lundi 20 avril 2009

"Le rythme fait sens" Henri Meschonnic, un monsieur que je ne connaissais PAS


13/04/2009 sur le journal LA CROIX

"Le rhytme fait sens" Henri Meschonnic, un monsieur que je ne connaissais PAS, mais voilà sur Face Book
- encore, tu y es encore ?
- oui car j'aime et je déteste j'apprends je trie je survole je manifeste
c'est vain mais je suis comme "Le Prisonnier" je me dis qu'un jour je trouverais la sortie de cette cité virtuelle, de cette vie...
-tu y perds beaucoup de temps ?
-j'y lance mes "bottles" à la mer par les "Sad days"
et dis-moi, sale petit bonhomme, sale petite bonne femme, sale cricket de la conscience, "perdre son temps" mais il ne m'est pas compté et mon chéri et moi on adore ça...

"Henri Meschonnic, un linguiste au risque de la Bible

Le linguiste, poète et traducteur de la Bible Henri Meschonnic est décédé à 76 ans, laissant une oeuvre immense


Henri Meschonnic chez lui, à Chelles (Seine-et-Marne) en janvier 2005 (Photo Pinoges/Ciric).

Le linguiste Henri Meschonnic est mort à 76 ans, le 8 avril, d’une leucémie, à Villejuif (Val-de-Marne). Peu connu du grand public, il laisse une œuvre saluée pour sa vivacité, au ton parfois très critique, son érudition et l’étendue des domaines qu’il a choisi d’investir, en polygraphe passionné.

Agrégé de lettres, professeur à l’université de Lille puis à Paris VIII Vincennes (de 1969 à 1997), Henri Meschonnic s’est illustré sur trois chantiers principaux. Le professeur a consacré, à compter des années soixante-dix, hors des modes de l’époque, des ouvrages de référence, à la poétique et la conception du langage.

Avec la conviction que le rythme fait sens pour une langue et lui ouvre un espace. Le linguiste universitaire articula sa théorie avec l’art pratique du poète. « Cela me fait réfléchir sur le langage. En poète, pas en linguiste. Ce que je sais et ce que je cherche se mêlent », rappelait-il.
Une Bible rythmique

Ses premiers textes avaient été publiés dans la revue Europe, après un passage en Algérie, en 1962. Son recueil « dédicaces proverbes » a reçu le prix Max Jacob, en 1972, suivi de nombreuses autres distinctions dont le prix Mallarmé en 1986. À partir de 2001, il a été publié par les éditions Arfuyen (Et la terre coule a reçu le prix de littérature francophone Jean Arp en 2006).

C’est encore au nom de la poétique que ce fils de parents juifs, venus de Bessarabie jusqu’en France, s’engagea dans une nouvelle traduction de la Bible. « Là où il n’y a ni vers ni prose – ce qui est inconciliable avec nos habitudes intellectuelles, mais un primat généralisé du rythme, à mon écoute. » Un sujet à risque reconnaissait-il pour l’un de ses éditeurs, Benoît Chantre (en 2001, dans la revue L’infini, chez Gallimard).

« J’ai découvert, en amateur et très tardivement, et sur un plan qui n’est pas celui du religieux – sans porter aucun jugement de quelque ordre que ce soit sur le religieux –, que ce que je lisais en hébreu n’avait rien à voir avec ce que je lisais en français ». Cette Bible rythmique, prenant en compte les accents, selon la tradition massorétique juive, se proposait de « débondieuser » la traduction de l’Ancien Testament.
Traduction à « rebrousse-poil »

Traduction à « rebrousse-poil », selon le philosophe Guy Petitdemange. Cette œuvre était en cours au moment du décès d’Henri Meschonnic. L’entreprise avait commencé avec Les Cinq Rouleaux, suivis de Jona (Gallimard) pour se poursuivre chez Desclée de Brouwer avec une traduction des psaumes, Gloires.

Chaque ouvrage, rappelle un autre de ses éditeurs, Marc Leboucher, donnait lieu à de scrupuleuses relectures pour respecter les blancs et les espaces dans le texte publié. En 2008, il venait de publier le livre des Nombres, Dans le désert (292 p., 22 €). L’influence de cette œuvre impressionnante s’est étendue jusqu’au théâtre. Claude Régy a mis en scène, à sa façon minimale, Comme un chant de David, d’après les psaumes traduits par Meschonnic. Il fut aussi président du centre national des Lettres."

Robert MIGLIORINI

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