mercredi 11 décembre 2019

Gloria Mundi


Ce film j'y pense encore car il est théâtral dans l'écriture et partage les avis de spectateurs  : depuis ces publications, deux personnes m'ont dit l'une dans les 50 ans : "c'est génial" et l'autre de 25 ans : "je suis parti au bout d'une heure, les jeunes ne sont pas du tout crédibles... c'est une caricature."

Sur FB et pour le Groupe Fans du Masque et la Plume, j'ai publié la critique de Télérama et mon commentaire : 
Télérama pour Gloria Mundi
Abonné
Critique par
Jacques Morice

Une naissance, des retrouvailles familiales. Mais dans Marseille en mutation, la jeune génération a enterré la solidarité. Un terrible mélodrame social.
On ne peut pas dire que La Villa, aux accents tchékhoviens et crépusculaires, respirait l’optimisme. Gloria Mundi s’ouvre, au contraire, sur une naissance. Celle de Gloria, dans les bras de sa maman, Mathilda (Anaïs Demoustier), à la maternité, où les proches défilent. Il y a son mari (Robinson Stévenin), sa mère (Ariane Ascaride), son beau-père (Jean-Pierre Darroussin), sa demi-sœur cadette et le copain de celle-ci. Il manque Daniel (Gérard Meylan), le père de Mathilda, qu’elle a peu connu… Mais peu après, il sort de prison, et cherche à reprendre contact. Le repris de justice fait alors connaissance avec sa famille recomposée.
Son ex-femme et Richard, chauffeur de bus, n’hésitent pas à l’héberger. Du côté des jeunes générations, c’est plus compliqué. Sa fille, qui lui bat froid, est à cran, énervée par tout, son bébé, son boulot de vendeuse, son mari. Daniel constate que les temps sont difficiles. À part le jeune couple formé par Bruno (Grégoire Leprince-Ringuet) et Aurore (Lola Naymark), profiteurs cyniques maquillés en néo-entrepreneurs, les autres ont du mal à joindre les deux bouts.
On est loin de l’Estaque, dans les nouveaux quartiers d’affaires (la Joliette) ou les secteurs de passage (Plombières). Dans un Marseille en chantier, qui mute, hybride, glacial. Ce manque de chaleur est raccord avec la dégénérescence sociale décrite, la disparition de la solidarité, de l’entraide. En pleine guerre économique, les habitants sont prêts à tout pour survivre.
Gloria Mundi, vingt et unième long métrage de Robert Guédiguian, est un mélodrame social, implacable et simple. Où nous touche surtout le personnage de Daniel, bloc de solitude, rêveur et mélancolique, qui écrit des haïkus. Chez lui et les deux autres formant le noyau dur historique (Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin) de l’œuvre transparaît maintenant quel­que chose de la vieillesse. Le trio est relégué au second plan, au profit des nouveaux de la troupe. Car c’est la ­jeunesse, porteuse d’énergie, que Guédiguian filme en priorité. Il la montre multiple, arriviste ou compatissante. Instable surtout, précarisée, atomisée. Disparu, le combat collectif d’antan. Disparu, même le cocon du couple. Il ne reste que des individus sous pression, qui se font du mal et se trahissent pour satisfaire des pulsions — le cinéaste s’essaie même à des scènes d’amour crues et perverses. Gloria Mundi s’avère finalement d’une noirceur rageuse.
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Critique de la critique après avoir vu le film,
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Non, Daniel (Gérard Meylan) ne recherche pas à reprendre contact... c’est La mère de Mathilda, son ex-femme jouée par Ariane Ascaride qui le recontacte lui envoie une lettre avec une photo de sa petite fille....
Non les personnages jeunes ne sont pas « contrastés »...à part celui peut-être joué par Robinson Stévenin, mais les gentils sont des minables....
On est sortis de ce film décontenancés et ce matin nous en avons reparlé je l’ai même conseillé à une jeune femme Cordelia que je vois une fois par semaine quand je vais à l’atelier du Quartier : Yoga.
Pourquoi décontenancés ? parce que le couple qui se sort de la précarité est ignoble : les Tenardier en jeunes, ils n’ont pas d’enfants ils exploitent la misère et en tirent bénéfice que pour acheter de la coke....gadgets fringues scooters ; qui n’a pas au moins un scooter est un loser...
Les vieux sont touchants à certaines scènes touchantes ; la réalisation oui mais bon je ne crois pas aux personnages dans l’ensemble, ils n’ont que des relations suggérées sur le papier et sont tous très seuls. je crois plus aux figurants petits rôles....les Arabes de l’hôtel qui jouent au backgammon, la femme médecin qui
n’avait pas l’intention de porter plainte.
Ce f
ilm est malgré tout inoubliable et les arguments que les gens se donnent dans leur solitude pour laisser de côté leurs idées ou leurs valeurs sont très bien vus. Les syndicalistes délégués protégés par la loi sont eux aussi devenus des privilégiés ....
Allez-y et après retournez voir Hors Normes si vous êtes trop déprimés.



Commentaires

  • Denis Salmonles erreurs de pitch dans la critique de Télérama n'ont pas beaucoup d'importance, par contre le dernier paragraphe est bien vu.

  • Dominique Duguetje trouve les personnages d Ascaride,Meylan et Daroussin beaucoup plus interessants et attachants que ceux des 2 jeunes couples un poil caricaturaux a mon sens.Je trouve que les denonciations sont en trop grand nombre et du coup un peu baclees.
    Enfin bref je n ai pas completement adherer et je le regrette beaucoup,La Villa m avait aussi decue.
    4

  • Marie Claude GardienJe partage..trop c est trop...
l'avis de mon beau frère Pierre Kandel, tellement bien résumé, cinéphile et faisant partie du groupe : Fans du Masque et la Plume :  Gloria Mundi : très réservé sur ce Guédiguian, qui oppose gens honnêtes écrasés par le malheur et salopards profiteurs qui ont tous les vices. On est dans le roman feuilleton, parfois émouvant (ne pas abuser quand même de la merveilleuse «Pavane pour une infante défunte» de Ravel), parfois agaçant (l’attaque du Uber, le beau-fils sniffeur, le sorti de prison poète). Mais c’est inattaquable, tant le message est grave.
  •  Aussi réservée que toi sur ce Guediguian mais depuis que nous l’avons vu nous n’arrêtons pas de revenir dessus et de nous repasser les scènes les plus glacées : l’altercation entre le délégué du syndicat de ménage et Ariane Ascaride et aussi les scènes sexe pas tout à fait sordides comme Al Pacino et sa petite montagne de coke sur son bureau... quand « trop».. devient courant !
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