samedi 21 mars 2009

L'enterrement d'ALAIN BASHUNG hommage dernier

Je ne sais pas pourquoi, j'ai quitté comme pour y rester les devants de l'accès de l'Église de ST GERMAIN DES PRÉS.
Il y a des désirs et des non désirs aussi...

J'avais mis comme tous les jours mon feutre et mon cuir, je suis arrivée, la messe était commencée et derrière les barrières on m'a laissée avancer,
j'étais en retard quand j'ai peur de la réalité je suis toujours en retard
j'étais comme close
j'ai regardé des hommes et une jeune femme silencieux respectueux aux yeux rougis et qui souriaient à leurs amis,
et puis il y a eu la partie sermon, retransmise sur grand écran, le discours du curé qui parlait d'un amour qui n'en finit pas d'un amour qui ne déçoit pas...
comme si ça n'existait qu'après la mort...
je crois que c'est cela qui a commencé à m'exaspérer.
Le curé son visage et ses yeux semblaient pourtant bons humbles et sincères, il nous a parlé en tant que "résidents"...
il nous a demandé d'être généreux
il y avait deux écuelles à dons
autour du cercueil... de son cercueil
Là j'ai continué à m'exaspérer...
Et puis il y avait eu un photographe qui parlait à son téléphone, et puis deux trois personnes qui voulaient photographier le grand écran avec leur téléphone portable, et une dernière personne qui voulait voir, disant qu'il y avait des grandes têtes devant...
Là je l'ai regardée et lui ai demandé avec mes yeux froids dans les siens rieurs,
vous voulez voir quoi, il fallait arriver plus tôt,
et puis je dirai même déjà,
il y a eu sa femme qui a parlé, nul sermon que serment, serrement,
qu'une émotion trop tôt arrêtée, elle a parlé d'un voyage de silence et d'amour qu'en quelques années, il lui avait fait traversé des siècles
et que leur fille Poppée était arrivée, qu'ils étaient seuls quelquefois à se comprendre,
et qu'avec son fils David le fil quelquefois emmêlé mais jamais coupé...
Alors Chloé, tu étais seule aussi
tu parlais habillée de tes grands cheveux d'âme sœur digne lente sans pleurer,
blanche comme toutes les fleurs sur le cercueil
aux poignées d'argent...
Et la petite dame derrière qui me poussait toujours pour voir !?
car après il y a eu le long dédale des gens proches amis musiciens personnalités qui venaient avec leur geste et leur cœur bas,
gros, caresser et ou bénir ton dernier costume de scène, en bois verni brillant comme un lustre...
Et j'ai failli dire à la petite dame il n'y a rien à voir dégagez,
je suis plus grande et je ne vois rien non plus que la buée
que l'écran et comme vous je vois des gens de dos
et c'est bien comme cela...
il y a eu des musiques de Johnny Cash qui cernaient et cassaient le fil de temps
pour nous rappeler à ses sons, ces musiques que tu as patiemment passionnément
recueillies
avant d'égrainer et de les marier pour les lier à jamais avec des mots hirsutes tout droits sortis entre deux rochers silences
et puis et je dirais trop tard, ça y est c'était vrai, les gens, puis ton cercueil sont ressortis de l'église de St Germain des Prés
et comme seul véritable hommage au saltimbanque
il y a eu la forêt d'applaudissements noire et clairvoyante,
ton public a applaudi une dernière fois si longuement.

Et ensuite les gens se sont dispersés, canalisés par tes flics trop peu aimables,
comme la veille à la manif contre la Crise.
Et moi je suis rentrée chez moi et je n'ai pas pu continuer
aller me rendre au Père Lachaise qui sait par respect pour ses deux enfants.

J'irai quand tout sera calmé et recouvert quand habitué au sein de la terre
tu n'auras plus peur et que moi non plus...
J''ai arrêté ce dimanche, non c'est samedi, d'écouter en boucle tes musiques chansons
et je me suis remise au choix aléatoire et là seulement aussi j'ai commencé à lire récupérer quelques articles sur ton dernier périple en voyageur solitaire...
oh Suzanne c'est par Bashung que j'ai enfin compris les paroles de la chanson de Léonard Cohen, et que j'ai arrêté d'être aussi folle...
sa guitare est sans cordes

Depuis je chante dans ma tête le voyageur solitaire de Gérard Manset...

Sur LIBÉRATION

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