dimanche 10 août 2008

Des professeurs et des gestes de théâtre...

Un blog appelé : "blog cours de théâtre" intéressant sur le théâtre : les cours les spectacles en région et à Paris, des vidéos intégrales de spectacles, des sites pour devenir lecteur bénévole, ce blog est une mine d'or , j' y suis restée presqu'une heure pour voir presque totalement "Inferno" de Castellucci.
mais revenons à notre annonce sur l'article précédent des professeurs et des gestes de théâtre...
Bon là je vous donne le lien d'un entretien avec Stanislas Nordey, contrairement à la personne qui l'a repris, je dirais il faut accueillir les paroles et se méfier des êtres...
L'article est intéressant car il parle des modes donc des aprioris sur les bons acteurs et les moins bons...
sur ceux que l'on peut diriger et d'autres à qui un metteur en scène doit servir "d'écrin"...

Les professeurs de théâtre, ceux à qui je dédie cette sorte de répertoire sont ceux que j'ai rencontrés et avec qui j'ai travaillé,
plus d'hommes que de femmes.
Esther Pestre ATELIER -THEATRE D'AUJOURD'HUI dans le 5 ème arrdt de Paris
Luc Charpentier/ Bernard Ortéga professeurs durant plusieurs années;

Philippe Honoré, Dominique Chevalier Cie L'Entreprise et Véronique Vella (elle va enseigner au nouveau Conservatoire national dont la direction est confiée à Daniel Mesguich) et Raphaëlle Saudinos
professeurs dont j'ai été stagiaire.

Pierre Vial au Conservatoire/Stéphane Auvray-Nauroy(qui ouvre seul son école)/Michel Fau, j'ai assisté à plusieurs cours et vu bon nombre de leurs spectacles d'ateliers d'élèves en fin d'année à l'École Florent.

Parlons du professeur dont j'aurais aimé être l'élève...

Je pense quelqu'il soit que le professeur doit être double... il est préférable qu'il ait un alter égo, un ou une assistante et/ou des intervenants.
Pourquoi ? tout simplement parce que...les êtres qui se dévoilent ont besoin d'attentions et que deux paires d'yeux valent mieux qu'une
la remise en cause affective, les expériences, les conseils, les avis, les notes, leregard extérieur, l'organisation sont ainsi plus souples. Cette dualité doit être intelligente, harmonieuse et généreuse.
Chaleureux les cours de théâtre où je suis restée l'étaient tous. C'est un minimum, indispensable pour travailler sur soi avec et devant les autres.

Après, certains professeurs vous portent, d'autres vous cassent, vous mettent au défi de vous dépasser dans le travail sur la voix, le corps,l'improvisation.
Pour avancer, certes il faut tenir compte des indications et travailler seul, chez soi mais aussi répéter avec ses partenaires.

Il est aussi indispensable de jouer tant qu'à faire sur plusieurs registres, essayer les personnages les plus proches ou ceux qu'on aime et aussi ceux conseillés par les professeurs.
Et puis tenter les rôles les plus éloignés de soi, passer par les extravagances, dépasser le ridicule et la vulgarité, se laisser aller à faire rire et/ou pleurer.

L'improvisation, l'expression corporelle, voir la danse, le chant, l'étude des textes "à plat" ou "sur table" avec un crayon pour noter -sur le texte- ou sur une autre feuille : les intentions, les caractéristiques du personnage, le cheminement, ses évolutions... sont des exercices qui apportent bien plus que d'apprendre seulement le texte de sa scène !

LA RESPIRATION, LA MÉDITATION, LA SPIRITUALITÉ, ne sont pas des échelles insurmontables, ce sont des nuages où enfin on peut poser son tabouret et jouer loin des douleurs angoisses. Cela permet de prendre de la hauteur, cosmonaute en apesanteur de son imaginaire.

Quelqu'un m'a dit il faut être un peu fou pour être acteur. Comme cela rentrer dans des personnages.
Je lui ai répondu d'abord déjà, qui n'est pas un peu fou, les artistes les sportifs sont les seuls à le savoir.
Et surtout jouer c'est savoir mentir sincèrement.
Comme lorsqu'on a un RDV amoureux ou lorsque l'on doit demander qui sait une gratification une subvention à un directeur de théâtre.

Enfin, il y a des acteurs qui rentrent dans la peau des personnages et pour lesquels le plus difficile n'est pas d'y rentrer mais d'en sortir.

Et puis il y en a peu, mais il y en a qui pratiquent le grand écart permanent, ils sont capables à l'intérieur de leur jeu de sauter des octaves de faire des ruptures extrêmes sans sourciller le moins du monde.

