Port du casque Obligatoire
« Voilà qui nous change des classiques, au moins on entend des choses de notre temps ! » Cette réflexion saisie à la sortie d’une représentation au Théâtre de l’Aquarium se pérennisera peut-être en un aphorisme usuel qui ensemencera la pelouse ô combien fertile du Grand Carré de la Cartoucherie de Vincennes. Il est vrai que sur cette grande pelouse métaphoriquement : bleuets, œillets rouges et roses en botte y font bon jardin.
Mais actuellement il semblerait que l’instant théâtral est plus du côté démonstratif que métaphorique, bien que nous croyions, par effet de mode ou tendance intellectuelle que le théâtre d’aujourd’hui relève d’une dramaturgie relativement assise sur le mode de l’émotion et du sentiment. Pour être dans la meilleure efficacité et se rapprocher au plus près du théâtre social, l’auteur de « Port du casque obligatoire » Klara Vidic utilise alors une écriture aseptisée -au sens économique du terme- et ne s’embarrasse guère de fioriture littéraire. L’action se déroule dans un décor unique : un immense bureau installé sur tout le niveau d’un bâtiment en construction, en l’occurrence un dérisoire hôtel- palace ou l’on s’affaire dans les squelettiques préfigurations richissimement bétonnées.
Il se dégage de l’ambiance du chantier-plateau un accablant sentiment de solitude et de silence malgré les tonitruants fonds sonores des monstres métalliques de chantiers. Solitudes, à travers ces croisements de travailleurs qui se déplacent dans un rectiligne qui n’est pas sans rappeler la froide mécanisation du film « Métropolis » de Fritz Lang. Certes, sujets gigognes … On saisit alors très vite la métaphore « la leçon jouée et décrite n’est pas dans l’histoire mais dans son interprétation et son anticipation » dirait Brecht. Concrètement cette affaire de chantier nous cache tout le fonctionnement d’un système qui mène à sa perte. Les « acteurs » (du texte) conscients » de cet enlisement irrésistiblement attirés par des valeurs totalement matérialistes se trouvent alors englués dans un processus auquel ils ne peuvent plus échapper. C’est ainsi que ce spectacle, sans complaisance, donne la note finale en attirant le public sur un avertissement bien explicite pour ceux qui veulent bien encore l’entendre.
Et quand les passeurs de pelouse disaient « … on a entendu des choses de notre temps » il faut probablement y saisir un petit espace de silence entre les mots qui laisse tomber la résonance de toute la gravité de l’ensemble du contemporain qui nous entoure. Alors quittons le théâtre encore un peu plus vigilant que de coutume. Et voilà, une fois de plus, revenir le questionnement : Mais fichtre de rien, à quoi peut donc encore servir le théâtre. Avant d’y répondre n’oubliez pas que « le port du casque est obligatoire. »
« Port du casque Obligatoire » de Klara Vidic Mise en scène : Fred Cacheux avec Juie Brochen, Denis Cacheux,, Eddy Chingnara,Philippe Frecon, Jean Claude Leguay, Fany Mary, Stanislas Stanic, Klara Vidic. Théâtre de l’Aquarium Jusqu’au 28 Décembre 07- Mardi au samedi 20 h30 et dimanche 16 h. Rens et loc : 01 43 74 99 61
photos Franck Beloncle
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Juste vite en passant je vous ai à peine parlé du Théâtre du Nord Ouest qui à deux pas des Grands Boulevards rentre dans ses fonds cartonne grâce à Shakespeare, L'INTÉGRALE.
On m'a parlé d'Othello, d'Antoine et Cléopâtre...
Et je n'ai plus le temps mais comme annoncé juste encore le Stage de Jean-Michel Rabeux
Du 4 au 29 février 2008
Il y aurait bien des choses à dire avant de partir car il n'y a pas que le théâtre dans la vie...
Crénom de nom d'un NON, comment peut-on laisser tant de misère? Hugo apostrophait déjà l'assemblée...
La Compagnie organise un stage, dirigé par Jean-Michel Rabeux, ouvert à 14 comédiens professionnels :
SUR LE TRAGIQUE
« J'ai l'impression que le tragique disparaît peu à peu de nos scènes, en tout cas dans le théâtre dit de texte. Nous devons faire rire. J'aime faire rire, mais j'aime aussi amener le spectateur, donc l'acteur, vers l'effroi de lui-même et de ses actes. L'effroi sans rémission, sans l'échappée de la dérision, du rire, du pathétique, sans l'amour tendre, que tous nous voulons vivre. Le théâtre semble vouloir éviter les passions de mort qui habitent tout amour, même le plus doux. Sous prétexte de réalisme dramatique il semble vouloir esquiver le réel qui, lui, n'ignore rien de nos pulsions, répulsions, de mort.
Le tragique c'est ça, inventer une forme incontournable de l'irrémédiable, tellement délicate, retenue, implosée que le spectateur en soit happé. Là encore TOUT est dans l'interprétation de l'acteur, comment il convoque ses propres cauchemars pour exhaler ceux du texte.
Pour les auteurs, nous verrons. Peut-être pas seulement des auteurs de théâtre. Mais Racine, évidemment, avec Phèdre plutôt. Aussi certains textes de Durif, de moi, excusez-moi, et puis les antiques, nécessairement. »
Jean-Michel Rabeux
Durée : 4 semaines / 140 heures
Tarifs : Nous consulter / stage non-conventionné par l’Afdas
Lieu : en région parisienne / lieu à définir
Pour tout renseignement et demande de dossier d’inscription, merci de contacter Margot Quénéhervé, chargée des relations avec le public au 01 40 21 36 23 ou par mail à rp.lacompagnie@gmail.com
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