mardi 27 mars 2018

Black Panther

Black Panther : J’ai vu un film avec une majorité absolue de noirs dans les acteurs et dans la salle et j’ai été la plus heureuse possible comme lorsqu’adolescente,  je découvrais mes premières BD de super-héros dont le surfer d’argent ; là c’était Black Panther et pour rien au monde, j’aurais perdu une miette de ce film et de ces personnages quelle tristesse d’en sortir... 
C’est aussi bien que Star Wars mieux qu’un James Bond  en même temps un pied de
nez à ces filiations... L’humour y est permanent, l’intelligence des conflits humains, de la frontière voulue comme absolue entre la fiction/la réalité, la vie/la mort ! Les personnages sont charismatiques o combien, et les femmes sont en parité absolue... On ne s’ennuie pas une seconde mais bon on est un peu triste en pensant qu’on a pas un seul de ces êtres comme ami dans sa vie de petit blanc. Vivement la suite...L’esthetique la réalisation les costumes la lumière le rythme : un régal face à l’eternité. L’idee de fond... ah ! je ne peux pas vous raconter l’histoire et il y a mon acteur noir préféré : Forest Whitaker, 




dimanche 25 mars 2018

Rien ne vaut l’espoir, tiens ferme ta couronne Yannick Haenel, Céline Milliat Baumgartner : Bijoux de pacotille Théâtre

https://www.google.fr/amp/s/www.lci.fr/amp/livre/yannick-haenel-tiens-ferme-ta-couronne-prix-medicis-2017-gallimard-de-quoi-ca-parle-2069299.html







si je voulais offrir un livre à partager j’offrirai celui-là Tiens ferme ta couronne de Yannick Haenel 
j’aime à lire tout comme à voir tous les films et depuis que je relis plus facilement, depuis ma convalescence : entre maladie et bonne santé- à lire déjà parmi tout, les livres qu’on m’a offert, c’est comme une forêt, j’en ai donné un bouquet à une amie très chère à mon cœur quî part en voyage, comme le langage des fleurs, le langage des livres dont on offre la lecture, c’est très difficile à démêler... trop proche, trop désireux d’être proche, quand il n’y a pas de papier  de ruban : ceci est un livre que je ne connais pas mais que je t’offre comme cela au jugé, un livre jeté sur ton chemin au hasard.
Tandis que lorsqu’on les apporte comme dans un panier fraîchement cueillis, il faudrait ne jamais les
terminer pour qu’ils restent un temps en suspends, à partager celui de leur conversion en conversation, à propos de...
L’amitié et des livres qui nous ressemblent, rassemblent que nous avons touchés, parcourus de nos mains, de nos yeux, que nous avons bâclés ou aimés ou mal aimés. L’amitié des livres est inconstante, on les oublie mais on peut les relire, ils restent intacts mais nous avons changé.
Mais cette amie m’a dit mon aimé, mon compagnon, celui qui compte avant tout, mon unique (je l’ai interprété de cette façon) m’a offert une liseuse, car c’est encombrant d’emporter des livres en voyage. C’est vrai c’est mieux la liseuse c’est moins encombrant.... 
Que je suis délicate en amitié ! Heureusement en vieillissant les amitiés deviennent historiques, on ne se pose plus de questions, on n’est plus jaloux de... , on recompose les
souvenirs, les rassemblons pour les suivre, comme
des petits cailloux qui conduisent à la mort de l’un des deux, et non plus à la fin de l’attachement. 
Je veux un chien !
l’amitié existe surtout est irremplaçable quand elle remplace l’amour justement, après elle gît comme une chambre à air toujours de secours mais dégonflée.

En marchant dans la rue l’amour ou l’espoir de dos !



Olivier Steiner et moi au Théâtre du Rond Point

Je suis retournée voir avec mon ami, mon enfant, mon étoile, mon espoir, mon grand fils adoptif...
- les trois de ceux qui se sont dits mes enfants adoptifs, vivent au lieu de survivre et j’en suis tellement fière, car toute ligne est obligée de se briser, pour devenir lumière... toute vie est résilience a écrit Olivier.


