dimanche 6 janvier 2008

une pièce à relire, une à voir/2 DVD exceptionnels/Débat au Théâtre de la Bastille

J'ai relu Harold et Maude de Colin Higgins adapté par Jean-Claude Carrière et je me suis dit qu'au lieu d'essayer de convaincre un metteur en scène d'un nouveau parti-pris pour Roméo et Juliette avec deux cinquantenaires comme interprètes, il fallait mieux redonner vie à l'ouvrage des années 70. Ça nous colle à l'époque, car nous replongeons dans la même étroitesse de vision pour le couple, le retour aux valeurs morales, le ballet des alliances et des hypocrisies, le désengagement culturel...
Et donc les écrits, les pièces (voir plus haut : Voltaire's Folies) retrouvent toutes leur pertinence et leur brio pour le plaisir... et certes pour la réflexion aussi pour ne pas trop désespérer.

Au fait si un comédien aux allures d'adolescent a envie de jouer cette pièce avec moi j'ouvre une souscription. Qu'il se fasse connaître avant que j'ouvre une fenêtre annonce, j'ai encore quelques années devant moi, du moins je l'espère.

Extrait SCENE 3
-ils sont perchés dans les arbres installés sur une grosse branche-
Harold a 18 ans et Maude 80 ans.

Harold. Est-ce que vous priez ?

Maude. Je communie.

Harold. Avec Dieu ?

Maude. Avec la vie.

Harold. Et Dieu, vous y croyez ?

Maude. Comme tout le monde.

Harold. Ah ! bon !

Maude. Évidemment, si vous creusez un peu...

Harold. Mais Dieu qu'est-ce que c'est pour vous

Maude. Il a beaucoup de noms Brahma, le Tao, Jehovah. Pour moi, mon point de vue est celui du Coran : "Dieu est amour."

Harold. C'est dans les Évangiles.

Maude. Ah ! Tiens !

Harold. Un fameux cliché entre nous;

Maude. Cliché aujourd'hui demain pensée profonde et vice versa. Tout ce que je sais quand je regarde cet arbre c'est qu'il a beaucoup d'imagination. (Montrant son tricot.) N'est-ce pas ravissant. J'ai appris à tricoter l'année dernière.

Harold rit et s'allonge sur le sol.
Harold. On est vraiment bien ici. J'ai l'impression d'être un enfant. (Maude rit.) Vous savez ce que j'aimerais faire ?

Maude. Non. Quoi ?

Harold. Des cabrioles.

Maude. Qu'attendez-vous ?

Harold. J'aurais l'air idiot.

Maude. Et après ? Tout le monde a le droit d'avoir l'air idiot de temps en temps.

Harold. Bon.
Il se lève fait quelques cabrioles.

Maude applaudit. Il rit. Elle se débarrasse de son tricot.

Maude. Oh ! la roue Je vais m'assouplir un peu.
Ce qu'elle fait. Elle s'agenouille, forme un triangle avec ses mains et s'élance. Elle se tient en équilibre sur la tête, à la grande joie d'Harold.
Harold s'agenouille.

Harold. Vous devez croire que vous marchez sur le ciel.

Maude. Comme un nuage.

Harold. Vous êtes un nuage. Suspendu sans cesse entre ciel et terre. Vous êtes très belle.

Maude. Vue à l'envers ça peut passer. (Elle retombe.) Sacrés cheveux, de quoi ai-je l'air ?

Harold. La plus belle personne que j'ai jamais vue.


Maude. (elle sourit) Vous me donnez l'âme d'une collégienne.
Il l'embrasse sur la joue.

Harold. Merci pour cette journée.

Maude. Exquise n'est-ce pas Et nous la voyons maintenant qui s'achève. Le soleil s'en va. Il nous précède. Nous allons rester seuls avec l'obscurité et les étoiles. C'est ce qui l'a soutenue, malgré le froid, la faim. Et les miradors.

Harold. Que lui est-il arrivé ?

Maude. Je l'ai vue mourir en 1943. Le lundi de Pâques. Comme tant d'autres. Regardez !

Harold. Vous avez un numéro sur le bras .

Maude. Je ne suis pas la seule. Regardez.
Il regarde dans la direction qu'elle lui montre.

Harold. Ce n'est qu'une mouette.

Maude. (calme) Pendant sa détention à l'Ile du Diable? le capitaine Dreyfus a décrit des oiseaux magnifiques. Beaucoup plus tard, en Angleterre, il réalisa que ce n'étaient que des mouettes. Venez, Harold. Les mouettes sont des oiseaux magnifiques.

Une pièce à voir : Les trois sœurs de Tchékov monté par Patrick Pineau à Bobigny

2 DVD Ne touchez pas à la hâche de Rivette (Guillaume Depardieu est un OVNI, dans l'éventail jeunes comédiens français.
j'aimerai qu'il devienne réalisateur en plus).
et Boulevard de la Mort de Tarantino.

Débat au Théâtre de la Bastille
Au regard de la situation critique des théâtres dans le contexte politique, Jean-Marie Hordé, directeur du Théâtre de la Bastille, a décidé d’organiser une rencontre autour du thème : Art et politique : éloge de la discorde. Cette rencontre aura lieu au théâtre le lundi 28 janvier à 20 h. Seront présents pour animer cette rencontre Jean-Marie Hordé, Bernard Sobel, Pierre Meunier (metteur en scène), Emmanuel Wallon, sociologue (professeur à la Faculté Paris X-Nanterre).

Théâtre de la Bastille : 01 43 57 42 14

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