dépend de l'écriture... de la situation, je voulais raconter mon rêve je ne m'en souvenais plus j'ai parlé sur la sensation... j'ai menti pour voir si cela me rappelait quelque chose
Alors le public vous ouvre les bras....

200 atelier des 200 dire que nous offrons surement pas avec le même charisme expérience et notoriété que Jean-Michel Rabeux, des ateliers/ cours limités à 20 personnes et que l'on nous oppose souvent que c'est encore trop... et surtout pas le même espace et travail collectif, le travail collectif c'est se sentir porté et ne plus se mesurer ou regarder comment l'autre fait, ou chercher l'appui l'assentiment du prof ou du metteur en scène mais se lancer quitte à se tromper être ridicule perdu balayé  et puis.... développer une écoute intérieure elle ouverte à 360 ° dans un espace inoubliable....

Et surtout cette phrase de Chéreau : commencer à travailler sans savoir ce qu'on va faire....

jeudi 9 décembre 2010

Ça va mieux en vieillissant !

 Jenny Alpha
 Meryl Streep

50 points
1/ se sentir mieux chez soi savoir respirer
2/ savoir trouver un régime alimentaire de croisière : plus c'est varié plus on arrive à satiété !
3/Tomber de fatigue = volupté du sommeil
4/Rêves accrus en intensité
5/l'humour des autres
 Sean Connery

6/fabriquer un repas
7/savoir quand on est sincère soi
8/savoir quand les autres le sont, sincères
9/détecter ses ennemis voir s'en arranger : les oublier les prendre comme repères
10/la force de l'oubli
11/la force de la patience
12/la force d'inertie
13/bien recevoir la générosité
14/ne pas laisser passer toujours les mêmes conneries
15/ne pas tout entendre... et ne pas faire répéter
16/se faire du mourron du soucis pour les autres se plaindre mais aussi savoir s'arrêter
17/supporter le deuil mais ne rien oublier de ceux qu'on a aimé
18/accroître sa résistance aux chauds et aux froids
19/savoir ce dont on a envie même et surtout si c'est innaccessible
20/ralentir quand il y a les autres et aller vite quand personne ne vous voit...
21/étendre son désir apprivoiser plus vite
22/se laisser séduire et y renoncer dans la même journée
23/reconnaître sa capacité au sadisme et en juguler les effets
24/ne pas accepter les compromissions telles se moquer de certains boucs émissaires pour créer un groupe
25/respecter l'autre
26/se faire respecter
27/arrêter de se raconter toujours les mêmes histoires car on sait que ce sont de mauvaises excuses
28/fortifier sa volonté, son désir pour accoomplir des choses parfois petites voir insignifiantes et qui n'ont de l'importance que pour soi
29/retrouver le souvenir des gestes qui chez les autres à regarder lorsque vous étiez enfant vous faisaient du bien, chez les personnes âgées et les reprendre pour soi... 3-4 exemples de/chez ma grand mère : se masser les mains au travers de ses gants de peau, se laver les pieds dans le lavabo à près de 80 ans, le gâteau de riz, mettre le plat de sa main juste à la base de son cou, rester en peignoir....
30/apprécier d'être envahie... car la terre est féconde
31/ne plus supporter l'insupportable
 Buena Social Vista Club
32/ne pas renoncer facilement
33/supporter de mieux en mieux qu'on vous pose des lapins, en une phrase, savoir attendre...
34/utiliser un gratte dos
35/savoir se couvrir en cas de grands froids
36/savoir retenir la fraîcheur en cas de grandes chaleurs
37/savoir mélanger, accomoder, disposer, se mettre en scène, se choisir un costume, hisser les couleurs...
38/se permettre quelques audaces, oser enfin quelques fantaisies
39/avoir la répartie par ex : à ce genre de phrase : "La solidarité n'existe plus !" répondre du tac au tac dans l'ascenseur : "elle se recrèe où l'on ne l'attend plus, c'est comme l'amour c'est indémodable !"