Je voulais des souliers qui ressemblent à ceux de Celine dans son spectacle : Bijoux de pacotille spectacle, que j’ai
vu pour la première fois au théâtre Paris villette 
Et là, la deuxième fois où j’ai vu le spectacle au théâtre du Rond Point, ses souliers m’ont fait un cadeau, regardez les bien quand elle les quitte à un moment, après... qu’elle les ait troqués pour des ballerines chaussons pour faire les pointes.
Les miens  de souliers ne font pas le même bruit non plus ! mais ce sont les miens qui marchent à grands pas !

via Olivier Steiner sur FB à propos de Céline Milliat Baumgartner : 
« Libé me hérisse le poil la plupart du temps (cf Eddy de Pretto récemment) mais force est de reconnaître qu'ils sont forts pour les titres et les photos. "Orpheline de vie", Celine Milliat-Baumgartner, oui ! Elle l'est à la vie à la mort. J'ai la chance de connaître Céline depuis "des lustres", nous fumes jeunes ensemble au cours Florent, elle était dans la classe libre et moi "un peu plus bas", je l'admirais. Elle m'intriguait aussi, sa solaire tristesse m'intriguait, je ne la comprenais pas. A l'école une rumeur circulait, "elle était la nouvelle Jeanne Moreau" et oh oui, j'étais d'accord, je l'admirais pour son jeu Jules et Jim des années 2000, également pour son quelque chose en plus - j'appris plus tard que c'était aussi un quelque chose en moins. Peut-être que tous les trucs en plus sont à la base choses en moins ? Il ne reste hélas que quelques jours pour voir son dernier spectacle (dont elle est aussi l'autrice avec Pauline Bureau) : Les bijoux de Pacotille au Rond-Point. Une des plus belles histoires de résilience que je peux connaître (toutes les vies sont des histoires de résilience, toutes). Merci encore à "maman" de coeur Nathalie Feyt pour l'invitation, et sachez que même Isabelle A. a adoré hier soir, "absolument" adoré. <3 »

samedi 24 mars 2018

La double inconstance (ou presque) au TGP à Saint-Denis

Il faut gagner l’endroit : Le TGP, mais une fois arrivé tout se déroule comme dans une bulle et vous pouvez les fermer vos yeux pour les ouvrir sur ce spectacle beau, mélangé, accueillant, drôle intelligent, chaque personnage vous agrippe, vous les aimez immédiatement tous et il faudrait prendre partie pour Arlequin et/ou Sylvia quoique le prince « la prince » Lelio qui cache sa couronne dans sa poche et Flaminia et le beau fort homme majordome Trivelin et la lutine dame d’atours, de cour, courtisane : Lisette sont aussi beaux dans le désir de convaincre que leur amour est le meilleur... Les pauvres et les riches ne se rencontrent-ils que par cette « porte étroite » et rarement empruntée : l’amour qui gomme la balourdise en subtil pincement du désir et qui durerait !? Arlequin n’a pas dit son dernier mot, mais la fin ici est singulière

comme dans un jeu qui ne serait pas réel, tout le monde ne mourrait il pas ? avec ou sans révolution.

Après un tonnerre d’applaudissements et de vivas nous n’avions aucune envie de partir et sommes allés remercier tous les différents protagonistes de cette histoire : des acteurs : ouf ! car sinon en fait cette histoire est doublement cruelle et  d’apprendre, mais est-ce si triste, qu’ils le sont tous « inconstants »?

Le restaurant sur place est très bon, très sympa, pas trop cher, même si avec le retour en voiture (uber)le repas les places tout cela était une soirée un peu folle pour nos bourses. 

C’est cher le théâtre -le théâtre « intelligent » « intellectuel » n’est pas le plus cher !- avons nous discuté avec notre chauffeur Yassine (et pas tant qu’un match de football) c’est plutôt comme un petit voyage ça renouvelle l’imaginaire et l’on est content de se retrouver chez soi...après avoir discuté entre amis nous étions 4 et aussi avec les comédiens le metteur en scène car c’est souvent possible, après de discuter avec eux, contrairement, après les matchs, avec les joueurs et le coach, ils sont accueillants.Le théâtre mis en scène par  Jean-Michel Rabeux est accueillant... et pour tous.

https://m.aubalcon.fr/pieces/fiche/la-double-inconstance-2

https://www.rabeux.fr/spectacles/la-double-inconstance.html



Yassine notre chauffeur Uber : Arlequin dans le réel 



Sylvia et Flaminia au théâtre 

mardi 20 mars 2018

Pour mon amie Anne et ses trois hommes qui n'ont pas pu venir : Concert de Jérémie Droulers le 17/03//2018 au bar La Liberté Paris 12 ème






Reprise de Neil Young avec Flavie, Thomas, Pierre, Anabel et Pascal , dehors il fait nuit, il neige. 




Aznavour : emmenez-moi au pays du soleil il me semble que ma misère serait moins pénible au soleil. 

