mercredi 19 septembre 2007

Au-delà des larmes de Claude Régy


A propos d'Au-delà des larmes de Claude Régy
Un cadeau qui fait long feu après l'absorption
Un livre qui vous secoue vous sort de l'échange ordinaire : paroles, messages, conversations et même petits mots laissés sous les magnets des frigos, sous les portes...
Au-delà des larmes, c'est pour les âmes, pour traductions d'émotions infiniment subtiles, j'ai pas dit sensibles...
en provenance de l'usage du théâtre.

Et si seulement ces éléments particules de pensées singulières insolites Au-delà des larmes, si seulement cette invisibilité des pensées pouvaient comme essaimer...

C'est pour si peu de comédiens car lorsqu'on travaille n'importe quoi avec n'importe qui on ne peut pas sortir de la réalité qu'on nous demande de singer.
J'ai travaillé avec des metteurs en scène essentiellement sur la poésie de RACINE, qui m'ont laissé incarner aller à la découverte d'un ravage que peut donner l'écho d'un texte en soi...
mais ce n'est pas souvent et quelle solitude... je me souviens de collègues m'imitant en coulisses chaque soir...
Par exemple ce travail passe par la perte de repères par la perte du texte quelquefois même en scène, cette matière est obscure et volatile elle meurt dans la bouche alors donc pas de confort pour les collègues comme pour le metteur en scène... mais cette matière s'apprivoise jusqu'à devenir machine à reproduire cette toile, cette partition, qu'est le jeu...

Quelques extraits, je vous laisse avec Au-delà des larmes, ce texte et chargez vous de ce livre et que cela ne vous empêche pas de tout jouer, au contraire... de tout jouer autrement...

P11 Dieu est mort.
L'idée d'une simple éclipse est peu crédible.

P23 Une destruction constructive déjà sculpte notre embryon.

L'instabilité est vitale.

P28 Sarah Kane
Rien qu'un mot sur une page et il y a le théâtre.

Pas d'autres images que celles créées par le texte.

Elle fait exploser le réalisme...

P38 Pour ébranler le réel, Fosse, travaille avec éclat à rendre sensible ce paradoxe : le génie du langage est dû à son insuffisance même.

La force du langage réside dans son infirmité : son incapacité à dire ce qu'il veut dire.
Il ne peut le dire qu'en le disant sans le dire et c'est la poésie.

Ce qu'on ne peut pas dire il faut l'écrire.
dira Derrida

P39 Fosse lui parle de "la voix de l'écriture"une voix muette, dit-il, qui vient de loin.
Sans doute veut-il dire qu'elle procède d'un état de conscience différent et dont on ignore le logement.

C'est cette voix muette que les acteurs ont à faire entendre, contrairement à ce qu'on croit majoritairement et qu'on enseigne dans les écoles.

Ce n'est pas le texte écrit qu'il faut faire entendre avec une intonation soi-disant juste, c'est ce qui n'est pas écrit et qu'un art secret réussit à faire percevoir.

C'est notre travail : sonder, découvrir, entendre cette vie que le texte révèle au-delà de lui-même.

Se laisser envahir par cette vie.

Rares sont ceux qui écrivent, dans la multitude de ceux qui croient le faire.

P40 On ne tue pas le temps.


A propos de Michael Lonsdale qu'on caricature encore comme un acteur intello, il a beaucoup travaillé avec Claude Régy, et c'est un athlète spirituel, qui a peu d'émules...
Il est remarquable et indépassable quoiqu'il fasse, c'est un exemple pour moi j'ai eu la joie de l'aborder le rencontrer chez un de mes profs de théâtre, c'est un simple monsieur, qui raconte des anecdotes très poli et extrêmement attentif sous ses gros sourcils. Il a un humour décalé.

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