40/savoir dire non
41/retourner à l'envoyeur ses humiliations avec Accusé Réception
42/augmenter ses forces vives de résistance selon soi : yoga, gym douce, vélo, vitamines C, magnésium, 1/4 d'Aspirine germes de blé et surtout s'exprimer.... créer.....
43/entendre moins bien mais comprendre plus vite
44/avoir une arme contre les autres plutôt que de donner toutes les armes pour se faire battre
45/comprendre la force des symboles
46/débusquer la perversité et la mauvaise foi et s'en protéger

Jean-Pierre Marielle

47/quelquefois mentir à ceux-là !
48/rester "translucides" aux autres que l'on aime et qui vous aiment
Madeleine Marion

49/apprécier le silence par ex : juste après un concert une pièce de théâtre un film...
50/savoir se remettre sur pied et/ou prendre le contre-pied
 Henri Virlojeux

mardi 7 décembre 2010

DAMONEN

 Dämonen à l'Odéon de Thomas Ostermeier jusqu'au 11/12, le couple, ce n'est pas si grave...
Il faut absolument voir une mise en scène de ce jeune berlinois, ses acteurs sont prodigieux.

Le Monde

‎"Les Français connaissent Lars Eidinger (Frank), qui a joué en particulier Hamlet dans la mise en scène d'Ostermeier, au Festival d'Avignon, en 2008." 

C'est lui.



samedi 4 décembre 2010


Dämonen de Lars Norén

Ni Lars Norén l'auteur, ni Thomas Ostermeyer le metteur en scène n'y vont de main morte dans ce remake virulent de Qui a peur de Virginia Woolf d'Edward Albee. Frank rentre à la fin de la journée dans l'appartement ultra bobo où l'attend Katarina. Il a au départ l'allure d'un homme à la vie peignée. Mais il ne tarde pas à manifester qu'il ne s'agit là que d'un masque. Si les deux amants, neuf ans après leur rencontre s'aiment toujours, ils ne cessent de s'abreuver d'injures. Il reproche à sa compagne d'avoir été tabassée par le temps qui a coulé. Devenue maîtresse dans l'art de la pique, elle ne l'épargne pas davantage. Ayant utilisé toutes les paroles blessantes qu'ils pouvaient échanger ils invitent, pour faire diversion, le couple de voisins du dessous.

Ceux - ci, parents de deux enfants dont ils ne cessent de parler, vont d'abord être horrifiés en apprenant qu'un sac en plastique qui se trouve dans l'entrée recouvre l'urne contenant les cendres de la mère de Frank. Ils n'ont pas finis d'être sidérés. Ils deviennent les témoins de la lutte sans fin qui oppose leurs hôtes, lutte qui est avivée par le fait que l'alcool coule à flot.Le climat de haine dans lequel ils baignent fini par les atteindre. Ils se balanceront à leur tour leur quatre vérités.

La monstruosité des situation est heureusement fréquemment contrebalancée par la drôlerie qu'elle engendre. Quatre acteurs de première force défendent ces personnages au bord de la crise de nerf et qui parfois y succombent. Thomas Ostermeyer a donné à cette pièce que Lars Norén écrivit à ses débuts quelques touches actuelles notamment par un usage inédit de la vidéo ( qui n'a rien à voir avec la fâcheuse habitude qu'ont aujourd'hui la plupart des metteurs en scène de la greffer sur leurs spectacles) et par des décors dont un tourniquet nous fait découvrir les moindres détails

Lars Nôren est, c'est clair, un descendant de la haute lignée de ces autres maîtres scandinaves, Srindberg et Bergman, qui s'y entendaient pour dresser un constat accablant de la vie en couple. On ne voit pas qui mieux que le directeur de la Schaubüne pouvait en faire ressortir la substantifique moëlle.


Jusqu'au 11 décembre Odéon - Théâtre de l'Europe tel 01 44 85 40 40

dimanche 5 décembre 2010

Pornographie et le Bel Indifférent

Pornographie de Simon Stephens
Obscénités intérieures
Paris, Théâtre national de la Colline
jusqu’au 18 décembre 2010
sur WEBTHEA
Londres, 7 juillet 2005. Quatre attentats suicides dans les transports en commun londoniens provoquent la mort de cinquante-six personnes et causent de nombreux blessés. C’est autour de ce fait divers tragique que s’inscrit cette pièce du jeune dramaturge anglais Simon Stephens, écrite trois mois après ces événements. Non pour aborder une analyse des ressorts et des conséquences du terrorisme à la manière d’un théâtre documentaire, mais pour établir en parallèle une mise en perspective des réactions provoquées par ce drame, croisant dans la même période un concert Pink Floyd à Hyde Park et l’attribution des Jeux olympiques 2012 à la ville de Londres.