Pour mon amie Anne, pour le père de ses enfants, pour Guillaume, pour son frère Patrick puisque c'était la Saint-Patrick, pour Hippolyte et Timothée qui n'étaient pas là, pour Annabel qui était là, pour ma petite soeur Evelyne pour Setrak, leurs filles: Chou, Camille, Nanou pour Eric pour Virginie, Olivier pour mon autre beau-frère Pierre Alain son mari, parce qu'ils m'ont fait vivre cet instant plus intensément à la joie à la musique qui donne à la mémoire toute sa liberté parce qu'elle s'imprime se déploie par le corps la voix la musique le partage à tous les âges et parce que dans ce petit bar nous étions tous rapprochés.. À la musique au partage qui lui migre librement malgré tout au dessus de nos têtes et dedans nos corps nos vies....

Ils ont chanté bien-sûr les chansons de Jérémie en français en anglais avec Flavie et puis sinon ont entonné des reprises avec Thomas puis Pierre des reprises Neil Young les Beatles les Stones les Pink Floyd, Frank Zappa, Neil Young, et Aznavour : emmenez-moi au pays du soleil il me semble que ma misère serait moins pénible au soleil. 
Ah quand tout le monde chante bouge les petits, les grands, ça parait facile, il faudrait cela des Jérémie dans tous les bars pour dire chanter jouer avec tous et nous faire croire au moins à nouveau que nous avons tous l'âme musicienne pour que les humains se ré-humanisent.

Frank Zappa

lundi 19 mars 2018

Vous n’aurez pas ma haine

Nous y sommes allés dimanche dernier à 17h30. Dans la salle il y avait un groupe d’aveugles mais je ne pense pas que ce soit la seule raison de la qualité d’écoute de concentration sur chaque mot de ce récit. Parce que nous nous identifions totalement à ce que nous sommes des humains écoutant un papa qui nous parle de son petit Melville de 18 mois alors qu’ils ont perdu Helene parmi les 130 morts du Bataclan, la femme et la maman, au travers du jeu si transparent du comédien Raphaël Personnaz Mais ce n’est pas seulement un conte, une tragédie, c’est la mort dont on ne parle que très peu comme si elle restait tapie dans sa cage, à sa place, quand même prête à bondir, si on ne l’enferme pas sous des tonnes de précautions, travestissements, grossissants ou amincissants.
Elle s'en sort toujours la mort, pourquoi ?
Il vaut mieux écouter du  plus profond, mais de toutes les  façons, cela ne s’effacera pas, c’est tellement bien cette histoire d’amour qui aurait dû continuer, d’autant qu’ils étaient 3 et puis... Non.
Le vol d'un papillon de nuit on l'entendrait, au Théâtre de l'Oeuvre, car rien ne peut nous séparer, hein ! de ce moment pur de théâtre, de vie au théâtre, on le retrouvera, dis... après, derrière les cintres de la nuit...
Y a des moments où l’on pleure, à chaudes larmes, d’autres où l’on sourit et à la fin on n’arrive pas à s’arrêter d’applaudir le plus fort possible...

je n'ai pu importer la video c'est le plus difficile à importer, à retrouver pour moi, vu la taille, le poids et pourtant, on charge des videos en direct partout, il y en a de si laides des videos, que je ne pouvais rien laisser, de pas beau, là... alors suivez le lien et mieux encore allez le voir au théâtre... 




Surtout allez y à deux comme en groupe, vous verrez l’un des plus subtils moments transformés en récit puis en théâtre. Bravo aux grands et au petit Melville pour nous avoir guidé... pour nous avoir réparés un temps : ici et maintenant ?
Si vous êtes seul n'hésitez-pas à partager parler avec d'autres spectateurs : on a besoin d'accueillir après être allés chercher un peu d'humanité au théâtre, ou à attendre le comédien et la pianiste (car il y a un piano sur scène : qui choisit les notes à votre avis ? c'est vrai que l'interprète est bien cachée au service, elle aussi de l'indicible) pour leur dire ce que vous avez ressenti, moi je leur ai dit : envie de vivre et d'aimer.....

jeudi 15 mars 2018

Getting attention à l’étoile du Nord

http://sortir.telerama.fr/paris/lieux/theatres/l-etoile-du-nord,5516.php

Ce sont les dernières c’est un spectacle subtil et comment dire,

de grande importance !

non c’est pas le mot,

de grande répercussion, c’est plus ça ! sur nos vies !

