lundi 8 juin 2009

OLIVIER PY : L'OEUVRE A L'OPERA



OLIVIER PY : L'OEUVRE A L'OPERA
Olivier Py. Portrait. L'oeuvre à l'opéra
sur Classique news.com

par Ernst Van Bekdimanche 7 juin 2009
Olivier Py
(né en 1965)



"L'oeuvre à l'opéra

Comédien, dramaturge, metteur en scène, -et même chanteur-, le directeur de l’Odéon (depuis mars 2007) et Olivier Py est un créateur scénique hors norme, véritable poète des planches. Il a certes le sens du drame et rien ne semble lui poser de problème. A la différence d'un Chéreau qui depuis sa Tétralogie wagnérienne, pour le Centenaire de Bayreuth (avec la baguette de Pierre Boulez, en 1976), n'a guère su se renouveler (même pour de la maison des morts et Tristan, et surtout son dernier Cosi, tous d'un statisme théâtral assez ennuyeux), Olivier Py recherche toujours,invente constamment, et trouve souvent des idées visuelles et scéniques spécifiques pour chaque production présentées. En octobre et novembre sur la scène genevoise, son cycle tripartite (Trilogie du diable) l'a démontré récemment, en particulier ses Contes d'Hoffmann, comme aussi son Tristan und Isolde, également "créé" en 2005 à Genève, et qui est repris avec force conviction vocale (ce qui était moins le cas en Suisse) à Angers, Nantes et Dijon d'avril à juin 2009. Enfin n'oublions pas aussi son Pelléas, sujet d'un film documentaire captivant "Le Chant des aveugles" (sortie dans les salle de cinéma en mars 2009), où la scansion des images, comme des flash rétrospectifs immergent le spectateur dans un monde irréel et psychanalytique purement féerique.


Au théâtre

Il est né à Grasse en 1965, soit il y a 44 ans, Olivier Py intègre l’ENSATT à Paris, avant le Conservatoire national supérieur d’art dramatique (1987), tout en suivant des études de théologie à l’Institut catholique. Très tôt, sa propre compagnie de théâtre, "L’inconvénient des boutures" adapte sur les planches ses premiers textes dont Les aventures de Paco Goliard…). L'élan mystique de son théâtre, ce questionnement permanent sur l'être, l'humain, la situation d'exister, le rapport à l'autre l'impose immédiatement parmi les créateurs et les scénographes majeurs de l'espace français, voire européen. A Avignon, ses pièces remportent un engouement qui ne s'est jamais démenti: La Servante, histoire sans fin (1995), Le visage d’Orphée (1997). Sa grand-mère chanteuse lui a révélé la beauté fascinante de l'opéra. Il s'est un temps rêvé en ténor d'opéra, écoutant et réécoutant grâce au disque les grandes voix dans les grandes oeuvres du répertoire. Il était normal qu'il arrive inévitablement à l'adaptation des œuvres lyriques. Et la rencontre s'avère bénéfique, d'une grande richesse poétique, où l'inventivité s'allie à la profondeur mystique et humaniste, sans jamais préférer la facilité du clinquant ou du strictement décoratif.


A l'opéra: Du Freischutz à Tristan et Pelléas...

Il débute surtout avec Der Freischütz de Weber à Nancy (1999), réussite indiscutable. Pour l'Opéra de Genève (et son directeur Jean-Marie Blanchard), Olivier Py monte ce qui sera ensuite "la trilogie du diable": Les contes d’Hoffmann d’Offenbach (2001), La damnation de Faust de Berlioz (2003). Les deux ouvrages avec Der Freischütz (totalement repensé en 2008) compose en trois volets un questionnement central sur le désir humain, sa volonté de dépassement et de sublimation, sa faiblesse morale et son aptitude fantastique à se soumettre à l'oeil de Satan... En 2004, il a écrit le livret et assurer la mise en scène du Vase de parfum de Suzanne Giraud.
Des meilleures réalisations d'Olivier dans le domaine de l'opéra, nous retiendrons surtout le Tristan und Isolde qui fort heureusement refait l'affiche lyrique de ce printemps 2009 en France. Il y eut aussi un Tannhaüser qui outre l'excellente Elisabeth de Nina Stemme, suscita un certain émoi chez public et critique car le metteur en scène n'hésita pas à engager un acteur porno au sexe démonstratif, dans la scène de la Bacchanale... Mais aussi, ce Pelléas réalisé en 2007 au Théâtre Musical Stanislavski...
Sombre, grave, ardent, révélateur de la lumière noire qui fait les grandes oeuvres (voir ici le final de son Tristan où Isolde devient déité verticale éblouissant au sens strict le parterre) tel un "phare pour l'humanité future", Olivier Py rêve aujourd'hui d'accoster sur d'autres rives, celles plus colorées et vibrantes encore, voire exotiques, de Puccini, comme Madama Butterfly ou Tosca...

Illustrations: Olivier Py. Tristan (2009), Pelléas et Mélisande (2007) (DR)"

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