jeudi 11 mars 2010

Maison de Poupée Ibsen avec Audrey Tautou et Shutter Island avec Leonardo di Caprio



"Je suis allée voir Maison de Poupée, celle avec Michel Fau et Audrey Tautou, j'ai pensé à Sacha Guitry au Théâtre de la Madeleine, je me suis dit qu'il serait content de les savoir là. Pour la 1ère fois j'ai déchiffré et compris tout le texte le bascul du miroir sur nous. Toute cette parodie ridicule de la vie en société que cette pièce dénonce. Comme c'est clair et comme c'est toujours aussi difficile aujourd'hui, de mettre pied à terre et de repenser ses relations à la vie.
Audrey Tautou est une grande dame de la scène qui n'a pas peur de briser son image et d'aller aussi loin que possible dans le dénuement. Elle est bouleversante. Encore plus qu'au cinéma. Michel brûle les planches comme il sait faire pour elle et pour son public, et c'est beau, ça !"

juste au retour et au lever je vous écris vite...

C'est une pièce sur les relations sociales, qui sont quelquefois rendues chez les adultes à un tel point d'hypocrisie , qu'on s'y noie souvenez-vous de votre regard d'enfant pire d'adolescent sur les repas de famille. Quel couple d'amis de vos parents, quelle fête vous inspirait un tout petit peu confiance. A notre époque nous jouions encore au "jeu de la vérité" jeunes, conscients de la difficulté de se repérer dans les échanges sentimentaux. C'est une pièce moderne sur le couple et les amis du couple.

C'est un peu comme si on essayait de réactualiser "Ruban blanc" ou "Shutter Island" en faisant jouer les acteurs en jean baskets et casquettes...dans un remake. C'est en costumes et en décor comme dans un film de Tim Burton sur Alice au Pays des Merveilles, robes bleues blanches et rouges de poupées et chapeaux claques.

C'est comme le dit son metteur en scène "entre rêve et réalité", la folie n'est jamais loin.


La loge de Michel Fau, (qui n'est pas celle qu'occupait Sacha Guitry, il l'a laissée à Audrey Tautou) sa table, avec le maquillage prêt pour le lendemain.
Je ne vous ai pas parlé des maquillages qui ne sont ni pour faire naturels ni pour faire scène théâtre classique. Ils donnent du sens de l'expressionnisme au jeu, une dimension d'horreur du quotidien suggérée comme une nouvelle extraordinaire à la Edgard Allan Poe, d'un effroyable quotidien. Le maquillage de Pascale Fau c'est une dimension poétique comme les enfants plutôt morts vivants qu'enfants.
Je laisse parler Michel Fau : "La vie n'est pas triste - la vie est ridicule - et ça, c'est insupportable !"

"Déjà en 1879, Ibsen affirmait qu'il n'avait pas œuvré pour les droits de la femme, mais qu'il voulait faire le portrait d'êtres humains. Il disait préférer poser des questions qu'administrer des réponses.
(...)
En mettant en scène Maison de poupée, il ne s'agit pas de réactualiser une pièce ancienne du répertoire, ni de faire une reconstitution historique, mais plutôt de rêver le XIX ème sciecle norvégien avec les figures les fantasmes et les clichés qu'il véhicule ; le but n'est pas de dire que le texte est toujours actuel, mais plutôt de raconter que nous n'avons pas évolué depuis 1879 (ce qui est pire !)."

J'ai vu la pièce et j'ai lu avant des critiques incroyables (comme d'ailleurs sur Shutter Island : film que j'ai adoré que je porte au pinacle avec le jeu de ses interprètes dont Léonardo di Caprio, et vive le cinéma moderne de Martin Scorcese, c'est la même conclusion... que la pièce d'Ibsen), comme s' ils n'avaient regardé que la pièce fonction de leur propre mise en scène, inspiration, souvenir, cadenassés en eux-mêmes.
C'est la seule critique du Figaro, d'Armelle Héliot citée dans ce blog qui a su regarder au delà de ses propres fantasmes intellectuels et/ou de "théâtreux" égocentriques en se croyant exigeants. Le public a le droit de comprendre de découvrir par lui-même, ce texte qui rappelons-le doit être comme symbolique de notre époque, puisque monté 5 fois... C'est une traduction mais c'est aussi une partition qu'un texte qu'un grand texte de théâtre, l'interprétation doit être à l'écoute tout d'abord de la musique...
Les autres acteurs -jusqu'à la bonne ? il n'y a pas de petits rôles, sont dans un jeu généreux expressionniste, pas racoleur et "psychologique. Ils jouent la même pièce, on n'en oublie aucun, ils envahissent directement notre monde inconscient. Ils sont obsédants.

1 commentaire:

Judith Rablat a dit…

Moi aussi j'ai adoré la mise en scène de Fau et l'interprétation d'Audrey Tautou. Je suis très étonnée des critiques assassines du Monde, du Nouvel Obs... Est-ce pour mieux défendre la version "théâtre public" de Martinelli actuellement aux Amandiers de Nanterre ??? (avec une Marina Foïs, par ailleurs, très bonne aussi). Bravo et merci pour votre article !