C’est éprouvant comme théâtre ? -oui, non ! c’est intelligent et spectaculaire avec rien d’autre que nos vies ordinaires dans un immeuble dans les années 90 où le portable ne nous rendait pas à chaque instant avant d’être vivant : virtuel. L’époque où seul le micro-ondes semblait une révolution : les années 90. La mise en scène est subtile, les lumières extraordinaires pour distordre le temps. Les acteurs sont tous très bons, ils chantent certains... comme au karaoké. C’est un peu comme « faute d’amour »: le film, au début j’ai rejeté, éjecté le contexte de froideur et puis après c’est comme si tout me réapparaissait : précisément décrit avec des personnages tellement crédibles, hélas! 

L’espace scénique et Dieu sait ?! pourtant si je connais ce théâtre, ne m’a jamais paru aussi grand, aussi haut, aussi profond, je me croyais au Festival In  d’Avignon, mais à la différence, c’est que le prix des places est inférieur à 20€ et que plein de jeunes étaient dans la salle, qui parlaient volontiers avec nous, en plus. 

C’est un spectacle à imprégnation lente et d’aucune complaisance avec la pièce elle-même. Comme je le dis de Michel Fau, Sophie Mourousi rend son théâtre limpide !



dimanche 11 mars 2018

Antigone Cie des électrons libres d’Anouilh encore les vendredis 16, 23 mars 2018 à 21h

Antigone au théâtre Darius Milhaud, allez voir sur le site de très belles photos...
La dernière fois le vendredi 9 mars 2016, deuxième fois que j’ai donc revu cette Antigone de Anouilh dans un autre lieu avec d’autres comédiens pour certains rôles notamment 
Ismène sans plus de ballets. Certes la salle de ce théâtre Darius Milhaud est bien plus petite, et donc les danseurs n’auraient plus la place,
Mais voilà, ce n’est plus pareil, pourquoi ? parce que la 2 ème fois, parce que ce que j’ai dit précédemment, parce que plus de bottes, plus le même âge sous la cape, plus la même sensualité chez Ismène, Antigone, où sont les peintures de ses mains et avant bras au henné ? 
Mais la qualité d’un œil extérieur c’est de voir « à chaque fois comme la première fois ».- C’est possible, ça !? 
Alors je n’ai pas ressenti la rébellion et la sensualité affective par exemple entre les personnages : les sœurs Antigone et sa nourrice, Antigone et Hemon. Les rapports sont un peu comme étiquetés fiévreux, violents sans assez de  progression, ruptures, intériorité, d’autant que le public est proche et la relation avec lui, plus du domaine du gros plan, que d’un plan lointain. 
Sauf de la part de Créon, face à tous et surtout isolé face à lui même.  
Les gardes assurent la part burlesque de leurs personnages et font bien rire le public, qui tout le long se reconnait en eux. 
Par ailleurs,  au début de la pièce lors du prologue, la metteur en scène joue le rôle du narrateur et comme dans un générique à la Sacha Guitry présente les personnages et l’intrigue. Pour moi, elle criait trop fort, dans ce lieu, sans tenir compte de la présence des personnages et des acteurs comme en quête de s’exprimer malgré eux et sans aller non plus jusqu'à jouer précisément le dictateur de l’opinion face à des pantins.... 
Ce que je tiens à dire, c’est qu’on ne s’ennuie pas et qu’on n’a pas l’impression que cela dure près de deux heures. D’autant que dans le décor, il y a toujours cette horloge qui marque le temps de 12h à 14h....

la première fois que j’ai vue cette version d’Antigone 15 avril 2016

Théâtre Antigone de Anouilh à la Mairie de Thoiry(78)par la Cie des électrons libres, j'aurais beaucoup de choses à dire sur ce spectacle de danse et théâtre, spectacle "amateur" exigeant et qui touche. Pour critique, les costumes m'ont heurtés et je ne me la pète pas dans le style j'ai été professionnelle, 
C'est bien de heurter, la ligne est osée, entre Star Wars et les pompons girls. Ils ne se laissent pas intimider, même si la mairie a demandé qu'on enlève certaines scènes trop réalistes  : le viol par les gardes et la ceinture d'explosifs "factice"... sous la cape du jeune page.
La sensualité époustoufle.

Pour caution  ils ont obtenu l'aval et la présence de Colombe Anouilh(fille de l'auteur). La Cie de danse, qui a chorégraphié le prologue et l'épilogue de la pièce est imprégnée de toutes leurs singularités et de leur force, ils sont graves et beaux, leur ballet raconte tout le désespoir d'une jeunesse bafouée alors qu'innocente. C'est une pièce là aussi qui devrait être vue réellement par tous les jeunes et leurs parents, car elle ouvre à discussions. Il y a une troupe véritable, pour la pièce de théâtre avec des étrangetés, dont un garde messager à l'accent du Sud-Ouest, une jeune femme noire -vestige du chœur antique ou du peuple moderne- qui tout le temps regarde passer le théâtre. Tout un monde décliné, comme dans la vie et non pas comme sur les images glacées des pubs télé ou sur les affiches, magazines. Et pour moi l'idée la plus forte de cette mise en scène, c'est cette  grosse pendule chronomètre attachée en fond de scène, qui avance tout le temps de la représentation et est arrêtée à la fin des 2 h, par Créon. Le duo Antigone et Créon est de haute voltige celui d'Hémon et d'Antigone amoureux,celui d'Antigone et de sa Nounou, d'une folle tendresse. La transmission entre les générations de Créon à Antigone puis de Créon à l'enfant page, témoin sensible à tout, s'est comme détraqué. Les rapports sont intenses et c'est avant tout cela le théâtre, bravo à la direction d'acteurs et aux acteurs.

samedi 10 mars 2018

Ngugi wa Tiong'o : Décoloniser l'esprit; un des livres les plus censés que j'ai lu de ma vie sur la colonisation en Afrique et le théâtre... au Kenya

Dans l'introduction de cette édition (La fabrique éditions), Sylvain Prudhomme écrit au sujet de son second roman (p 10) écrit en kikuyu : Matigari, évocation d'un vétéran de la révolte des Mau Mau qui revient au pays vingt ans après l'indépendance et découvre que rien n'a changé : les inégalités sont toujours aussi criantes, une élite corrompue s'est contentée de prendre la place des colons et continue d'exploiter le peuple. Le livre est rapidement traduit en kishwahili, autre langue majeure du Kenya, et rencontre un succès immense, à la mesure du lectorat populaire auquel il est destiné. La renommée du héros Matigari, justicier du Kenya contemporain, devient bientôt telle dans les campagnes et les villes que la police prise de panique, lance un avis de recherche contre lui. Lorsqu'elle comprend qu'il ne s'agit que d'un personnage de fiction, c'est le livre qu'elle "arrête" tous les exemplaires disponibles sont saisis, les stocks de l'éditeur confisqués. La même année les oeuvres de Ngugi sont retirées des bibliothèques scolaires et universitaires. Profitant de ce que l'auteur de Matigari se rend à un colloque à Harare, au Zimbabwe, le régime d'Arap Moi tente de l'assassiner : un commando est intercepté devant son hôtel.

Exilé aux États-Unis. Ngugi continue d'écrire en kikuyu."

p 42

il cite Hegel, "pour qui l'Afrique est pareille à une terre restée en enfance et encore enveloppée, du point de vue du développement la conscience historique, de ténèbres excluant que rien de profitable à l'humanité ait la moindre chance d'y être jamais découvert."

p 50-51-52
"Au fil du temps, cette littérature que Janheim Jahn a qualifiée de "néo-africaine", finit par réussir à asseoir le mythe d'un pays peuplé de paysans et d'ouvriers anglophones(ou francophones, ou lusophones) -ce qui revenait à nier purement et simplement les faits et la réalité historique. À cette paysannerie et cette classe ouvrière d'expression française ou anglaise qui n'existait que dans les romans et les pièces de théâtre, les auteurs de la nouvelle littérature prêtaient leurs doutes, leur besoin d’évasion narcissique, leurs angoisses existentielles, leurs interrogations sur la condition humaine et jusqu’à leurs traits de petits bourgeois déchirés entre deux mondes.
En fait s’il n’avait tenu qu’à cette classe, les langues africaines auraient définitivement cessé d’exister et avec elle l’indépendance !
mais les langues africaines refusèrent de mourir. Elle Nalaire pas rejoindre le latin parmi les langues mortes vouée aux fouilles, aux classifications et aux colloques internationaux d’archéologie linguiste.
Ces langues, cet héritage des nations d’Afrique, la paysannerie les maintint en vie. Aux yeux des paysans, rien n’opposait le fait de parler sa langue maternelle à celui d’appartenir à un ensemble géographique national ou continental plus vaste. Il n’y avait nulle contradiction entre l’appartenance communautaire immédiate, la nationalité dictée par les frontières de 1885 et l’identité africaine en général. Ils parlaient joyeusement le wolof, le haoussa, le yoruba, l’ibo, l’arabe, l’amharique, le kiswahili, le kikiyu, le luo, le luhya, le shona, le ndebele, le kimbundu, le zoulou ou le lingala, sans pour autant vouloir écarteler les États multinationaux. À l’époque de la lutte anticoloniale, il firent preuve d’une capacité sans bornes à s’unir autour du meilleur chef de fil ou partie, de quelque bord qu’il fût, pourvu qu’il incarnât de façon consistante l’anti-impérialisme.  Et s’il y eut bien une faction qui plus d’une fois provoqua des divisions qui faillirent tourner au conflit ouvert, ce fut au contraire la petite bourgeoisie, en particulier les compradors, avec leur culte du français, de l’anglais et du portugais, leurs rivalités mesquines, leurs chauvinisme ethnique. Non, la paysannerie n’avait pas la moindre honte des langues qu’elle parlait, pas plus que des cultures transmises par ces langues ! »