A travers sept personnages majeurs, évoquant à la manière de Shakespeare (Comme il vous plaira) les “ Sept âges de la vie ” se dessine un quotidien dont la médiocrité et les troubles portent reflets de la société environnante. On croise ainsi successivement, une mère de famille confrontée à l’espionnage industriel, un étudiant réac et violent qui désire sa prof, les retrouvailles d’un frère et d’une sœur ouvrant sur l’inceste et celles d’un enseignant solitaire avec une ancienne élève, la trajectoire d’un anglais porteur de liquide inflammable dans les méandres du métro ou encore une vielle femme travaillée par une libido envahissante. Autant de situations dont les transgressions issues des ombres de l’intime résonnent comme une défense et un appel à briser les solitudes d’êtres fragilisés ou en quête identitaire, mais dont l’agressivité et la violence peuvent ouvrir sur des agissements extrêmes sur laquelle la réalité immédiate n’a pas vraiment de prise. Une manière d’ouvrir questionnements et réflexions sur le monde contemporain.

Traduite par Séverine Magois, cette pièce est mise en scène par Laurent Gutmann dans un ordre chronologique. Sept séquences présentées sur un praticable frontal adossé à une large baie vitrée coulissante offrant une vue panoramique sur un appartement occupé par l’ensemble des personnages. Coté jardin, quelques projections en noir et blanc s’apparentent aux captations vidéo des caméras de surveillance dans les espaces publics. Si la représentation semble parfois un peu trop hésiter entre réalisme et distanciation, elle n’en porte pas moins avec acuité les accents troublants issus des fractures de la condition humaine, traduisant ses échos au-delà des mots, grâce à une interprétation homogène et tonique, composée notamment de Serge Maggiani, Arnaud Churin, Pauline Lorillard et Yvonne Leibrock.

Pornographie de Simon Stephens, mise en scène Laurent Gutmann, avec Arnaud Churin, Maryline Cuney, Raina Kakudate, Yvonne Leibrock, Pauline Lorillard, Serge Maggiani, Lucas Partensky, Jean-Benoît Souilh. Scénographie Mathieu Lorry-Dupuy et Laurent Gutmann, lumières Marie-Christine Soma, costumes Axel Aust, son Madame Miniature, vidéo Ludovic Rivalan. Durée 1 h 50. Théâtre national de la Colline jusqu’au 18 décembre 2010. © Elisabeth Carecchio

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Théâtre   
Par Jacky Viallon
"Le bel indifférent" toujours sur Webthea de Jean Cocteau avec Ségolène Point, mise en scène Christian Baltauss.
au Théâtre Ménilmontant

« Le bel indifférent » de Jean Cocteau Théâtre Ménilmontant Paris 20°

Joué par Ségolène Point dans une mise en scène : Christian Baltauss

Après des écritures plus symbolistes Jean Cocteau participe à des écrits plus conventionnels et plus réalistes tel que « Le bel indifférent ». Probablement une commande soufflée par son amie Edith Piaf. On retrouve alors dans l’œuvre littéraire, et la matérialisation qui en est faite sur scène, l’ambiance des années quarante. Les tensions semblent tapit au-delà du décor et du théâtre. Bien que les sentiments et la situation psychologique soit différents du scenario du film « Le jour se lève » datant de la même époque on retrouve l’oppression du huis clos et de l’enfermement. Dans un cas comme dans l’autre on voit bien qu’il n’y a pas d’espoir de bien être en ces personnages. La situation va se dégrader au fur et à mesure de la pièce. Alors nous spectateur/voyeur on attend, comme au cirque la chute, finale, fatale et prévisible.

C’est là, que le metteur en scène et directeur d’acteur Christian Baltauss nous ajuste nos lorgnettes : tout en gardant à l’esprit cette hypothétique mise en abîme, il sait nous faire attendre par quelques habiles digressions et nous entraîner dans le désarroi du présent scénique, c’est-à-dire dans le direct pour partager, avec le plateau, le malaise de cette attente.

À travers toutes ces subtilités inaperçues au premier coup d’œil la comédienne, Ségolène Point, porte et traduit assez bien les diverses pulsions et déchirements du personnage, elle a toute au moins la qualité de ne pas sombrer dans un jeu mélodramatique qui serait alors inopérant. On regrette toutefois que Jean Cocteau ait économisé son texte, il aurait pu jouer sur un peu plus de suspensions, tout en tirant à la fois sur la ficelle du temps et de l’action afin d’alimenter plus d’actif à cette dramaturgie. À l’origine, ce texte n’est probablement que le canevas d’une performance ou d’un argument d’improvisation. Mais après tout, aux dires de T. Kantor : « C’est le public qui vient au théâtre, c’est lui qui fait la démarche, alors c’est à lui de faire le travail avec son imaginaire … » Bien sûr ce propos est de sympathique bienveillance car on sait très bien que, derrière ce désintéressement affecté, toute une équipe fait un travail discret, clandestin mais …par la grande magie du théâtre …tellement lumineux !

