lundi 13 juillet 2009

FESTIVAL AVIGNON OFF... on devient fou



Le off d'Avignon est devenu fou

Par Delphine DE MALHERBE
Le Journal du Dimanche
Un éléphant gargantuesque qui descend l'escalier du palais des Papes. Des bonnes soeurs en vélomoteur. Des danseurs de claquettes aux pieds palmés. La grande parade d'ouverture du festival Off d'Avignon, qui rend cette année hommage à l'auteur dramatique Bernard-Marie Koltès, n'a pas lésiné mercredi pour annoncer ses 980 spectacles donnés par 825 compagnies dans 105 lieux de la ville.


In ou Off, comme chaque année, le festival d'Avignon propose un nombre considérable de spectacles.

Artistes de rues, acteurs confirmés et jeunes troupes fraichement constituées ont sonné le tocsin et livré leur message : jusqu'au 31 juillet, Avignon devient "le plus grand théâtre du monde" et rend involontairement hommage à l'exubérance de la nature humaine. En effet, si le festival In s'est attaché dans sa programmation à traduire la démence des hommes dans ce qu'elle a de plus violent, le Off propose une foison de spectacles qui donnent la part belle aux délires les plus extravagants.

"Cette édition rend de surcroit hommage à Bernard-Marie Koltès, explique-t-on à la direction du Off. La plupart des grands auteurs de théâtre viennent aussi de là. Le Off est le lieu où l'ensemble du tissu artistique de la scène française entre en dialogue. On y trouve le meilleur et le pire, un melting-pot unique d'amateurs, de professionnels, de grands artistes ou de plus modestes créateurs. En totalisant 30 800 abonnés et 700 000 places vendues l'an passé, la force de frappe de programmation du Off est devenue considérable."

Une pléiade d'humoristes
De la place de l'Horloge à la rue des Teinturiers, les festivaliers peuvent ainsi alterner à loisir les genres et les styles. Comme chaque année, des compagnies de théâtre confirmées se frotteront aux classiques. D'autres livreront des créations plus ou moins heureuses du fruit de leur plume. Cette édition a déjà sa pléiade d'humoristes (Thierry Samitier ou Warren Zavatta), de figures du festival (Pierrette Dupoyet) et de comédiens reconnus (Danièle Lebrun, Catherine Arditi... entre autres). Mais ce sont tout particulièrement les territoires inexplorés de Clémentine Célarié, de Saïda Churchill et de Diastème qui nous intéressent ces jours-ci.
www.avignonleoff.com

Sur la planète Terre de Clémentine
"La folie, c'est la liberté." Dans Pour Bobby de Serge Valletti, Clémentine Célarié offre une performance de comédienne époustouflante où une femme conte ses détresses et ses réflexions, ses métiers hypothétiques ou ses repas à heure fixe. L'actrice au mieux de sa forme mène son public aux limites du rire et de l'émotion, livrant ses traumas au pas de course. Accompagnée d'un clown et mime, Guillaume Collignon, elle se livre en pâture et on ne sait plus si son personnage a perdu l'âme ou la raison.

-Pour Clémentine : "C'est le texte le plus proche de moi que j'aie jamais joué. J'étais trop amoureuse de lui au début. Ce flot incessant de mots sacralise aussi les sentiments. J'ai dû trouver la distance. J'aime cette femme qui comme moi se bat pour ne pas être retenue dans des cases. L'interpréter me permet d'être une vraie comédienne: de partager et non de briller. J'ai l'impression de tout donner avec sincérité et pour de vraies raisons." Ce que Clémentine aime le plus au monde à Avignon? "Voir des artistes vrais qui travaillent beaucoup pour toucher au coeur. Courez voir par exemple Ecorce de peines de D' de Kabal à la Chapelle du verbe incarné." (Rens.: 04 90 14 07 49.)

Pour Bobby, de Serge Valletti, Théâtre du chien qui fume. Tél.: 04 90 85 25 87.

Sur la planète Mars avec Saïda
"Je suis une fille bourrelée de remords." Saïda Churchill ose tous les langages dans Vacances au bord de la guerre. Un spectacle truffé d'inventivité qu'elle a coécrit avec Romain Bouteille et qui propose "de prendre un bol de rire avant la grande famine". En effet, telle une martienne revenue d'un voyage astral, Saïda Churchill arrive en scène tout de noir vêtue et répond aux questions d'une journaliste. Se dessine au fil de l'entretien un personnage qui a connu la guerre civile espagnole, Picasso, Cocteau, "et qui se retrouve comme une conne à parler toute seule". Mille petites histoires "sans histoires" se tissent alors avec une absurdité réjouissante.

Ce personnage, selon Saïda, "est un être imaginaire non inscrit dans la lourde échelle des valeurs de notre société. Je voudrais que mon spectacle fasse rire avec une inconscience enjouée, un humour sans sarcasmes. Ce n'est pas une freuderie pour midinettes." Elle y balance d'ailleurs pas mal: sur ces metteurs en scène qui veulent mettre les belles comédiennes dans leur lit, "Savary ou Hossein". Sur Chéreau qui "se gavait de subventions". Plus sérieuse, elle rassure ses amis sur le fait que "la trahison a besoin de confiance". Un conseil, méfions-nous de nos amis.

Vacances au bord de la guerre, de Saïda Churchill et Romain Bouteille, Théâtre des corps saints. Tél.: 04 90 16 07 50.

Dans la lune avec Emma
Ils sont en tournée. Ils sont quatre qui bataillent contre la monotonie. Une jeune starlette (Emma de Caunes), sa maquilleuse et deux techniciens préparent maladroitement un spectacle sur la folie douce de Marilyn Monroe. En coulisses, des amours se nouent, impossibles et éphémères. En scène, Marilyn s'incarne. Une pièce dans la pièce.

Si cette nouvelle création de Diastème échoue dans le registre des émotions fortes, elle relève un défi de taille: montrer sans fioritures la vérité de quelques artistes. Pour Diastème: "On s'échine à chercher la grâce, le rire, et parfois on est ridicule. C'est ce qui est touchant chez les artistes. J'avais lu des entretiens inédits de Marilyn avec son psy dans le Los Angeles Times. Cela m'a donné envie de traiter de la folie, des amours impossibles, de la fragilité des existences. J'aimerais que l'on sorte de la pièce à la fois souriant et le coeur serré."

"L'Amour de l'art", de Diastème, Théâtre du chêne noir. Tél.: 04 90 82 40 57.

Et aussi
Faites comme chez vous, une comédie enlevée de Bruno Lugan, au Capitole. Tél.: 08 99 70 60 51.
Victor Hugo, mon amour, un très bel hommage au poète, d'Anthéa Sogno, au Théâtre de la condition des soies. Tél.: 04 32 74 16 49.
Brassens, Brel, Ferré, leur interview mythique, au Théâtre des béliers. Tél.: 04 90 82 21 07.
Bergman, de Jean-François Prévand. Un univers très fort, au Pulsion Théâtre. Tél.: 04 90 85 37 48.
Beaucoup de bruit pour rien, d'après Shakespeare sur et contre tous les préjugés du Discours Amoureux, il y a du Ridicule, dans l'amour, du mélo et de la joie qui dansaient sur l'univers d'après guerre des années 50 aux States.... Le Paradis est toujours loin à toutes les époques et pour toutes les générations... "Love me tender" au Théâtre du Balcon à 12h30. Tél. : 04 90 85 00 80.

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