p 60
« Les ressources naturelles et humaines de l’Afrique continuent de profiter au développement de l’Europe et des États-Unis ; mais on a persuadé l’Afrique qu’elle devait remercier ces puissances  pour leur aide. Pire : l’Afrique elle-même produit à présent des intellectuels qui s’applique à relayer ce genre de raisonnements. »

p 76-77-78
Le projet du centre de Kamiriithu n’était donc pas une aberration, mais plutôt une tentative de retour au fondement oublié de la civilisation africaine et à ses traditions théâtrales. Par son simple emplacement au cœur d’un village où se côtoyaient les classes sociales décrites plus haut.  Kamiriithu résolvait la question de ce que doit être un authentique théâtre national. Le théâtre n’a rien à voir avec un bâtiment. Ce sont les gens qui le font. C’est de leur vie qu’ils parlent. Kamiriithu  renouait avec la tradition de l’« espace vide » tant par la langue et le sujet des pièces que par leur forme.
Les circonstances ne laissèrent guère le choix. Par exemple il existait à Kamiriithu un « espace vide » à proprement parler : Les quatre arpents de terre réservés au centre de loisirs n’abritaient encore à l’époque, en 1977, qu’une vague bâtisse de quatre pièces aux murs d’argile, qui servait pour les cours d’alphabétisation aux adultes. Le reste était abandonné aux herbes. Ce furent les paysans et les ouvriers du village qui bâtirent la scène : une simple plate-forme en demi-cercle surélevé, adossé à une palissade en bambou derrière laquelle une maisonnette servait de coulisses. La scène était à peine séparée des rangées de fauteuils, faites de longues pièces de bois pareilles à des marches d’escalier. Il n’y avait pas de toit. C’était un théâtre en plein air, entouré de vastes terrains vagues. Rien n'entravait le va-et-vient des acteurs et des spectateurs entre les gradins et la scène ni entre les gradins et les alentours. À l’arrière-plan poussaient de grands eucalyptus. Du haut des branches ou de la palissade en bambou, les oiseaux assistaient aux représentations. Et au cours de certains spectacles, il arrivait que, sans avoir répété, des acteurs décident subitement de grimper aux eucalyptus et de mêler leur voix à celle des volatiles. Ils ne jouaient pas seulement pour les spectateurs assis devant eux mais pour quiconque les apercevait et les entendait : leur public, c’était les 10 000 habitants du village sans exception.



p 94-95
« Un tel théâtre participe d’un système plus global, celui de l’éducation bourgeoise, qui revient presque toujours à affaiblir les gens, à leur donner l’impression qu’il seraient incapables de faire telle ou telle chose –oh ! quelle intelligence il doit falloir pour ça ! Un système qui revient au fond à mystifier le savoir et le réel. Cette éducation-là, loin de donner confiance aux gens, loin de leur apprendre à croire en leurs capacité à s’affranchir des obstacles et à maîtriser leur rapport au monde et aux autres hommes, leur fait constamment sentir leurs inaptitudes, leurs faiblesses leurs insuffisances - leur  incapacité de rien changer aux circonstances régissent leur existence. Elle les aliène en les coupant toujours plus d’eux-mêmes et de leur environnement, pour aboutir à une société scindée en deux : d’un côté une galerie de stars, de l’autre une masse indifférenciée d’admirateurs passifs. Les dieux de l’Olympe et les bouillants chevalier du Moyen-Âge sont de retour, avec les hommes politiques, les savants, les sportifs et les acteurs vedettes dans le rôle des héros, béatement admirés par la foule des gens ordinaires. »

