samedi 17 février 2007
Le dernier roi d'Écosse avec un acteur unique Forest Whitaker
Comment ? j'aime Odette Toulemonde et deux jours après je me précipite, comme si j'avais attendu ce film depuis longtemps, pour aller voir le dernier Roi d'Écosse ? Qui suis-je pour passer du mièvre au saisissant ? Je ne renie rien.
Déjà avec mon ami de vie on aime particulièrement cet acteur Forest Whitaker depuis Ghost Dog de Jim Jarmush (film que j'ignorais et mon amidou a loué le DVD) depuis Smoke et lui m'a parlé de films américains où tueur à gages, il sauvait la femme et l'enfant qu'il était chargé de supprimer et tuait le commanditaire (Hitman de Roy London 1991), ou d'un autre, soldat de l'armée britannique, mourant, se fait promettre par un membre de l'IRA mais néanmoins très ami de protéger sa compagne s'il s'en sortait, et donc celui-ci revient mais découvre qu'elle est un travello (The crying game de Neil Jordan 1992)...
Et moi j'aime The Bird... et je sais c'est du jazz c'est très long et très noir (la couleur photo leur vie et les acteurs) et c'est du Clint Eastwood.
Mais revenons à ce film, déjà nous en sommes sortis tous les deux sur la même, l'exacte longueur d'ondes. Horrifiée bien sûr je l'ai été, Idi Amin Dada est un despote tortionnaire et dénué de toute humanité par ses exactions, mais rien n'est si simple car ce film dénonce avant tout le ravageur pouvoir de séduction d'un despote. Et en cela le film nous le rend proche car qui n'a pas collaboré avec un chef de clan, un grand séducteur, un très riche, un chef de bureau, qui n'a pas voulu jouer, faire partie enfin ! de ceux qui n'ont plus peur, qui s'en sortent et finissent à la table du grand professeur. Qui n'a pas refermé les yeux, qui ne s'est pas arrêté de se poser les bonnes questions sur les rejetés, les autres : ceux qui s'en vont, ceux qui sont considérés comme mauvais, n'ont pas de cadeaux, d'augmentation et ne sont pas conviés à la table du mandarin, à écouter les bonnes histoires de ce directeur cet acteur auteur homme célèbre, à tous rire en même temps, qui dîtes le moi n'est pas devenu complaisant, un peu pour sauter une classe, pour être éclaboussé de reconnaissance, pour se faufiler entre les nantis, pour se venger un peu, prendre position et donc abandonner toute singularité, sincérité, résistance.
Qui donc lève le doigt le poing... et quand Forest Whitaker en Amin Dada dit au petit docteur blanc, tu ne sais pas ce que c'est toi d'être pauvre et qu'il est venu en Afrique pour s'amuser avec les indigènes, baiser leurs femmes, il ne se trompe pas et n'abuse en rien avec la réalité. Et le diplomate anglais, au cheveu gras, il assiste, il aide, il récolte les informations et demande au petit docteur blanc écossais devenu le médecin du président, de faire ce dont il est bien incapable de faire, et pour cela il le menace de ne pas lui donner l'indispensable passeport pour quitter cet enfer. Car ce film est sans jugement mais les anglais ne sont pas plus glorieux que le tyran qui est mort doit-on le rappeler de sa belle mort et non pas pendu haut et court devant la foule et filmé de surcroit, comme Sadam Hussein. Ce film ne juge pas il place la caméra entre les images et notre conscience car nous aussi à certains moments on est emportés par la générosite du démoniaque rire de l'acteur devenu le personnage, on aurait craqué pour lui il sait simplement y faire, comme craquent d'ailleurs tous les journalistes d'une conférence de presse. Nos forteresses intérieures notre petit confort qui contribue à appauvrir le reste des gens du monde et la planète Terre, tout cela vacille grâce à ce film. Comme disait Gandhi, quelque chose comme cela, il va falloir que les riches vivent plus simplement pour que les pauvres puissent simplement, vivre ... !!!
Ce film ne juge pas plus les collabos les naïfs que les tortionnaires, mais il peint tout et c'est bien plus fort grâce au jeu de cet incroyable acteur qu'un documentaire. Car l'acteur à ce point là, il est proche d'avoir le talent d'un artiste peintre ou auteur ou musicien ou écrivain... C'est un soliloque, il est tout seul sur son fil entre la lucidité et la folie, et il faudra bien-sûr faire attention à la descente d'émotions des fois ça prend des mois.
-Et donc ce film à part te faire plaisir sur le jeu du comédien, il t'a redonné espoir...
oui parce que à un moment, les ceux qui ont voulu être sourds et aveugles tels Oedipe, ils recouvrent leur lucidité ; il se révolte le petit docteur blanc et un autre "simplement" le relève quitte à y perdre leurs vies. J'en ai trop dit, non mais allez-y ! et puis le régime de ce général, il a tué 500.000 personnes.
Et vous savez cet acteur (mais je n'ai pas vu encore un seul de ses films) c'est lui aussi un acteur auteur.
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