vendredi 16 mai 2008

L'ORESTIE À L'ODÉON et nous tous, apprentis comédiens au LUCERNAIRE avant et après/ le TRAC Blagues de dernière...



ENFIN L'ORESTIE d'ESCHYLE à L'ODÉON

Je voudrais rendre hommage à ce travailleur acharné qu'est OLIVIER PY
Il racle les fonds obscurs des mers profondes pour en faire jaillir la lumière.

Si vous voulez aller au théâtre hommes femmes et jeunes gens pour la curiosité d'en avoir plein le cœur
les mirettes et vous retirer de la poussière des petitesses banalités manipulations du quotidien
n'hésitez pas, allez voir AGAMEMNON (1ère partie de L'Orestie).

Beaucoup de gens me parlent d'un théâtre d'où je ne suis pas dans lequel je ne me reconnais pas, mais celui-là c'est le mien.
La Tragédie antique permet de revisiter son monde...

Quand Nada Strancar Clytemnestre sous un éclairage néon suspendue entre dieux et mortels tue, j'ai l'impression que toute l'humanité va pouvoir sacrifier la violence qui est en elle, comprendre qu'il n'y a pas toujours à comprendre les raisons de la souffrance.

Quand Philippe Girard Agamemnon au retour victorieux de la Guerre de Troie refuse de fouler la pourpre de la gloire pour apaiser les envieux, qu'il se déchausse et demande d'accueillir l'Étrangère avec tous les honneurs...

Quand Égisthe Michel Fau, ivre de sa souffrance de ses désirs de vengeance et de chair, chasse d'un geste le peuple et sa conscience

Quand Cassandre Alexandra Scicluna oracle visionnaire d'avoir descillé les yeux de la vérité se condamne à mort.

Quand le messager soldat, Bruno Sermonne épuisé des visions et des souffrances de la guerre revient pour s'enterrer seul dans sa terre et pour annoncer la victoire, peau de chagrins.


Le Chœur et le chef de chœur ou coryphée, se répondent se mélangent se cachent et se multiplient
c'est comme un chœur d'opéra, ils chantent merveilleusement infiniment de toutes les voix(ténor, soprano, baryton, mezzo-soprano) dans la langue grecque(surtitres défilent sur les côtés de la scène, vous n'en perdrez rien) et le chef de chœur l'excellent Miloud Khetib, sa voix suave des profondeurs du ventre, les conduit.
Lui, il parle par les mots français choisis d'OLIVIER PY inspirés d'ESCHYLE, il voit il s'effare il subit ; on est ses yeux et ses tripes...

C'est beau : les images les décors les déplacements les costumes les accessoires, y a foule sur ce plateau, pas à un seul instant tu dors, t'es bouleversée par la nudité et le grandiose de ce théâtre là. Le jeu d'acteur extrême, (et c'est aussi cela le théâtre bordel : le jeu d'acteur) transmute des hommes et des femmes en monstres ce sont eux les maudits, les demi-dieux.
Comme dans les séries, tu attends corps et âmes et mains liées la suite de l'histoire de ces Seigneurs d'un temps hors le temps, et là tu t'y téléportes toi, volontaire, spectateur, à pied au métro en voiture jusqu'à ce lieu : le Théâtre.


Le Veilleur interprété par Olivier Py lui-même, au début du spectacle, ne sait plus fermer les paupières, il s'est brûlé à tous les feux et implore un Dieu qu'on appelait Zeus à un temps donné...


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Et le lendemain, je ne peux que vous engager à suivre le cycle, de l'ORESTIE et voir les deux autres parties LES CHOÉPHORES et la si grande finale : LES EUMÉNIDES.
LES CHOÉPHORES c'est ÉLECTRE et LES EUMÉNIDES c'est le procès d'Oreste.

le procès d'Oreste : par les Dieux ou par les citoyens ? C'est une éclaircie intense et perpétuée que l'écriture ce cet éternel jeune homme : OLIVIER PY pour partager les tragédies des tragédies, les antiques grecques d'ESCHYLE. Les meurtres et les monstres s'y succèdent il n'y a pas de jugement moral sur l'atrocité des crimes, seule la démocratie peut peser pour interrompre ce cycle infernal des vengeances des bannissements et des errances hantées.

