jeudi 29 mai 2008
Christine FERSEN
Christine FERSEN EST MORTE
(selon le Nouvel Obs)
Et dire que je ne suis pas allée voir encore Yerma de Lorca... Je le verrais sans elle...
La veille de sa mort, elle sortait de scène, mécontente de la représentation...
Combative jusqu'au bout et non combattante, le théâtre n'est pas une guerre.
Je l'ai(e) vue dans le visage d'Orphée, d'Olivier Py à la COUR D'HONNEUR du Palais des Papes, à Avignon, j'ai du bagarrer deux jours après pour exprimer à des amis qui étaient venus avec moi, ce qu'est ce théâtre là...
le lyrisme qui s'exprime comme malgré lui, tiré de soi, par l'émotion, le texte ou la situation, loin si loin des banalités réductrices de la psychologie du personnage ; ce lyrisme là n'est pas de la déclamation.
C'est un curieux mélange fait de musique, de mystère, d'inconscient, de voix, de singularité de personnalité, de partition : ces textes appellent à cette cuisine. Quelle est la levure ? La pâte a besoin du public pour respirer. La levure : c'est l'écoute de tout : en soi comme et surtout d'ailleurs : des partenaires, de la pesanteur et de l'invisible. Le sacré y devient comme concret.
Ces textes(Eschyle, Sophocle, Euripide, Shakespeare, Racine, Claudel, Olivier Py...) appellent à autre chose que la psychologie. Se dénuder corps et âme risquerait d'être inintelligible. La beauté, le sublime, comment doivent ils s'ancrer dans la chair de l'acteur et le navire d'un théâtre ?
Et, j'ai vu aussi Christine FERSEN, déjantée, désopilante, à la fois effrayante dans "Les Présidentes" de Werner Schwab à Chaillot.
Il y a quelques temps, j'en ai parlé ici : j'ai poussé la porte du Vieux Colombier, il y avait une exposition de photos consacrée à Christine Fersen. Son visage dans Médée...
Je me dis qu'elle a rejoint une grande scène où personne ne l'arrêtera, l'empêchera de jouer tout le temps le mieux du monde, qu'elle retrouvera ses proches disparus et qu'elle se sentira peut-être encore un peu mécontente de certains moments de représentation.
N'oubliez pas sur scène vous avez peur d'y aller et pourtant là, on est protégés de tout le reste...
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