dimanche 1 février 2009

Olivier Py lira "journal de deuil" de Roland Barthes


Se moquer des jeux de miroirs exigeants du pouvoir et de la responsabilité....

Il y a tant de gens qui se disent déçus n'aimer que ses premières mises en scène

Alors qu'Olivier Py a réussi

J'ai tellement aimé de Roland Barthes : Fragments d'un discours amoureux
c'est une œuvre à desseller les consentis qu'on croyait acquis, mais c'est l'œuvre d'art que chacun est pour l'autre, quand il est aimable qu'il faut voir à travers ses mots...
c'est un manifeste d'amour fou et délicat...

"Il lira le «Journal de deuil» le 5 février
Olivier Py: «La pensée de Barthes partait toujours du réel»
PAR OLIVIER PY
«A dix-huit ans, je dévorais «Mythologies» et «Fragments d'un discours amoureux» en cachette, et il n'y a rien de meilleur, non? J'étais élève en khâgne et Roland Barthes n'avait pas très bonne presse: en pleine vague structuraliste, il passait pour être trop romanesque, et brasser des champs trop larges.

Ensuite, au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, j'ai été l'élève de Bernard Dort qui fut un de ses proches: ensemble, ils avaient fondé la revue «Théâtre Populaire». Dort m'a fait découvrir combien la pensée critique de Barthes sur le théâtre et sur l'ère de la mise en scène fut capitale; et de même sa conviction qu'il fallait penser non seulement sur le théâtre mais avec le théâtre pour essayer de comprendre l'époque, et le monde.
J'admire aussi les critiques littéraires de Barthes, ainsi celle sur Fromentin où il affirme que l'œuvre et nulle mais que c'est une grande jouissance de la lire! La pensée de Roland Barthes partait toujours du réel, et je ne vois guère que celle de Gilles Deleuze pour, sur ce point, lui être comparable.

Dans le «Journal de deuil», on entend une âme qui doit survivre à un deuil incommensurable, la perte de sa mère. Il y a une volonté de ne pas quitter le souvenir, d'entretenir une relation qui ne peut pas finir. Ce texte est une sorte d'équivalent douloureux aux «Fragments d'un discours amoureux», en plus fragmentaire. Barthes note parfois une phrase dans une journée, c'est tout. On y assiste à une raréfaction de l'écriture. Il porte sur lui-même un regard extérieur, il exerce une sorte d'auto-sociologie, avec impudeur: Foucault n'est pas allé aussi loin. On y lit aussi combien l'art n'est pas un secours contre la douleur. Mais Barthes sauve Proust. Il lui semble le seul écrivain qui pourrait le comprendre, auquel il pourrait se confier.

Je ne peux pas donner en lecture l'intégrale du «Journal de deuil», aussi me faut-il trancher, choisir certains passages, et cette responsabilité vis-à-vis d'un auteur qui fut un de mes grands amours de jeunesse me terrifie».

Propos recueillis par Odile Quirot

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