Par Jacky Viallon

« Le bel indifférent » de Jean Cocteau Joué par Ségolène Point et la présence de Ludovic Doyard. Mise en scène : Christian Baltauss Jusqu’au 19 décembre 2010 Jeudi au samedi 21 h 15 - Dim : 17 h 30 Théâtre Ménilmontant Paris 20° 15 rue du retrait tel : 01 46 36 98 60 Photographe : Richard BALTAUSS

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Pourquoi j'ai parlé de ces pièces là parce que j'aime j'ai aimé j'aimerai toujours et j'aurais envie d'aller voir toujours d'autres pièces, plus que celles que je vois, j'ai un réservoir de désirs et de curiosité intarissable

jeudi 2 décembre 2010

LES ACCIDENTS DE PEAU SOUS WORD

LES ACCIDENTS DE PEAU SOUS WORD

autocritique
C'est un texte qui est venu comme ça suite à l'écoute d'un ACR "atelier de création radiophonique"
d'Olivier Steiner sur le désir... la libido, avec Christine Angot
c'est subversif ? c'est idiot ? c'est mauvais incompréhensible, cela ne veut rien dire et c'est réservé aux adultes des années 70 qui ont cru s'affranchir de tous les interdits pour aboutir et se heurter au murs de la misère sexuelle, recréée par cette dite "Libération" récupérée par les pubs genre Hollywood Chewing gum où pour avoir toute l'étendue épanouie des sexualités, il fallait être jeune avoir des seins qui tiennent tout seuls un sexe et des aisselles dé-poilés pardon épilés  et pour les hommes...
c'est comme j'entendais cette chanson de Bashung écrite par Bergman "je sors avec ma soeur" où tous nous nous croyions homosexuels parce que c'était subversif
c'est aussi après avoir vu le film "Les Idiots" de Lars von Trier.
Je ne suis ni philosophe ni psychanalyste je connais par ma propre expérience par le grand retour d'un certain puritanisme et le poids de tous les silences : la Norme, les normes sexuelles sont étroites.
L'amour l'amitié pour moi sont des histoires érotiques.
J'ai souvent l'impression, que c'est un frein et un stimulant inventé par un Dieu pervers et à d'autres moments un ressort animal compliqué par des consciences régulées par le pouvoir.

- C'est quoi ces images de bestioles de compagnie, c'est la mesure du misérabilisme sexuel affectif occidental ?
- C'est plus compliqué, tu comprends, c'est Colette, c'est Thomas Bernhard qui écrit si tu veux de la reconnaissance achète toi-un chien, c'est Molière qui dans les Femmes savantes fait dire à Henriette qui s'adresse à Clitandre dont elle est éprise :
"Un amant fait sa cour où s'attache son cœur,
Il veut de tout le monde y gagner la faveur ;
Et pour n'avoir personne à sa flamme contraire,
Jusqu'au chien du logis il s'efforce de plaire. "
un film canadien où....    "When night is falling"Réalisé par Patricia Rozema
Avec Pascale Bussières, Rachael Crawford, Don McKellar

Synopsis : "Camille et Martin s'aiment. Les responsables du collège religieux où ils enseignent leur demandent de légaliser leur union. Camille ne se sent pas prête pour le mariage. La mort de son chien la plonge dans un total désarroi. Sa rencontre avec Petra, irrésistible jeune femme, acrobate dans un cirque ambulant, va remettre en question son amour pour Martin."
c'est un Ami très exigeant en affection (c'est un mot difficile sans tomber dans la sensiblerie) qui me disait : "tu n'es pas seule dans la vie puisque tu as un chat... "c'est le pansement et la liberté et la domesticité et une image de joie et un mystère de tout ce qui se passe dans cette complicité.











-J'aime les accidents de peau, comme la marque de "l'amour en réserve"1* comme les clous pour tenir un drap qui fait écran ou ciel ? dans une grange qu'on rhabille pour un mariage.

les accidents de peau comme la valve ou la rustine qui retient le bouillonnement sous la peau, la face cachée de leur anatomie...

