lundi 20 janvier 2020

Un poème de Nourredine Ben Bachir




Lire tout un poème c’est un peu aujourd’hui comme une expédition sur la Lune, et donc là ce tres beau poème est destiné à un nouveau né à son enfant par un père... car souvent on se demande : où es-tu Papa ?
P'tit bonhomme
                               à Mathieu B

Ce jour-là je n'ai pas dormi
Elle a tout donné
Et pendant tout le temps que cela a duré
Je n'ai rien su faire que lui tenir la main

Mes doigts serraient et relâchaient
Au rythme des salves de son ventre
J'étais dans la roue de son soufle
Je plongeais me noyais revivais

Puis tu es venu

Les mains d'une femme ont souri
En te posant
Dans mes bras

J'ai vu tes grands yeux ouverts
Ils me traversaient
En une seconde je suis devenu
Plus grand que mon corps
Je suis sorti de moi
Pour aller vers toi
Presque sans  bouger
Moi plus que moi
Comme un monde plus que le monde

Tu tenais presque entier entre mes deux mains

Dans l'épaisseur de l'instant
J'ai palpé mes contours
Et su ma demeure

Ta tête s'est redressée derrière la vitre
Où l'on t'avait posé
Et je n'ai plus rien pensé
Qu'à être là avec toi
Dans le flux de la lumière bleue
--J'étais l'homme bu dans tes pupilles

Alors, rasséréné,
J'ai dit une prière dont le dieu
Était toi
Elle disait
Je serai là je serai là
Le temps qu'il faudra

Tout était premier entre nous
Tes petits doigts roses se fermant sur mon pouce
Ton odeur envoûtante où la peau
Appelle la peau
Ton petit nez jetant sa brise dans ma paume

J'entendais mes gutturales faire des creux
Dans une voix chantante
Pour que tu viennes
Pour qu'on s'y berce
-J'ai su que le nom est l'autre main
Posée sur le corps au début

Je n'ai plus rien vu que toi
Tu me rappelais l"avant
Et m'emmenais
Dans le flux nouveau

Ma vie s'est redressée 
Dans la joie de la force ressentie 
J'avais un coeur des poumons
De fête battante

Et la force disait
Tu  viens de là
Comme tous ceux du début
Ton épaisse charpente est une graine de cabane
Tu es l'herbe de la terre
Et les arbres le savent

Oh mon petit mon géant
Mon nouveau
Tu es là
Pour que rien ne s'endorme

Il n'y a pas de raison d'être là
Sauf l'éveil répondant à l'éveil
Surgi un matin
L' éveil où la vie
Chaque jour 
Se crée nouvelle.
Nourredine Ben Bachir



1 commentaire:

Unknown a dit…

Merci de faire figurer mon poème dans votre blog dont je decouvre la richesse. Nourredine Ben Bachir