mercredi 7 mars 2018

Les heures sombres film de Joe Wright

Ah ! je voulais voir Dracula en WC (!),  en Winston Churchill et je n’ai pas été déçue. Gary Oldman a bien mérité son Oscar, et ce n’est pas facile, croyez-en mon expérience de comédienne, de clown-actrice, de jouer sous un masque. Quelle idiotie de dire qu’il faudrait mieux remettre l’Oscar au prothésiste maquilleur qu’à l’acteur. Demandez aux décorateurs aux costumiers aux maquilleurs aux techniciens du spectacle : qui donne vie à leur artisanat à leurs lumières ? Ce n’est pas un hasard s’il y a des récompenses spécifiques entre eux à toutes ces manifestations : les acteurs, les réalisateurs et les techniciens, eux-aussi artistes à leur manière. 
Depuis la disparition de mon père, je me surprends à aller voir des films de guerre, qu’il aimait tant, je laisse en général toujours au moins une place de chaque côté, quand je vais au cinéma seule, pour le respect des absents.
Pour moi ça été un grand plaisir instructif, avec la promesse que je me suis faite après, d’aller voir aussi Dunkerque 
C’est d’une part inutile de le préciser, très bien joué, même dans les silences, mais aussi très bien filmé. Le film est aussi lyrique par la langue et le rythme, la succession des scènes intimes dont celles au téléphone (magiques ces premiers téléphones) et à la radio et puis les scènes de groupe : conseils de guerre, d’assemblées. À l’intérieur la photo est sépia et à l’extérieur : elle est toujours sombre... 
Pour parler du lyrisme bien particulier comme dans une pièce de Shakespeare, qui ne recule en rien à caractériser la dimension du personnage principal, et donc pour l’illustrer le point ultime, l’acmé, le sommet, c’est la scène du métro que j’ai adorée, à contrario de certaines critiques que j’ai pu lire. C’est comme si on retirait la scène des chandeliers des Misérables... J’ai pleuré comme une madeleine (madeleine pas si opposée à celle de Proust : souvenir... des récits de mon père où il s’appropriait tellement bien les actions qu’on l’imaginait anglais, américain, chef d’état major, résistant français). Et donc j’aurais bien vu mon père en faire autant, à cet instant précis, pleurer comme une madeleine car lui a connu la seconde guerre mondiale de plus près que moi et avait tellement lu de livres sur elle...








mardi 6 mars 2018

Féminin Plurielles cinéma courts métrages

après avoir vu le film



Au 3 Luxembourg,nous étions une petite quinzaine dans la salle, aprés nous avons parlé avec le réalisateur, à peine le temps car il y avait une autre séance avec un autre film.  
Voilà ! il faut absolument faire de la pub pour ce film très bien, je suis allée le voir à la première séance,  il ne sort que dans 2 salles à Paris : les 3 Luxembourg à 14h20 et à l'Archipel à 20h : Féminin plurielles : c’est 3 courts métrages, avec mon amie Lise Bellynck dans le 1er : Douce. 
Sinon c’est trois portraits  de femmes, voir 4 (elles sont deux dans le troisième)   qui brouillent les codes, sont un hymne à la liberté d’être et d’aimer.  Il y’a des références cinématographiques Bresson dans la déconstruction du temps, des plans qui commencent et ne finissent pas, et aussi à Rohmer dans l’écriture à blanc et presque poétique des dialogues. Je voulais parler aussi des scènes d’amour féminines, d’une sensibilité telle qu’on les croirait tournées par les femmes elles-mêmes. Elles sont à la fois intenses vraies pudiques et surtout élégantes. 
Mais c’est limpide et il y a une histoire dans chacun des trois films. 
Nathalie Nathpass qui aimerait bouger le bouche à oreille, pour que tous mes amis d’ici et outre-atlantique réclament de voir ce film. Il n’est pas passé par les « canaux » classiques et il a besoin de toutes les aides pour vivre et nous faire vibrer. C’est extrêmement bien filmé et c’est urgent à voir et à revoir à cette période d’éveil, de réveil des paroles de femmes, par le plus grand nombre d’hommes et de femmes.
OBLIQUES -Entretien avec Sébastien BAILLY autour de "FÉMININ PLURIELLES"par Pierre GAFFIÉ
C'est tellement vertigineux l'analyse d'un film une mise en relief et en abime à la fois de la personnalité du réalisateur.
Le monsieur sur la photo avec le bonnet de dos c’est le réalisateur Sébastien Bailly, moi aussi je sais être pudique. 


sur Télérama

Synopsis

Hafsia, Douce, Delphine et Charlotte : quatre jeunes femmes qui cherchent à s’affranchir des limites qu’on voudrait leur imposer.