Pour finir présentement ce chapitre : une petite liste...
Les personnages ou acteurs qui sont devenus célèbres dans les cours ou stages que j'ai fréquentés : Christophe Alévêque, Jean-Charles Dumay, Bertrand Farge, Catherine Piétri(élève au Conservatoire dont j'ai déjà parlé sur ce blog), Norah Krief, Pascal Demolon, Nicolas Bouchaud...

Christophe Alévêque

Bertrand Farge

Pascal Demolon

Norah Krief

Nicolas Bouchaud

À part cela comment identifier que votre professeur vous convient ?

Parce qu'il apprend autant de ses élèves que de son expérience du théâtre, parce qu'il demande à chacun le respect et l'écoute des autres. Parce qu'il a une certaine autorité et connaissance des êtres humains. Parce que vous avez-envie de lui faire confiance.

- ce sont des généralités des évidences ? quels sont les heurtoirs à signaler...
- *certains professeurs de théâtre sont devenus aigris peu curieux du travail des autres, mais ils ont quelquefois leurs raisons, une école de théâtre demande beaucoup de soi et l'on ne peut pas toujours mener de front une carrière d'enseignant et une autre de jeu ou de mise en scène et sortir les quelques jours de relâche pour aller voir les autres....
*certains ne se consacrent qu'aux plus doués ont une sorte de cour, encouragent ainsi les vedettes de cours...
*mais les plus insidieux sont les anciens acteurs qui ne veulent pas aider ou reconnaitre ceux qui sont meilleurs qu'eux, car ils aiment plus diriger que s'en remettre au service de...

Un conseil idiot : ne pas tomber amoureux ou amoureuse de son professeur...

Je déraille, c'est un risque, un point de chute quelquefois assez facile à atteindre... et qui sait cela permet de sauter dans le grand bain, de progresser, voir après de changer de cours de théâtre...

L'admiration est beaucoup plus porteuse.

Si les mises en scènes de votre professeur et/ou son jeu d'acteur vous déplait, essayez d'en démêler les causes... de ce déplaisir... Cela peut-être par méconnaissance, par goût(un goût il faut le nourrir, l'instruire, le faire évoluer)ou un affect contrarié. Et puis aussi parce qu'il est possible qu'il ne soit pas votre genre... d'acteur et puis parce que...
il est meilleur professeur que comédien.

Le groupe est un miroir grossissant, s'il progresse, si les participants s'entendent, si les soit disant meilleurs sont des leaders et travaillent avec tous, si on se marre, si on boit des pots après les cours
alors seulement restez-y suffisamment longtemps pour vous enrichir et bouger à l'intérieur comme à l'extérieur de votre jeu d'acteur.

Le but ce n'est pas seulement d'avoir moins peur c'est de vous sentir à l'aise dans votre corps sur un plateau de théâtre dans vos gestes et d'écouter les autres, la pièce dans le moment qui se joue et de prendre du plaisir et de la maitrise.

Et c'est un jour le but, de fermer la porte à tous les cours de théâtre et lorsque vous jouez, jouerez sur scène à votre tour, de ne plus accepter qu'un professeur lorsqu'il vient vous voir jouer vous parle encore comme si vous étiez son élève.

Bon, alors les gestes sur un plateau ils ne sont pas les mêmes que dans la vie ? Pourquoi ? parce que... le plus souvent dans la vie, on en fait trop, on est tout sauf comme chez soi ; tout simplement on ne sent pour la plupart -que très peu- les gestes parasites habituels de compensation, de mensonge, d'hypocrisie, de fermeture etc... qu'on déroule malgré nous.

Sur scène, il faut être économe de ses gestes à part quelques situations ou quelques personnages totalement décalés.
Il ne faut pas faire le geste après la parole, le mieux toujours le signifier avant -de le dire- ou juste au début -de le dire- exercez-vous avec des expressions simples courantes : -tu viens ! oui, non, jamais !
Il peut y avoir des gestes symboliques minimalistes pour la tragédie, il faut comme suivre la danse intérieure de son corps par quelques "beaux gestes" qui peuvent, qui doivent passer par le tamis de la répétition.

Car voilà la difficulté les gestes doivent être signifiants mais légers expressifs spontanés de la singularité du personnage qui aurait ses gestes un peu, beaucoup, passionnément... comme malgré lui.

Et puis aussi, il se peut qu'on joue Hamlet et qu'on remette ses cheveux ou sa robe, il faut le faire dans le rôle et dans l'action : ne pas interrompre le jeu intérieur pour retrouver ses gestes quotidiens.
Quant aux mains qui sont souvent de larges pagaies, car tant qu'on s'occupe de ses mains on ne va pas chercher plus en soi : le véritable travail celui de prendre des risques à jouer ; eh ! bien, vos mains n'y pensez-pas elles retrouveront leur liberté.

Il faut, il ne faut pas, ce sont des généralités car face à la singularité d'un être humain, d'un acteur il faut tout réinventer pour qu'il soit vivant sur scène.

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