La fin la dernière partie c'est aussi bien que la fin de STAR WARS m'a dit mon Ami de vie. "Enfin, j'ai tout compris !" de cet enchevêtrement de personnages au sort pétrifié de malédictions.

Et je peux vous citer tous les acteurs, ils y vont de leur sueur d'acteur qui semble leur donner la force de se battre jusqu'à épuisement : Céline Chéenne dans Électre, Anne Benoit dans l'incroyable coryphée des Euménides, Frédéric Giroutru pour jouer Athéna et Nazim Boudjenah dans Oreste. Reviennent heureusement Philippe Girard pour Apollon et Michel Fau pour notre plus grand plaisir nous effraie dans le rôle de la pythie.

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N.B. et après avoir vu le spectacle faites comme nous, lisez les critiques elles sont incroyables de réserves intellectuelles sans fondements le summum c'est la comparaison sur 2 phrases de l'adaptation d'Olivier Py et de celle choisie par Ariane Mnouchkine...
À quoi ça sert les critiques rabats-joies et démontreurs démonstrateurs démonteurs ? À quoi ça sert sinon à conserver un élitisme culturel intangible ET À FAIRE PARLER RÉAGIR
mais n'oubliez pas pour moi le meilleur remède à tous ces bons mots... c'est d'aller voir vous-mêmes.

Ce qui m'irrite c'est que certains de ses collègues cherchent à démontrer qu'Olivier Py depuis qu'il a été nommé Veilleur et Gardien de l'Odéon, serait devenu réactionnaire.
Son hétéroclisme, son lyrisme, son choix de créer des spectacles pour enfants, de nous inviter à partager sa curiosité du théâtre de par le Monde, de chaparder un autre public(plus jeune) de mélanger les genres tout cela : agace, exacerbe les jalousies... depuis ses débuts où il était remarqué par LIBÉRATION.
Entre temps LE FIGARO a publié comme ici des avis élogieux...
SELON LE MONDE, SELON LIBÉRATION, SELON LE FIGARO
Et au plus juste sans rires et sans larmes SELON LA CROIX
Et "un incroyable bonheur" SELON LE NOUVEL OBS
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SPECTACLES DE NOS ATELIERS AU LUCERNAIRE

Revenons à notre théâtre, celui que nous fabriquons, avec les élèves apprentis comédiens, aguerris pour la plupart de PHILIPPE PERSON(que j'assiste le plus régulièrement du monde).

Puissent les anges et démons descendre des cintres, leur donner un peu de cette force à se transcender sur scène, à écouter le chant, les mots de leurs partenaires et regarder en face le public du fond des yeux grands ouverts et avec leurs tripes... le théâtre est avant tout un équilibre entre l'individu et le collectif, le rapport, les liens, les relations : leur intensité entre les acteurs arriment la projection des spectateurs.
Et cela ne se passe qu'au théâtre.


Et que le sacrifice(éphémère) qu'est le jeu sur scène augure d'émouvantes plaisantes représentations.
Car ils y croient, ils se démènent pour leurs costumes pour l'apprentissage du texte, ils sont inspirés et aspirés par le théâtre, tous les théâtres.

Ce mois de juin nous jouons au Lucernaire 53 rue Notre Dame Des Champs M° VAVIN
les 1 et 2 juin un spectacle : JUSTE UN PETIT BRAVO
RÉSERVATIONS par tél. : 0687806568
HORAIRES :19h00 dimanche/20h00 lundi
où les femmes plus nombreuses ont choisi de prendre des rôles aux hommes : de rois, de mari, dans Shakespeare Feydeau Racine Molière Hugo Ribes Dubillard Anouilh...

APRÈS...
Voilà, c'est fini... ils ont eu très peur, car il y avait beaucoup de monde devant eux dans le public... et pourtant dieu sait combien ce public leur était destiné enclin à les aimer à les écouter. Alors il y a eu des temps, des entrées qui se sont fait attendre... et des trous de texte( un peu) et puis et puis à la deuxième je n'étais même pas dans les coulisses(je faisais répéter l'autre groupe) mais il m'a été raconté que tout s'est orchestré à merveille, plus d'interruption, une fraicheur, une aisance justement de ceux qui la veille avaient hésité, et les rires ont fusé, un carton ! Une ÉCOUTE PARTAGÉE.






