-Tu veux dire que tu aimes les corps comme lorsqu'ils sont vêtus de blanc...

-Non lorsqu'ils sont dévêtus, de la chair qu'on étale, dévêtus avec leur dévêtu, leur "velure", leurs grignotages

leurs "replétudes", leur manière de s'avancer comme s'ils étaient encombrants, leurs dessins, cicatrices, courbes, poils... tout ce qui les rend fragiles, leur chair de poule , comme si tu les découvrais qu'avec le sens du toucher

-tu veux dire comme si tu fermais les yeux ?

-oui et en entrouvrant la bouche et les narines palpitantes presque retroussées pour mieux les respirer puis les masser, les panser, puis les re-masser, puis les passer sous l'eau, comme si la paralysie les guettait, dans l'eau à la fleur d'oranger, à la crème fraiche, s'en pourlécher et entendre leurs éclats de rire...

-Chairs inanimées vous avez une âme, vous êtes à ma merci !?

-pas du tout, jeux de miroirs et de liberté hors pistes, dans toutes les pièces, les quatre coins, au milieu de l'immense ; le désir ressenti et avoué et accepté dans toute sa moiteur, ses odeurs, sa froideur, mais pas seulement,

dans toute sa lenteur, sa traîne, sa sudation, ses chatouillements et sa capacité d'en rire c'est à dire de s'en nourrir, quand cruauté et nécessité s'entrechoquent,



et la capacité à en pleurer, d'en jouer, avec ou sans trémolos dans la voix avec ses « flic-flocs »

-et l'on se plaque ?

-pourquoi si vite, on se reprend à la face cachée aussi et on réapparait

-tout cela c'est de l'écrit mais pas du corps à corps dans la réalité ?

-alors tu fais rentrer dans l'histoire un 3ème personnage !

-...................

-regarde la réalité, un ami, un collègue, un inconnu et tu attends que le téléphone sonne, vibre... de l'autre dont tu ne sais encore rien

-et si tu ne veux quitter personne ?

-tu vas t'épuiser et émousser ce sens que certains appellent télépathie et d'autres lucidité, celui de savoir où l'autre se trouve, se garder "translucides"

tu sais quand tu rapproches lentement une main paume ouverte de l'autre main dans une position jumelle elle se rejoignent presque jusqu'à ce qu'une certaine aimantation se forme juste là au point de se toucher et puis tu les ré-éloignes et les rapproches à nouveau pour sentir se re-former cette délectation

-et remplir un carnet comme tu le fais en ce moment... mais l'autre ?

-moi je ne pars plus, je suis partie, je pense peut-être à d'autres, mon désir devient plus rassemblé, plus perceptible à moi-même, ma propre odeur, mon désir propre, j'ai le dégoût,

j'ai besoin au minimum de toute une vie d'abstinence, de repos maintenant, je m'en persuade et je me satisfais, de te regarder toi parmi tant... comme à la neige en file pour le tire-fesses, sur la plage :chair modèle ou chair morte ? en vitrine tous ces amas, ces mélanges,



comme aux bruits criants hurlant pétaradant stridents, je baisse les yeux, mais devant qui à quelle hiérarchie donc j'obéis ?

quelle parodie je préfère ?

me tenir loin me boucher les oreilles et fermer les yeux jusqu'à ce qu'ils me fassent très mal.....

que couic je n'arrive pas à..? comment faire ressortir ton absence par celle d'un portrait robot ou de ces figurines de jeux sans épaisseur qui tombent et se fondent à la surface du plan.

-Tu triches alors

-Mais nul ne se rencontre avec autrui que furtivement c’est à dire…

Librement, s'il se laisse suivre du désir, écouter des odeurs ; il ou elle, on s’en fout, a osé lui en parler tout son saoul, écouter ses odeurs, regarder sa couleur de peau qui tremble, s'en tenir à un seul grain de peau dans toute cette immensité,

et attendre longtemps et trouver les positions adéquates obscènes plus que celles de singes, car bien plus malhabiles et raides.



-Il va falloir laisser tomber les barrières de l'hypocrisie et continuer à glaner, recueillir, fouiller les zones d'ombres

-se parler ?

-pas trop

-et se cacher des enfants ?

-seulement mais en cas d'accident en rire ou mettre les boules « Quies »



autres règles du jeu : arrêter de semer l'épouvante,

les limites à ne pas dépasser sont prescrites

pour remettre du vent, des trous d'air, de l'écho à la libido,

les limites à la libido ne sont pas par là...

la libido météo : maussade à cause du réchauffement poétique

-et pourtant il y a plein de passants, passantes qui me font de l'effet ?

-alors gardes, contiens concentres et enduis-t'en jusqu'à celui que tu aimes pour le retrouver, lui offrir ?

-t'as eu envie de coucher, de baiser, de te faire... , de brouter, d'enfiler, d'enculer, de pénétrer, de le faire enculer par...

-le père la mère les frères et les sœurs la belle sœur le beau frère les petites les grands le chien le chat et le goéland Nono et Nanette, tu ne t'en souviens plus de ceux là et de la fille du père noël plus le chef le chauffeur la boulangère le collectionneur, fétichiste de godasses la marchande de crème le garçon l'étudiant le guide la pute bien-sûr le prêtre la none et les missionnaires de la rue de l'abbé Groult -la rue que tout le monde connaît- le malade le paralysé, le fou : ou poète naturel, le noir la jaune et la fille de l’est, et ceux qu’on arrive pas bien à définir les fans les idoles les photos les fantômes les personnages imaginaires virtuels composites de roman de film de BD le videur l’assassin et « si la photo est bonne qu’on m’amène ce jeune homme » le délégué syndical et à l’enterrement toutes et tous et le mort et la morte, t’aurais bien voulu mais trop tard ?



Accouchée avortée malade sale lavée laveuse des morts ouvrière tortionnaire… riche pauvre, la jouissance totale ce n’est pas l’inceste, c’est l’immensité des possibilités à tenter à refuser et à garder comme telles, sans se mettre martel an tête



La poésie jaillira

Toi moi ce soir demain matin

J’ai envie de toi pas toi ? tant pis à demain



-les purs ?



-ils ne le seront plus, pour calmer leur violence, pour les empêcher de se tuer deux fois soit pour eux et pour les autres, de se suicider, de se donner à mort , la mort pour eux et pour les autres morts

parce qu’ils auraient mieux fait de ne pas venir, retournes-y dans le ventre de ta mère ?!

NO FUTUR NO POSSIBLE

Tout est toujours possible

il va falloir accepter les écarts les échecs les impossibles les autres



-tu crois que c’est bien, ce que tu as écris que cela va changer la face du monde, c’est déversé, bon !



-je ne me suis pas tue ni tuée mais je me suis tenue à la délicatesse de ne pas devoir t’effleurer si tu ne le désirais pas.



-le désir toujours pur ?



-oui, je ne voulais pas nous quitter. « Où étais-tu quand je ne te connaissais pas ? »2*



1* Louis-Ferdinand Céline

2* adapté de Marivaux « La Dispute »

ps1 hier soir chez Taddeï Jean-Luc Marion, "le grand philosophe catholique" face à l’actualité » qui parlait d'impossible de désir qui n'a pas besoin d'objet,  du don, de la société  qui rationalise économise le désir surenchérit sur les objets du désir et rapetissent ainsi l'Eros le Désir et en augmente la Violence. S'acheter de la plastique... et ne pas laisser courir son regard sur les cimes sur l'inconnu.... la beauté est hirsute quelquefois pas toujours policée...

LE DERNIER NUMÉRO au Lucernaire

D'où est venu mon désir de théâtre : de donner la vie.... à mes poupées ours en peluches, la parole... aux animaux et aux statues
Je ne peux pas aller voir tous les spectacles, je suis épuisée, tout le monde s'en fout, car je dois y prendre goût, pas trop le droit de faire autrement dans ce monde cynique, clinique, on ne peut pas se tenir à son ours sa poupée mannequin et/ou à la main de son père
Donc je fais confiance à mes meilleurs amis 2 avis croisés de personnes qui s'éloignent comme des forces extrêmes ou jumelles deux avis de personnes qui ne se connaissent pas entre elles mais que j'aime d'autant pour leurs goûts leurs choix leur exigence artistique

et pour ce spectacle plus de deux de mes coéquipiers "imaginaires pour ce blog" sans le savoir m'ont dit "adorer" "c'est formidable" "c'est devenu une amie dans ma tête depuis..."
-une poupée ?
Tu n'as qu'à pas retourner voir des spectacles ! courus comme Nono...
-C'est mon bon plaisir aussi
 Ah non une relation avec une poupée avant.... ça se construisait cela s'écoutait.... j'avais du mal à aimer la suivante et pourtant je l'avais choisie dans tout le magasin, j'avais tout mon temps pour imaginer
"Hélène Ventoura, clown de formation propose ici un mélange de genres autour du "dernier numéro", avant de mourir... de rire !"
sur France-Info
c'est jusqu' au 4/12 au Lucernaire, ma Famille, ma Maison, mon Théâtre..., j'ai fait une mini-formation de clown où je créais des numéros qui ne marchaient pas pour rester plus longtemps sur scène... un chien en peluche qui devait sauter, c'était d'autres compagnons de stage, je le voyais sauter... le chien, moi j'oubliais toujours quelque chose et je montrais la peau de mon ventre...


et je ne l'ai pas vu... cette Clown là
je vais me faufiler à la dernière au moins quitte à rester debout
Pardon, pardon,
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Merci, merci,

j'y suis allée et j'ai aimé la bouche ouverte j'ai applaudi et mon ami aussi, j'ai voulu dire que j'étais tout à l'intérieur un petit clown aussi, quelle imagination, quelle musicienne quelle voix quel talent de machinerie et d'accessoires, je me suis dit c'est ma Tim Burtonesque clown, ma David Lynchesque à ma mesure, je peux la toucher, elle joue dans ma petite maison, le théâtre la salle du Paradis et elle en parle du "Paradis céleste" mais elle ne s'appelle pas Alice et non plus n'est pas une Elephant woman.

Suivez-là ne la perdez-pas, c'est une étoile du Berger.

mardi 30 novembre 2010

Patrice Chéreau : émission sur Arte Documentaire exposition

 Encore un article Chéreau je l'ai longtemps considéré comme un enfant gâté, un incontournable aussi et là je me dis que j'ai du suivre sans le savoir des démarquages des revanches bien légitimes.
Les rapports de séduction le corps à corps au théâtre entre metteur en scène et acteurs le corps au travail... on y voit tellement ce long apprentissage redouté puis ardent adoré...
on voudrait tous travailler autant que lui pour ces résultats cet écho là. 
Avant même de connaître l'Opéra on lui propose des mises en scènes. 
L'émotion qu'on lit sur les visages doit être dans tout le corps....


Du théâtre au cinéma, Patrice Chéreau déploie les mêmes obsessions des corps et des visages, comme l'illustre son exposition au Louvre.
Les Inrocks
"Sur Arte, Stéphane Metge explore cet art de la mise en scène.
Face aux comédiens auxquels il adresse des indications et des regards pénétrants, Patrice Chéreau se livre imperceptiblement à un geste répété : sa main, fugitivement, s'accroche au col de sa chemise, comme s'il y cherchait un quelconque appui.

En déséquilibre, à la recherche de la justesse des corps dans l'espace, il mêle à sa concentration extrême l'abandon de ses postures mécaniques. Dans chaque plan du beau documentaire de Stéphane Metge qui le révèle au coeur de son processus créatif, Chéreau exhibe cette double posture : son obsession du contrôle et sa perte associées dans un même mouvement. Comme si son regard captait tout, sauf la conscience de lui-même.

Cinéma, théâtre, opéra, Patrice Chéreau est sur tous les fronts

A l'occasion de l'exposition du musée du Louvre Les Visages et les Corps dont Patrice Chéreau est le commissaire, Stéphane Metge s'intéresse à son art de la mise en scène, tel qu'il s'est déployé tout au long de sa carrière protéiforme (théâtre, opéra, cinéma).

Le film tente de saisir, sur la durée de ses expériences éclatées, ce qui agite Chéreau au fond de lui, ce qui l'éclaire, ce qu'il éclaire, comment son regard s'est constitué. L'intéressé ne le sait peut-être pas lui-même tant le cercle de ses obsessions n'échappe pas à l'étrangeté de ses origines (l'apprentissage du regard grâce aux peintures de son père ?).

Chéreau fait en revanche preuve de clairvoyance lorsqu'il évoque son mode d'appropriation des textes et le plaisir qu'il éprouve à provoquer l'interaction entre les acteurs.

"J'ai vite réalisé que j'étais bien dans une salle de spectacle"

Grâce à de formidables images d'archives et des entretiens approfondis, Stéphane Metge explore les paysages continus de Chéreau, traversés d'effets de rupture qui obéissent à une logique d'extension et d'élargissement d'un désir fondateur.