Critique lors de la sortie en salle le 06/03/2018  


Par Jacques Morice

Trois histoires distinctes pour quatre portraits féminins. Non, ce n’est pas la Kelly Reichardt de Certaines femmes, mais Sébastien Bailly, un jeune cinéaste français qui pose un regard singulier sur le rapport des femmes à leur corps, sur leur manière de s’épanouir hors des normes. Une infirmière à l’hôpital, rêveuse et solitaire, est de garde la nuit, dans un service où des malades sont dans le coma. L’un d’eux a un livre de poésie posé à côté de son lit. L’infirmière lui en lit des pages. Echauffée par sa lecture, elle en vient à se caresser, en profitant de la main de l’homme. Au bord de l’onirisme ou du fantastique, cette histoire audacieuse mêlant le sacrilège et la cérémonie secrète rappelle le cinéma de Brisseau — on y retrouve d’ailleurs Lise Bellynck (La Fille de nulle part).
Autre récit, plus cocasse et plus âpre à la fois : la rencontre amoureuse entre une photographe allemande venue à Tulle pour un reportage et une adjointe au maire. Sur fond d’hommage historique à un massacre ayant eu lieu dans cette ville en 1944, le cinéaste tisse avec autant d’audace que de tact une variante voluptueuse du « rapprochement franco-allemand ». Dans l’histoire la plus forte, le personnage portant le hijab, incarné par Hafsia Herzi, pourrait être perçu comme prude, soumis, victime. Sébastien Bailly ruine ces préjugés avec un naturel et une élégance exemplaires. Il fait de cette étudiante en histoire de l’art, qui prépare un examen autour du tableau d’Ingres La Grande Odalisque, un modèle de femme hardie, sensuelle et conquérante, qui défend une conception originale de la séduction.

avant d’avoir vu le film

Chers amis, le film "Féminin plurielles" de Sébastien Bailly sort en salle mercredi 7 mars. C'est un long-métrage réunissant 3  courts-métrages ; dans l'un d'eux, je joue le rôle de Douce.  Mais c'est la trilogie qui fait sens plus encore car comme le dit Serge Kaganski (Les Inrockuptibles) : " Ce qui unifie ce tryptique, c'est la précision et la délicatesse du regard de Sébastien Bailly. "
Et c'est dans toute la France : akwaba !
Lise Bellynck
Les Inrockuptibles
Féminin plurielles - Sébastien Bailly
Contre leur milieu, des femmes affirment leur liberté. Un regard juste et délicat. 
C’est toujours une épiphanie revigorante que de voir éclore un cinéaste. On ne savait rien de Sébastien Bailly, mais après vision de ce Féminin plurielles, on est certain de tenir un observateur élégant et subtil du féminin.

de la part du réalisateur pour une rencontre au Cinéma L’archipel et aussi au 3 Luxembourg et en région à Brive 


oui bien-sûr qu’on se voit le 19, 
avant j’irais voir les courts-métrages : triptyque -ah oui je me souviens bien maintenant de Douce (un des trois) j’étais venue à la projection c’est un très beau film Douce c’est normal qu’il resurgisse ! comme après sa prime jeunesse, sa première vie, se souvenir d’un court alors que depuis, j’en ai tant vu de longs, 
Je crois à la renaissance qui se perpétue, ce n’est jamais fini...
ce sera bizarre, c’est toujours bizarre de voir ses amis sur 
un grand écran comme si cela, sacralisait, attestait, soulignait 
leur disparition de l’amitié réelle. 
Au théâtre c’est différent, ils sont là en vrai, en chair et en os,  aux saluts ils recommencent à nous sourire, on peut penser après les retrouver, continuer la vraie vie, aller boire un verre au moins... avec eux, le deuil affectif, artistique, le compagnonnage disparu, envolé, l’abandon est repoussé jusqu’au lendemain. 
Le cinéma c’est un peu plus cruel, c’est comme retourner 
dans la maison de quelqu’un après sa mort et se heurter à un fantôme. 
La chaise vide, la boîte à couture, le béret accroché, le tiroir à photos, le chat assis sensible aux vibrations du son, regardant la porte d’entrée. 
Mais avec toi, comme dans le ciel avec les étoiles à les regarder, toute l’ellipse de leur vie reste forte de toute leur brillance, d’un espoir, d’une autre vie possible, d'une vie à côté de laquelle on est passé qui sait à cause de l'amour d'un clandestin, d'un voyageur inconsolé, insatisfait éternellement, bâtard, adultérin (j'aime ce mot dont je n'ai jamais bien compris le sens), adolescent... 
Je divague...