lundi 9 février 2009

Hors-série à la Bastille : Un si funeste désir


Sur Fluctuatnet
Me croirez-vous si je vous dis que dans un rêve éveillé je me suis vue travailler pour eux "Fluctuatnet"comme glaneuse d'impressions et de passions pour le théâtre, ne plus jamais aller travailler dans un bureau et ne plus jamais prendre les transports en commun aux heures d'affluence pour me retrouver coincée en banlieue entre le centre commercial et les entrepôts de Bercy... et donc là ils disent...
Hors-série à la Bastille : Un si funeste désir

Le spectacle mis en scène par Cédric Orain qui ouvre le festival "Hors-série" au théâtre de la Bastille est d'abord déconcertant, puis émouvant, avant de devenir un peu exaspérant... Expliquons-nous. Cédric Orain a choisi de monter deux textes, d'abord le premier chapitre d'un roman de Jean-Michel Rabeux, Les Charmilles et les morts, puis un extrait du Mort de Georges Bataille. Vous aurez compris la thématique du spectacle...
Pourtant, alors qu'on s'attend à une débauche de corps mutilés, disloqués et sanglants, le spectacle débute tout en douceur, une très belle actrice, Eline Holbo-Wendelbo, dont la présence bien vivante, forte et gracieuse, est rassurante. Elle lave le sol, se lave elle-même puis commence à raconter son histoire, celle d'une enfant élévée dans une clinique regroupant des corps auxquels l'accident ou la maladie a ôté un ou plusieurs membres, êtres difformes dont elle s'éprend parfois et qui la conduit à voir dans tout corps la mort au travail. Le texte est beau, et l'actrice parvient à en montrer l'humanité qui affleure dans ces récits de souffrances et de deuils.
Le bât blesse dans la suite du spectacle qui paraît tout bonnement plaqué sur la première.

D'accord, il y a un point commun entre les deux textes : Eros/Thanatos, tout ça, on a compris, mais alors que celui de Rabeux nous fait entrer dans la relation amoureuse de cette femme avec la morbidité des corps vivants, le second, dans une langue léchée (si j'ose dire) décrit en entomologue distant et fasciné les manifestations de la souffrance et du deuil impossible d'une femme qui a perdu son amant et qui choisi de la rejoindre dans la mort à l'issue d'une orgie assez pitoyable.
Le sérieux avec lequel le metteur en scène considère ce texte, somme toute assez "farcesque", fait tomber le spectacle dans le poncif : l'obscurité, l'expression raide des acteurs, la voix bêlante de l'actrice (Courtney Kraus) dont on ne sait si on est supposé en rire ou en pleurer, le déshabillage de tout le monde (mais attention : lumières tamisées, restons digne !), tout cela est fatigant et bien dommageable à l'ensemble de la pièce .
Un si funeste désir, textes de Jean-Michel Rabeux et Georges Bataille, adaptation et mise en scène de Cédric Orain, jusqu'au 11 février au Théâtre de la Bastille.
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