lundi 30 mars 2009

ANNE ALVARO DIMITRIADIS MC93 comme les films d'Angeopoulos


L'actrice Anne Alvaro porte le long cri de Dimitriadis


Cette femme comédienne donne sens au théâtre qu'attendez-vous pour l'aller voir, elles ne sont plus si nombreuses, ils ne sont plus si nombreux

SENS ce mot délie, unie corps et âme.
Valadié et Roussillon sont dans la Cerisaie et Michel Fau.... lui était dans le Soulier...
Le temps de le dire de l'écrire et le temps est perdu la séance est finie la saison est passée...

SENS ce mot est bipolaire...

"Une femme traverse une langue, comme on traverserait un pays en guerre ou un fleuve en crue. Cette femme est actrice, l'une des plus grandes : Anne Alvaro. A la MC93 de Bobigny, jusqu'au 7 avril, elle fait entendre un texte d'une force brûlante : Je meurs comme un pays, long cri tragique lancé par le poète grec Dimitris Dimitriadis, il y a trente ans, au sortir de la longue nuit de la dictature, et porté par un souffle hors du commun.

La voici donc, Anne Alvaro, cette actrice si douce et si forte, fine silhouette rouge comme le sang de la vie et celui des massacres, portant, seule, cette voix qui charrie, en une sorte de long cauchemar, toute la sauvagerie dont l'homme est capable. La portant, oui, tant cette parole prend corps, dans le bel espace conçu par la metteuse en scène Anne Dimitriadis (laquelle n'a aucun lien de parenté avec le poète). Un espace aux murs éraflés qui évoque la fin d'un monde, la Mitteleuropa et une Grèce nocturne comme celle des films de Theo Angelopoulos.

Anne Alvaro ne connaissait pas Dimitris Dimitriadis avant que la metteuse en scène ne lui fasse lire certains de ses textes, il y a quelques années. En France, ce poète et dramaturge de 65 ans, par ailleurs traducteur en grec de Genet, Blanchot ou Bataille, avait été oublié depuis sa découverte par le jeune Patrice Chéreau, en 1968, avec sa pièce Le Prix de la révolte au marché noir.

Oublié, donc, jusqu'à sa redécouverte, ces dernières années, notamment avec ce texte, Je meurs comme un pays, déjà porté au théâtre en 2003 par Yannis Kokkos. La saison prochaine, plusieurs des pièces de Dimitris Dimitriadis seront montées au Théâtre de l'Odéon, à Paris : son directeur, Olivier Py, souhaite ainsi mieux faire connaître un auteur majeur.

Anne Alvaro jouera dans l'une d'entre elles, mise en scène par Giorgio Barberio Corsetti. "C'est une écriture très particulière, fait observer la comédienne. Elle exige que l'on y plonge, et fait participer à une sorte d'expérimentation spirituelle. Je meurs comme un pays, notamment, emmène dans un voyage très paradoxal : plus on avance dans la lecture ou l'audition de l'horreur, plus on est "séduit", accroché par la puissance jubilatoire de la langue. Cet effet carnavalesque de danse macabre amène une énergie, une force de vie, et non un état de terrassement, de perte, d'anéantissement."

La comédienne et sa metteuse en scène n'ont pas voulu, pour ce texte écrit en 1978 mais qui peut évoquer aussi bien les conflits récents dans les Balkans que les guerres les plus archaïques, renvoyer à des références trop précises. "Dimitris Dimitriadis m'a envoyé une petite lettre dans laquelle il me dit ceci, raconte Anne Alvaro : "Le texte n'est pas contemporain des événements, ce sont les événements qui sont contemporains du texte.""

"Cela n'a donc pas fait partie de mon travail d'interprète de m'imprégner de tel ou tel évènement contemporain, poursuit-elle. Mais le texte est d'une telle force évocatrice qu'un des derniers soirs je me suis avancée sur le plateau, et c'est l'Algérie qui est venue... Pourtant, j'ai d'abord et avant tout voulu me laisser traverser par ce fleuve de mots chaotique, puissant, être ce porte-voix à même de restituer le texte avec le moins d'écran, le moins d'interprétation possible."