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les 8 et 9 juin un spectacle : CHAPEAU
RÉSERVATIONS
à resachapeau@free.fr ou par tél. : 0675920468
HORAIRES :19h30 dimanche/20h45 lundi
avec des hommes et des femmes qui ont choisi Tchekov Feydeau Marivaux Hugo Colette Pérec Tardieu Anouilh...

APRÈS...
Voilà, c'est fini... ils ont eu moins peur que l'an passé. Ils aiment tellement travailler ensemble se voir et se revoir pour répéter. Ils s'impliquent, les nouveaux ont très vite égalé les autres pour se régaler(pas une seule des répétitions ne se passe sans dégustation de gourmandises salées ou sucrées) ils sculptent leur personnages, perfectionnent leurs costumes, dessinent précisément dans l'espace leurs petits comme leurs grand rôles. Ils ont été récompensés.

Le rythme est resté soutenu, ils ont parlé fort, ils ont eu un fou rire mais c'était sur un baiser, dans "La demande en mariage"de Tchekov, c'était charmant, le public a applaudi. Ils se sont presque tous réinscrits, pour "une nouvelle aventure" comme ils disent, malgré le nombre : 19 personnes sur 20.

À la 2ème et dernière, j'ai tout vu j'étais dans le public.
J'ai eu plus peur que la veille où j'étais dans les coulisses-escalier devenues loges ressemblant à un vide grenier.


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les 15 et 16 juin un spectacle : À NOUS ANOUILH
RÉSERVATIONS par tél. : 0679538106
HORAIRES :19h30 dimanche/20h30 lundi
où la Compagnie L'autre Scène, les hommes et les femmes ont choisi dans l'immense œuvre de ce dramaturge coriace donc le plus souvent méconnu : Médée Antigone Jézabel Chers zoiseaux... lui aussi a été longtemps taxé de réactionnaire.

URGENT venez-nombreux vous m'en direz des nouvelles avec enfants parents amis... c'est 10 €
Le mieux c'est de leur téléphoner.... et de réserver en laissant vos noms et de la part de qui vous venez.

APRÈS...
Voilà, c'est bien fini...certains ont eu très peur.

Trous de mémoire tant redoutés alors qu'ils sont humains, une respiration, des accents d'humanité, les êtres ne sont pas pliables reproduits à l'identique. Le théâtre n'est pas un service de photocopie....

Comment s'en prémunir, par les couches successives du jeu... la respiration, l'acuité, la répartie face à la situation, L'IMPROVISATION, se remettre en écoute(ne pas penser par ex: "qu'est-ce que j' ai oublié ?). L'écoute par tous les sens et la sensibilité, au présent du théâtre.
Le présent de l'acteur de théâtre sur scène est celui qui s'invente au fur et à mesure, synthèse des répétitions de ce qui se passe sur scène et de la relation ce soir là, au public.

Le public n'est pas là, l'ai-je assez répété, pour déstabiliser qui que ce soit, il faut vivre avec eux : tous et un et chacun, les tenir par le regard, à la manière de certains chanteurs musiciens.
Allez-voir pendant vos vacances des acteurs, des chanteurs bêtes de scène, il y a assez de festivals pour cela et observez les...

Il faut se mettre en état d'invention, de perception mais pas de complaisance avec soi-même.
C'est à dire, avant de jouer quand on est dans les coulisses, se mettre en écoute des retours, en disponibilité déjà, mais protégé, pas juste derrière le rideau car ce n'est pas votre place.
Vous risquez de perdre attention au rythme général, à l'énergie qui se crée et surtout de gêner les entrées et les sorties des copains. Et vous vous mettez ainsi, en état de spectateur : un faux ami, un faux abri, quand on doit se propulser acteur deux ou trois scènes plus loin.

C'est à dire, à vrai dire, chacun possède son alchimie, son bestiaire de petites habitudes...

