dimanche 15 avril 2007

Si je devais choisir un avatar je prendrai au masculin Gérard Depardieu
















Avatar
, je choisis de regarder dans le dictionnaire :
Chacune des incarnations de Vishnou, dans la religion hindoue.
Changement dans le sort de : transformation.
Abusif. Évènement fâcheux : accident.

Contrairement à beaucoup de gens, et qui sont très jaloux, j'aime tendrement et passionnément l'acteur, la machine immense à jouer tout ce qui est possible, Gérard Xavier Depardieu.

Hier nous avons regardé ce film en DVD Quand j'étais chanteur de Xavier Giannoli.
Et c'est un film français où vous savez il ne se passe rien, à part que le Mont Blanc tombe amoureux d'une princesse des neiges, aux pieds nus, en robe rouge feu, aux yeux bleus et au rire cristal. La montagne : c'est un ringard, chanteur de thés dansants, bals et super-marchés. La princesse c'est une fois de plus Cécile de France.

Je garde les photos d'une piste de danse aquarelle, non ! aquarium, la solitude du chanteur suivi de sa chevrette de compagnie et la princesse qui pleure dans ses seuls bras croisés, nue dans sa baignoire. Et aussi le chanteur Christophe qui met des gants dans une loge de Palais des Sports de province, immensément seul devant sa glace.

Il est des films de non-dits, comme toutes les histoires d'amours de vieux, de déjà humiliés, douloureux et il faut d'immenses acteurs qui jouent subtil : l'affleurement des sentiments.
C'est tellement bête de ne pas rencontrer quelqu'un pour vivre, et c'est tellement bête de rencontrer quelqu'un....

Après réflexion,
le sommeil d'une nuit,
il est aisé de revisiter le film car il est en pointillé, quelque chose d'original dans le rythme. La succession des scènes, les plans sont longs et les ruptures sans raccords. Extérieur jour, intérieur sombre, extérieur nuit, intérieur noctambule. Aucun jugement n'est porté, et ce film est osé, il embrasse un large public, les figurants semblent vrais.

Gérard Depardieu, d'un rôle à l'autre, se laisse ridiculiser pour son grotesque pour son grand guignol, mais aussi pour son incroyable sentimentalité. Dans ce film, il joue avec lui-même, dans les cordes, sur le fil.

Et on l'entend dire quelque chose comme : moi, je chante là pour la "roucoule", pour faire danser pour qu'ils boivent du champagne (...) vous savez combien il y a de célibataires en France...
Et Cécile de France lui rétorque comme quoi : il se la joue philosophe.

Et à un autre moment : "Ringards, ce sont ceux qui durent, pour les autres ceux qui ne durent pas, c'est facile, ils ne le sont pas ringards."

Vous l'avez-vu dans le Placard de Francis Veber, amoureux de Daniel Auteuil, dans Les valseuses, Buffet Froid, Tenue de soirée de Bertrand Blier, dans Cyrano de Jean-Paul Rappeneau, dans Drôle d'endroit pour une rencontre de François Dupeyron, dans Loulou et Sous le Soleil de Satan de Pialat, dans La femme d'à côté et le Dernier Métro de Truffaut.

Il en a mangé, il mange la vie, les femmes, les enfants, la richesse, le plaisir ; il est gros, il l'est moins ; il est nu et il sait toujours rendre charnel n'importe quel ringard, il est l'un des seuls à redonner une telle dimension aux ridicules, aux démunis, aux ringards, aux révoltés, qui se sont tus et qui aiment les gens.

Et il y a aussi dans ce film, une actrice gironde que j'aime bien : Christine Citti qui du théâtre est passé aux séries dont Eloïse, une inspecteure de police qui mange des chouquettes... et un autre acteur très en vue et pour cause : Mathieu Amalric


C'est mon oncle : Gérard, et j'aime bien quand il m'invite à sa table au cinéma. Et qu'il me laisse une rose près de la flute de champagne. Car je n'oublie pas moi, qu'il a du génie et qu'il a travailé avec Claude Régy, Marguerite Duras et Barbara.

Il faudra un jour que j'évoque cette grande Dame de la chanson, enterrée un jour de soleil, son cercueil soutenu par ce colosse aux mains d'argent : Gérard Depardieu.

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