dimanche 13 décembre 2009

Robert Lepage à Chaillot LE DRAGON BLEU


J'en ai vu un de ses spectacles à Robert Lepage, c'était comme du cinéma de la danse des improvisations re-travaillées sous influence d'esthétisme comme des chorégraphies modernes.
Pas tant de texte...
Les ais- je vus où rêvés ?

Le plaisir tranquille d'une soirée avec le théâtre d'images de Robert Lepage

LE MONDE | 05.12.09 | 14h42 • Mis à jour le 05.12.09 | 14h42
Théâtre
"Le Québécois Robert Lepage aime les histoires qui mènent au bout du monde et au coeur du multimédia. Les Parisiens en découvrent une nouvelle, Le Dragon bleu, qui ne marquera pas l'histoire du théâtre mais procure le plaisir tranquille d'un soir à Chaillot, où elle est présentée jusqu'au 15 décembre, après sa création à Châlons-en-Champagne, en 2008, et à mi-parcours d'une tournée qui finira à Montréal en 2010.
Ce long voyage va bien au Dragon bleu, qui lui-même poursuit un long voyage : la quête d'un homme, Pierre Lamontagne, connu des fidèles de Robert Lepage. C'était l'un des personnages de la Trilogie des dragons, qui a valu à son auteur une renommée internationale, en 1985, et qui a été reprise vingt ans plus tard.
Pour faire court - La Trilogie des dragons durait 5 h 45 - Pierre Lamontagne, né au Québec dans les années 1950, partait à la fin du spectacle étudier l'art en Chine. Le Dragon bleu le met en scène vingt ans plus tard, dans le hall de l'aéroport de Shanghaï, où il attend Claire Forêt, qu'il n'a pas revue depuis des années. Claire vient en Chine pour adopter une petite fille. Elle a 46 ans, beaucoup d'argent qu'elle gagne dans la publicité, et un sérieux penchant pour l'alcool. Pierre boit du thé, parle chinois et tient une galerie dans laquelle il expose de jeunes artistes, comme celle dont il prépare le vernissage, Xiao Ling, sa maîtresse.
Dès leurs retrouvailles, Pierre et Claire posent leur décor intérieur. Elle dit qu'elle se sent vieille, que ses collaborateurs lui renvoient l'image d'"un dinosaure. Parfois, ils me regardent comme si j'étais un CD en noir et blanc".
Elle veut faire quelque chose de sa vie : se consacrer à un enfant. Pierre, lui, dit : "Je manque de courage, je manque de motivation." Il voudrait revenir à ses premières amours, créer une bande dessinée, au lieu de s'occuper des autres.
Tous les deux ont été mariés, il y a longtemps, au temps de leurs études aux beaux-arts, parce que le gouvernement proposait des bourses intéressantes aux couples. Mais voilà, Claire aimait Pierre, qui ne voulait pas de cet amour, et qui s'est éloigné d'elle, allant jusqu'à l'autre bout de la planète. Et Claire aime toujours Pierre, qui lui cache sa liaison avec Xiao Ling.
La jeune artiste chinoise ne veut pas, non plus, que sa liaison soit connue, parce qu'elle a peur que cela nuise à sa réputation et n'entache sa carrière. Xiao Ling fait une oeuvre autobiographique : elle se prend en photo avec son portable chaque fois qu'elle a eu une conversation importante. Ce sont ces photos que Claire découvre au vernissage, à son retour du voyage dans la ville où elle n'a pas pu adopter la petite fille qu'elle voulait.
Un trio amoureux, des désirs inassouvis pour chacun et des mensonges pour tous : la trame du Dragon bleu repose sur une histoire qui se déploie comme un mélodrame, avec son cortège de clichés et d'émotions, que Robert Lepage ne se prive pas de souligner.
Lepage aime ses trois personnages jusqu'à la compassion, et ne nous épargne aucun de leurs états d'âme, sur fond bien senti d'une vision désabusée du monde. De ce point de vue, Pierre Lamontagne est un étalon du mal-être d'un quinquagénaire occidental qui se rend compte que "le peuple chinois d'aujourd'hui n'en a plus rien à faire de ma solidarité et de mes utopies socialistes".
Les deux femmes ne sont pas mieux loties, bien que plus combatives. Claire se cogne à son désir trouble de maternité, Xiao Ling à la dure réalité de jeune femme chinoise : que faire de l'enfant qu'elle attend de Pierre ? Le Dragon bleu s'achève sur un joli ballet à trois dans l'aéroport de Shanghaï, autour d'une poussette. C'est le moins que l'on puisse dans cette histoire sentimentale comme un film du dimanche soir à qui l'on ne demande rien d'autre que de préfacer une bonne nuit.
Mais, et c'est là que Robert Lepage se démarque par son talent, il y a, dans Le Dragon bleu, un maniement des images d'une indéniable force attractive. Ces images vidéo, soulignées par les lumières, font partie du décor, en fond de plateau. Elles permettent de faire surgir un caractère chinois qui devient immense, ou alors, elles figurent une pièce qui devient le décor dans lequel les personnages évoluent.
On se laisse prendre à ces images comme on s'attache aux trois comédiens, excellents dans leurs registres : Marie Michaud (Claire), Henri Chassé (Pierre Lamontagne) et Tai Wei Foo (Xiao Ling). Leurs corps pèsent de tout leur poids de chair humaine dans les décors qui s'enchaînent les uns aux autres avec un naturel ébahissant, et réservent parfois des échappées magiques dans le tracé d'un nom en calligraphie chinoise, l'inquiétude noire d'une nuit d'orage ou la tendresse amoureuse de la lumière sous la verrière d'une chambre de Shanghaï.
Le Dragon bleu,
de Marie Michaud et Robert Lepage. Mise en scène : Robert Lepage. Avec Marie Michaud, Henri Chassé, Tai Wei Foo. Théâtre national de Chaillot, 1, place du Trocadéro, Paris 16e. M° : Trocadéro. Tél. : 01-53-65-30-00. Site Internet :.theatre-chaillot.fr.
De 12€ à 27,50 €. Du mardi au samedi,
à 20 h 30. Durée : 1 h 50. Jusqu'au 15 décembre.
Brigitte Salino
Article paru dans l'édition du 06.12.09."

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