samedi 26 octobre 2019

Ken Loach : Sorry, we missed you

Je crois qu’il faut retourner sans exception voir les films de Ken Loach, surtout que là aussi, c’est l’occasion d’échanger avec d’autres spectateurs, car il en faudra encore des films pour saper, réduire à néant, cette croyance qui m’a toujours révoltée que les pauvres l’ont bien cherché... qu’ils ont tout eu en main pour réussir mais que c’est de leur faute, s’ils ont échoué.  Oui ce film est implacable, oui il fait mal, mais il est « juste », si juste, si généreux dans le moindre détail : l’endroit où l’on pose les clés quand on rentre « chez nous », la lutte de l’adolescent qui cherche à s’exprimer malgré tout. Avec Pascal après on a discuté et il a tout compris depuis son enfance à l’injustice, au marquage de certaines familles comme incapables,  pour leurs enfants de poursuivre des études s’ils ne sont pas les meilleurs ...ils n’ont pas droit au moindre échec.  Et ce genre d’étiquette auto-collante, pauvre, populaire, c’est fait pour rester à vie et sur plusieurs générations. Notre monde pour augmenter ses profits, pour revenir encore et encore au profit illimité sur le dos des travailleurs, a beaucoup d’imagination, il est prêt à faire miroiter les illusions basiques, comme la liberté, l’égalité,  comme la propriété ou la libre entreprise : l’uberisation illimitée à vélo, en trottinette, en voiture, en camion de livraisons. La preuve il y en a qui y arrivent... les plus courageux investis disponibles .... ah ce leurre du courage du mérite qui prend en otage, comme alibi les Gladiateurs du système. 
Plus jamais je n’utiliserai leurs services. Pour moi c’est un peu comme au siècle où il était normal de tenir en esclavage certains humains ou de prôner le servage, l’industrialisation, dans n’importe quelles conditions, sous prétexte que c’était un progrès, non ?  Ce film, me diront certains amis,  plutôt adeptes d’un libéralisme qui finit par s’auto-réguler, émousser peu à peu les injustices en conservant aux privilégiés : leurs privilèges absolus  et tant pis pour les dégâts collatéraux. 
Non, il faut dire, non, dans le détail dans l’amour absolu d’autrui, il n’y a que cela qui donne de l’imagination. Il a raison Monsieur Francis Ford Coppola, il faut absolument « changer nos priorités, celles de nous enrichir toujours plus, pour l’enthousiasme le partage et la fête » (entendu à France-inter  Boomerang). Et aussi ne pas se sentir dédouané parce qu’on est allé voir le dernier film de Ken Loach. Je sais que la démocratie est un système préférable avec ses imperfections mais soyons vigilants aux régressions https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-25-octobre-2019



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