samedi 2 mai 2009

Sur blog Odile Quirot : Théâtre : Chéreau Duras et Molières... et divagations au retour de la manif : La Lecture au théâtre .



ces photos sont celles de mon ami pour la vie Pascal

En revenant de la MANIFESTATION du 1er mai, joyeuse (un travail sur soi que la joie pour la dignité, surpasser ses déconvenues : plus on est joyeux plus on tient longtemps entre ses mains un peu de la beauté de la vie) et pleine de monde, je me suis demandée à vélo (on réfléchit beaucoup mieux qu'en marchant, à vélo : c'est l'afflux, l'effusion, l'illusion, la création, l'imagination...) que fallait-il pour aimer ? ce que le théâtre apportait à comment voir écouter lire comprendre exprimer aimer.... écrire
et puis je suis allée voir, comme chez un ami, comment dit-il : une présentation de fin de stage... avec nos chers élèves, un stage de 3 jours...
Comme c'est bien bon et beau de les voir jouer ainsi, s'amuser, se tenir sur un plateau sous d'autres yeux sous une autre direction...
Le jeu l'admiration pour un texte et un "prof de théâtre" ouvrent l'expression, détruisent l'illusion dans laquelle on est tenu de soi, déplacent pour un instant : celui du jeu, le nœud d'angoisses...
En 3 jours, on ne peut apprendre les textes, pas le temps, donc ils ont joué en lecture, ce qui est un autre travail. Et au bout de 5 mn , on oublie qu'on assiste à une lecture, on ne voit plus les feuilles qu'ils tiennent dans leurs mains.

Le prof de théâtre, c'était Philippe Honoré, il a boosté les élèves, on pose un autre œil sur les personnes en 3 jours que si on les fait travailler toute une année.

Il faut pour dérailler ou ne plus dérailler utiliser plusieurs vitesses : le grand braquet, le petit plateau... je reviens au vélo... la vitesse et la lenteur la lecture l'apprentissage du texte, le revenir à des textes déjà appris ou joués avec d'autres et à d'autres époques de la vie...
Les lectures...
Est-ce que cela tient au plaisir entendu des lectures comme au soir pour les enfants avant de s'endormir ? La lecture, on a l'impression que cela infuse plus loin entre l'écoutant et l'acteur/lecteur.
Cela dit s'il avait fallu que le textes soient joués sans le texte à lire (!), il aurait fallu tout reprendre pour le mettre en scène, repartir presque au point zéro. Comme lorsqu'un bébé apprend à marcher sans son doudou, comme lorsqu'on enlève les petites roues du vélo...

30.04.2009 Odile Quirot Du Nouvel Obs Blog
"Patrice Chéreau au sommet, chez Guyotat
Chéreau donc, de retour au théâtre, un trio d'exception dans "L'amante anglaise" de Marguerite Duras - Ludmila Mikaël, André Wilms et Ariel Garcia-Valdès - et des bravos à Zabou Breitman qui reprend son spectacle d'après Raymond Depardon: "Des gens".




Patrice Chéreau a lu « Coma » de Pierre Guyotat. Pieds nus, et à mains nus. Deux soirs à l’Odéon. Un bouleversant corps à corps avec ce texte puissant comme une haute montagne , où Guyotat évoque ses années de dépression, qu’il affronte, à laquelle il cède, dont il sort enfin, avec et par la brûlure de l’écriture. Cet homme là écrit à marche forcée, un pas après l’autre. Son écriture est son souffle, et la vie. Et Chéreau, le grand Chéreau, qui n’a plus rien à prouver à personne, sauf peut-être à lui-même, mène une heure vingt durant une lutte amoureuse, un combat avec l’ange, sans filet. Avec lui, l’écriture de Guyotat est matière charnelle, et l’art du théâtre, territoire qu’il ne vaut d’arpenter que lorsqu’on y risque sa peau. Et c’est bien pour cela, sans doute, que Patrice Chéreau est devenu si rare au théâtre. Il faut guetter ses prochaines dates de lecture. Nous, on y retournera, c’est sûr, pour partager à nouveau, avec lui et Guyotat, cette magistrale expérience des limites.

Autre planète : les Molières. Piètre soirée télévisée, beau palmarès au demeurant. Christian Schiaretti, le directeur du TNP de Villeurbanne a raflé, à juste titre, la mise. Il vient de recevoir par ailleurs le prix du Brigadier décerné par la Ville de Paris (et Claude Rich un « Brigadier d’honneur »). Après « Coriolan » de Shakespeare, « Par-dessus bord » de Michel Vinaver, Schiaretti prépare « Philoctète », avec Laurent Terzieff. Et puis voir distingués Jean-Claude Grumberg, David Lescot, Anne Alvaro, Roland Bertin, Jacques Bonnaffé, Patrick Chesnais – théâtre public et privé confondus – est très réjouissant. Sans oublier Zabou Breitman, actrice, réalisatrice, metteur en scène. Beaucoup de talent, de fraîcheur, d’intelligence et de charme. Elle reprend le spectacle pour lequel elle a reçu deux Molières : « Des gens » d’après « Urgences » et « Faits Divers » de Raymond Depardon. Tout l’art de croquer avec délicatesse le drame de la douleur et la folie. Courez-y, si ce n’est déjà fait.

Les faits divers, encore, inspirèrent beaucoup Marguerite Duras. Ainsi dans « L’Amante anglaise ». Quand la pièce commence, la meurtrière, que Duras nomme Claire Lasnes, a déjà avoué son crime. Elle a tué la cousine sourde et muette de son mari Pierre Lasnes, venue vivre avec le couple, elle a dépecé le corps, l’a jeté morceaux par morceaux du haut d’un viaduc, dans les trains de marchandises. Mais elle ne dit pas où elle a caché la tête. La pièce se joue dans une mise en scène de Marie-Louise Bischofberger. Ludmila Mikaël est Claire. Limpide et trouble, poignante, fragile et dangereuse, superbe alliage de précision de jeu et de frémissements d’âme, de secrets. Ariel-Garcia Valdès prête à Pierre Lasne une veulerie ambiguë, des sourires de raté, André Wilms est l’interrogateur, troublé et trouble, l’homme aux aguets, le guetteur d’ombres. Avec ces trois grands solistes là, l’âme humaine est un puits sans fond, et la soirée, lumineuse.
« Des Gens » et « L’Amante anglaise » sont à l’affiche de deux théâtres privés : le Petit Montparnasse et la Madeleine. Ils font des efforts de programmation courageux, et des efforts aussi sur le prix des places. Il faut les saluer."

Aucun commentaire: