vendredi 20 avril 2007

La peur du ridicule, le complexe de l'Auguste face au clown blanc













Allons sur la route, sur scène, sur le plateau, sur les planches en public
à l'occasion d'une réponse à donner pour un renseignement : "la mer, la gare, le théâtre..."
à l'occasion d'une demande d'augmentation, d'autorisation, d'exception à une hiérarchie
à l'occasion d'un rendez-vous amoureux

de quoi a-t-on peur ?

Pourquoi dans sa rue, on est plus gêné qu'à l'étranger ?
pourquoi est-on plus libre de s'exprimer dans une autre langue que la sienne : maternelle...?

C'est compliqué ça agace, on n'y arrivera jamais...
- moi je n'aime pas mentir...
Comme me disait un ami comédien en parlant de vedettes, ils feraient mieux de faire l'acteur sur scène plutôt que dans la vie !

Pourquoi je vous parle dans le titre de ce message lancé à la mer de l'Internet pour tous et pour chacun, du Clown blanc et de l'Auguste ?
L'Auguste a peur justement du Clown blanc, il est vert de peur, il est plus jeune ou plus vieux, mal habillé, rigolard, il crie et il tombe, il ne se révolte pas ou à la dérobée, il est lâche et c'est lui qui fait rire aux dépends du clown blanc qui lui est vêtu d'un costume élégant brillant, de montreur, de juge et aussi de compagnon : Monsieur Loyal.
Lequel a le plus besoin de l'autre ? Lequel est le faire-valoir de l'autre ?

MR BEAN , MON ONCLE, CHARLOT sont des Augustes.


Quand on fantasme sur les jeux d'acteurs, on aime les acteurs nuancés qui de cinéma intériorisent à l'américaine tout un jeu condensé, dans un haussement de sourcil. Ou on aime les cabotins, les extérieurs, le grand-guignol. Et pourquoi pas les deux ?


Il y a deux sortes de sauces tomates : le concentré et toutes les autres à la provençale, au basilique, à la viande...

- Qu'est-ce qui est le plus difficile dans le jeu ?
- de dépasser le ridicule et la vulgarité, le ridicule pour les hommes et la vulgarité pour les femmes.
disait un de mes professeurs.

Il n'est pas possible de ne jouer que pour soi, il ne s'agit pas de se défoncer, de parvenir à la transe du danseur, ou de certains musiciens !?
Car là, l'instrument c'est le corps et les gestes et surtout l'expression du visage, le véhicule du personnage de ses intentions, de ses sentiments. La psychologie du personnage conforte mais ne donne pas les grands traits, le chemin, le mystère, la cuisine, la singularité du personnage.

Il faut faire avec soi et avec autre chose...
- Quoi ?
- Avec le plaisir : de jouer, de faire rire, de donner, de s'oublier, de se déguiser, de partager, de se sentir en intimité réciproque, beau jusqu'à l'instant de se quitter. Merci pour l'aventure bonsoir, M'sieurs Dames, quelle belle histoire on a vécue...

Certains acteurs commencent à aborder un rôle par l'extérieur et d'autres par l'intérieur ou appelé communément : les tripes.
Il faut se mettre en don de soi et jouer comme à chat perché, aux indiens et aux cow-boys et maitriser .
Il faut accepter le regard extérieur du metteur en scène, et se défaire de la culpabilité : l'oeil qui regarde Caïn
jusque dans la tombe.

Se défaire de ses habitudes, ne pas recommencer, ne pas s'excuser, ne pas se cacher derrière le texte, la fatigue. Plonger et nager.
Je ne sais pas nager mais j'aime à être dans l'eau quand j'ai pied, j'ai une peur paralysante quand je sens la masse d'eau quand je ne peux plus marcher sur le fond de l'eau, sur la terre mère.

Sur les planches, j'accepte de me sentir m'envoler, même si cela n'est pas donné à chaque fois, même si je ne sais pas toujours comment l'amener. Car le public est multiple : différents fantasmes, différents comédiens et l'ensemble formé, le tout est une musique, à chaque représentation différente ; le tout : ce que l'on retient passé au crible de soi, ce que l'on apprend malgré ce que l'on a appris, ce que l'on a transmis, passé passable en parti...
L'on nous embrasse, nous pille, nous aime, nous déteste, on glisse sur nos enveloppes de personnages, d'animaux humains, pour saisir nos âmes de personnages. Notre fragilité se transforme en force.

Ne pas s'écouter, ne pas se regarder jouer, ne pas se filmer au départ, à moins que... les composantes de chacun ?! soient dépassées...
Car il faut beaucoup de recul pour faire avec soi. Philippe Caubère dans ses "one man show" ne travaille qu'avec l'oeil de la caméra mais ne pas oublier qu'il en a fait de la scène qu'il a été dirigé des années des années avant par Ariane Mnouchkine.


