lundi 3 octobre 2016

Mort d'Éric Coutellier le 23 septembre 2016 à 44 ans et sa première Toussaint

"Je voulais écrire un petit mot pour Eric Coutellier qui est mort très jeune avec femme et enfants et syndicat et chevaux. On ne saura jamais quelles furent ses dernières pensées. Quand on meurt si jeune d'une crise cardiaque, il y a tant d'inachevé...
La fréquentation des êtres par exemple dans une réunion syndicale régulière, dans une manifestation ne permet pas de connaitre les gens et l'on reste encore plus qu'entre collègues dans une posture indéchiffrable : pas trop individualiste, mais volontariste avec un peu d'exemplarité, on essaie.
Nous restions loin et à ses côtés dans les manifs plus que dans les coups durs personnels. Je suis à la retraite depuis deux ans, alors le syndicat, je ne le connais plus que de loin. Mais mon  compagnon Pascal lui y est agissant, représentant élu, de ce syndicat.
Sa réaction :
C'est une terrible nouvelle
Je suis encore sous le choc
Nous perdons là un camarade très cher
Je pense à sa famille
Je serais bien sûr aux obsèques
Pascal


Je ne savais qu'à peine qu'il avait deux enfants...
Et nous nous sommes retrouvés tous ensemble à l'église de Rambouillet à 15h, le 30 octobre, avec des tas de questions : comment savoir s'il était croyant? Son frère jumeau, sa seconde femme effondrée pleurait désespérément, ses parents, sa fille aînée, des fleurs surtout blanches avec la photo de ses deux chevaux 
J'ai échangé quelques mots avec son frère après qu'il ait lu quelques mots très touchants à l'église, il ajouta que depuis l'adolescence la vie les avait éloignés. J'ai essayé de sentir d'écouter et à un moment j'ai pris dans mes bras sa femme qui venait de s'arrêter à la sortie de l'église, après le passage du corps. Ce corps de la mort : le cercueil, de quelqu'un qui nous laisse tous seuls si seuls... De lui à nous et vis à vis de chacun.
Il y avait beaucoup de monde, des amis, des voisins, des camarades de lutte. Il était très engagé dans son combat, sous diverses formes, contre l'injustice sociale au travail ici en France,  mais aussi en Afrique.
Le curé a dit que c'était aussi un artiste et qu'il jouait du piano.
La musique qui a été choisie par ses proches sur fond de pluie, au cimetière, c'était les chansons de Renaud sur l'enfance, comme Mistral gagnant.
Il y a eu beaucoup de larmes versées, comme la pluie, elles sont venues tout d'un coup. Après que nous nous soyons rendus au cimetière, nous avions comme besoin de rester entre camarades et nous étions 7 dans une voiture break/fourgonnette, nous deux avec Pascal, à l'arrière à la place des enfants disait la chauffeuse et propriétaire du véhicule partagé. Nous étions plus gais sur le retour comme serrés dans la reconstruction. Je me dis que dans les syndicats il faudrait pouvoir dire et pouvoir aider plus encore pour la solidarité quand quelqu'un confie qu'il a des ennuis au travail ou avec son ex-femme, ses enfants, pour les choses les plus importantes de la vie et pour lesquelles il ne peut pas être aidé, ou plus, ou encore... par ses proches. Le syndicat c'est pour s'aider autrement : être là et le manifester.  Ce qui lui aurait fait plaisir, c'est plus de présence de disponibilité et de solidarité alors essayons... au Syndicat en sa mémoire, d'avoir de la compassion, plus encore sans bien-sûr s'immiscer dans la vie des gens.






No plan: une des dernières chansons de David Bowie 

Un mois après la mort d'Eric, ce jour de la toussaint, où chacun pense à ses morts, fleurit ses morts,
 je viens d'apprendre par sa sœur qu'Eric s'est suicidé, c'est une si triste réalité que je me dois de rétablir les faits, car c'est si douloureux pour sa famille à porter et parce qu'aussi désespèré que soit son geste, c'est sa vérité, sa vie.  Je pense à eux, à nous qui restons, à cette phrase de Tchekhov qui a donné lieu à un roman et ensuite à un film : "il faut enterrer ses morts et réparer les vivants". Le roman, le film : c'est réparer les vivants qui sort sur les écrans ce mercredi. Il y a eu aussi une pièce de théâtre, la fiction  si elle n'efface pas la douleur console un peu, "rend la douleur féconde"(Maria Casares) et permet de dire à nos jeunes, de faire passer aux enfants que l'homme aime, a aimé malgré tout... Avec toute la tendresse possible.
Mes morts c'est mon père incinéré, il y a 2 ans, cet ami mort du sida, il y a 20 ans, toutes les victimes pour lesquelles Eric s'est battu ici et ailleurs, ces migrants noyés, échoués entre la guerre, la famine, la misère et notre liberté, notre terre d'accueil : la France... Et ce sont aussi les enfants que je n'ai pas pu, que je n'ai pas désiré avoir...dont j'ai du avorter. Je vous embrasse à tous, les ceux qui ont du chagrin.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir
je ne connaissais pas Eric personnellement, ni les amis de jeu qui se joignent à moi
Nous étions tous et toutes dans une guilde sur Forge of Empires
Eric était notre leader
il se faisait appeler Cadmos le chasseur
Nous avons appris son décès hier, vraiment par hasard, car nous avons tous manifesté beaucoup d'inquiétude à ne plus le lire chaque jour...
il était notre leader, notre père, notre frère
il nous manque terriblement, même si nous n'avons jamais entendu le son de sa voix, ni vu son vrai visage ( son avatar était aussi barbu ;) )
il nous parlait de femme, enfants et chevaux...
nous aimerions lui rendre hommage et faire transmettre toute notre affection à ses proches
merci de transmettre aussi ce message à sa famille
de la part de
la guilde des abeilles su soleil rouge
sur Forges of Empires

NATHPASS a dit…

votre message sera transmis à ses proches par nos camarades du syndicat au galop... merci de votre message : la guilde des abeilles du soleil rouge, pour Cadmos le chasseur.

Anonyme a dit…

merci NATHPASS
nous sommes tous effondrés mais nous continuons sur le chemin qu'il nous a montré et dès que possible, nous donnerons son nom à notre guilde

Anonyme a dit…

Bonjour,
je viens d'apprendre le décès d'Eric sur le journal municipal et en suis infiniment attristé. J'ai connu Eric à Rambouillet où nous avons milité contre les pratiques politiques de la françafrique. Nous perdons un proche dont la sensibilité continue de nous toucher, chacun découvrant des aspects inconnus de sa personnalité.
Cœur sensible de l'âme sincère
Douleurs profondément cachées
En nous ta douce flamme s'insère
Pour toi rien ne sera lâché
Samy

Aline a dit…

C'est vrai Éric nous manque terriblement,je viens de découvrir ce blog parlant du décès d'Éric. La dernière fois que j'ai vu Éric c'est une semaine avant sa mort à la dernière manif contre la loi travail.