" Très tôt, j'ai admiré", confie Chéreau : les sculptures et les peintures du Louvre, mais aussi les spectacles et les films. En 1960, déjà, il découvre, ébloui, le Berliner Ensemble mettant en scène Bertolt Brecht. " J'ai vite réalisé que j'étais bien dans une salle de spectacle, ça m'a semblé mieux que chez moi", dit-il.

Même s'il avoue que les raisons de faire ce métier se transforment sans cesse, le plaisir de vivre dans ce sanctuaire reste son moteur. Strehler, Sobel et Planchon l'initient au théâtre.

Le comédien Daniel Emilfork le pousse à interpréter Richard II : bien que très jeune, il joue déjà avec conviction. Emilfork, le visage émacié, la voix aristocratique, évoque alors le caractère du jeune promis :

" Chéreau me rappelle Fritz Lang, il y a chez lui une recherche dans la rythmique des mouvements, comme s'il voulait s'approprier la vie même."
Ses expériences à Gennevilliers, Sartrouville ou en Italie le conduisent au TNP de Villeurbanne au début des années 1970, moment où son geste théâtral s'affirme.

En 1973, il monte La Dispute de Marivaux, un tournant. " Nous sommes tous des enfants de La Dispute", dira l'un de ses comédiens. Chéreau renouvelle la lecture de Marivaux, mais, surtout, " le rapport au texte devient concret", viscéralement lié à la pratique du plateau, traduisant la recherche du sens des mots dans l'espace : " Le lien entre ces mots et l'espace est le corps des acteurs."

Le corps, motif obsessionnel de ses films

Ce tropisme du corps investi par le texte se déplace aussi dans son travail sur l'opéra. Sa proposition de L'Or du Rhin de Wagner fait scandale en 1976 à Bayreuth : les wagnériens conservateurs lui reprochent de mettre" trop de théâtre" dans sa mise en scène et de sacrifier la musique.

Ce rapport au corps des acteurs est un motif obsessionnel de ses films. Dans L'Homme blessé, son premier grand film réalisé en 1983, les corps s'attirent sans cesse, même si " le plaisir est impossible".

Au Théâtre des Amandiers de Nanterre où il s'installe au début des années 1980, son art théâtral trouve son parfait accomplissement. Il y crée une école restée célèbre.

Les images de son enseignement auprès des jeunes élèves d'alors (Valeria Bruni Tedeschi, Laurent Grévill, Vincent Perez, Bruno Todeschini...) consignent l'énergie créatrice de Chéreau, proche de ses comédiens, au plus près de leur souffle, comme s'il avait besoin de se frotter au grain de leur peau, de se mesurer aux frémissements de leurs voix incertaines, de percer le mystère de leurs visages.

Une oeuvre nourrie de chuchotements et de cris

"Je pars toujours du désir que j'ai pour un comédien", dit-il. De l'espace du plateau (théâtre, opéra) à celui du cadre (cinéma), le geste du metteur en scène se déploie toujours à partir de ce désir exploratoire.

Ce travail de pédagogue, avoue Chéreau," renouvelle alors son envie de mettre en scène". Partagé entre son travail au sein d'une cage dorée - une école à l'abri du dehors - et sa curiosité pour le monde extérieur, Chéreau construit une oeuvre nourrie de chuchotements et de cris, de ses affects et de faits sociaux.

Les tragédies politiques de l'époque résonnent dans les intimités blessées et les souffrances des chairs. Dans La Reine Margot, film sur les massacres de la Saint-Barthélemy, on devine les échos des massacres en Yougoslavie.

Les fêlures du monde et des hommes s'entremêlent sans cesse dans un chaos orchestré par son regard et son désir de mettre à nu les malentendus, sans pouvoir les résoudre.

Dans sa sublime mise en scène de la pièce de Koltès, Dans la solitude des champs de coton, une danse hystérique, nerveuse, malade de sa propre peur, livre sur Karmacoma de Massive Attack l'image d'une souffrance exaltée.

C'est sur ce noeud inextricable qui associe l'effroi du spectacle de la violence et l'impossibilité d'en détacher le regard que se construit l'univers de Chéreau. Où la solitude, éternelle, s'écrase dans un champ de béton.

Patrice Chéreau, un artiste au travail, documentaire de Stéphane Metge. Lundi 15 novembre à 22 h 30, Arte  l'exposition