J'ai compris que bien des comédiens amateurs bloquent, ont peur d'être jugés eux dans les rôles comme si après avoir jouer le rôle d'un diable, d'un Richard III, d'un Idiot, d'une putain , d'un PD, d'un homo, d'une gouine, d'une goudou, d'un assassin, d'un clochard ...
Mais les PD, les goudous, ils sont comme nous.

Comme si on allait les juger. Ça allait déteindre...
Il ne faut pas réduire les personnages, ils sont tous à l'intérieur, même les monstres et surtout, les monstres sont humains... Voir et revoir Bruno Ganz dans la Chute, il joue le personnage d'Hitler.

Quand à voyager, qui aujourd'hui conseillerait à quelqu'un de ne voyager qu'en son pays ?

Et entre nous, on voit plus facilement le jeu quand les personnages sont démesurés.
- Comme il joue bien... Certes il ne faut pas manquer le RDV, mais pour travailler en cours, c'est entre nous...

Et donc ainsi, ces comédiens du dimanche et voir les autres : ceux de la semaine, les professionnels aussi... ils restent en stationnement, en double file d'eux-mêmes. Ces amateurs qui prodigieux naïfs ont donné déjà leur grâce à faire rire et pleurer selon eux-mêmes : impros saynettes, théâtre contemporain... Jean-Michel Ribes, Grumberg, Minyana... Ils ne veulent pas aller plus loin, plus haut, plus bas... ne veulent pas qu'on les confondent avec les costumes qu'ils aiment à dénicher.

Et donc je remercie mon professeur qui m'a fait travailler tous les âges, dans plusieurs personnages, qu'ils soient hommes ou femmes chez William Shakespeare, dedans : en salle, en spectacle extérieur : dehors, où il faut crier.

LES PROFESSEURS DE THÉÂTRE, on a quelquefois, souvent des reproches affectifs, artistiques à leur encontre, mais c'est comme cela, quand on vous fait devenir plus soi, plus sage et plus fou à la fois, plus jeune pleinement pour toujours...

Ce professeur il s'appelait : Bernard Ortéga maintenant il s'occupe de communication et de boudhisme tibétain.

Jouer les clowns blancs comme les Augustes. Jouer travailler recommencer le plus de rôles différents et ou proches de soi. Avez-vous imaginé combien de rôles hétérosexuels ont dû jouer les acteurs homosexuels, avant que de jouer Hamlet....
-Ah bon ! parce qu'Hamlet ? il est....
- mais on s'en fout surtout, on est tous ROMÉO, JULIETTE , HAMLET, LE ROI LEAR, OTHELLO .... et MACBETH... et FALSTAFF.
















Et si vous voulez une leçon absolue de théâtre, j'ai le DVD, il faut absolument voir Michel Fau qui démonte grâce au texte d'Olivier Py dans Illusions Comiques, l'idée étriquée et préconçue qu'on a du jeu, de la justesse et de la sincérité.
C'est un absolu feu d'artifice, littéraire quasi philosophique et dans l'interprétation drôle à faire peur, grotesque, tout y est élégance du jeu inoubliable de l'acteur qui sert le poète dans la jouissance c'est à dire la stupeur.
Tout est jeu l'on apprend à ressembler, à sa mère, à des conventions bourgeoises et polies, ou à réagir, aller à l'encontre...
"La sobriété est l'herpès de l'art."

Michel Fau joue Tante Geneviève, qui prend des cours du théâtre, avec le professeur de théâtre Michel Fau.

Dans le Monde du 12 mai 2006 :
Plaisir du jeu, aussi : la pièce est un magnifique hommage aux comédiens en général et à ceux d'Olivier Py en particulier. Michel Fau , notamment, devrait enfin être reconnu, avec ces Illusions Comiques, pour ce qu'il est le plus grand clown tragique du théâtre français. Il est l'Acteur, celui qui renverse les rôles, les sexes, les identités. Ses apparitions en Tante Geneviève en tailleur rose bonbon déclenchent une hilarité irrépressible.


Michel Fau est un clown absolu, un Auguste et un clown blanc, il rompt, il fait des ruptures passe de l'un à l'autre, de l'homme à la femme, de la tragédie au rire de la farce. Tous les "je" sont possibles dans le jeu.


On ne joue pas un personnage, on joue un personnage qui joue un personnage. L'interprétation est impossible. L'incarnation seule est digne d'intérêt.
...
Derrière le masque un autre masque jusqu'à... le rire des galaxies.


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