mardi 14 juillet 2009

Inepties volantes comme j'y serai allée...


"En spectateur et pas en pleurs"
j'ai retenu cela de cet article toujours du Monde... mais tellement exhaustif
ce journal ! ses articles culturels sont quelquefois à l'écoute tout en connaissant les références,
on peut leur reprocher d'être rarement à l'initiative de faire découvrir une tendance un autre souffle ;
mais une fois que l'artiste est reconnu ils savent voir entendre réfléchir élargir l'horizon et comme se rapprocher en toute humilité de la poésie, l'inspiration...
Critique
Des mots de sang au-delà de la guerre
LE MONDE | 13.07.09 | 16h44

ANNE-CHRISTINE POUJOULAT


L'acteur congolais Dieudonné Niangouna dans son spectacle, "Les Inepties volantes", au Festival d'Avignon, le 9 juillet 2009.
AVIGNON ENVOYÉE SPÉCIALE

Deudonné Niangouna a vécu trois guerres civiles : celles de 1993, 1997 et 1998 qui ont déchiré son pays natal, la République du Congo. Lors de la troisième, il a été embarqué par les rebelles du pasteur Ntoumi, qui vidaient Brazzaville. Il a passé un an et demi en forêt, dans la crainte, la privation et les bombardements. Au moment où les miliciens allaient l'exécuter, il a été reconnu par l'un d'entre eux, qui l'avait vu jouer au centre culturel français de Brazzaville. Cela lui a sauvé la vie, tout en nourrissant une culpabilité du survivant dont il a mis longtemps à se défaire.


A Avignon, où il était venu pour la première fois en 2007 avec un monologue, Attitude clando, l'auteur et comédien investit le Cloître des Célestins, en compagnie de l'accordéoniste Pascal Contet. "Interdiction, stricte interdiction de pleurer, restons en état de spectateur", dit à un moment Dieudonné Niangouna. Il vaut mieux. Sinon, comment entendre que "foutre quelqu'un en marcel c'est lui arracher les deux bras au niveau des épaules avec une machette ?" Les mots de l'acteur sont violacés. Ils coulent comme du sang, tandis que son corps parfois devient fou, et l'accordéon de Pascal Contet aussi, hurlant des cris qu'on n'aurait pas imaginé pouvoir sortir de l'instrument.

Ces Inepties volantes sont bien sûr terrifiantes. Elles le seraient vainement si les mots de Dieudonné Niangouna n'appelaient la vie de toutes leurs forces, au-delà de la douleur et de l'absurdité sans fond de la guerre.

"Par un midi du 18 décembre 1998 il nous fallait mon frère Christian et moi enjamber le mur de la concession pour échapper aux massacres qui se dépêchaient vers notre maison et qui dit-on n'épargnaient aucun être de sexe masculin, comme si les femmes n'étaient pas violées, tuées et leurs cadavres brandis comme jouets de massacre, il nous fallait fuir pour s'en aller où veut le vent, que dieu vous protège, pleura ma mère. J'ai regardé Foulou, et les mots sont sortis : dites à ma mère que je reviendrai."

Les Inepties volantes, écrit, mis en scène et joué par Dieudonné Niangouna. Musique : Pascal Contet. Cloître des Célestins, à 22 heures, jusqu'au 17 juillet (relâche le 14). Tél. : 04-90-14-14-14. De 13 € à 27 €. Durée : 1 h 15.

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