"OUVRIR LE CORPS, LE VIDER"

Pour cela, pour déployer cette voix aux modulations uniques qui est celle d'Anne Alvaro, la comédienne chante, avant d'entrer en scène : "J'en ai besoin, pour ouvrir le corps, le laver, le vider... Pour que cette matière textuelle puisse être complètement réunie dans mes entrailles. D'autant plus avec ce texte, qui associe la femme devenue stérile et la terre dévastée, la femme dont le pays a dévoré les entrailles, mais qui crie son refus de la mort..."

Oui, Anne Alavaro porte les mots de Dimitris Dimitriadis, comme on porte un enfant que l'on délivre, et qui vivra d'une vie propre. Et l'on en sort traversé soi-même par cette langue de beauté et de violence, où les mots brûlent de dire encore et encore, au-delà de l'anéantissement.

"Je meurs comme un pays", de Dimitris Dimitriadis (traduit du grec par Michel Volkovitch, éd. Les Solitaires intempestifs). Mise en scène : Anne Dimitriadis. MC93, 1, bd Lénine, Bobigny (Seine-Saint-Denis). Mo Bobigny-Pablo-Picasso. Tél. : 01-41-60-72-72. Lundi, mardi, vendredi et samedi à 20 h 30, dimanche à 15 h 30. Jusqu'au 7 avril. De 9 € à 25 €. Durée : 1 h 15."

Fabienne Darge
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Après 2, 3 jours on ne peut rien oublier de cette actrice là de ce texte là de cette mise en scène.
J'étais seule au milieu du troisième rang. Glacée désespérée et si heureuse aussi de savoir pourquoi j'aime tant le théâtre.
C'était tellement âpre terriblement présent joué. Quel manifeste tragique. La mise en scène est épurée vaste et si intelligente que tout nous parvient. Bravo !!! J'ai été très impressionnée.

Je vous signale les petits messages de JM Rabeux s/ Face Book que je viens de découvrir :

Jean-Michel Rabeux a vu je meurs comme un pays à la MC93, a chialé comme un enfant, immense texte, immense actrice, il suffit d'aimer le théâtre et on part loin, loin.

Jean-Michel Rabeux précise : l'auteur c'est Dimitris Dimitriadis, l'actrice c'est Anne Alvaro, le spectateur scotché c'est moi.

3 commentaires:

Unknown a dit…

Je suis surprise de lire partout qu'Olivier Py va monter Dimitriadis l'année prochaine. Certes c'est bien de relayer l'info mais pour l'instant c'est ANNE DIMITRIADIS qui monte ce texte, avec beaucoup de talent et de modernité et ça serait pas mal de le dire. Mais elle doit vous paraitre moins "people" alors pourquoi en faire plus. Et vous n'êtes pas la seule. C'est un peu léger !

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Nathalie Feyt a dit…

Je ne suis pas comment vous dites déjà : People, mot écrase tout-mot bulldozer-
Mon espace grenier mémoire, le prouve.
Cet article est "reproduit" et le lien fait sur un autre article parlent aussi du talent de l'interprète...
Je ne l'ai pas encore vu, le spectacle,
mais j'irais vendredi.
Quant à Olivier Py, je le suis depuis ses premiers spectacles dont : LA SERVANTE, spectacle de 24 h à Avignon. Pour cet embarquement vers une autre planète, UNE SÉRIE Théâtre, poésie, jeu d'acteurs à la folie, voyage de saltimbanques au cœur de l'époque, spectacle visionnaire : Nord/Sud terrorisme désespérance, dérive de toutes les valeurs...
Et depuis Odéon ou pas, il continue pèlerin, enfant, saltimbanque, écrivain. Homme de foi et de théâtre, il ouvre son théâtre au plus grand nombre y compris aux plus jeunes...
NATHPASS

le message a été supprimé pour des erreurs de texte syntaxe ponctuation... pour mauvaise identité : ANONYME que neeni, c'est moi, alone only !
Alone