Mais ce qui est redoutable, les grands écarts ne sont pas indispensables, le toujours plus difficile non-plus...
Par exemple ce qui est redoutable :
c'est de répéter en jeu juste avant de jouer la scène, obsessionnellement son texte en jeu et à voix haute.
À DEUX PAS DE TOUT, de soi, des autres du spectacle, de l'ordre des scènes... Cela fait l'effet inverse, à presque tous les coups, on rentre sur scène : on ne sait plus où on est et la barre est quasi impossible à redresser... et on pense à ce qui vous arrive et ainsi on a un doublon... rebelote... un autre trou de texte et cela se voit... brouillonne.
Je me rappelle... mon père me dit toujours que si l'on boit trop de café, on s'endort et juste quand il ne faut pas... Représentant, ainsi il s'est endormi au volant...
Ne vous inquiétez pas, il s'est réveillé depuis et conduit toujours mais n'abuse plus du café en repoussant toujours les limites de la résistance.

Le trac est là, alors servons-nous en ! Il rassemble, resserre, porte l'éveil à son apogée...
mais après il faut le mettre en veille avant que de se propulser sur le plateau.

PENDANT LES SCÈNES DES AUTRES QUE FAIRE ?
Vérifier sur son texte est beaucoup plus recommandé. Lire un journal, manger quelques fruits secs ou frais chocolat selon, mais ne pas répéter à fond avant de jouer. Dormir "assiesté" que d'un œil.

Vous vous en doutez, j'ai mis des années à calmer le cheval fou...
Mais avant tout, faites un travail de repérage, pourquoi là ça s'est mieux passé, changez essayez autrement et puis oublier le, le trac, il ne vous en voudra pas, parlez avec les autres d'autre chose... chuchotez...

BLAGUES DITES DE DERNIÈRE
Tenez vous en respect de vous-mêmes et du public. Il y a de la pudeur à accorder aux spectateurs d'exhibitionnistes...
À propos de respect du public(ce qui ne veut pas dire "se prendre au sérieux") les blagues entre comédiens, les blagues dites de dernière ; le panache, la classe, c'est qu'elles soient subtiles...
c'est qu'elles soient invisibles pour le public et que l'acteur réussisse à en jouer, À RELEVER LE DÉFI.

Mais si lors d'une scène dramatique, pour ne pas la citer : Antigone, deux acteurs en peignoir, s'improvisent à la fin gardes supplémentaires... c'est drôle soit ! mais cela casse quelque chose qui était en train de se passer... Antigone était avec chacun des spectateurs... et là ils se retrouvent qu'avec eux-mêmes, potaches... LE RYTHME et l'ordre des scènes en est décalé...


Spectacle de scènes mises bout à bout...

Les scènes quand un spectacle est composé de différentes pièces, forment un tout mais c'est à la manière de chansons, c'est seulement un ordre et elles méritent à chaque fois l'énergie maximum dès le départ. C'est donc difficile un spectacle de fin d'année avec des scènes sur un thème ou sur un auteur. Mais quand c'est réussi c'est un feu d'artifice car c'est un rythme infernal, le public se prend au jeu, n'applaudit-il pas après chaque scène ?

en définitive
-Bon en définitive, tu étais contente ?
-j'étais entièrement avec eux, proche et observatrice, toutes les photos que j'aurais pu faire dans ces coulisses : les filles se maquillant, l'une lisant sur la marche... la précipitation pour un enchainement, Paul qui avait égaré son chapeau, Pascal révisant sagement en haut des marches...
Les deux représentations ont été différentes. Et puis vous savez surtout ils sont généreux tous ces comédiens avec leurs maladresses et c'est pas faute d'avoir travaillé, ils sont drôles émouvants. Chacun avec leurs couleurs...

Leurs yeux brillent tellement qu'ils sont tous nos acteurs et nos actrices...
-oui mais ton spectacle préféré ?
-ce sont, répétitions y comprises des moments de chacun dans chaque spectacle où un bond s'est produit où une petite loupiote s'est rallumée...
Merci et bravo, encore et encore...
et aussi à leurs généreux spectateurs en impressions et applaudissements.
Votre participation ira aux acteurs et au régisseur : Stéphane(il était tellement pris par les spectacles qu'il n'a pas vu le temps passer !).

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